

Lors de l’audience relative au limogeage du chef du Shabak, Ronen Bar, hier mardi au matin à la Cour suprême, Itzik Bunzel, le père d’Amit, z’l, tombé au combat dans la Bande de Gaza, a été sorti de force de la salle avant même l’ouverture de la séance pour avoir sermonné les anciens chefs des services de sécurité présents et venus protester contre la décision de limoger Ronen Bar.
Lorsqu’il a réintégré la salle avant le début de l’audience, laquelle devait au vu du chaos se tenir sans public mais diffusée en direct dans les médias, Ittzik Bunzel s’est exprimé en ces termes:
Voici la traduction en français du discours d’Ittzik Bunzel, père endeuillé, tel qu’il l’a prononcé devant les juges :
⸻
« Je suis le père d’Amit Bunzel. Mon fils était chef d’équipe dans la Sayeret des parachutistes. Mon deuxième fils, Nadav, mon aîné, est lui aussi combattant dans les parachutistes. Tous deux sont arrivés dans la région d’Otef quelques heures après le début de la guerre, chacun en rassemblant ses soldats, directement depuis leur domicile. Le dernier jour, après avoir sécurisé la région, Amit m’a appelé et m’a dit : ‘Papa, tu peux leur dire de fermer Yad Vashem, car ce que j’ai vu ces derniers jours dépasse un film romantique’.
Avec ses soldats, Amit, malheureusement, n’est pas rentré chez lui. Il a été tué lors d’un combat héroïque, en dirigeant ses hommes contre des terroristes, le 6 décembre 2023, dans le quartier de Sajaïya. À quelques rues de là combattait mon fils aîné.
Quand on est venu m’annoncer la nouvelle, la première question que j’ai posée fut : qui est mort ? Nadav ou Amit ? Pourquoi est-ce que je raconte tout cela ? Parce que nous sommes l’histoire de cet événement. Nous, les familles endeuillées, les parents des soldats qui sont rentrés chez eux, nous sommes l’histoire. Pas les procédures, ni les compétences. Il y a des moments où un pays doit s’arrêter. Et la Cour aussi doit s’arrêter, ne pas seulement enfouir sa tête dans les codes juridiques et les procédures de telle ou telle audition.
À chaque instant, mon manque de mon fils grandit. Ceux qui sont responsables, le chef du renseignement militaire, se promènent à travers le monde, alors que nous, nous sommes dans les cimetières. Il en va de même pour les autres responsables de cette catastrophe. Comment est-il possible qu’un homme qui demande à ne pas être licencié ne soit même pas présent dans la salle d’audience ? Lui aussi ne respecte pas la Cour. Lui aussi veut que nous nous battions les uns contre les autres ici. C’est ce qui se passe.
La douleur grandit de minute en minute. Et quand nous lisons les enquêtes – dont certaines sont biaisées – et que j’entends le chef du Shin Bet dire : ‘Je suis responsable de cet échec’. Que signifie cela ? Cela signifie : ‘Je suis responsable de n’avoir pas su protéger tous les citoyens d’Israël ce jour-là. C’était à moi de vous protéger. Et j’ai échoué’.
Où a-t-on entendu une chose pareille ? Nous débattons ici d’un homme qui a échoué dans la plus grande catastrophe de l’histoire d’Israël ? Des gens de Tel Aviv, de Samarie, de Be’er Sheva, de tout le pays sont morts. Et encore aujourd’hui, des soldats sont en danger. Et pourtant, nous sommes ici à discuter d’une procédure, d’une audition, comme s’il s’agissait d’un simple employé de kiosque.
C’est pourquoi je lance cet appel :
Si cet homme reste à son poste, comprenez, mesdames et messieurs, il ne pourra pas nous protéger, ni vous ni nous. Il ne peut pas rester en fonction, même pas une minute de plus. Vous devez en prendre conscience. Car la Cour affirme que, dans le débat sur la réforme judiciaire, elle est le lieu qui protège les minorités. Elle est l’instance qui doit veiller sur le peuple. C’est avec tout mon cœur et mon sang que je me tiens ici devant vous pour dire que, si cet homme reste à son poste, il y aura d’autres échecs, d’autres morts, d’autres familles endeuillées. C’est un cercle horrible, un cercle où l’on pleure quatre fois par jour, où des familles entières se demandent comment éviter le dîner de Pessah pour ne pas se retrouver face à une chaise vide cette année.
Des milliers de personnes ont été tuées, massacrées, des bébés brûlés dans des fours. De quoi parlons-nous ? C’est le moment – et peut-être pour la première fois dans l’histoire de l’État d’Israël – pour la Cour d’avoir le courage de relever la tête au-dessus des articles de loi et des règlements que les avocats maîtrisent si bien.
Je m’adresse à la Cour et je termine : Le peuple d’Israël vous regarde en ce moment. Malgré les débats, malgré la catastrophe. Dans quelques semaines, nous serons tous réunis pour la Journée du Souvenir. Ne laissez pas la division – pro-Bibi ou anti-Bibi – entrer dans le tribunal. Ce n’est pas la question. La majorité des gens ici sont motivés par cela. Je vous en prie, levez la tête, rendez un jugement courageux dans lequel vous direz: un homme qui a échoué et a pris ses responsabilités – cette fois, nous n’intervenons pas, nous lui demandons, ou demandons à ses représentants, de retirer sa main de l’autel, pour permettre à la société d’avancer vers une commission d’enquête – quelle qu’elle soit – où les choses pourront être débattues.
Je vous remercie, et j’espère sincèrement que mes paroles atteindront non seulement le cœur, mais aussi l’esprit de la Cour.
Merci ».
⸻
Interrogé plus tard sur les ondes de « Galei Israël », Itzik Bunzel, a poursuivi :
« