La géopolitique par les nuls pour les nuls. Par Michel Rosenzweig


On allait voir ce qu’on allait voir.

Depuis sa prestation de serment, le Président Trump n’a cessé de faire des déclarations fracassantes : avec lui on allait voir ce qu’on allait voir avec la guerre en Ukraine, à Gaza et avec le régime iranien.

Le conflit Russie/Ukraine serait résolu en 24h.

Quasi trois mois après les négociations patinent au point mort et l’armée Russe est plus que jamais à l’offensive en ciblant délibérément des civils. Quant à l’envoyé spécial Steve Witkoff, le meilleur ami de Trump, son partenaire en affaire immobilières et au golf depuis 40 ans, il rencontre Poutine la main sur le cœur et semble d’une naïveté confondante dans l’entretien avec Tucker Carlson qui ne sait faire trois phrases sans éclater d’un rire hystérique assez embarrassant pour le spectateur un peu averti.
On retiendra ce passage hallucinant dans lequel Witkoff assure, tout ému, qu’après la tentative d’assassinat de Trump, Poutine est allé prier dans une église pour remercier D.ieu d’avoir sauvé son ami…
Quant à l’équipe du Kremlin, ils n’en reviennent probablement toujours pas d’avoir un tel allié.

La guerre entre le Hamas et Israël ?

On allait voir ce qu’on allait voir : si TOUS les otages, je répète, TOUS, n’étaient pas libérés d’ici un certain samedi de février, les portes de l’enfer s’ouvriraient. (sic)
Or, point de libération ce fameux samedi et la même menace se répéta sans aucun effet dans les semaines qui suivirent.
Chien qui aboie ne mord pas…

Depuis, les négociations avec le Hamas patinent, pire elles s’enfoncent dans les marécages de l’abject et le Hamas, tel le canard, est toujours vivant, bien décidé à refuser tout accord impliquant une reddition et un désarmement.

Et dans la foulée de cette dissuasion écornée, une proposition absconse de Trump déclarant qu’il allait posséder Gaza, tout simplement. Posséder, comme le Groenland ou le Canal de Panama.

Depuis, les portes de l’enfer restent obstinément closes et les otages demeurent enfouis dans la profondeur des tunnels de Gaza, tous construits depuis 18 ans avec le pognon de dingue de l’UE et des innombrables associations de l’USAID, entre autres.

Et comme si cela ne suffisait pas encore après le 7 octobre 2023, l’UE vient de débloquer 1.6 milliards d’Euros pour l’autorité Palestinienne, vous savez, cette instance corrompue qui n’a toujours pas condamné les massacres à grande échelle du 7 octobre et dont une majorité de civils déclarent soutenir le Hamas.

Et avec le régime iranien et son projet d’acquisition de l’arme nucléaire ?
Alors ?

Là aussi, on allait voir ce qu’on allait voir : l’Iran n’aura jamais l’arme atomique et ses installations doivent être démantelées et détruites au nez et à la barbe des inspecteurs américains, dixit Trump, sans quoi, pan pan cul cul, les USA et Israël se chargeraient de les détruire par la force militaire.
Et pour bien montrer que ceci n’était pas du bluff, du belef comme disait Poutine, moi Président, je déploie deux groupes aéronavals, ce n’est quand même pas rien un Carrier strike group (CSG) c’est une formation opérationnelle de la marine composée d’environ 7 500 marins, un porte-avions, au moins un croiseur, une escadre de destroyer DESRON composée d’au moins deux destroyers, d’un Carrier Air Wing de 65 à 70 avions.

En plus 6 bombardiers furtifs capables de délivrer les bombes pénétrantes de plus de 20 tonnes, les plus puissantes au monde, sont arrivés à la base de Diego Garcia dans l’océan Indien, accompagnés de leurs ravitailleurs.

Et les Houthis du Yémen ?

Ah, on allait aussi voir ce qu’on allait voir.

Voilà des semaines que tous les soirs les USA bombardent les Houthis pour bien montrer aux iraniens ce dont ils sont capables, histoire d’affaiblir leurs derniers supplétifs dans la région, dissuasion oblige.
Sauf que les Houthis continuent d’envoyer leurs missiles balistiques sur Israël qui a la chance de les intercepter grâce à une défense anti aérienne très efficace.
Car tous les vrais experts le disent: sans troupes au sol, on n’y arrivera pas, et le mot d’ordre des USA depuis Obama, c’est « No boots on the ground ».
Résultat, le canard Houthis est toujours vivant, affaibli certes, mais toujours capable de nuisances.

