Julien Lacassagne ( devenu pour l’occasion « Cohen-Lacassagne » ) a commis un ouvrage, Berbères juifs. L’émergence du monothéisme en Afrique du Nord [1], sur lequel Jean-Paul Lledo, après Antoine Hillel[2] et d’autres, entend bien revenir à son tour. Cette analyse brillamment étayée de l’ouvrage de Lacassagne mérite lecture attentive. Pour info au Lecteur, alors qu’à ce jour tous les travaux de l’auteur étaient signés Julien Lacassagne, apparaît soudainement, pour son ‘’Berbères juifs’’, la mention d’un « Cohen » relié au Lacassagne par un trait d’union qui fait écrire à JP Lledo : C’est au moment où vous cherchez à démontrer que les Juifs ne sont qu’un fantasme, en tant que peuple, que vous éprouvez le besoin de révéler le signe juif, le nom de famille de votre mère, et quel nom ! jusque-là dissimulé sous le nom du père.
Mais … Lisez plutôt.
Le thème de votre pensum m’intéresse en effet au premier chef, puisque tout comme pour vous, ma mère est une Juive d’Algérie, nos pères ne l’étant pas, mais contrairement à vous, je suis né en Algérie et y ai vécu en tant qu’Algérien, jusqu’aux menaces de mort des islamistes en 1993.
Mes enfants n’ont pas été dans le lycée français, dit « international’ », dans lequel vous enseignez, trop « bobo », mais ont suivi l’enseignement algérien, totalement arabisé. Malgré donc cet intérêt ou plutôt « à cause », vos paroles et vos écrits m’ont si souvent fait sursauter que j’ai pensé devoir vous en entretenir.
Préambule en guise de résumé: Le noyau dur, si l’on peut dire, de votre thèse …
Le noyau dur, si l’on peut dire, de votre thèse, est que » juifs ne vivaient pas parmi les Berbères, ils étaient berbères. ». « Historiquement les juifs ne constituent en rien un « peuple » distinct des sociétés dans lesquelles ils vivent« . « Il y a des diasporas grecque, libanaise, arménienne partageant une même origine géographique et des liens avec le pays des aïeux. Mais pour les juifs, ce n’est pas le cas, il n’y a pas de diaspora juive, l’origine géographique commune est fantasmée« . « Ce n’est pas un peuple en errance qui a traversé les mers mais une idée… ». « Le christianisme a isolé le judaïsme dans le mythe d’une « nation » errante ».
Votre ouvrage tente d’adapter à l’Afrique du Nord la thèse que soutint, une décennie avant vous, un autre non-spécialiste, votre préfacier, et même, dites-vous, « votre éclaireur« , le professeur d’histoire du cinéma de Tel Aviv, Shlomo Sand : « Dans « Comment le peuple juif fut inventé« , il a débarrassé la judéité de son ethnicité. » ( débarrassé, diantre !). Vous vous abreuvez aux mêmes sources, lesquelles ne sont, vous l’avouez à la journaliste du Point, qu’un très mince « filet ». ( 3 juillet 2020.)
N’ayant point trop de blé à moudre, la suite de votre démarche consiste à tenter d’expliquer la rémanence de ce qui pour vous n’est que fantasme. De trois manières. En écrasant la culture arabo-berbère juive, l’hégémonie culturelle coloniale aurait rendu honteuses les origines « indigènes ». Octroyant la nationalité française collectivement à tous les Juifs[3], le « Décret Crémieux » de 1870 aurait été le premier instrument de la fracture entre juifs et musulmans. Le second étant le sionisme exploitant le mythe d’un peuple juif exilé après la destruction du Second Temple de Jérusalem, en 70 apr. J.-C.
Face à ce que vous appelez un « Décret Crémieux historiographique« , qui viserait à provoquer une hostilité entre juifs et musulmans, et qui aurait été mis à profit par le sionisme en vue de la constitution d’un « Etat colonial », Israël, vous vous employez à « démontrer » le contraire, allant même jusqu’à soutenir une très grande proximité de la « dogmatique » juive et islamique, base commune ne pouvant qu’entraîner une solidarité entre juifs et musulmans, mise à mal, on l’a compris, par le colonialisme français puis par le sionisme.
Pour clore ce préambule en guise de résumé, permettez-moi de relever encore un point : votre aplomb. Malgré la raréfaction de vos sources, on ne vous voit quasiment jamais douter. Si ! Une fois : « Je ne suis pas certain que, pour elles, le passage du judaïsme à l’islam ait été très perceptible, ni qu’il ait changé grand-chose à leur quotidien« . « Je ne suis pas certain » !
Et puisque vous affirmez que « tout livre est une autobiographie« , je m’interrogerai en conclusion sur votre identité, sans pouvoir m’empêcher dans l’immédiat de vous demander selon quoi vous vous déclarez « français » : Est-ce de par votre lieu de naissance ? De par votre père (apparemment non juif) ? Mais votre mère étant présentée comme « d’une famille juive d’Algérie« , et votre thèse en faisant une « Berbère », n’auriez-vous pas dû vous dire « franco-berbère judaïsé« , (voire peut-être « franco-berbère agnostique« ) ? Pourquoi les Berbères qui vivent en diaspora de par le monde se disent-ils toujours berbères, et pas vous? Votre identité « profonde » se serait-elle évaporée en une génération ?
Discussion
J’aimerais à présent discuter les assertions qui découlent de vos postulats.
Manipulations textuelles
Mais avant, je ne peux vous cacher combien m’a indisposé l’absurdité de certains de vos propos, sans parler de ce qu’il faut bien appeler de la malhonnêteté intellectuelle. Les exemples sont légion, mais je n’en citerai ici que quelques-uns.
« Moïse Maïmonide qui écrivait en arabe et était arabe, on devrait l’appeler par son nom véritable de Moussa ibn Maïmoun. » (ITW Le Point du 3 juillet 2020).
Pourquoi « arabe » ? ! Parce qu’il écrivait en arabe, décrétez-vous ! Ainsi, selon vous, pratiquer une nouvelle langue transformerait notre identité ? Et les polyglottes alors ?
Et puis, après nous avoir rappelé que les « Arabes » qui avaient envahi l’Hispanie (appellation de mon fait) au début du 8ème siècle étaient en fait eux-mêmes « des Berbères », avec parmi eux des « Berbères juifs », Maimonide ne devrait-il pas être, selon votre « théorie », plutôt Berbère ? Voire Hispanique ? Mais au fait, n’y avait-il pas des Juifs avant l’arrivée des « Arabes » ?
Le comble cependant, remarqué par l’un de vos critiques (A. Journo, inrer.org), n’est-ce pas d’avoir tronqué le nom du savant juif ? ! Lequel en vérité se nommait en son entièreté : Maïmonide, Abû Imran Mûssa ibn Maïmû ibn Abdallah al-Kurtubi al-Yahûdi. Soit Fils d’Abdallah, le Juif de Cordoue! Ce qui voulait dire, à l’époque, qu’il n’était ni Arabe, ni Berbère, ni Wisigoth.
Dans une autre interview (Médiapart du 29 juillet 2020) on peut lire : « l’islam a simplifié les règles alimentaires juives, tout en en conservant l’essentiel, la prière s’est orientée vers La Mecque et non plus vers Jérusalem, l’usage du vin a été proscrit dans le rituel, la période de jeûne a été allongée. » Un lecteur non-connaisseur de l’histoire de l’islam en déduira que le changement de direction de la prière a été constitutif du nouveau monothéisme, afin de se distinguer du judaïsme. Or il n’en est rien ! Mohamed et les siens commencèrent à prier en direction de Jérusalem, dont ils ne se détournèrent, pour prier vers La Mecque, qu’après le refus de Juifs… de devenir des musulmans, ce qui aura quelques conséquences tragiques sur lesquelles nous aurons à revenir. Un détail, direz-vous ! Mais il est désagréable de se dire que votre absence de scrupule pourrait être une signature…
Ainsi, dans l’un de vos articles je vous vois accuser l’historien Georges Bensoussan de n’avoir fait « nulle mention non plus du cas de rabbi Mardochai Aby Serour, rabbin explorateur marocain, guide personnel de Charles de Foucauld et qui, afin de faciliter leur périple à travers le Maroc, fit passer ce dernier pour un juif russe« . Or il se trouve que j’ai lu le livre de Jacob Oliel, historien des Juifs du Sahara, (« Les aventures du rabbin Mardochee Aby Serour, au Sahara au XIXème siècle« ). Je passe sur le ridicule épithète de « marocain », alors que l’appellation « Maroc » est très tardive d’un ensemble qui fut « Royaume de Marrakech » sous trois dynasties, et qu’il faudra attendre 1957 pour que la dynastie alaouite renommât l’ « Empire chérifien » en « Royaume du Maroc ».
Et donc voici ce qu’écrit J. Oliel : « Mardochée décida d’habiller son jeune compagnon en rabbin, afin de pouvoir visiter les mellahs et se fondre parmi les Juifs marocains : aux yeux des Musulmans, ils pourraient se faire passer pour ces collecteurs qui, venus de Palestine, allaient périodiquement, de village en village et de communauté en communauté, pour quêter au profit des yéchivot (écoles rabbiniques) chargées à Jérusalem de former les rabbins dont le Maghreb avait besoin« . Et donc un Rabbin de Palestine, sans doute de type séfarade (puisqu’il pouvait « se fondre parmi les Juifs marocains ») est devenu un « juif russe ». Encore un détail. D’ailleurs ici, vous êtes en contradiction avec votre propre théorie : vous auriez dû écrire « un Russe juif » comme vous écrivez « Berbère juif » ! Chassez le naturel….
BERBERES et JUIFS. Vos « sources »
Votre « démonstration » visant à faire des Juifs d’Afrique du Nord, des Berbères judaïsés, convertis, repose, comme vous le reconnaissez, sur très peu de sources anciennes, et notamment sur Ibn Khaldoun (14ème siècle) et Nahum Slouschz (début 20ème).
Ibn Khaldoun. Vous vous référez à la citation suivante, mille fois convoquée : « Une partie des Berbères professait le judaïsme, religion qu’ils avaient reçue de leurs puissants voisins, les Israélites de Syrie. Parmi les Berbères juifs se distinguaient les Djeraoua, tribu qui habitait l’Aurès et à laquelle appartenait la Kahena, femme qui fut tuée par les Arabes à l’époque des premières invasions. Les autres tribus juives étaient les Nefouça, Berbères de l’Ifrikia, les Fendelaoua, les Mediouna, les Behloula, les Ghiatha et les Fazaz, Berbères du Maghreb el Acsa. » (Histoire des Berbères, traduction du Baron de Slane).
Or il se trouve qu’Ibn Khaldoun, prudent, commence sa phrase par « Il est possible » (roubbama, en arabe), la traduction anglaise étant conforme à l’original (« It is possible that »), nous devons le signalement de la citation tronquée au chercheur tunisien Mohamed Talbi[4]. Se prévaloir du prestige d’un historien, considéré comme un des fondateurs de l’histoire moderne, sans respecter l’exactitude de ses propos, et sans comparer la traduction à l‘original porte un nom : Cela doit-il être rangé dans la manipulation textuelle, dont vous semblez assez expert ? Moi qui ne suis pas spécialiste, je dois cette découverte au chercheur Alexander Beider, plus précisément à l’un de ses articles que vous n’auriez pas dû ignorer puisqu’il concerne le cœur de votre problématique : « Les origines (pseudo-)berbères des juifs du Maghreb »[5], dont il me faut résumer le contenu, lequel est proprement dévastateur pour votre thèse.
