L’Islamisme, ses facettes et nous. Par Francis Moritz -Publié en avril 2025

Depuis des années, les autorités ont cherché à organiser l’islam à l’image du Consistoire israélite. La tâche était rude ; le président Sarkozy avait ouvert la voie en 2012. Le troisième ministre de l’Intérieur et des cultes sous la présidence d’Emmanuel Macron s’y est essayé à son tour. Tout semblait avoir réussi, lorsque le président de la république déclarait urbi et orbi à propos de la signature de LA Charte par cinq des fédérations sur les neuf constituant le CFCM : « un engagement net et précis en faveur de la République ».

A propos du CFCM (Conseil Français du Culte Musulman)

L’organisation est constituée d’un grand nombre de fédérations sinon même de sous fédérations, d’associations cultuelles. Chacune d’elles avait remis au président du CFCM sa contribution, chargé d’en réaliser la synthèse, de la faire accepter par ses confédérés et ensuite de la présenter au ministre, avec l’assentiment du président. Le résultat final fut à l’image du paradoxe bien connu du verre à moitié plein. Pour certains, c’était mission accomplie, car les autorités se refusaient à afficher ni échec ni semi-réussite. Pour d’autres, c’était certes condition nécessaire mais pas suffisante pour être véritablement l’outil qui permettrait d’établir sereinement la coexistence et l’intégration pleine et entière de la communauté musulmane au sein de la République dans le total respect de ses lois et institutions : nos valeurs républicaines.

Les conditions qui ont prévalu à l’accouchement douloureux de cette charte que toutes les fédérations n’acceptèrent pas mirent au grand jour une dissension majeure entre les groupes au sein de cette communauté qui représente de l’ordre de 15% de la population d’une part, de l’autre l’impuissance du CFCM de légitimer son rôle. Ce qui ne lui permettait pas d’imposer l’adoption pleine et entière d’un texte qui constituait, certes une avancée, entre rien avant et un peu plus après, au point de vue des principes, mais qui finalement était au rabais, quoi qu’on en dise. Il soulignait l’impuissance des autorités d’imposer ce que tous les citoyens respectent déjà, nos valeurs républicaines, en premier lieu la Laïcité pleine et entière.

Il était inquiétant que le ministre des Cultes ai dû plier devant une partie de la population pour qu’elle accepte de respecter le cadre républicain. Ce qui révèle un mal profond au sein de l’institution qui ne pouvait dejà pas exercer son autorité à l’heure où on s’apprêtait à voter une loi contre le « séparatisme ». Le sixième article de la charte posait problème à certaines fédérations : il demandait aux signataires de ne pas faire la promotion de l’islam politique, de ne pas diffuser de discours nationalistes en défense des régimes étrangers, et de financer de plus en plus les lieux de culte sans recours aux fonds étrangers.

L’ingérence turque, réelle ou supposée

Le CCMTF (Collectif contre l’Islamophobie en France) est une association musulmane française, sauf qu’elle dépend du ministère turc des affaires religieuses (ou Diyanet). Elle soutient la politique nationaliste et musulmane conservatrice du président Erdogan dont on connaît les appréciations sur le président de la République et Israël. Elle consacre une très grande partie de ses activités à l’éducation et à la politique. Une partie de ses membres sont des citoyens français, alors que le gouvernement turc emploie et paie les salaires de ses imams et finance les locaux. Si ce n’est pas une ingérence étrangère, quel nom lui donner ?

Foi et Pratique, l’une des trois organisaions qui ont refusé la charte, est issue du mouvement islamique du Tabligh. La charte la désigne explicitement comme un courant de l’Islam politique. Les deux autres fédérations, turques, revendiquent aussi un Islam politique, qu’elles assument. Elles veulent faire de la politique et rejettent le principe de ne pas pouvoir recevoir des financements étrangers, partie intégrante de leur identité. Assani Fassassi, le secrétaire général de la Fédération française des associations islamiques d’Afrique, des Comores et des Antilles (FAIACCA), tweetait « le Coran est limpide, il y est écrit : nulle contrainte en religion ».  C’etait une réponse de rejet, en peu de mots. 

