Foi intime, laïcité essentielle : ma place dans le commun. Par Nataneli Lizee

Nataneli Lizee

Oui, Je suis croyante. Je suis juive ashkénaze, et ma foi m’accompagne comme une mémoire vivante, elle résonne en mon cœur, telles les notes d’une ancienne clarinette. C’est la langue du silence entre moi et mes ancêtres. 

Je suis Juive oui. Mais, mon époux lui est athée, mon fils aîné à embrasser la chrétienté, ma fille est agnostique et sa jumelle a décidé de suivre avec rigueur les préceptes du judaïsme et se rend ainsi chaque vendredi à l’office. 

Je prie oui, car j’espère beaucoup pour nous. Je transmets ce qui m’a été transmis mais toujours dans le respect et l’intimité de chacun. Je le dis sans détour et sans gêne : pour moi, la laïcité prime sur TOUTES les religions sans distinction et sur leurs divers livres de lois subjectives. Ne jamais oublier que toutes ces règles, toutes ces lois inscrites dans ces vieux grimoires aléatoires, l’ont été par des hommes, donc des humains, dont la pensée subjective, les rend parfaitement perfectible, 

La laïcité n’est pas un débat. Il n’y a pas d’avis  pour ou contre à avoir, dans un pays où « le siècle des lumières » à éclairé le monde. La laïcité ? Elle est une nécessité, un guide. Une boussole. Un cadre protecteur dans lequel chaque foi peut respirer — sans chercher à étouffer celle de l’autre. C’est dans la laïcité que ma liberté de croire trouve toute sa dignité, parce que cette même liberté protège et respecte aussi tous ceux qui ne croient pas ou bien qui croient différemment. Il me semble que cela devrait être ainsi le vivre-ensemble : pas une juxtaposition de croyances, mais un espace commun, neutre, dépouillé de signes religieux et où chacun a sa place — croyant, non-croyant, agnostique…

Je n’ai jamais eu besoin d’imposer mes rites aux yeux de tous pour qu’ils aient du sens. Je ne confonds pas foi et affichage, spiritualité et prosélytisme. La foi est une chose intime, profonde, discrète. Je peux prier sans bruit, jeûner sans attendre qu’on m’applaudisse, célébrer sans vouloir que tout s’arrête autour de moi et je n’ai pas besoin que la nation entière s’intéresse à ma fou.

Et si la foi a une force, (à l’instar de Blaise Pascal ; dans le doute, je crois) c’est dans sa capacité à nous élever, à nous pousser à réfléchir sur soi, sur notre rapport aux autres, sur notre intégrité mais certainement pas à nous diviser. Nous nous dirigeons, aujourd’hui, en être vivant-savant, en roi de la nature et, nous en sommes pourtant encore à nous battre pour imposer nos livres religieux au-dessus des autres et à mourir pour une terre au nom de D.ieu qui n’a rien demandé… Avons-nous réellement évolué ? 

Je crois, oui. Mais je crois aussi en la République, en son idéal de neutralité, de liberté, d’égalité. Ce n’est pas un reniement de mes racines, de ma culture, de ma foi. C’est ce qui me permet de les honorer pleinement, sans les opposer à celles des autres.

Je me méfie du repli sur soi, du communautarisme, de l’entre-soi, de l’individualisme triomphant. Ce ne sont pas des chemins vers la liberté, ce sont des impasses. Il ne s’agit pas de se penser en tribu, mais en société. Il ne s’agit pas de défendre son identité contre le reste du monde, mais de la faire vivre avec, parmi, aux côtés des autres. Penser collectif plutôt que communautaire, c’est cela, pour moi, le vrai défi d’aujourd’hui. C’est reconnaître que ce qui nous unit doit toujours être plus fort que ce qui nous distingue.

Ma foi m’appartient. Elle est à moi. Mais la laïcité appartient à tous. Et c’est dans ce cadre commun, laïc et républicain, que je peux être pleinement moi — sans crainte, sans arrogance, sans prosélytisme, sans jugement et sans besoin d’exclure.

Et si l’on me demande un jour de choisir entre imposer ma croyance ou préserver la paix, je n’hésiterai pas. Car une foi qui ne sait pas se taire pour laisser place à l’autre n’est pas une foi. C’est une injonction. Et l’amour de D.ieu, le respect de l’autre, ne se commandent pas, ne s’imposent pas.

© Nataneli Lizee

Nataneli Lizee est journaliste et correspondante de Presse

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4 Comments

  1. Comme cette personne je suis juive et ma foi
    m’accompagne toujours
    Je ne sais pas si je crois mais ma religion me tient en éveil.
    Vous avez raison madame, il faut croire face à tous les
    ennemis d’Israël
    Que D ieu nous garde

  2. L’histoire de la famille de Nataneli Lizee ressemble beaucoup à la mienne. la diversité au sein d’une famille.Je n’imposerai jamais ma croyance, mais je ne la renierai jamais, c’est ma liberté et cela n’empêche en rien la préservation de la paix.

  3. Je suis né en Belgique, au sein d’une famille athée, ou très peu concernée par la religion. Athée jusqu’à la fin de mon adolescence, j’ai mis mes convictions à l’épreuve et j’ai commencé par la lecture de la Thora. J’ai été bouleversé par la lecture du prophète Jérémie avec la profonde certitude d’une présence derrière ce texte. Je suis devenu chrétien (que voulez-vous d’autre je ne connaissais rien). Quand même protestant pour être dans un milieu qui respecte l’Ecriture. Je ne connaissais rien du Judaïsme trop religieux; les rituels ne m’attirent pas. Je suis attaché à la pensée biblique pas à satisfaire une divinité par des pratiques. J’espère que vous me comprenez, j’attribue cela à mon athéisme abandonné. Et donc je respecte la laïcité comme un bien(quoiqu’on le met un peu aux sauces qui convient au milieu, mais peut-on changer l’homme? sinon par l’Ecriture à partir du Tétragrame dans le sens ou D.eu ne se laisse pas définir et donne à rejeter les dieux divers. Ma patrie est devenue le peuple juif que j’aime et respecte. Je bénis Israël.

  4. Merci à Nataneli Lizee pour cet article ,il résume tout ,j’aimerais que les gens de confessions autres ,musulmanes en particulier,aient cette ouverture d’esprit ,cette capacité d’analyse ,cette tolérance ….

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