Hormis ce problème de traduction, Alexander Beider examine le fragment : « Une partie des Berbères professait le judaïsme, religion qu’ils avaient reçue de leurs puissants voisins, les Israélites de Syrie« .
Prise en soi, cette phrase signifie que des tribus berbères, avant l’invasion arabe, ont reçu le judaïsme des « Israélites de Syrie » (Les Arabes ne disaient pas « Palestine » à l’époque), interprétation qui déjà invalide votre thèse. Mais replacée dans le contexte de son livre, contrairement aux apparences et à son utilisation habituelle, cette phrase signifie tout à fait autre chose. En effet, poursuit Ibn Khaldoun : « Les Berbères… descendent de Cham, fils de Noé, et ont pour aïeul Berber, fils de Temla, fils de Mazîgh, fils de Canaan, fils de Cam… On n’est pas d’accord, dit Ibn-el-Kelbi, sur le nom de celui qui éloigna les Berbères de la Syrie. Les uns disent que ce fut David qui les en chassa…. D’autres veulent que ce soit Josué, fils de Noun… El-Bekri les fait chasser de la Syrie par les Israélites, après la mort de Goliath, et il s’accorde avec El-Masoudi à les représenter comme s’étant enfuis dans le Maghreb à la suite de cet événement. »[6]. Après quoi, on peut difficilement refuser la conclusion logique d’A. Beider : « Nous pouvons constater que tous les auteurs arabes cités par Ibn Khaldoun parlent ici des temps bibliques et que, de plus, l’histoire en question s’incruste dans un texte, purement mythologique, concernant des origines des Berbères au Proche Orient les liant aux événements décrits dans la Bible et aux personnages y figurant. Ibn Khaldoun parle de l’époque de plus de deux millénaires avant sa propre naissance. Compte tenu de tous ces éléments, il est évident que son récit ne peut aucunement être considéré comme un témoignage historique fiable ». Sans appel.
Nahum Slouschz, votre deuxième source. Orientaliste juif né en Russie en 1872, il a été le premier créateur de la théorie des Judéo-Berbères[7], qui s’appuie principalement sur 74 noms de famille usités par les juifs de Libye et/ou de Tunisie qui, d’après son opinion, « indiquent une origine berbère certaine« , « étymologies prises au sérieux par de nombreuses personnes qui n’ont jamais étudié eux-mêmes l’onomastique juive du Maghreb« , note A. Beider.
Ce dernier, et à la suite de la première contestation de Paul Sebag, peut conclure ainsi : « L’origine « berbère » de 74 noms de la liste de Slouschz ne s’avère être qu’une fiction. C’est le travail avec le livre « Essai sur l’histoire des israélites de Tunisie’ »écrit par le rabbin tunisien David Cazès (1888) qui m’a permis d’identifier la source de « l’ inspiration » de Slouschz……/ Sa volonté de promouvoir sa nouvelle théorie était si forte qu’il n’a pas hésité de faire référence aux toponymes qui de toute vraisemblance n’ont jamais existé : ce n’est certainement pas par hasard qu’il n’indique aucune source géographique où lui-même a trouvé des références aux lieux en question ; mis à part « Cherous« , ces toponymes ne figurent pas non plus dans ses propres descriptions de la région de Djebel Nefoussa visitée pendant ses expéditions« .
L’existence de noms à consonance berbère dont l’origine ne remonte pas avant le 15ème siècle (par ex Azoulay, Ifergan, Ouanounou, Timsit…) ne peut prouver la théorie des Judéo-berbères. En effet, souligne A. Beider, « la langue source d’un nom de famille juif n’est jamais une indication de l’origine ethnique de ses porteurs ou de leurs ancêtres« . « Sinon, ironise-t-il, les ancêtres de Mark Zuckerberg ou de Barbara Streisand seraient des chrétiens ou des païens allemands, ceux de Simon Dubnov et Haim Nahman Bialik des descendants des Slaves d’Europe de l’Est« . Idem pour Montefiore ou Amedeo Modigliani qui témoigneraient d’une ascendance italienne non-juive. «
Enfin, si les communautés juives du Maghreb étaient le résultat d’une conversion massive des Berbères, la langue vernaculaire de ces juifs devrait normalement contenir quelques traces de ce passé linguistique… »
Logique. « Cependant, aucune trace de ce genre ne se trouve dans les études linguistiques les plus détaillées des dialectes judéo-arabes parlés dans divers pays du Maghreb.[8] La grammaire de ces dialectes est purement arabe. Le lexique est également principalement arabe, avec plusieurs dizaines de mots d’origine hébraïque ou romane. Aucun mot qui serait d’origine berbère n’est connu. »
Le coup de grâce
Mais le coup de grâce arrive avec l’étude des prénoms qui « fournit souvent beaucoup plus d’indices sur le passé que celle des noms de famille« , car généralement plus anciens : aucun substrat berbère n’y est identifiable. On trouvera des prénoms hébraïques tirés de la Bible (Mouchi, c-à-d Moise), araméens ou hébraïques issus du Talmud (Nissim), hébraïques apparus au Moyen Age (Raḥamim), grecs (Kalonimos), romans (Vidal), arabes (Makhlouf), mais d’origine berbère, « un seul », usité au Maroc Yeddîr (prononcé Iddîr), mais qui n’a plus été utilisé depuis des siècles par les Juifs. Il vient de la racine « vivre » et a été vraisemblablement emprunté par les Juifs, comme l’équivalent du prénom sacré Hayyim signifiant « vie » en hébreu. Rien n’indique que Yeddîr soit utilisé depuis des siècles.
Quant aux formes diminutives de prénoms juifs au Maghreb, par ex, pour Isaac (Ḥaqu, Ḥaqi et Iṣu), Jacob (‘Aqqu et Qîqi), Moïse (Mûmu), David (Dûdu et Dâdi), Ḥayyim (Ḥammu), Yehoshua (Ishu), Abraham (Bhihi et Bâha), Elie (Lûlu), Aron (Nûnu), Joseph (Sîsu et Zûzu), elles sont effectivement d’origine berbère, mais ce sont aussi des prénoms usités par les arabes locaux qui, tout comme les Juifs locaux, les ont empruntés aux Berbères.
Vos impasses…
Ce texte si important d’Alexandre Beider, vous en avez fait l’impasse et on peut en subodorer les peu glorieuses raisons mais, pour votre seconde édition, ne manquez pas l’occasion de vous rattraper. Cela vous dispensera du ridicule de citer des noms arabes (« Haddad : forgeron ; Nakache : graveur ; Khayat : couturier ; Teboul : joueur de tambour« )[9]…. comme preuve de berbérité. Et puisque vous vous trouvez en Algérie, profitez-en pour faire du terrain berbère, cela vaudra mieux que de vous référer à Paul Wexler contredit par les plus grands spécialistes par rapport aux origines du yiddish [10], sans parler de sa probité intellectuelle[11], et le fait qu’il soit juif et israélien n’est en rien une circonstance atténuante.
Prenez garde cependant, : les Berbères, tout comme la Bible le dit des Juifs, sont un peuple « à la nuque raide » (est-ce d’avoir frayé avec eux si longtemps ?) et ne vous amusez surtout pas à leur répéter que « Les Arabes n’ont pas colonisé l’Afrique du Nord » ou que « les divisions entre Berbères et Arabes sont une morbide survivance du système de domination coloniale (français) »: leurs réactions pourraient être brutales, à la proportion de tous leurs morts sous les balles coloniales algériennes depuis 1962, eux qui aujourd’hui ne réclament même plus leur autonomie, mais exigent leur indépendance tout en fustigeant « le colonialisme algérien »… Pour les comprendre, commencez par lire l’historien tunisien (noir), notre contemporain, Salah Trabelsi : « Aux yeux des premiers conquérants arabes, les Berbères étaient un peuple vil, fruste et sauvage : « Des bêtes en liberté », selon l’historien arabe du XIVe siècle Ibn Idhari ».
JUIFS et MUSULMANS
Si les Juifs ne sont pas Juifs mais Berbères, et puisque les Berbères ont accepté de troquer leur christianisme, mais non leur judaïsme, contre l’islam, c’est donc qu’entre juifs et musulmans le courant ne passait pas trop mal, unis d’emblée par une conviviencia qu’ils auraient exportée même en Hispanie. Vous concédez qu’il y eut quelques « inimitiés« , en prévenant aussitôt que ce ne fut « pas nécessairement pour des raisons religieuses », puisque « leur histoire profonde est commune : au Maghreb, ce sont les mêmes populations. En disant cela, j’ai l’impression de révéler un secret de Polichinelle« , dites-vous.
Allons donc vérifier du côté de l’histoire de quelles sortes furent les « inimitiés« . Mais comme vous situez leur origine dans le Décret Crémieux de 1870 attribuant la nationalité française à 35 000 Juifs, méfait du colonialisme visant à diviser pour régner, qu’en fut-il des rapports entre les juifs et les musulmans, avant ce décret, avant et après la colonisation française, pendant et après la guerre d’Algérie, en Algérie (nom donné par la France), mais aussi dans le reste de l’Afrique du Nord, objet de votre livre, mais aussi et enfin bien au-delà, depuis l’avènement de l’islam en Arabie ? Force est de constater que vous ne vous posez même pas la question ! Grosse lacune que nous ne pourrons combler ici que métonymiquement, avec quelques exemples, alors qu’il y faudrait une encyclopédie !
Vous reprenez les propos d’un historien américain (juif comme vous bien sûr) Joshua Cole, faisant du pogrom de Constantine (24 morts et le quartier juif dévasté) de 1934 un avatar du Décret Crémieux adopté 64 ans plus tôt. Très bien. L’assassinat du musicien juif constantinois Raymond Leyris le 22 Juin 1961, par le FLN, en était-il aussi une conséquence ? Durant la guerre dite ‘’de libération’’ (1954-62), et pour mettre fin aux « inimitiés » suscitées par le colonialisme, le FLN n’aurait-il pas dû épargner les Juifs ? Comment expliquer qu’ils furent, au même titre que les Pieds Noirs, une cible privilégiée, parce que Juifs et juifs, qu’ils soient rabbins ou pas, assassinés de préférence le jour de Shabbat en allant à la synagogue ou attablés dans un bar ? Consultez la liste non-exhaustive que j’en ai faite[12], et dans laquelle il manque d’ailleurs la tragédie de la famille Cohen d’Oran, – peut-être la vôtre -, dont 5 membres « disparurent »[13] en 1962. Dans ce texte vous trouverez encore les citations de dirigeants algériens qui font comprendre que cette guerre fut menée aussi en vue d’une « épuration ». Opération réussie à 99,9% et l’Algérie devint judenrein et christenrein, ce dont fit les frais votre propre famille puisque vous êtes né en France.
Enfin ignoreriez-vous que les Juifs des « Territoires du Sud », parmi les plus vieilles tribus juives d’Afrique du Nord, qui pourtant n’avaient pas bénéficié de ce Décret et qui ne devinrent français que depuis 1961, durent quitter l’Algérie aussi précipitamment que les autres ?
