Rémi Richelet. C’est dimanche et il pleut, un beau jour d’enterrement

C’est dimanche et il pleut, un beau jour d’enterrement.

Oui, oui, d’enterrement! J’ai déjà expliqué rapidement ce que disait le discours de Macron, en terme d’avancée et de reculade, je l’ai fait rapidement parce que ça ne méritait que ça.

Il y a un os

Sauf que depuis hier, et cette prise de position de Schiappa qui nous demande de regarder que de l’Observatoire de la laïcité au Printemps républicain, tout le monde applaudit la prestation du chef de l’État, il y a un os! Et un costaud.

Je vois des responsables laïques, qui suivent le mouvement moutonnier de l’applause, en s’auto-congralutant d’un travail de fond réussi, de mots justes issus de  »nos rangs », qui auraient certes quelques réserves, mais qui dans l’ensemble seraient sous le charme de ce projet de loi sur les associations, les cours à la maison.

Tout le reste, l’association musulmane pour un islam de France,  la fondation pour l’islam de France, et le conseil  français du culte musulman, tout ça existe déjà sans aucun recours à un vote.

Ils ont oublié le fond de ce qui fait ce combat

Et c’est ici que le bat blesse. Tout occupé à se palucher dans l’entre soi,  les yeux humides d’une victoire d’avoir transformé un Président concordataire en Président qui récite le texte du Printemps Républicain, d’avoir fait échapper une réforme constitutionnelle de la loi de 1905, et manifestement comme le précise Schiappa d’avoir permis à l’Observatoire de passer le feu de l’été, grâce aux grenouilleries politiques, ils ont oublié le fond de ce qui fait ce combat.

Ce discours macronien est le signal d’un retournement de la chose laïque. Nous allons assister en grandes pompes à l’enterrement de première classe de ce qui faisait la force de la laïcité en France, avec l’aval des patrons d’assoces et des loges et de sûrement tout un tas d’acteurs du camp du bien qui vont délivrer des certificats de laïcité pour faire taire les voix dissonantes.

La seule question qui vaille est celle ci: la mise sous tutelle des Français musulmans sous le drapeau des frères musulmans, est-ce laïque ?

C’est sur cette question que va être étalée la liberté de conscience et son corollaire, la séparation.

Rien d’autre, dans les annonces de Macron, n’a d’importance, si cette question se répond par l’affirmative.
Macron entérine un clergé, frérot salafiste, pour organiser le culte de l’islam. Une organisation à plusieurs pôles interconnectés.
AMIF, CFCM, et la FIF.

Une organisation de tutelle des consciences de musulmans.

Un crachat à la gueule des citoyens musulmans qui n’ont pas de chapelle

Officiellement pas « contre » les musulmans bien sûr! Juste « contre leurs consciences » et dans une standing ovation qui cache juste la honte de vendre nos compatriotes à un clergé de la  »victimaire compagnie » frériste.
Un crachat à la gueule des citoyens musulmans qui n’ont pas de chapelle, à celle des apostats que les fatwas fréristes venues du monde ont fait venir en France, pays de la liberté de conscience, et à l’intelligence des Français dans leur ensemble.

Depuis quand applaudit-on la création d’un clergé lorsqu’on se revendique laïque en France?
Peut-on faire de longs discours sur la Troisième république, en conférence, en colloque et en même temps saluer le travail de Macron dans l’organisation d’un clergé ?
Parce que c’est bien de ça qu’on parle ici.

Nous sommes en train d’assister à la fin de la liberté de conscience des musulmans déjà infectés par le frérisme des quartiers, puisque l’Etat français valide le contrôle social par les amis de Tarik Ramadan et de son frangin, l’Etat français valide la théologie version Al qaradawi, l’Etat français valide la présence d’un type qui voulait faire le djihad en Afghanistan en la personne de Tarek Oubrou pour la certification des imams. L’État français donne un chèque de 10 millions d’euros ( 650 millions de francs) au patron de la FIF pour nous arroser de culture islamique et contre balancer l’antisémitisme, l’homophobie, le goût de la sédition, le sexisme, le patriarcat moyenâgeux et  l’impérialisme frériste inclus dans le discours du patron des Frères, Al qaradawi, détenteur de la pensée de Hassan el-banna, grand père de Tarik et Fondateur des Frères musulmans.