La pénétration de l’Islam fondamentaliste en France

Elle progresse. Le risque ultime que font peser les quatre mouvements islamistes les plus actifs – Frères Musulmans, salafistes, tabligh, turcs – est l’avènement d’une contre-société sur le territoire national.  La puissance des réseaux islamistes et leur prolifération sont la résultante d’une incapacité chronique à analyser leur stratégie et leurs moyens d’action de manière globale dans des champs aussi névralgiques que l’éducation, le monde de l’entreprise, le contrôle des lieux de culte, internet et les réseaux sociaux, les œuvres caritatives, l’université, dernier avatar.

La question du financement étranger

On refusait également le passage à la loi de 1905 qui oblige à présenter des comptes, donc les sources de financement. L’exécutif veut surtout en savoir plus sur le financement des mosquées. « On a besoin de savoir d’où vient l’argent, qui le touche, pour quoi faire. Ça, il faut s’en assurer », martelait déjà Emmanuel Macron en février 2020, lors d’un déplacement à Mulhouse consacré au « séparatisme islamiste « ,  le second mot a disparu du projet de loi.

La France répugne à regarder ce qui marche ailleurs, au nom de la notion bien enracinée de « l’exception française« . L’Allemagne s’est emparée du sujet depuis 2010 avec une population musulmane de l’ordre de 6% sur 83 millions. Dix ans plus tard, en 2020 elle dispose de facultés qui forment des imans de langue allemande, ce qui s’appelle « l’exception allemande ». En France on veut estampiller des imans « à la française ». Vaste programme ! La charte parle des principes, mais on a oublié de préciser quand, comment, sérieusement ? Par principe l’intendance suivra !

L’État-régalien s’est affaibli au fil des années et des élites dirigeantes. La dissolution n’a rien arrangé. Le pogrom du 7 octobre a aggravé les fractures devenues béantes.  L’état est aujourd’hui privé des moyens suffisants pour exercer son autorité. C’est désormais devenu un débat sinon un combat entre partisans et adversaires de l’intégration et ceux de l’assimilation. 

Le président Macron lui-même, après Chirac, Sarkozy…, n’a-t-il pas déclaré en son temps : « Dans notre code civil figure encore cette notion problématique d’assimilation. Elle ne correspond pas à ce que nous voulons faire. Nous devons miser sur l’intégration… »   Est-ce la réponse à la réalité ? Elle ne peut pas rester un vœu pieux. 

 Les réalités du terrain

Nous sommes désormais victimes de la confluence d’un terrorisme endogène, aggravée par des attaques exogènes. Pour s’en persuader, si l’on avait encore des doutes, référons-nous à ce que la DGSI, dont le travail est considérable, avait déjà clairement formulé dès 2018 : 

Les mouvances islamistes en France

Les Frères Musulmans représentent le mouvement le plus structuré et le plus influent. Le mouvement salafiste, hétérogène, s’il ne dispose pas de structure organisationnelle, connaît une croissance exponentielle. 118 villes ont une empreinte salafiste illustrée par des salles de prière ou des associations affiliées ou des lieux de propagande tels librairies et bibliothèques.  Ils font de l’éducation une priorité absolue. Depuis la petite enfance où on relève de nombreux cas de radicalisme précoce. Le manque de contrôles rigoureux demeure une porte ouverte aux manipulations qui s’ensuivent. On en connaît les conséquences ! Puis de l’école à l’université, ils tiennent à ce que les jeunes ne soient pas « prisonniers » de programmes, d’instituteurs et de professeurs dont la laïcité et la rationalité sont étrangères à leur vision de l’Islam. On identifie 3 types de structures d’enseignement, majoritairement des écoles privées, des écoles coraniques ainsi que des organismes d’enseignement en ligne.  

Le mouvement Tabligh, acteur majeur de la réislamisation des banlieues dans les années 70, s’appuie sur une prédication et un prosélytisme de terrain auprès de populations très fragilisées.

Le mouvement turc est la quatrième communauté étrangère. Il peut s’appuyer sur un important réseau de communautés en Europe et de financements, très soutenu et poussé par le président turc au pouvoir.

Leur dénominateur commun est la volonté d’opérer un changement profond dans les rapports des Français de confession musulmane, à la citoyenneté, à la démocratie et au vivre ensemble. Les vecteurs d’influence utilisés par les réseaux évoluent. Certains, comme la guerre informationnelle, médiatique et l’internet, deviennent absolument primordiaux. 