Mais une fois l’indépendance acquise, n’eût-on pas dû s’attendre à plus de bienveillance vis-à-vis des Juifs encore nostalgiques de leur terre natale ? Comment expliquer alors l’hystérie que déclencha dans la presse algérienne l’arrivée en 2005 d’une centaine de Tlemcéniens ? Et pour ne citer qu’un seul titre, le quotidien algérien le plus lu (arabophone) Ech -Chorouk El-Youmi, le 23 mai 2005 : « Nous ne pouvons oublier non plus le fait que c’est le juif Bouchenak qui a été le facteur essentiel de la colonisation de l’Algérie » (Edito), ainsi que : « La rue algérienne refuse la visite des juifs à Tlemcen. L’histoire des juifs est un tissu de pages noires…. Ils sont connus depuis la préhistoire pour être des maîtres-chanteurs. Ce chantage s’est manifesté de façon patente après la fin de la Deuxième guerre mondiale quand la propagande sioniste a inventé les fours crématoires et l’holocauste. Pendant la révolution, ils ont constitué des cellules terroristes dirigées contre le FLN et se sont tenus aux côtés de l’OAS en pratiquant le terrorisme après le cessez-le-feu…. Il résulte de tout ceci que la situation des juifs en Algérie ne diffère en rien de celle des collaborateurs qui ont porté les armes contre leurs frères« .
Quand, toujours en 2005, le tenant du hammam Degoudj à Constantine explique devant notre caméra[14] qu’avant 1962, il y avait des horaires « pour les Arabes et pour les Juifs… à cause de l’odeur » de ces derniers, faut-il incriminer le colonialisme, ou une haine antijuive beaucoup plus ancienne ?
Même question pour ce roman d’un certain Saïd Kessal publié en Algérie en 2011, « Derb Lihoud » (Quartier juif), et dont le sous-titre est L’histoire de deux enfants sacrifiés selon le rite talmudique. Les événements décrits sont authentiques, précise son auteur : ‘« Entre les années 1953 et 1954… dans la ville El-Malah (ex-Rio de Salado) … deux enfants, Mohamed et sa sœur Mériem, furent sacrifiés sur l’autel du rite talmudique attribué aux sionistes… »
Même question lorsque la ministre de la culture Khalida Toumi[15] affirme tranquillement en 2008 : « travailler avec l’Espagne pour déjudaïser la musique andalouse« , processus déjà entamé depuis l’indépendance, puisque la centaine de musiciens juifs est interdite d’antenne, et qu’au centre-ville de Constantine, 4 portraits géants honorent de grands maîtres du malouf, sauf que l’un des plus importants, Raymond Leyris, n’y figure pas… Au fait, Raymond Leyris, d’abord assassiné, puis effacé de la mémoire algérienne, l’a-t-il été en tant que Berbère ou en tant que Juif ?
Mais revenons au Décret Crémieux de1870
S’il avait mis fin à une si forte amitié entre juifs et musulmans, pourquoi les premiers ne le rejetèrent-ils pas et pourquoi, d’ailleurs, furent-ils les seuls à en demander l’extension (aux musulmans)[16], les chefs musulmans assimilant l’obtention de la nationalité française à une apostasie, donc passible de mort. Pourquoi, d’après vous, les Juifs d’Algérie se réjouirent-ils de la victoire de la France en 1830 face à l’empire ottoman, et pourquoi de nombreux Juifs du Maroc tentèrent-ils de se relocaliser dans l’ouest-algérien, sinon parce qu’il mettait fin à leur statut humiliant de dhimmis, et aux pogroms à répétitions ?
Ce statut qui codifia la condition juive et chrétienne depuis la naissance de l’islam, et qu’une nouvelle association Dhimmi Watch s’est donné l’objectif de remettre en mémoire pour prolonger l’énorme travail de Bat Ye’Or[17], n’est pour vous qu’un « hypothétique pacte d’Omar » dont vous minimisez les effets, préférant faire l’autruche et l’impasse sur toutes les sources qui ne confortent pas votre vision idyllique.
Or, à l’exception de certaines périodes, ils furent terribles, et quelquefois, selon les chefs, atténués. Ce dont vous pourriez vous rendre compte en ouvrant le livre de Paul Fenton et David Littman, « Exil au Maghreb, La condition juive sous l’islam 1148-1912« , soit 800 pages entièrement consacrées à des témoignages d’humiliations ou de pogroms, à des discours et à des écrits, et ce uniquement pour le Maroc et l’Algérie. Durant 8 siècles, 800 pages d’horreurs, ce qui dans votre langage se dit ainsi : « Le judaïsme s’est maintenu à l’ombre du Croissant sous des modalités diverses« . Oui à « l’ombre du Croissant » ! Impossible de résumer bien sûr. Mais juste une petite idée si vous le permettez :
Abd al-Karîm al-Maghîlî (1440-1504), cela vous dit-il quelque chose ? Non ? Aussi anti-juif qu’anti-Noir, sa doctrine a pourtant inspiré les massacreurs du Soudan. En 2017, l’Institut du Monde Arabe à Paris l’inclut dans son exposition « Trésors de l’islam en Afrique« .
Toujours rien ? En 2011, sa ville natale, Tlemcen, où il est vénéré comme un Saint, lui rendit hommage.
Vous ne voyez toujours pas ? Eh bien voici : « Combattre et tuer les Juifs et les chrétiens est une des obligations imposées par Allah. Le glaive ne cessera d’être brandi au-dessus de leurs cous à condition qu’ils versent le tribut [Jizya] et qu’ils soient humiliés… Démolissez les synagogues et les églises… On doit les démolir, dût-on en avoir la tête coupée, et quiconque meurt, parmi ceux qui désirent cette démolition, entrera au Paradis, tandis que les autres iront au feu avec ceux qui ont empêché cette démolition… »
Cela était le « Traité contre les Juifs » du prédicateur qui, s’appuyant sur le Coran (verset 9, 29) et sur les juristes sunnites ayant codifié le statut discriminatoire de la dhimma, presse les musulmans du Touat saharien (algéro-marocain) de passer à l’action. Et son appel ne tomba pas dans l’oreille de sourds. Mais il y a aussi le poète : « Ô mon Seigneur, par Ton prophète, l’élu, le guide pur / Et par tous les Pôles [grands saints] et les saints / qu’ils se réjouissent de la chute des Juifs / Déverse sur eux des calamités / Et réduis à néant les restes de leur subsistance / Et ouvre-leur, pour les exterminer / La porte qui mène au feu infernal…«
Mais le meneur fanatique offusqué par la construction d’une nouvelle synagogue, qui massacra tous ses habitants juifs dans cette ville de Tamentit dite « la petite Jérusalem » en 1492, ne fit rien d’autre que reprendre la geste antijuive de ses prédécesseurs d’une autre dynastie berbère, les Almohades, qui sévit tant au Maghreb qu’en Hispanie entre le milieu du XIIᵉ siècle et du XIIIᵉ et qui passa au fil de l’épée ceux qui refusaient de se convertir, ce dont témoigne l’élégie d’Abraham Ibn Ezra (1138) : « La religion d’Efrat (Israël) est abrogée / Toute la foi de la Tora ! » / L’ensemble des deux sanhedrin opposèrent un refus/ Rassemblés en demi-cercle et ligotés / Ils furent aussitôt livrés au sabre / … / Un jour de shabbat, fils et filles / Répandirent leur sang comme de l’eau /…/ La colonne du Talmud succomba / La Michna, objet d’opprobre, fut foulée aux pieds /… / J’élèverai ma voix pour Ceuta et Meknès / Je gémis pour Sus, devenu objet de dédain / Pour la ville d’Aghmat dévastée / Engloutie en un instant /…/ Hélas, anéantie toute la communauté de Fès……… « Modalités diverses », comme vous dites…
« La judéophobie au Maghreb n’est pas ancrée dans une histoire profonde« , avez-vous le toupet d’écrire. Ah, si seulement ces pogromistes avaient pu connaître votre pensum, et apprendre qu’ils étaient en train de massacrer leurs propres frères… berbères ! Décret Crémieux de1870, disiez-vous ? ! Mais la persécution des Juifs ne fut-elle pas de toutes les époques et en tous lieux conquis par l’islam ? « Il en coûtait moins d’assassiner un Juif que de s’en prendre au chameau du voisin… » (Charles de Foucauld)[18]. En 2009, au moment de la guerre à Gaza, l’imam algérien Chamseddine Bourouba n’édicta-t-il pas une fatwa autorisant les musulmans, où qu’ils se trouvassent, à « tuer des juifs, car tout juif est une cible légitime que les musulmans doivent abattr« , alors qu’au même moment l’Égyptien Al-Qaradaoui, sommité théologique, membre du Conseil européen de la fatwa, formulait le souhait que « les Juifs déjà punis en raison de leur comportement, une première fois par les Babyloniens, une seconde fois par les Romains et enfin par Hitler, [le soient cette fois] des mains des Musulmans » ?
Mais de grâce, pour la Tunisie, lisez Albert Memmi que vous ne citez jamais! « Les Juifs étaient à la merci non seulement du monarque, mais aussi de l’homme de la rue. Mon grand-père portait encore le costume juif obligatoire et discriminatoire, et, à son époque, tout Juif pouvait s’attendre à être frappé à la tête par un musulman qui passait. Ce rituel « agréable » avait un nom – la chtaka. Et il était accompagné d’une formule sacramentelle « Ya yehoudi hédi Shtaqet bouq ou jeddeq« . (« Eh le juif ! Cette Chtaka est celle que recevaient ton père et ton grand père ».[19]
Ou encore, pour Jérusalem, lisez Karl Marx, oui, Karl Marx : « Rien n’égale la misère et les souffrances des Juifs de Jérusalem, qui habitent le quartier le plus sale de la ville, appelé hareth-el-yahoud, entre la Sion et la Moriah, où se trouvent leurs synagogues« [20]
Lisez aussi ces milliers de témoignages de Juifs chassés du monde arabe que je n’ai malheureusement pas la place de vous livrer ici… Et puisque vous enseignez en Algérie, demandez à vos élèves qu’ils vous répètent, s’ils n’ont pas trop honte, ces dictons arabes[21] ridiculisant les Youdis, mot que l’on ne prononce pas sans se purifier aussitôt la bouche par un « Hachèk ! » retentissant…
La longue litanie des violences qu’encoururent les Juifs dans l’espace-temps islamique n’était pas la conséquence des caprices de princes ou de fanatiques, car elles découlaient de la dhimma[22]. Le Code de l’indigénat, édicté par la France en 1881et aboli en 1946, tant décrié par les anticolonialistes, paraîtrait anodin à côté ! Et d’ailleurs, vous semblez ne pas avoir remarqué que vous vous contredisez en affirmant dans votre livre que « l’antisémitisme fut un produit d’importation, c’est depuis la France qu’il vint s’acclimater en Afrique du Nord« . N’est-ce pas votre propre recension d’un livre de Jalila Sbaï « La politique musulmane de la France« , où l’on peut lire que les autorités françaises appliquèrent en métropole un statut apparenté à celui du dhimmi, statut de « protégés » des travailleurs maghrébins, « Le Code de l’indigénat (dérivant aussi) du corpus juridique de la dhimma« . Eh oui, c’est bien l’islam qui exporta vers l’Europe, et non l’inverse, la rouelle dont le port ostensible était imposé aux juifs, sa couleur jaune symbolisant la félonie.
