Dans la pénombre, à l’intérieur d’un bâtiment, quelque part entre Rafah et Khan Younès, nous avons commencé le Seder.
« C’est la 3 337 ème fois que le peuple juif célèbre le Seder », nous a confié notre rabbin privé, au bord des larmes.
Notre Rabbenou est bien sûr l’un des gars de l’équipe de combat.
Il a déjà plus de 40 ans et a laissé beaucoup d’enfants à la maison sans père pour les fêtes.
« Si nous parvenons à réunir les conditions qui libéreront ne serait-ce qu’une seule personne kidnappée, cela vaudra tout, ce sera le grand privilège de notre vie, cela seul suffirait à nous justifier dans la chaîne des générations à venir», a-t-il déclaré, puis il a commencé le seder de Pessah.
J’avoue que cela a été particulièrement difficile pour moi.
J’ai passé le dernier Pessah au Mont Hermon. Rosh Hashanah et Yom Kippour quelque part au Liban, je ne les ai pas célébrés avec ma famille depuis le 7 octobre et j’étais déchiré par ce désir.
Quand j’ai senti ma gorge se serrer, je les ai regardés.
Un groupe de guerriers sales en uniformes vert olive quelque part dans le noir à Gaza, armés, forts, ensemble, loin de tout ce qui leur est cher, debout et racontant la même histoire qui a été racontée avant eux 3 337 fois.
Ils comprennent au plus profond d’eux-mêmes pourquoi ils sont là et quelle est leur place dans la chaîne des générations.
Il est impossible de vaincre cette force, la résilience de ce peuple, sa capacité à se relever de la poussière encore et encore et à croire en lui-même, en son histoire, en son destin.
À chaque génération, une personne doit se voir comme si elle-même était sortie d’Égypte.
À l’occasion de ce Pessah, j’ai eu le privilège d’être parmi ceux qui se considèrent comme eux-mêmes, faisant partie de l’Exode d’Égypte de notre génération.
Hag Pessah Sameah à tous,
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