Voilà ce qui se cache derrière l’auto congratulation de tout un paquet de laïques historiques.

Avec des amis comme ça , inutile de combattre, un peu de lumière suffit pour qu’ils prennent le temps de se recoiffer et de sourire pour la photo de groupe, en cirant les pompes du photographe.
Une simple photo qui fait oublier le sens anticlérical de la laïcité, qui s’attelle à défendre la conscience les individus, et sûrement pas à monter des boutiques syndicales des âmes.

Leurs renoncements laïques. Leurs renoncements républicains

J’ai honte de ce que je lis, pas pour moi, mais pour eux, j’ai honte de leurs renoncements laïques et de fait de leurs renoncements républicains.

Prendre à ce point les citoyens musulmans pour des incapables majeurs, en les mettant sous la botte des Frères, est une honte absolue.
Sur cette base j’invite les cadres d’associations, les militants, les sympathisants de tout ceux qui trouvent normal qu’on limite la liberté de conscience d’une partie de la population de façon concordataire, à faire savoir leurs désaccords à leurs patrons d’Assoces, dans les Conseil d’administration, auprès des personnalités qui portent leurs voix dans les médias, à faire savoir leurs craintes de voir un clergé frériste tenir la porte au frérosalafisme sunnite radical.

A défaut, il ne sera pas possible de continuer les dénonciations de collusions, de critiquer l’influence théologique des frérots, fer de lance du concept d’  »islamophobie », des tentatives de réintroduire le blasphème dans le discours public, du régime social qui vise le tamkine que Mohamed Louizi a démontré de nombreuses fois.
Pour les islamogauchistes de base, retenez que ce qui vaut pour un culte est valable pour tout les autres. Nous pourrions arriver a un retour en force de la parole cléricaliste des calotins et des parpaillots dans tout les débats publics, grâce à la boutique bigote qu’est l’Observatoire de la Laïcité qu’on pensait moribond mais qui, sous les applaudissements des idiots utiles cléricaux, se remet à briller.

Quand Amine el katmi par exemple défend  »son ami Nicolas », on comprend pourquoi hier.
Quand le CLR, par la voix de son Président, se félicite dans l’ensemble … de l’essentiel des mesures annoncées, en recommandant que l’Etat ne doive pas financer le culte, alors même que Macron annonce une levée de fond de 10 millions d’euro pour financer le tour de France de la promo de l’islam de France par les fréristes, à savoir les UPI de Ghaleb Bencheikh, l’ami du Printemps républicain, à titre personnel j’ y vois, moi, un renoncement de l’essentiel, la liberté de conscience des musulmans en France qui doit être une priorité pour tout laïque.

Une liberté de conscience qui doit s’opposer à la mise sous tutelle par un Clergé politico- religieux de nos concitoyens musulmans.
Quand à se satisfaire des positions de Macron, si ça doit inclure une allégeance politique à Clavreul , Amine et Cie, ça sera sans moi. Le résultat de cette opération politique, c’est le piétinement de la liberté de conscience en incluant la mienne, en rendant acceptable en France la reconnaissance des Frères musulmans aux affaires théologiques, économiques et sociales.

Il est irresponsable de donner des certificats d’utilité publique à ceux-là-même qui laminent la société depuis tant d’années.

Irresponsable et criminel!

Donc je repose ma question :

Peut-on applaudir et se féliciter de la création d’un Clergé fréro-salafiste en France quand on est laïque et républicain ?
Peut-on valider que la théologie qui vise au tamkine, à la domination sociale, soit la nouvelle référence des musulmans en France?

Pour moi, la question, elle est vite répondue.
Ça va être plus compliqué à répondre par ceux qui se font une fête du discours du patron concordataire de la France qui ne peut plus se prévaloir de l’adjectif « laïque » depuis vendredi.

Bon dimanche quand même !

© Rémi Richelet

Rémi Richelet est Président de l’association Esprit Laïque, association de défense de la loi 1905. Esprit Laïque soutient toutes actions visant à défendre la laïcité et la liberté de conscience.