Mais la dhimma elle-même n’était que la conséquence juridique d’un des piliers centraux de l’islam, le djihad. Ibn Khaldoun, que vous semblez connaître, est sans appel : « En Islam, la guerre contre les infidèles est d’obligation divine, parce que cette religion s’adresse à tous les hommes et qu’ils doivent l’embrasser de bon gré ou de force /…/ Les autres religions ne s’adressent pas à la totalité des hommes, aussi n’imposent-elles pas le devoir de faire la guerre aux infidèles ; elles permettent seulement de combattre pour (leur) propre défense« .[23]
Il peut donc, sans s’étonner, constater dans son « Histoire des Berbères’ »: « Idris 1er, descendant d’El Hacen, fils d’El Hacen (petit-fils de Mahomet) étant arrivé au Maghreb, fit disparaître de ce pays jusqu’aux dernières traces des religions (chrétienne, juive et païennes) …« [24]
Mais ni Idris 1er ni les autres rois n’inventèrent quoi que ce soit : le prophète Mohammed himself leur avait donné l’exemple. Il vous suffirait de consulter sa biographie (La Sira, texte fondateur égal aux Hadiths) pour apprendre, avec force détails, comment ce dernier participa lui-même à l’égorgement de 900 Juifs de la tribu des Banu Qurayza « en âge de se raser« , dans la ville de Yatrib devenue par la suite Médine, et ce pour avoir refusé de se convertir à l’islam. Ce que nous rappellent aujourd’hui partout dans le monde les groupes islamiques qui scandent le refrain bien connu « Khaybar, Khaybar, ya Yahoud, Djeïch Muhammad sa yaoud ! » (« Khaybar, Khaybar, Ô Juifs, l’armée de Mohammed va revenir ! », puisque les Juifs de cette oasis d’Arabie connurent le même sort que ceux de Médine. « Des relations souvent cordiales furent entretenues avec les juifs d’Arabie« , dites-vous ?
Ah, si seulement ces Arabes musulmans avaient pu savoir, par vous et par votre Maître S. Sand, que ceux qu’ils égorgeaient n’étaient pas des Juifs, mais des Arabes, et qu’ils n’étaient ni « des porcs et des singes » (Coran[25] et Hadiths), ni des « lézards« [26], ni même des « rats » [27] !
Votre insistance dans vos interviews et vos articles pour attester sur tous les tons que « le monde musulman ne s’est pas dogmatiquement constitué par opposition au judaïsme « , que « L’islam ne se définit pas dogmatiquement par rapport au judaïsme« , qu’ « il y a assez peu de ruptures dogmatiques entre le judaïsme et l’islam« , ne vise-t-elle pas en définitive à servir votre plaidoyer : si en dépit du fait qu’ils étaient un même peuple (Berbères ? Arabes ? on ne sait plus trop !), il y a eu quelques « inimitiés », c’était bien parce qu’on les avait artificiellement divisés, car en vertu de leurs « dogmatiques », si proches, ils n’auraient jamais dû l’être.
Mais ainsi, de par votre déni massif des réalités historiques, ne vous retrouvez-vous pas dans la posture des orientalistes Massignon, Monteil, Berque que leur reprochait l’islamologue algérien Malek Chebel dans son livre sur « L’esclavage en terre d’Islam » [28] : peut-être ont-ils préféré « la hauteur mystique des grands penseurs, des philosophes et des théosophes de l’islam aux réalités scabreuses des marchands de chair humaine… »
Du moins eux connaissaient-ils les textes de l’islam. Car pour avancer, même assorti de votre unique doute, à savoir ce « Je ne suis pas certain que, pour elles (les populations du Maghreb), le passage du judaïsme à l’islam ait été très perceptible, ni qu’il ait changé grand-chose à leur quotidien…. L’islam, au fond, c’est la continuité du judaïsme[29]« , il faut, pour l’excuse à ce culot, être profondément ignorant tant de l’islam que du judaïsme.
JUDAÏSME ET ISLAM
Quid de leurs ‘’Dogmatiques’’ ?
Contrairement à vos postulats, je pose que si « les modes opératoires » ont été si opposés, et les actions islamiques à l’égard des Juifs, (mais aussi à l’égard des Noirs[30] et des Indous[31]), si violentes, c’est que les crédos des victimes et des bourreaux avaient très peu de chances de se ressembler.
En précisant que nous entendons par « dogmatique » ce que l’on pourrait autrement appeler l’ensemble des repères idéologiques essentiels et clivants, essayons de faire une rapide comparaison entre les deux monolâtries.
Historiquement, troisième monolâtrie, l’islam s’annonce d’emblée comme « le sceau des prophéties » (33, 40), la seule parole divine vraie, donc falsifiée par les deux précédentes : « Mais ceux qui étaient injustes substituèrent une autre parole à la parole qui leur avait été dite » (Coran 2, 59). « Vous éprouverez que les Juifs et les idolâtres sont les plus violents ennemis des fidèles… » (5, 85). Tromperie avec volonté de tromper, quasiment un blasphème : normalement pour une faute d’une telle gravité, l’islam condamne à mort et exécute sommairement…
En se voyant octroyer la Dhimma, les « Gens du livre » peuvent s’estimer heureux. Parole divine définitive et univoque, elle ne saurait être interprétée. Tout écart est bidaa, innovation répréhensible, et son auteur un déviationniste, voire un hérétique, lui aussi passible de mort. Est-il nécessaire de préciser que l’apostasie mène directement au tranchant du sabre ? Le prophète, « un bel exemple » (33, 21), autrement dit l’Impeccabilité incarnée, est la voie quasi-obligée pour accéder au divin. Tenter de le contourner ou de l’éviter vous rend d’emblée suspect et questionnable (dans le sens ancien du terme). Enfin, et tel qu’Ibn Khaldoun, cité plus haut, le dit sans ambages : « l’islam se veut la religion de tous, donc conquérant, et le djihad lui est consubstantiel ».
La cohérence du système, fondée juridiquement sur l’ijma (le consensus) et comparable au verrouillage des systèmes dictatoriaux et totalitaires, réduit à zéro la possibilité du jeu, donc du je, donc de l’individuation, donc de la responsabilité, donc de l’émulation, donc de l’invention, donc… Une série de donc qui explique pourquoi le monde islamique en est là où il en est, dans le sous-développement, l’agressivité contre l’autre et contre soi, le désespoir, et la fuite…
Le fonctionnement du judaïsme s’oppose quasiment terme à terme à celui de l’islam. Le message juif est délivré à un peuple, et non à un homme, Moïse n’étant qu’un intermédiaire. Pour éviter les altérations de la transmission humaine, il est gravé dans la pierre : 10 Paroles[32], une sorte de contrat qui scelle une Alliance. On est libre d’y adhérer ou de s’en extraire : l’apostasie n’est pas bien vue, mais point de potence. Aucune divinisation de Moise : malgré son triple mérite (libérateur, messager, et guide), il ne sera pas même admis en terre promise. Vous pouvez dire pis que pendre de lui, ce ne sera pas un blasphème et les journalistes de Charlie Hebdo n’auraient pas été assassinés. Un Juif peut même dialoguer avec D., voire l’interpeller, le rudoyer, se mesurer avec sa force. Et même douter de son existence : « Celui qui affirme l’existence de Dieu, sans en douter un seul instant, est un charlatan ». Le Rav Kook[33] aurait été lapidé en terre musulmane.
Le peuple juif a certes une mission, puisque choisi pour faire connaître à l’humanité l’essentiel du message, au moins 7 Paroles. Convaincre, oui, contraindre non. Malgré l’intemporalité des 10 Paroles, l’alliance comme le contrat se négocient perpétuellement. Et même l’une des lois humaines, des plus ancestrales et intouchables, celle du Talion, sera retouchée : l’agresseur ne sera pas mutilé, mais il devra payer, au sens propre. Et preuves par le Talmud, et par toute l’histoire juive, le judaïsme fonctionne au dissensus : il ne respecte pas seulement l’avis contraire, il le réclame. Le judaïsme n’est pas un idéal de la Perfection mais une voie pour prévenir l’échec ou le surmonter. Mais plus qu’une méthode, c’est avant tout une philosophie de la Liberté. Sion est sa seule patrie, il n’en revendique point d’autre, et lorsqu’il en est arraché, il ne cesse de la pleurer, de la rêver, et d’attendre le moment propice pour la retrouver. Israël d’aujourd’hui est la résultante de tout cela. Et voilà toute la différence.
Le judaïsme, hymne à la liberté et à l’initiative. L’islam, hymne à la soumission
Les différences entre les deux « dogmatiques » ne sont pas anodines, mais capitales. Autant le judaïsme est un hymne à la liberté et à l’initiative, -Sortie d’Egypte, refus des idoles, retrait divin le 7ème jour pour laisser place à l’homme, possibilité d’interpréter, liberté d’expression…-, autant l’islam, comme son nom l’indique, l’est à la soumission.
Parlant de son œuvre « Le Sujet et le Mamelouk« , le sociologue marocain Mohammed Ennaji met les pieds dans le plat[34] : « Le Coran, sacralise les rapports de sujétion…. Non discutable, les intellectuels n’osent guère le bousculer… dans le Coran, le mot qui sert à désigner le fidèle c’est abd. Or, dans la langue courante, abd désigne l’esclave. La construction du rapport à Dieu s’est faite sur le modèle du rapport de l’esclave à son maître…… Quand les jurisconsultes évoquent le rapport à Dieu, ils utilisent tout naturellement le mot ubudiyya… qui est la réduction en esclavage. « Il n’y a pas pour les créatures d’échappatoire à l’adoration », écrit par exemple au XIIe siècle le grand jurisconsulte Râzi… »
Face à cette iconolâtrie islamique où le prénom du prophète est intempestivement prononcé et toujours associé au nom d’Allah, le judaïsme paraît une iconoclastie absolue ! Ne te prosterne pas devant les idoles. N’invoque pas le nom de l’Être en vain (2ème et 3ème Paroles).
Pour en rester aux distinctions fondamentales, comment ne pas souligner aussi le contraste entre La Oumma (Oum = mère), responsable de chacun où l’individu est infantilisé – « Le Prophète a plus de droit sur les croyants qu’ils n’en ont sur eux-mêmes; et ses épouses sont leurs mères » (33, 6) – et le Shabbat, qui outre le cadeau du peuple hébreu à l’humanité qu’il représenta, signifie surtout cette magnifique geste du retrait divin le 7ème jour afin que s’inaugure un nouveau temps, le Temps humain, et qu’à l’homme soit donné le soin de poursuivre son œuvre, avec ses échecs, ses défaites, ses remises en cause, ses autodépassements et ses victoires. Sanctifie le jour du shabbat ! (4ème Parole).
Malgré le respect dû aux parents, dans le judaïsme, le poids des morts ne saurait surpasser celui des vivants (5ème Parole).
