
« La France, tu l’aimes ou tu la quittes », ce vieux slogan des militants d’extrême-droite, est en quelque sorte devenu pour un certain nombre d’entre nous « La France, on l’aime mais on la quitte » …
Beaucoup s’interrogent : sera-t-il possible encore longtemps de vivre dans le pays de Zola et d’Hugo, de De Gaulle et de Mendès France, de Cézanne et de Chagall, de Trenet et de Jean-Jacques Goldman.
Une France que nous aimons, que nous avons servie et servons encore, qui nous a beaucoup donné mais à laquelle – et c’est normal – nous avons aussi beaucoup donné en retour …
Le pourquoi de ce questionnement semble évident : le profond sentiment de déréliction qui nous a happés dans la foulée du 7 octobre. Qui ne cesse de nous étreindre, face à la montée des périls, des insultes, des menaces, des passages à l’acte en nombre record…
Face aussi à l’abandon, voire la haine, de toute une classe médiatico-juridico-politique qui a fait des Israéliens et par extension des Juifs qui les soutiennent des êtres diaboliques, génocidaires et praticiens d’un apartheid à tous les étages…
Face enfin à un pouvoir et un président sans consistance mais enfermés dans une vision manichéenne inversée du conflit Israélo-Hamas.
J’aurais été pianiste et compositeur, guitariste sachant plaquer trois ou quatre accords robustes, je me serais saisi sans attendre de mon instrument et j’aurais composé une chanson pour traduire tout cela en notes et en mots.
Las, je n’ai pas le minimum nécessaire côté solfège ni composition. Quant à chanter il n’en est pas question, car pour moi comme pour les autres il s’agirait d’un moment atroce à passer…
Voilà pourquoi, dans mes habits récents de parolier de chanson, je me suis servi d’une plateforme d’Intelligence Artificielle à qui j’ai confié mes mots, bien naturels eux, afin d’aboutir à une chanson que je vous soumets.
Je crois qu’elle dit un peu ce que beaucoup d’entre nous, Français Juifs et Juifs Français, religieux ou laïques, politisés ou pas, pauvres ou riches, ressentons : ce profond et prégnant sentiment d’abandon et d’incompréhension. Cette solitude si forte qu’elle nous invite fatalement à nous interroger sur notre avenir dans ce pays, que nous aimons pourtant ardemment.
ESSEULES
Y’avait moi dans la foule
Me frayant un passage
Y’avait Claude, y’avait Jacques et y’avait même Raoul
Tous relayaient le même message
Nous disions la colère
Nous criions « plus jamais ça »
Mais ça voulait dire quoi
Face à la haine meurtrière ?
On se comptait, on se jaugeait
Il n’y avait pas de suspense
Il fallait se résoudre à l’évidence
En dépit de la foule, nous étions esseulés
Nous battions le pavé, la mine renfrognée
Pourquoi étions-nous là ?
Je ne saurais le dire
Peut-être pour éviter le pire…
Nous évoquions Ilan, Sarah et puis Mireille
Nés Juifs et morts pour les mêmes raisons
Nous rêvions bruyamment que la France se réveille
Alors que se multipliaient les trahisons
On se comptait, on se jaugeait
Il n’y avait pas de suspense
Il fallait se résoudre à l’évidence
En dépit de la foule, nous étions esseulés
Pour Carpentras, Mitterrand était là au milieu de nous
Mais contre la haine des Juifs, au lendemain d’un viol
Macron fit lui faux bond, pour « n’pas faire de jaloux »
Lâcheté sans nom, des mots qui nous désolent
Y’avait moi dans la foule
Mais j’ai jeté l’éponge
Comme Claude, Jacques et Raoul
Ne supportant plus les mensonges
Minoritaires des minoritaires, nous devenons fantômes
Pour la France, nous sommes les symptômes
De la décrépitude d’un pays qui sombre
De notre passé heureux, nous n’en voyions que l’ombre
Heureux comme un Juif en France ?
Laissez-moi donc pleurer…
Entre indifférence et intolérance
Notre sort est-il signé ?
Il faut bien nous résoudre à l’évidence
Notre amour ardent de la France
Désormais ne suffit plus
D’où pourrait venir le salut ?
Paroles : Gérard Clech (GCP)
Musique/Interprétation : Suno AI
© MusicStart Sacem
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