La rhétorique comme outil

Une guérilla rhétorique : L’un des points centraux de la pénétration des Frères Musulmans dans la communauté musulmane et la société française est centré sur une tactique redoutable de guerre terminologique avec un double objectif, une stratégie de victimisation systématique de la communauté musulmane fondamentaliste et un positionnement de défenseur de ladite discrimination, voire l’exploitation chez les jeunes musulmans d’une vision sectaire du monde, entre hypocrisie et complotiste. Un grand nombre de musulmans manifeste une profonde absence d’intérêt pour la politique notamment chez les jeunes, ce qui entraine chez ces derniers un besoin de recréer une communauté de substitution. Ce qui se traduit aussi par une solidarité vis à vis des autres musulmans victimes de ‘l‘impérialisme occidental’ selon la formule consacrée. La solidarité avec la communauté palestinienne et la haine d’Israël et par extension des juifs, complètent la panoplie.

Fort de ses 12.000 membres, le CCIF (collectif contre l’islamophobie en France) est le centre névralgique d’un véritable combat sur les réseaux sociaux contre les adversaires idéologiques de l’islam politique. Il utilise un langage ambivalent, selon les évènements (attentats, violences notamment). Il exprime une volonté de détruire l’adversaire idéologique. Il est désormais omniprésent sur les nouveaux terrains du Jihad judiciaire, Numérique, Médiatique, universitaire, grandes écoles. 

L’application des lois en vigueur

Au plan judiciaire, il est important que les juristes prennent dès maintenant en compte le phénomène religieux : « Les salariés savent désormais que l’entreprise privée n’est pas un lieu où la neutralité s’applique et entendent exprimer leurs convictions religieuses »… 

Les islamistes s’appuient sur diverses organisations comme l’Organisation de la coopération islamique, la Ligue islamique mondiale, l’Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture ; les Fréristes aspirent à imposer la pratiqua de l’Islam dans le monde du travail. 

Pressions et menaces

Le but ultime de la stratégie de l’intimidation n’est pas nécessairement la victoire judiciaire elle-même, mais de faire taire et de paralyser le discours journalistique, politique, universitaire, médiatique critique ou hostile vis à vis de l’islamisme. Les cibles sont aussi bien politiques, telle personnalité fait l’objet d’une plainte pour « injures raciales ».   Last but not least, il existe aussi un certain nombre d’ONG qui s’inscrivent dans les mêmes démarches.

Il s’agit donc bien d’un mouvement de grande envergure. La situation est beaucoup plus sérieuse que ce que certains laissent croire, il est grand temps d’en prendre conscience. 

En conclusion, la véritable question posée, mais pas tranchée par cette charte et les lois actuelles :  disposerons-nous un jour d’un Islam DE France comme il existe un judaïsme ancré dans la laïcité et les lois de la république au lieu d’un Islam EN France, avec ses lois, Comment pourra-t-on continuer à parler de l’islam EN France et opposer assimilation à intégration.

Source  https://www.dgsi.interieur.gouv.fr

© Francis Moritz

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2 Comments

  1. L’islamisme est une idéologie nazie. (cf Mohammed Amin al-Husseini et Hitler étaient des alliés idéologiques). Plus d’extrême-droite que l’islamisme, le palestinisme et l’indigénisme (et donc leurs alliés) cela n’existe pas. C’est le FN puissance 100 ou 1000. Or l’UE est fondamentamement et intrinsèquement pro-islamiste. Tout européiste est donc volontairement ou non un collabo de l’islamisme cad du Nazisme. Et la Grande-Bretagne, c’est l’UE en dix fois pire. L’extrême-droite islamonazie dirige l’Europe de l’ouest et chaque élection en France se solde par une victoire de L’extrême-droite droite islamonazie. Chaque victoire d’un candidat européiste (l’avenir s’annonce sous de sombres auspices pour la Roumanie) est une victoire de l’islamonazisme. Chaque défaite de l’UE et de l’UK est en revanche un revers pour l’islamonazisme.

    La seul et unique possibilité pour freiner l’expansion de l’islamisme en Europe, ce serait d’éradiquer (dans tous les sens du terme : on ne combat pas le Nazisme avec des bouquets de fleurs) les pouvoirs collaborationnistes siégeant à la commission européenne de Bruxelles, à Londres, Paris. Stockholm, Berlin, Madrid etc et représenté par tous les cercles du pouvoir : politique, médiatique, universitaire etc

  2. @Sylvain
    Très bien résumé. C’est la raison pour laquelle tout pro-européen, même s’il prétend dénoncer l’islamisme et l’antisémitisme, est éminemment suspect. Double langage. L’ONU et l’UE font partie des ennemis à abattre.

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