« Quant à l’étranger qui séjourne avec vous, vous l’aimerez comme vous-même, car vous avez été étrangers dans le pays d’Égypte… » (Lévitique, 19, 34). Le rapport à l’autre en islam est toujours de l’ordre de la domination, dhimma dans le meilleur des cas, massacres dans le pire, esclavage et castration pour les Noirs. « L’esclavage fut un aspect déterminant des relations sociales dans le monde arabo-musulman » ? [35]
Enfin, et dans la hiérarchie des valeurs, plus haut que la liberté, le judaïsme place la Vie: « J’ai placé devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Et tu choisiras la vie, pour que toi et tes enfants viviez ». (Deutéronome 30, 19) À contrario, l’actualité quotidienne arabe étant suffisamment bavarde à ce propos, nul besoin d’en rajouter une couche…
Et si je puis admettre les raisons des Juifs célébrés dans l’élégie d’Abraham Ibn Ezra déjà citée (1138) qui préférèrent la mort à la conversion : « Ô peuple insensé, nous ne pouvons échanger la droite contre la gauche/ La religion de la vérité contre la religion des ronces ! / La loi de la rectitude contre la loi de l’iniquité« , comment pourrais-je comprendre qu’un professeur de lycée d’histoire-géographie mû soudain en historien, ayant sans doute lu au moins une fois dans sa vie le Pentateuque et le Coran, ait pu prononcer une telle énormité : « L’islam, au fond, c’est la continuité du judaïsme ». La continuité !
LES JUIFS, PEUPLE ou FANTASME ?
« Hier, nous étions esclaves. Aujourd’hui, des hommes libres. /Aujourd’hui ici. L’an prochain à Jérusalem… / De génération en génération, / chaque homme est tenu de se considérer / comme étant lui-même sorti d’Égypte…/ Génération après génération, /on se lève contre nous pour nous anéantir, mais le Saint qui est béni / nous sauve de leurs mains…«
Depuis 2000 ans, chaque année pour la Fête de Pessah, les Juifs de par le monde, en familles ou non, en liberté ou dans les camps de concentration, se sont réunis pour lire ce texte magnifique de la Hagada… Il est vrai que vous n’êtes pas à une énormité près, mais comment pouvez-vous décréter avec un tel aplomb que : « Historiquement les juifs ne constituent en rien un « peuple » distinct des sociétés dans lesquelles ils vivent » ?
Tous les antijuifs du monde et de tous les temps, dont Poliakov hier et Taguieff aujourd’hui nous donnent idée avec précision, se seraient donc trompés de cible ? Mais s’ils n’étaient pas « distincts », comment arrivait-on à les distinguer ? Pour justifier l’extermination des Juifs, le ministre Haman ne dit-il pas au roi Assuérus : « Il y a dans toutes les provinces de ton royaume un peuple dispersé et à part parmi les peuples, ayant des lois différentes de celles de tous les peuples et n’observant point les lois du roi« . Oseriez-vous dire qu’un récit de fiction (écrit quatre siècles avant l’ère commune – Rouleau d’Esther) n’a rien à voir avec la réalité ?
« Il y a des diasporas grecque, libanaise, arménienne… composées de « dispersés » partageant une même origine géographique et maintenant des liens avec le pays des aïeux. Pour les juifs, ce n’est pas le cas, l’origine géographique commune est fantasmée« , affirmez-vous.
Vous qui glosez tant sur les Juifs, n’aurait-il pas fallu, avant même de leur ôter la qualité de peuple, que vous daigniez vous fendre d’une définition ? Un peuple ne se définit-il pas d’abord par son histoire ? Seriez-vous ignorant de l’héroïsme de ce peuple face aux grands Empires assyrien, égyptien, grec, romain, puis de ses dispositifs, voire de ses ruses, pour se conserver face à l’hostilité des peuples du monde ? N’auriez-vous jamais ouvert le Livre des Prophètes, lesquels, si vous l’ignoriez, ont été des hommes en chair et en os, comme vous et moi.
« Je vous prendrai, un d’une ville, deux d’une famille, et je vous ramènerai dans Sion » (Jerémie 3 :14).
« Je les rassemble des extrémités de la terre ; parmi eux sont l’aveugle et le boiteux, la femme enceinte et celle en travail, c’est une grande multitude qui revient ici« . (Jérémie 31 :8).
« Et maintenant, montagnes d’Israël / sortez votre rancune et portez vos fruits / pour mon peuple, Israël / car proche est sa venue « (Ezechiel 36, 8)
« Sonne du grand chofar pour notre libération. Élève une bannière pour rassembler nos exilés. Et réunis-nous, ensemble des quatre coins de la terre. Loué sois-tu YHWH, qui rassembles les repoussés de ton peuple, Israël« , (prière Amida, 10ème bénédiction)
« Quand l’Eternel ramena les captifs de Sion, nous étions comme ceux qui font un rêve. Alors notre bouche riait de joie, et notre langue poussait des cris de triomphe » (Psaume 126 :1–4)
« Oui, l’Eternel a choisi Sion, Il l’a désirée pour sa demeure. C’est mon lieu de repos à toujours ; J’y habiterai, car je l’ai désirée… Là j’élèverai la puissance de David, Je préparerai une lampe à mon oint » – (Psaume 132)
« Et l’Eternel régnera sur eux, à la montagne de Sion, dès lors et pour toujours » (Michée 4 :6–7)
Tout n’y est-il pas déjà dit : Sion le pays, Jérusalem sa capitale, la déportation, les diasporas, l’espoir puis l’exultation du retour, l’Etat, une souveraineté ?
« J’y habiterai, car je l’ai désirée… ! »
« J’y habiterai, car je l’ai désirée… ! » Y a-t-il définition plus simple, plus évidente et plus belle d’un peuple ? N’est-ce pas ce qu’ont fait tous les peuples du monde, Juifs compris, certes non sans frictions ?
Négationniste, vous tenez à l’être doublement
Mais négationniste, vous tenez à l’être doublement: Les Juifs, qui n’étaient déjà pas un peuple, uniquement des croyants, se dissolvent dans leur propre idée, laquelle voyage incarnée dans d’autres corps vers l’Afrique du Nord : « Ce n’est pas un peuple en errance qui a traversé les mers mais une idée, animée d’une puissante dynamique missionnaire : le monothéisme ».
Le malheur pour vous, c’est que la génétique, devenue un formidable instrument crédible et légitime de l’étude des migrations humaines, apporte un démenti concret à vos élucubrations. Les plus grands spécialistes sont formels : l’idée a bien été transportée principalement par des Juifs, même si pas uniquement.
Des chercheurs de huit pays différents[36] ont analysé plus de 600.000 caractéristiques du génome humain sur des individus de 14 communautés de la diaspora juive, ainsi que sur un ensemble de 69 populations non-juives à travers le monde entier. Leurs conclusions qui montrent que la majorité de la communauté juive a pour origine la région du Levant (actuellement le Liban, la Syrie, Israël, les territoires palestiniens et la Jordanie) ont été jugées « très sérieuses et très intéressantes » par le président de l’université Paris-Descartes Axel Kahn, lui-même biologiste et généticien.
Enfin, troisième coup de grâce pour votre « théorie », l’étude menée sur l’île de Djerba qui confirme à plus petite échelle la précédente. S’y sont succédées très anciennement plusieurs populations et sa population actuelle est encore très hétérogène (Arabes, Berbères, Noirs, Juifs). Conclusion : « Les résultats indiquent une très faible différenciation génétique entre les échantillons arabe et berbère qui peuvent être considérés, d’un point de vue génétique, comme une seule population. Inversement, les mesures de FST montrent que les distances entre l’échantillon juif et les autres groupes ethniques de l’île sont considérables. Ce résultat implique un faible niveau d’échange génétique entre les communautés qui habitent l’île, à la seule exception des Arabes et des Berbères. Comme l’isolement géographique est inexistant à Djerba, les différences des profils alléliques entre les trois groupes s’expliquent par une provenance géographique différente et une barrière culturelle relative concernant Arabes, Berbères et Juifs. La comparaison entre la composition haplo typique de DJerba et celle de 19 populations de référence, localisées autour du bassin de la mer Méditerranée, montre la provenance nord-africaine des Berbères et des Arabes de Djerba. De la même façon, l’échantillon juif vient d’une population mère localisée au Moyen-Orient ». [37]
Légion furent ceux qui voulurent faire disparaître le peuple juif par l’extermination ou la dissolution ethnique ou symbolique
Mais j’aurai quelque indulgence vis-à-vis de vous. Car vous n’êtes pas ni le premier, ni même le deuxième après votre Maître S. Sand : Légion ont été ceux qui ont voulu faire disparaître le peuple juif par l’extermination ou la dissolution ethnique ou symbolique.
Ne pouvait-on, il y a déjà deux millénaires, lire dans les Psaumes (83, 5) : « Ils disent : allons, rayons-les du nombre des nations ; que le nom d’Israël ne soit plus mentionné ! «
Que ce soit au nom de l’Humanité avec Saint Paul, le créateur du christianisme : « Tous, vous êtes fils de Dieu par la foi… Il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus« . (Lettre aux Galates, 3, 22-29).
Ou au nom de l’unité de la Nation, avec Clermont de Tonnerre : « Il faut tout refuser aux Juifs comme nation et tout accorder aux Juifs comme individus« . (Fin décembre 1789).
Ou au nom du Prolétariat, avec Marx : « L’émancipation des Juifs, dans son acceptation dernière, est l’émancipation par l’humanité de sa judéité ». (La question juive).
Ou au nom de la Pureté de la race, avec Hitler.
Ou au nom de
Ou au nom de la Palestine…
Ou au nom de la délégitimation d’Israël avec Shlomo Sand dont vous vous dites le disciple.
Une même obsession: « Le Juif »
Tous, d’une manière ou d’une autre, ont la même obsession : « rendre le Juif impossible » (Marx).
Mais désolé de la mauvaise nouvelle. Force est de constater que les Juifs n’ont pas disparu (Pascal et Rousseau en avaient déjà fait le constat[38]) et qu’Israël renaissante n’est pas sur le déclin. « Et maintenant, montagnes d’Israël / sortez votre rancune et portez vos fruits / pour mon peuple, Israël / car proche est sa venue » (Ezechiel, 36, 8). « Quand les Juifs n’habitent pas la terre d’Israël, / elle reste en friche. / Quand ils s’y installent, elle recommence à fleurir » (Talmud de Jérusalem, Traité Shabbat 5, 81).
Difficile de contredire !
Mais il reste que la persistance hostile montre que l’humanité bute sur quelque chose que ne pouvant comprendre, maîtriser, voire subvertir, elle préfère agresser.
Effacement de l’ardoise ? Faire disparaître le Messager, après s’être emparé du message ? Reproche du dominant au dominé qui refuse de se fondre dans la masse ? Affront du Lilliputien à tous les Brobdingnags ? Refus de renoncer à ses frontières et à sa souveraineté singulière face aux Empires d’hier et d’aujourd’hui ?
Quoiqu’ils fassent, comme le clou de Djeha, les Juifs dérangent
Quoiqu’ils fassent, comme le clou de Djeha, les Juifs dérangent. Chrétiens et musulmans se veulent des communautés de croyants. Les Juifs, d’abord un peuple, observant ou pas, Juif juif ou Juif non-juif. Mendelssohn l’avait dit depuis 3 siècles : un Juif est tenu d’observer, pas de « croire ». Les Juifs seraient tout à la fois Peuple et Crédo, disons « un peuple-crédo ». Crédo d’un peuple particulier qui ne refuse pas que l’étranger entre dans son Alliance, à la condition d’approuver sa Loi. On n’entre pas dans le judaïsme comme dans un moulin européen. Et fidélité oblige, même lorsqu’ils se trouvent en diaspora, ils tiennent toujours à leur Alliance, et lorsqu’ils prient pour la pluie, c’est pour qu’elle abreuve Erets Israël (Terre d’Israël).
