
J’ai connu un Paris qui nous appartenait, à nous les Parisiens, vivant notre quotidien parmi des trésors, aiguisant ainsi, chaque jour, notre regard, notre goût des belles choses. On vivait au cœur même du patrimoine, sans avoir besoin de le visiter.
Les Parisiens, les vrais, ceux qui traversaient la ville sans y penser, les amoureux du quotidien splendide, les usagers éblouis sans le dire — ceux-là ne passent plus. Ils contournent. Ils évitent. Ils s’excusent d’exister.
Notre ville est étranglée, stérilisée, interdite à coups de bornes, de barrières, de plots ridicules, véritables injonctions à déguerpir. On transforme la plus belle capitale du monde en parc à thème géant, calibré pour les hordes de touristes pendant que les Parisiens, les vrais, ceux qui vivent ici toute l’année, se voient chassés de leurs propres itinéraires.
Le Louvre ?
On passait par ses guichets. On saluait d’un regard distrait, mais jamais indifférent, les chevaux de l’Arc du Carrousel, on espérait même, parfois, un embouteillage pour être arrêtés dans le parfait alignement, pyramide, Arc du Carrousel, Atc de Triomphe et au loin La Défense, si c’était au soleil couchant, on reprenait la circulation avec un sourire spontané. Un raccourci splendide, un luxe invisible, un privilège discret de ceux qui aiment la ville pour ce qu’elle est. Là où jadis on roulait pour aller au ciné ou travailler, on piétine désormais pour consommer du monument. Touristicisé à outrance, fermé, Interdit aux Parisiens, réservé aux détenteurs de billets horodatés.
Le pont d’Iéna ?
Celui qu’on prenait pour aller à un rendez-vous, pour rentrer chez soi ou pour filer de la rive droite à la rive gauche sans jamais oublier de regarder, arrêtés au feu rouge, se déployer devant nos yeux, Notre Tour Eiffel. Tout est devenu décor. Tous les abords sont piétonnisés à l’excès, désertés la nuit, trop pleins le jour. Plus un Parisien n’y passe. Les perches à selfies y font la loi, se partageant le territoire avec les tour-opérateurs et les vendeurs à la sauvette de goodies made in China.
Les Quais de Seine
Cette merveille parisienne, où l’on roulait à vive allure, au ras de Notre Seine, effleurant l’Île de la Cité pour filer vers la Gare de Lyon avec l’impression de voler dans un tableau de Marquet. Aujourd’hui, les autobus et voitures ont été remplacés par les rollers et les gaufres.
La rue de Rivoli
On la descendait en suivant la ligne gracieuse de ses arcades, avec les grilles des Tuileries comme compagnes d’élégance. On y achetait nos plus beaux livres et nos lunettes, on frôlait les chefs-d’œuvre du regard, sans google maps, sans ticket, sans badge, sans suivre le parapluie d’un guide, sans créneau horaire.
Les grandes places
Nos places circulaires étaient faites pour « circuler » tout en admirant ici la Colonne de la Bastille, là le Trocadéro. Aujourd’hui ce ne sont que des couloirs étriqués. Tout est devenu « pré-sélection » : sens interdits, couloirs balisés, autorisations, barrières. On a remplacé la liberté par de la logistique.
Et maintenant on menace la place de la Concorde, sublime, puissante, cœur battant de l’histoire de France ! Bientôt elle aussi nous sera confisquée, mise sous cloche, livrée aux flux touristiques comme une proie docile. Bientôt, pour aller de Madeleine à Rivoli, il faudra contourner tout Paris ou demander un laisser-passer signé par la mairie.
Quelle insulte à ceux qui font vivre Paris au quotidien !
On ne peut plus traverser sa ville. On doit la mériter, l’acheter, la réserver à l’avance.
Paris devient un décor, un parc Disneyland avec les mêmes barrières pour files d’attente.
Et nous, Parisiens, devenons des figurants dans notre propre ville.
Éloignés de ces monuments que nous aimions sans les consommer.
Relégués derrière les barrières.
Privés de ces trajets qui étaient des promesses.
On croyait que Paris était à nous.
On croyait que sa beauté appartenait à ceux qui la vivaient.
Mais non. Paris est sous gestion, sous contrôle, sous surveillance.
