Tribune Juive

Daniel Sarfati. « Ces intellectuels, ces hommes de culture, qui depuis le 7 octobre nous jettent des pommes pourries »

Dessin de Crumb

Nadav Lapid, le cinéaste israélien, se croyait être le chouchou du Festival de Cannes.

Raté.

Son dernier film, « Ken » , a été écarté de la sélection officielle de la 78ème édition.

Pourtant, Nadav Lapid n’a jamais ménagé sa peine dans sa critique virulente d’Israël.

En 2021, il obtient le Prix du Jury pour « Le genou d’Ahed », un film hagiographique sur l’activiste palestinienne Ahed Tamimi qui avait giflé un soldat israélien dans son village près de Ramallah.

Récemment, Nadav Lapid en avait rajouté une couche à propos de Melenchon :

« Si j’étais français, j’aurais voté pour lui. En plus il adore le cinéma ».

Bref, un israélien politiquement correct, LFI compatible.

Désolé Nadav, mais ça ne suffit pas à effacer le péché originel : tu es israélien.

Devant ce boycott culturel, j’ai parfois l’impression que nous sommes perçus comme de monstrueux insectes.

Comme Gregor Samsa, dans « La métamorphose » de Kafka.

Un cancrelat à qui l’on jette des pommes pourries.

Kafka apprenait l’hébreu et rêvait de « monter » en Israël. Aujourd’hui, il serait traité de colonialiste génocidaire.

Kafka était passionné par le théâtre yiddish. Aujourd’hui, il serait qualifié d’ethnocentré.

Comme dans « Le procès », il aurait beau essayer de comprendre rationnellement de ce dont il est accusé, de se défendre de crimes qu’il n’a pas commis, sa cause resterait désespérée.

Ses livres seraient mis à l’index.

Kafka ne serait invité dans aucun festival du livre.

Ce boycott cessera un jour, mais le mal est fait.

Cette « trahison des clercs », ces intellectuels, ces hommes de culture, qui depuis le 7 octobre nous jettent des pommes pourries.

Je ne les oublierai pas.

© Daniel Sarfati

Quitter la version mobile