Tout ceci est presque limpide, sauf lorsque les procureurs, les juges, et autres avocats du diable, sont…… des Juifs ! « Lorsqu’un patient ment à son psychanalyste, ça veut quand même dire quelque chose de lui, non ?« , dites-vous à la suite de notre ancêtre Sigmund Schlomo Freud. Et moi je me demande de la même manière ce que ça veut dire … quand un « historien » trafique l’histoire…
LACASSAGNE où / et COHEN ?
En allant chercher vos textes sur internet, une chose m’a évidemment de suite sauté au nez, c’est qu’ils étaient signés Julien Lacassagne, un prénom et un nom, disons bien français, alors que pour votre livre « Berbères juifs« , vous les séparez d’un « Cohen », d’ailleurs aussitôt relié au Lacassagne par un trait d’union…
Le b…a…b…a de la rhétorique argumentative étant d’éviter de se contredire, il est plutôt rare de rencontrer des exemples de pure dénégation, or là, chapeau, il est magnifique, puisque c’est au moment où vous cherchez à démontrer que les Juifs ne sont qu’un fantasme, en tant que peuple, que vous éprouvez le besoin de révéler le signe juif, le nom de famille de votre mère, et quel nom ! jusque-là dissimulé sous le nom du père.
Intéressant. Du moins, vous n’aurez pas mis autant de temps que Lea France Gourdji, alias Françoise Giroud[39].
Lacassagne connote la France et vous vous dites ‘’Français’’. Mais le trait d’union entre le Juif Cohen et le Français Lacassagne ne leur confère-t-il pas le même statut, la dignité de peuple ? Cohen comme Yossef ben Matityahou dit Flavius Josèphe une fois la Judée romanisée (sauf que lui était un vrai historien).
Je vous demande tout cela, car durant mon enfance dans la même ville que votre mère, Oran, je me suis rendu compte, en y réfléchissant 60 ans après, que pour s’insulter, les gamins usaient du « sale Juif, sale Arabe, sale Espagnol ou sale Italien, mais jamais « sale musulman’ » ou « sale chrétien« …
Ainsi « l’inconscient collectif » rangeait-il bien le Juif dans l’ensemble « peuple » (et non religion) …
Dans votre cas, et puisque « Historiquement les juifs ne constituent en rien un ‘’peuple’’ distinct des sociétés dans lesquelles ils vivent« , et que « Les juifs ne vivaient pas parmi les Berbères, ils étaient berbères », si je pouvais admettre que ne considérant pas les Juifs comme un peuple, et n’étant pas non plus croyant, vous refusiez de vous dire « Juif’« ou « juif « , j’aimerais vous redemander pourquoi, malgré le besoin éprouvé de signaler que vous êtes « issu d’une famille juive » et de ressortir le nom de votre mère, vous vous disiez « Français’ » et non « Berbère », ou au moins « Berbéro-français » ? Seriez-vous aussi concerné par le reproche que vous adressez aux Juifs d’Afrique du Nord, « honteux de leurs origines indigènes » ?
Ce signe juif…
En vérité ce jeu de cache-cache identitaire qui m’amuse assez, aujourd’hui, quand je le découvre chez les autres, a aussi été une épreuve personnelle. Le nom de mon père, non-juif, dissimula longtemps celui de ma mère, et par là-même, la partie juive de mon origine. Dissimulée, plutôt abritée, mais jamais oblitérée. Sans être religieux, je tenais pourtant à ce signe juif sans lequel je me serais senti amputé. Et lorsqu’après la fin du système du parti unique, la TV algérienne me demanda d’emblée qui j’étais, je commençais par mon père, d’origine catalane, puis enchaînais avec ma mère, judéo-…… (et après un temps d’hésitation) … berbère.
Il n’avait jamais été question de berbérité dans notre maison, mais instinctivement, je dus penser que le « berbère’ » atténuerait la charge explosive du « juif », surtout en cette époque où le FIS (Front islamique du salut) commençait à mettre au pas toute la société. Couvrez ce sein que je ne saurais voir. Par de pareils objets, les âmes sont blessées, Et cela fait venir de coupables pensées.
Le lendemain, notre voisine lançait à mon fils : « Sale juif ! «
Mais à la différence de vous, la prise en compte de la partie juive de mon identité, certes sur le mode de la revendication, et non de la dénégation, ne s’est pas accompagnée de l’exhibitionnisme du signe juif : Je m’appelle toujours JP Lledo et non JP Attia-Lledo. En tous cas, ce que j’ai découvert cette dernière décennie, c’est combien nos opinions politiques dépendaient de notre identité, surtout, bien sûr, quand on est porteur de ce signe si encombrant : juif !
Le falestinisme, par exemple, ça crève les yeux : Jean Daniel Bensaid, Edgar Nahum devenu Morin, Harry Salem alias Henri Alleg… Et j’en passe qui, eux, ont conservé malgré tout leur signe, comme votre éditeur Eric Hazan, car aujourd’hui, il semble qu’il est plus convaincant d’être pro-falestinien quand on est juif… sans l’être, tel votre Maître Sand, englué plus encore que vous dans la dénégation, et qui bien qu’ayant « prouvé » que le peuple juif n’existe pas, tient dans le même temps à nous dire qu’il a cessé d’être…… Juif, mais tout en conservant son prénom: Shlomo !
N’étant pas psychanalyste, je n’irai pas plus loin que le constat d’une certaine pathologie. A moins que plus prosaïquement il ne s’agisse que d’un effet de cette bonne vieille dhimmitude millénaire, quand les Juifs étaient colonisés par les empires islamiques, ou de ce que l’on appelle le syndrome de Stockholm : quand vous commencez à trouver sympathique votre potentiel bourreau…
Dis-moi avec qui tu fraies…
« Je pars du présent dans mon approche. En histoire, c’est le présent qui détermine le passé, pas l’inverse. Il faudrait peut-être davantage écrire l’histoire en commençant par la fin… »
Mis à part que l’on serait privé du plaisir du suspense, c’est sans doute la seule chose de ce que j’ai pu lire de vous avec laquelle je serais d’accord. Car de la même manière que l’identité pèse muettement sur nos opinions politiques, celles-ci pèsent aussi sur le travail scientifique (surtout anthropologique) ou artistique, que cela soit reconnu ou dénié.
Pour tenter donc de comprendre votre démarche, j’ai cherché à quoi ressemblait votre présent. Plus que vos écrits qui sont ce qu’ils sont (philo-falestiniens, philo-islamiques, et anti-israéliens), ce qui a attiré mon regard c’est le nom de ceux qui vous publient. Plenel, Hazan, CAPJPO[40], telles sont les étoiles de votre constellation, autour desquels gravitent des Tarik Ramadan, Houria Bouteldja, Dieudonné, Faurisson, liste non-exhaustive aussi. Tous pris dans la haine des Juifs et/ou d’Israël.
Très (très) bref rappel de ceux qui vous … publient
Edwy Plenel.
1972. Solidaire de « Septembre noir » falestinien qui assassina 11 athlètes israéliens aux Jeux olympiques de Munich.
2013. Rebelote. Dans sa chronique sur France Culture, il lit une déclaration de Nelson Mandela condamnant l’attitude d’Israël envers les Palestiniens. Sauf que c’est un FAUX[41] !
2014. Dans son essai « Pour les musulmans« , traduit en arabe, et préfacé par Elias Sanbar, ambassadeur de la Palestine à l’Unesco, racisme antimusulman et antisémitisme du XIXe siècle sont mis sur la même balance.
2015. Ne participe pas à la marche d’hommage aux victimes de Charlie Hebdo et de l’HyperCacher, mais 10 jours après s’affiche avec Tariq Ramadan, petit-fils du fondateur des Frères musulmans, qu’il présente comme « un intellectuel spirituel « respectable[42]« .
Eric Hazan. Editions La Fabrique.
2017. Cosigne dans Le Monde une tribune de soutien à Houria Bouteldja de laquelle il vient de publier « Les Blancs, les Juifs et nous », où l’on peut lire la profession de foi : « J’appartiens à ma famille, à mon clan, à mon quartier, à ma race, à l’Algérie, à l’islam« . A ma race ! Et aussi, un peu comme chez vous : « L’antisémitisme est européen. Il est un produit de la modernité« . Et l’éditeur est juif ! Porte-parole du Parti des indigènes de la République (PIR), Bouteldja est connue pour ses déclarations provocatrices, antisémites et racisantes : « Il faut combattre le philosémitisme… Les juifs sont les boucliers, les tirailleurs de la politique impérialiste française et de sa politique islamophobe… Mohamed Mérah c’est moi, et moi je suis lui…. Le Hamas et le Hezbollah sont des mouvements de résistance qui résistent. Les Blancs sont des souchiens (entendre sous-chiens) … Mais demain, il n’est pas dit que la génération qui suit acceptera la présence des Blancs ».
Elle cosigne une faveur de l’auteur de la chanson « Nique la France’« et ce au nom du « droit à l’insolence antiraciste » !
Dans la foulée, elle loue le négationniste Dieudonné pour son « attitude de résistance vis-à-vis du monde blanc et des sionistes ».
Sur une photographie, on la voit poser en souriant près d’une pancarte où est écrit : « Les sionistes au goulag« . Pourquoi au goulag ? « Les indigènes judéophobes n’ont pas les moyens d’affréter des trains pour Auschwitz« . « Ce que j’aime chez Genet, c’est qu’il s’en fout d’Hitler« . « Je l’admire… Ahmadinejad, mon héros ».
2018. Hazan cosigne dans Mediapart une tribune de soutien à Tariq Ramadan placé en détention provisoire en tant que prédateur sexuel.
CAPJPO. Organisation pro-falestinienne qui dans son site a abrité vos récits de voyage anti-israéliens, bourrés des sempiternels et larmoyants clichés (check point, etc…). CAPJPO qui, par ailleurs, aux élections européennes de 2004, présenta une liste où l’on peut trouver Dieudonné. Et qui, dans sa librairie Résistance, promeut le livre « Sarkozy, Israël et les juifs« , d’un certain Paul Eric Blanrue, l’un des invités de la fête des 80 ans de Faurisson donnée chez…. Dieudonné. Olivia Zemor, la meneuse (encore une juive !), lors d’un rassemblement devant sa librairie, donne la parole à John Bastardi Daumont, un jeune avocat, celui de Faurisson[43], tout au moins…
Cohen-Lacassagne
Bien navrante compagnie, Cohen-Lacassagne ! Cela donne un peu le tournis. Et la nausée. Est-ce là votre présent ? Est-ce donc de là que vous parlez et qu’il nous faut vous entendre ? Votre mère ne mériterait-elle pas mieux que cette haine des Juifs et d’Israël, qualifié d’ « Etat colonial en Palestine envisagée comme une excroissance occidentale en terre arabe« .
Votre livre, comme « l’œuvre » de votre maitre S. Sand, est pervers. Sous des apparences « scientifiques », il vise à assassiner un peuple. Et ce pour des raisons bien connues depuis Theodor Lessing (« La Haine de soi : ou le refus d’être juif« ).
Réglez donc vos problèmes d’identité et laissez ce peuple tranquille ! Il y a tant d’autres causes dans le monde, elles, vraiment justes, et notamment celle de l’autodétermination du peuple kurde, aujourd’hui écartelé entre l’Irak, la Turquie et la Syrie, et celle qui devrait vous être très chère, celle de « votre peuple », (si vous-même croyez en votre propre thèse), la lutte des Berbères de Kabylie et des Aurès pour leur indépendance, muselés par un pouvoir algérien qualifié par eux de « sanguinaire et colonial« .