Mais avec la mollarchie de Téhéran, les choses ont soudain pris une tournure inquiétante depuis 48h.

En effet, lors de la visite de Netanyahou à Washington, Trump annonça publiquement dans le bureau ovale lors d’une conférence de presse, que des pourparlers directs étaient prévus avec l’Iran, et le dit à la stupéfaction de Netanyahou, dont la mine subitement défaite fit le tour du net en un clin d’œil, et à la satisfaction de tous les haïsseurs de l’état juif.

Et d’en remettre une couche supplémentaire en annonçant juste après, ou avant peu importe, que le sultan Erdogan était son ami et qu’ils s’aimaient beaucoup: « He loves me and I love him » (sic). D’ailleurs si tu as un souci avec lui, dit-il à Bibi, fais-moi signe, j’arrange ça immédiatement.

Ainsi, Steve Witkoff, qui s’était déjà fait pote avec Poutine, fit son balluchon pour le sultanat d’Oman et rencontra le Ministre iranien des affaires étrangère et son collaborateur dans des pièces séparées (contacts indirects) pour quand même finir par une brève poignée de main en terminant la session.

Sera-t-il lui aussi bientôt le pote de Khameneï ?

Quelques jours plus tard, dans une interview accordée à FOX News, le même Witkoff annonce sereinement qu’un deal est en cours et que ce dernier n’est autre que celui d’Obama de 2015, un taux d’enrichissement de 3.5% à ne pas dépasser contre la levée des sanctions économiques, ce que Biden a respecté et qui a permis à la junte islamonazie de Téhéran d’enrichir non seulement l’uranium à 60% mais aussi ses caisses en récupérant des milliards de dollars.

Les experts prétendent que le régime iranien pourrait actuellement produire jusqu’à six bombes atomiques très rapidement.
Une récente série de secousses sismiques sans répliques dans la région des installations suspectes seraient peut-être même le signe d’essais nucléaires souterrains.

Les médias et les réseaux sociaux ont aussitôt réagi à cette annonce surprenante et Witkoff rétropédala immédiatement en rectifiant : rien ne se fera sans la décision du Président qui demande un renoncement explicite à l’arme nucléaire avec démantèlement et destruction du matériel avec vérification US.

Ouf, on a eu chaud.
Sommes-nous pour autant rassurés ?
NON évidemment.

Witkoff, qui n’est pas un diplomate mais un homme d’affaire, un investisseur immobilier américain, propriétaire foncier et fondateur du Witkoff Group, détient un empire immobilier évalué à environ 1 milliard de dollars et il a été désigné « Envoyé spécial pour le Moyen-Orient » par son ami Donald Trump.

Point important à souligner dans ce contexte, Witkoff est juif, né dans une famille juive du Bronx. Son père était fabricant de manteaux pour femmes à New York, comme beaucoup d’émigrés juifs à l’époque.

Quel est le poids de cette identité et de cette appartenance à la communauté juive dans sa fonction ?
Mystère, mais nous sommes en droit de nous poser la question.

Quant à Trump, il ne jure que par le deal et le rapport de force et il est persuadé que tout peut se régler par l’art du deal (titre de son livre) et que finalement tout s’achète et que tout le monde est achetable.
Sauf que, en matière de géopolitique, d’autres paramètres interviennent et que ceux-ci jouent un rôle plus important qu’il ne semble le penser : l’histoire, la culture, la langue, la mentalité et, last but not least, la religion et la dimension spirituelle.

Les Russes sont de redoutables joueurs d’échecs et les Iraniens en sont les inventeurs. Russes et iraniens sont très intelligents, cultivés et rusés. De plus, les mollahs iraniens sont des monstres de perversité et des menteurs invétérés.
Russes et iraniens ont une revanche à prendre sur les USA, leur sentiment d’humiliation reste très vivace. Russes et Iraniens sont deux peuples très fiers, très nationalistes, très patriotes qui ne se laissent pas intimider par la dissuasion, conventionnelle ou même nucléaire.

Ces deux régimes veulent de plus se sauvegarder à tout prix.
Trump et Witkoff sont-ils inexpérimentés et naïfs à ce point ?