Je refuse qu’on fasse de Paris une ville-musée, un décor Instagram, un enclos pour visiteurs temporaires.
Je refuse qu’on piétonnise ma mémoire.
Je veux pouvoir revoir l’arc du Carrousel en allant bosser, pas entre deux files d’attente.
Je veux repasser devant la Tour Eiffel en râlant contre les bouchons.
Je veux Paris vivant, traversable, accessible, partagé, embouteillé peut-être mais vivant et dynamique.
Laissez-nous habiter Paris, vivre Paris, aimer Paris. Rendez-nous Paris avant qu’il ne nous reste que des cartes postales.
© Yoyo Maeght
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Désolée pour vous…
Vive Paris sans voitures
« Je refuse qu’on piétonnise ma mémoire. »
J’étais pas prêt.
Je me suis fait la m^me réflexion cette semaine lorsque, passant à pied dans un lieu piétonnisé, j’ai constaté que je ne pouvais pas aller n’importe où dans ce lieu où, en ma qualité ‘reine’ de piéton je pensais avoir tous les droits.
Mais non, écologie ne veut pas dire liberté. Je n’ai le droit que de me déplacer ‘à pied’ dans des chemin bétonnés sans avoir accès à la ‘nature’ qu’à travers mes yeux et mon nez (fortement incomodé par les pollens).
Vive Paris qui rouspète dans les bouchons, les parisiens qui se baladent dans leur ville, retrouver sa bagnole pour rentrer chez soi, vive la liberté de s’être régalé les yeux devant les vitrines qui brillent,je rêve de mon Paris d’avant.
Des arguments intéressants. Il est dommage que ça ne soit visiblement qu’un enrobage de l’éternel « je ne veux pas me passer de ma voiture », qui n’est plus recevable depuis bien longtemps dans Paris intramuros.
Cela fait des décennies que « nous, les Parisiens » n’avons plus de voiture, prenons le bus, le métro, marchons. Pour ces « Parisiens, les vrais », Paris est de plus en plus belle, agréable et accessible.
Je vous souhaite de sortir de votre bulle, et de cesser de vivre dans un passé fantasmé.
Vous regrettez de ne pas pouvoir vous balader en voiture à Paris. C’est encore possible le dimanche matin, sinon tous les jours à vélo… et même à pied puisque vous n’évoquez pratiquement que le centre de Paris. Ca permet à beaucoup plus de monde d’en profiter: comme l’art contemporain po(u)r tous
Ah Paris…Le charme de ses poubelles renversées et de ses seringues pour toxicomanes près des aires de jeux pour enfants.
Paris et ses glorieux défilés…Non pas ceux du 14 juillet mais ceux de la peste brune islamonazie aux doux refrains racistes et antisémites. « Mort aux Juifs », « Mort aux Blancs », « From the river to the Sea »…
Paris et son cortège de leaders politiques et intellectuels éclairant le monde : Emmanuel Macron, Jean-Luc Melenchon, Bruno Le Maire, Ersilia Soudais, Rockaya Diallo, Sébastien Delogu, Rima Hassan, Sandrine Rousseau…Sa classe politique et ses médias que la Corée du Nord et le Qatar nous envient.
Paris, ses écrivains et artistes illuminant le monde de leur génie et leur humanité : Virginie Despentes, Annie Ernaux, Medine, Camilia Jordana, Nick Conrad…
Ah Paris, sa douceur, sa liberté et son vivre ensemble dont Sarah Halimi et Lola (et le père de Lola) auraient tant aimé pouvoir encore témoigner.
Paris !
Belle comme un défilé de Nuremberg
Savoureuse et pétillante comme l’eau du régime de Vichy.
Quand on connait les dégâts des gaz d’échappement et le nombre de morts dont ils sont responsables chaque année en France (plusieurs dizaines de milliers par an). Il y a de quoi trouver votre publication indécente.
Un billet sur « TribuneJuive » militant pour pouvoir librement gazer lentement des millions de personnes, l’ironie a toqué à la bonne porte il faut l’avouer.
Pourquoi ne pas profiter de Paris sans voiture ? Votre vision nostalgique fait fi du sur-usage de l’automobile dans une ville où les alternatives nombreuses permettent de s’en passer.