Et puisque vous enseignez l’histoire à Alger (pauvres gamins !), ne feriez-vous pas un petit saut en Kabylie ? Et sur le Chemin de Tizi Ouzou, peut-être l’illumination viendrait-elle, et, miracle, peut-être en redeviendriez-vous Berbère ? Ou Juif… Car nombreux sont les jeunes Berbères qui aujourd’hui sont en quête de leurs origines juives, que la judéité leur soit parvenue par « l’idée », ou plus sûrement par le contact avec des Juifs venus d’Orient…
Et pour peu que vous respectiez leurs susceptibilités nationales, ils pourraient même vous adopter : Forcément ! Un Cohen…
PS : Conseiller pédagogique d’Arafat, Jarir Al-Qidwa[44] déclara à la télévision palestinienne le 2 août 2004 que la Bible n’était qu’une falsification d’un texte islamique (ce que dit effectivement le Coran), qu’en réalité les Hébreux de la Bible étaient des Arabes (ce que le Coran ne dit pas), et les Prophètes de la Bible des prophètes de l’Islam (laissons les Oulama se prononcer).
En tous cas, une bonne piste pour votre prochain livre, et je pressens qu’Éric Hazan prendra son pied à vous fabriquer un titre. Un titre dans le genre : « Arabes juifs »
© Jean-Pierre Lledo, cinéaste.
Merci à Toi, D., qui te reconnaîtras pour avoir relu patiemment et si attentivement ce texte riche, nécessaire, et ô combien passionnant. SC
[1] La Fabrique Editions. Paris. 2020
[2] Antoine Hillel. Juifs et Berbères : restituer l’Histoire “en entier”… 1er août 2020. Tribune Juive
[3] Pour ma part, je distinguerai par la graphie les Juifs-peuple des juifs-religion (majuscule / minuscule).
[4] « Un nouveau fragment de l’histoire de l’Occident musulman, Cahiers de Tunisie 19 (1971).
[5] Revue du Cercle de Généalogie Juive, 2018, Généalo-J.
[6] Histoire des Berbères, (pp. 176-177).
[7] Hébræo-phéniciens et Judéo-Berbères. Introduction à l’histoire des juifs et du judaïsme en Afrique, 1908
[8] Voir : Marcel Cohen, Le parler arabe des juifs d’Alger (1912), David Cohen, Le parler arabe des juifs de Tunis, 2 vols (1964, 1975), Simon Lévy, Parlers arabes des Juifs du Maroc (2009) et Sumikazu Yoda, The Arabic Dialect of the Jews of Tripoli (Libya) (2005).
[9] ‘’Au Maghreb, une civilisation judéo-musulmane oubliée’’, JCL.
[10] Notamment Simon Neuberg, Steffen Krogh. « Parfois, je me demande s’il croit en ce qu’il écrit… Ses écrits des 20 dernières années sont orientés juste pour prouver que les Juifs ne sont pas juifs, dans ce cas, il n’y a rien à discuter. » Alexander Beider.
[11] Des érudits du yiddish l’ont accusé d’avoir écrit, en 1988, sous le pseudonyme ukrainien Pavlo Slobodjansky, un examen sévère de leur travail contenu dans le volume « Les origines de la langue yiddish » !
[12] https://www.europe-israel.org/2014/04/lalgerie-et-la-disparition-des-juifs-par-jean-pierre-lledo/
[13] Algérie 1962, l’été où ma famille a disparu. Film documentaire d’Hélène Cohen.
[14] JP Lledo. Algérie, histoires à ne pas dire. L’avant dernier de ses films a été interdit en Algérie depuis 2007.
[15] Algérie, histoires à ne pas dire…Le film choc interdit en Algérie », Éditions Atlantis, 2011, p.75
[16] « Aussi haut que les dirigeants responsables des destinées de la France voudront élever les populations musulmanes, aussi grande sera la satisfaction des populations d’origine juive de notre pays. ». Raymond Bénichou, responsable communautaire, 1944 (rappelons qu’abrogé en 1940 par les autorités vichystes, le Décret Crémieux est rétabli en 1943).
[17] Principales œuvres sur ce sujet : ‘’Les Juifs en Égypte. Aperçu sur 3 000 ans d’histoire’’ ; ‘’Le Dhimmi. Profil de l’opprimé en Orient et en Afrique du Nord depuis la conquête arabe Juifs et chrétiens sous l’islam’’ ; ‘’Les Chrétientés d’Orient entre jihâd et dhimmitude : VIIe-XXe siècle’’ ; L’Europe et le spectre du califat ; Autobiographie politique ; De la découverte du dhimmi à Eurabia.
[18] Cité par l’Algérien Aïssa Chenouf ‘’Les Juifs d’Algérie, 2000 ans d’existence’’
[19] Qui est un juif arabe ? A. Memmi. (Israel Academic Committee on the Middle East, 1975 – 11 pages. Traduction de l’anglais par Avraham Bar-Shay.
[20] New-York Herald Tribune 1854: https://www.marxists.org/archive/marx/works/1854/03/28.html
[21] Comme par exemple : « Lihoudi kilfar, matwarilouche bab eddar » (Au Juif, comme à la souris, ne montre pas la porte de ta maison).
[22] Contrat qui assure aux ‘’Gens du livre’’ une toute relative ‘’protection’’ de type mafieux, contre l’impôt spécial ‘’ jiziyâ ‘’et humiliations codifiées.
[23] Les Prolégomènes. Partie I. p 469. Imprimerie impériale, 1863.
[24] Né en 743 à la Mecque, fondateur de l’immamat idrisside, premier état ‘’marocain’’.
[25] « Celui qu’Allah a maudit, celui qui a encouru Sa colère, et ceux dont Il a fait des singes, des porcs, et de même… » (5, 60)
[26] « Nous avons trouvé des lézards à queue pointue. Nous les avons apportés à l’apôtre d’Allah. Il prit un bâton et commença à compter sur ses doigts. Il dit alors : Une tribu des Hébreux a été métamorphosée en quadrupèdes, mais je ne sais plus lesquels ». (Tabaqat, I- 466, d’Ibn Sa’d al Baghadadi, biographe du prophète, 784-845),
[27] « Le messager d’Allah a dit en effet : « Un groupe des Banu Israël était perdu. Je ne sais pas ce qui leur est arrivé, mais je pense qu’ils se sont transformés en rats’’. » (Hadiths compilés par Sahih Muslim 42/ 7135)
[28] Paris, Fayard, 2012, 496 pages. Chebel évalue à 20 millions « le volume total de l’esclavage en terres arabes et musulmanes », contre 17 à l’historien français Olivier Grenouilleau. « Les Traites négrières. Essai d’histoire globale« , Gallimard, coll. « Bibliothèque des Histoires », Paris, 2004.
[29] Nous, Lecteurs, on eût ici apprécié … la source de vos dires…
[30] Traite musulmane, évaluée à 40 millions de Noirs par l’anthropologue sénégalais Tidiane N’Diaye.
[31] L’historien indien Professeur Kishori Saran Lal estime qu’entre les seules années 1000 à 1525, 80 millions d’hindous furent tués « sans doute le plus grand holocauste de l’histoire de l’humanité » (Growth of Muslim Population in Medieval India, 1973). Fernand Braudel : expérience coloniale d’une extrême violence… les musulmans ne pouvaient diriger ce pays que par l’exercice d’une terreur systématique… Cruauté… Temples hindous détruits pour faire place aux mosquées…. Conversions imposées. Enfin qu’un soulèvement se produise, la répression est immédiate, sauvage : maison incendiées, pays dévastés, hommes abattus, femmes emmenées en esclavage. (Grammaires des civilisations, Flammarion,1993).
[32] Paroles et non ‘’commandements’’ ! Cela en dit déjà très long sur la vision juive de l’existence.
[33] Abraham Isaac haCohen Kook arrive de Lettonie en Terre d’Israël, en 1904. Il deviendra le premier Grand Rabbin ashkénaze.
[34] https://www.books.fr/le-coran-sacralise-les-rapports-de-sujetion/
[35] https://www.lemonde.fr/livres/article/2007/11/08/mohammed-ennaji-de-la-servitude-en-terre-d-islam_975890_3260.html
[36] The genome-wide structure of the Jewish people : Doron M. Behar, Bayazit Yunusbayev, Mait Metspalu, Ene Metspalu, Saharon Rosset, Ju¨ri Parik, Siiri Rootsi, Gyaneshwer Chaubey, Ildus Kutuev, Guennady Yudkovsky, Elza K. Khusnutdinova, Oleg Balanovsky, Ornella Semino, Luisa Pereira, David Comas, David Gurwitz, Batsheva Bonne-Tamir, Tudor Parfitt, Michael F. Hammer13, Karl Skorecki, Richard Villems. https://www.academia.edu/25821682/The_genome_wide_structure_of_the_Jewish_people
Marc Fellous et Jacques Beckmann ont fait un point récent de cette recherche dans ‘’Généalogie et ADN’’ in G É N É A L O – J, N° 1 4 2 – Juin 2020.
[37] Etude menée par : Franz MANNI, Pascal LEONARDI, Étienne PATIN, Alain BERREBI, Houssein KHODJET EL KHIL, Karl SKORECKI, Dror ROSENGARTEN, Hassan ROUBA, Évelyne HEYER, Marc FELLOUS. Bulletins et Mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris, n.s., t. 17, 2005, 1-2, p.
[38] « Car alors que les Peuples de Grèce et d’Italie, de Sparte, d’Athènes et de Rome et d’autres venus bien plus tard, ont disparu depuis si longtemps, celui-là existe encore, malgré les efforts de nombreux rois si puissants, qui ont essayé des centaines de fois de les effacer, comme leurs historiens en attestent, et comme on peut facilement en juger par l’ordre naturel des choses sur de si longues périodes… ». (Pascal, 1623–1662, Les Pensées). « Les Juifs nous donnent cet étonnant spectacle, les lois de Solon, Numa, de Lycurgue sont mortes, celles de Moyse bien plus antiques vivent toujours ». (Rousseau, 1712-1778, Contrat social).
[39] ‘’Garde tes larmes pour plus tard’’, Alix de Saint-André (2013, Gallimard).
[40] Sur la CAPJPO et Paul-Eric Blanrue (qui a fait la junction entre Dieudonné et Faurisson) https://reflexes.samizdat.net/proces-dieudonne-faurisson-la-cour-des-miracles-negationnistes/. Sur les critiques déjà anciennes dont la CAPJPO fait l’objet voir https://www.lemonde.fr/archives/article/2004/12/01/le-mouvement-propalestinien-se-dechire-sur-l-antisemitisme_389176_1819218.html
[41] Démasqué par Meïr Waintrater, directeur alors de la revue culturelle L’Arche, et qui signe le 11 décembre 2013 un « Edwy Plenel et la fausse «lettre de Mandela», puis par Steve Nadjar le 02/01/2014 dans Actualité juive : Polémique : Edwy Plenel, Mandela et l’apartheid
[42] https://www.lefigaro.fr/vox/societe/2017/11/26/31003-20171126ARTFIG00156-islamisme-charlie-hebdo-edwy-plenel-le-procureur-au-banc-des-accuses.php
[43] Source Reflexes plus haut. C’est Reflexes qui a révélé l’info, ce qui a d’autant plus de poids que Reflexes est plutôt proche de la mouvance pro-palestinienne (mais sans ambiguïté sur la question de l’antisémitisme).