Y a-t-il un vrai pilote dans cette administration ?

Sommes-nous face à un vaisseau fantôme à la dérive, ou une espèce de nef des fous ?

Trump a-t-il encore la maîtrise de la situation ?

A-t-il encore un coup d’avance face à ces deux joueurs d’échecs expérimentés ?

Les Américains ont inventé le Monopoly, pas sûr qu’ils soient bons aux échecs, le seul champion d’échecs américain est Bobby Fisher.
Et Fisher est le fils de deux immigrés juifs allemands ayant vécu à Moscou jusqu’en 1939 avant de fuir l’antisémitisme de la Russie Soviétique.

Ne jamais sous-estimer les origines, l’histoire et la culture en géopolitique…

© Michel Rosenzweig 16 avril 2025.

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7 Comments

  1. Evidemment, vous avez raison
    je me souviens des déclarations fracassantes de Trump
    Il promettait l’enfer pour la hamas et rien n’est venu,
    à part la libération de quelques otages et des cercueils!!!!
    Nous avons fini de croire en lui
    dommage

  2. Avec l’arrivée de Trump, nous y avions cru un peu, mais Trump est un homme d’affaires, il protége ses intérêts, ceux des Etats-Unis, à part vendre des armes à Israel, il ne fera rien, Israel est seul.

  3. « en ciblant délibérément des civils »…Pour rappel,
    le régime bandériste et ultra corrimpu de Kiev cible des civils depuis 2014. L’Année dernière, un missile ukrainien de fabrication américaine a frappé une plage de Crimée…Une plage fréquentée par des touristes. Outre les nombreux crimes de guerre du regime ukrainien, celui-ci massacre et exploite sa population. La propagande pro-Kiev et antirusse est basée sur un nombre de mensonges aussi abyssal que la propagande pro palestinienne. Nos gouvernements (qui ont déclenché ce conflit et se sont opposés à toute solution negociée) se trouvent du mauvais côté de l’Histoire. Trump sait très bien que la Russie va gagner la guerre, et les Russes n’ont jamais caché qu’ils n’accordent guère d’importance aux déclarations des dirigeants occidentaux. Ceux-ci ayant déjà violé tous les accords précédents. Trump hérite d’une situation qu’il n’a pas voulue, et il est clairement moins fou et criminel que Biden, Harris, Starmer, Macron et Von der Leyen.

    Au sujet d’Israël et du Moyen-Orient, je n’ai personnellement jamais cru que Trump accomplirait des miracles. Il est néanmoins plus pro-israelien et anti-Nazislamistes que ses prédécesseurs et lutte également contre l’antisémitisme aux États-Unis. Contrairement à ses prédécesseurs ou à Macron.
    « Trump a-t-il encore la maîtrise de la situation ? » lit-on. La question n’a de sens que si l’on croit à la toute puissance des États-Unis et de leur influence. Or cela n’est plus du tout vrai : le déclin de la puissance américaine est amorcé depuis de nombreuses années, Biden l’a fortement accentué. Les 4 grandes puissance sont aujourd’hui les USA, la Russie, la Chine et l’Inde. Trump arrive dans un siècle où le monde occidental s’effondre (Europe de l’ouest) ou au mieux décline (USA).

  4. L’auteur de cet article semble avoir un positionnement, qui remonte à loin, qui ne présente aucun atome crochu avec le président Trump. Juger celui ci après seulement quelques mois c’est évidemment faire preuve d’à priori. Pour le président Trump la forme ne sert qu’à atteindre le but, lui et son administration en ont déjà tellement fait. Cette petite histoire rabâchée d’échecs est à mon sens le contraire de la vérité.

  5. Trois signes du basculement total de l’Europe de l’Ouest dans le Nazisme (ou islamonazisme) et la barbarie totale :
    1) la propagande anti-israélienne et antisémite officialisée et institutionnalisée, présente quasiment à tous les coins de rue
    2) le silence complice et criminel au sujet des atrocités commises contre des jeunes filles anglaises à Telford et Rotherham. Crimes sexuels contre l’humanité.
    3) le soutien au régime de Kiev, font il est aujourd’hui clairement établi qu’il s’agit d’une dictature fasciste et d’un Etat mafieux.
    C’est d’ailleurs pour cela que Keir Starmer et Macron le soutiennent : entre fascistes, on s’entraide.

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