[44] http://navon.com/wp-content/uploads/2015/12/Le-narratif-palestinien-substitute-du-narratif-juif_2011.pdf
Magnifique recension! J’ai entendu cet alter égo de Sand version sépharade présenter son ouvrage et j’ai pensé encore un qui veut détruire le peuple Juif! Un Cohen en plus! Incorrigibles gauchistes qui veulent tordre les faits et la réalité quand elle ne colle pas avec leur idéologie ! Après avoir inventé le peuple palestinien il fallait bien qu’il déconstruise le peuple juif pour le rendre illégitime sur la terre de ses ancêtres. Que de calomnies d’arrangements avec la Vérité et la morale pour cette pseudo cause palestinienne qui veut effacer le peuple juif et prendre sa place à tout prix.
Bravo Monsieur Lledo
Je suis admoratif de cette analyse qui balaie les délires obsessionnels de Lacassagne pardon Cohen- Lacassagne qui est encore un pauvre et stupide bonhomme qui refuse d’être juifs par haine de soi mais qui pour vendre son torchon digne des livres les plus antijuif se souvient que sa l’ère était juiive
Honte à cette engeance publiée par le juif antijuif Éric Hazan un sale islamiste
MERCI J.P.LLedo!
Tu lui as dit tout ce que j’aurais eu envie de lui dire!
Non Myriam, pas un Cohen! pour être un Cohen, il faut se sentir Cohen, revêtu symboliquement de « la prêtrise », il faut le mériter sinon, ce n’est qu’un assemblage de lettres qui forment un mot.Porter le nom de Cohen est un honneur auquel on répond par son comportement.
merci à JP LLedo pour cette excellente leçon d’histoire à un soi disant « historien ». Qu’il s’appelle Cohen ou Tartempion, on sent le haine d’être Juif, qu’il se taise et nous oublie un peu…
son obsession comme celle de sand sont significatives
Merci JP pour ce beau texte, bien développé « and to the point »
Mes Félicitations. Merci chaleureusement pour l’analyse exhaustive que vous faites de la perversion identitaire de ce Monsieur Julien Cohen-Lacassagne. La liste des sujets que vous abordez est complète, profonde, honnête, bien documentée, (j’ai lu autrefois la Moukadima d’Ibn Khaldun que vous citez – un historien arabe non assujetti à la doxa de la soumission… fin observateur et courageux cet historien musulman déjà il y a 7 siècles avait tout vu tout compris…)
Ce que j’ai trouvé rarissimes et brillant dans votre article est l’élégance avec laquelle pour exposez votre propre dualité de père non juif et de mère juive… Quel beau témoignage ! Ironiquement, ce Monsieur Julien Cohen-Lacassagne vous doit une belle somme en Euros car vous lui avez épargné plusieurs séances chez un psychanalyste lacanien… Inconscient et langage fabriquent du désir d’amour ou désir de meurtre.
Au mieux Julien Cohen-Lacassagne a encore besoin de quelques séances mais s’il enseigne l’histoire en Algérie et s’il se guérit de sa haine il perd son gagne-pain faisandé… Le pauvre ! Manger du Juif pour vivre jusqu’à se haïr lui-même… En fait il a ajouté Cohen pour acquérir ses lettres de noblesse afin de mieux mentir… et jouer avec duplicité de la dite fameuse solidarité juive… Donc s’il se présente comme Cohen il faudra le croire… Pauvre homme… Manger du « juif » à la sauce berbère ou arabe ou franco gaucho universaliste qui vomit les différences … qu’il est dur son salaire…
Je change de sujet et vous apporte un thème de réflexion…En tant que metteur en scène et artiste visuel j’ai trouvé que l’accent marocain de la langue arabe porte le même aspect guttural que l’arabe du Yémen… et par ailleurs l’architecture des Kasbahs du sud-marocain ressemble étrangement aux bâtisses en pisé (boue et paille) du Yémen… Aucun doute la conquête arabe d’Arabie a inclue des tribus Yéménites… L’arabe parlé au Caire n’a pas la même musique que celui de Beyrouth ou de Sanaa… au Yémen… Et je me demande si les tribus Berbères n’ont pas hérité aussi par l’immigration juive d’Orient d’un savoir architectural propre, aux zones désertiques… Où bien ces tribus Berbères viennent de la pointe sud de l’Arabie soit le Yémen… Mais l’Amazigh ( le berbère des Aures ou du Tafilalyet) ne ressemble nullement à de l’Arabe… Alors il faudrait convoquer des linguistes des Langues O… Je n’ai pas de certitudes sur ce sujet.
Pour ajouter de l’eau à votre révocation et contrarier les élucubrations de Monsieur Julien Cohen-Lacassagne, mon nom est Ouaknine : C’est un un diminutif de Ya’akov qui a donné Ya « aknin Petit Jacob ( fils de) et arabisé Ould (fils de) Ya »aknin… Donc en Anglais je suis Jacobson Fils de Jacob!!! Plus Juif de Judée que ça tu meures !!!
Point de narcissisme dans cette confidence c’est juste pour porter de l’eau à votre brillante démonstration…
Quand j’ai interrogé mes ancêtres côté paternel : la réponse fut simple et limpide.
Nous sommes venus par 2 vagues successives :
1) Nous avons fui la destruction du Temple de Jérusalem par les Romains en 70 de notre ère via la Lybie etc. et les Berbères de l’oasis de Tineghir (Tafilalet) au sud du Maroc nous ont accueilli et accepté…
2) La deuxième vague de Juifs de Galilée et de Judée furent emmenée comme esclaves par les Romains, conséquence de la Grande Révolte de 125 de notre ère. Jérusalem fut alors vidée de TOUS ses Judéens… Et comme esclaves déportés… nous avons taillé les pierres de Volubilis au Nord du Maroc, son arche et son théâtre… et les plus audacieux des Judéens ont fui vers le Sud jusqu’à l’oasis de Tinneghir ayant eu vent du royaume Berbère de Sijilmassa. La région était couverte d’oliviers et … on y cultivait le blé…
Pour soumettre les Berbères rebelles à l’Islam…les Arabes au 8 e siècle ont coupé tous les arbres fruitiers dont tous les oliviers… Le Royaume florissant de Sijilmassa fut anéanti.. De là a commencé la désertification du Sud ! Et les Judéens sont devenus des Juifs soit : un Yahoud des Youdi (de Yéhoudah = Judah ).
Les Berbères nous ont permis de cachériser notre viande et certains qui étaient christianisés ont adopté le judaïsme… Fin temporaire de cette fabuleuse saga …
Je signale qu’en italien : JUIF ça se dit HÉBRÉO…. Donc pour les descendants des Romains… nous sommes le PEUPLE HÉBREU… Pauvre monsieur Julien Cohen-Lacassagne…
Que ce Monsieur Sand et son sous-fifre apprennent son l’Histoire, la Géographie, l’Anthropologie culturelle et la Linguistique……
Et la Judée ce n’est pas la Palestine… ( Palestinae est la sinistre appellation donnée par les Romains : contraction de Pallas-Athénée 2 Dieux païens pour briser le Juif de Judée !)
Merci à vous Jean-Pierre Lledo. Vous être un authentique honnête homme.
Je remercie M. Lledo pour sa réponse à Julien Lacassagne– auquel je n’accorderai pas le Cohen dont il se décore sans le mériter.
Je n’aurais pas pris autant de peine que lui à instruire un C.., mais ce faisant, il a gentiment éclairé notre lanterne et comblé quelques lacunes que j’avais sur le sujet. Donc, Merci.
Dès que je lis le nom de s.sand, j’ai un dégout venant de l’amertume que suscite cet être malveillant, faux historien mais vrai manipulateur. C’est par paresse qu’il n’a jamais lu les nombreux ouvrages de toutes origines sur le sujet. Il écrit des livres et pour en vendre assez, il les écrit sans se documenter, chargeant ses lecteurs de faire le tri entre les choses vraies et les innombrables sottises qu’il invente par des raccourcis faciles. Je suis un descendant des juifs du Tafilalet. Je connais ce qu’ils ont subi comme pogroms et comme horreurs. Ils ont eu bien raison de passer la frontière pour se mettre sous la protection des Français et devenir citoyens français: ils quittaient un enfer. Ils ont participé à édifier Béchar, simple Kfar-oasis qui devint Colomb-Béchar, ville du sud à majorité juive.
Ce troudbal de lacassagne veut par ses propos débiles souiller Adolphe Crémieux ? J’invite donc tous ceux qui ne connaissent pas cette éminent homme politique français à lire sa biographie ! Crémieux est une étoile du firmament ! On ne parlera jamais assez de lui. Il mérite tout le bien qu’on lui doit.
L’avantage avec les idiots, c’est qu’ils savent provoquer les réponses de gens érudits et intelligents qui ont l’honnêteté d’écrire peu alors que leur science est conséquente !
Donc merci aussi aux idiots dont les ténèbres appellent les lumières bienfaisantes du savoir structuré et authentique.
Merci Dieu pour la diversité que Tu as faite.
Pour en revenir à ce lacassagne (nom lyonnais ?), le fait qu’il enseigne en algérie ne serait pas déjà une explication à son aveuglement , à sa « borgnitude »? Comment pourrait-il écrire sans se soumettre aux dikats algériens ? En a-t-il conscience ?
Quelle splendide mise au point. Quel travail pour réussir à détricoter tous les mensonges, les inventions, la mauvaise foi et l’aveuglement de ce Monsieur. Félicitions à vous pour votre travail et votre honneteté
Merci a tous pour vos commentaires
Je n aurai pas le temps malheureusement de reprendre la discussion
car comme vous le savez peut etre par ailleurs
mon film »Israel, le voyage interdit » vient de sortir
et je n’ai plus une minute
J ai un distributeur exceptionnel et non juif qui se bat pour que le film aille dans le maximum de salles de France
Vous pouvez l aider en diffusant l info concernant ce film a tous vos amis
Avec Ziva Postec chef monteuse de Shoah et de mon film nous avons decides de rester 3 mois en France pour l accompagner avant de le faire connaitre en Israel ou nous l esperons les salles rouvriront debut 2021
Bien a vous tous
JP Lledo
M.LLEDO votre travail cinématographique est instructif et admirable, votre déconstruction des théories puantes de ce S.Sand qui a embrumé le cerveau de nos enfants à Sciences-Po me dégoûte, d’autant qu’avec ses propos négationnistes, il garde chaudement sa nationalité israélienne!!!!! quant à toute cette liste de journalistes, historiens etc…….se croyant les « lumières » de l’intelligence, un voyage initiatique avec arrêt en camp de redressement idéologique, ne leur ferait aucun mal………Bien à vous
Juste un mot pour insister sur l’anti juif juif Éric Hazan éditeur de tous les livres antijuifs et anti israéliens
Cet islamo gauchiste milite contre Israël. et tout ce qui traite du peuple juif de manière mensongère ;
de nombreux livres anti juifs ont été édités pour attiser la haine, haine qui rejoint celle des collabo islamo gauchistes Sand et Lacassagne
Faites en sorte de chercher la biographie de Éric Hazan et vous aurez des surprises sur son militantisme pro arabe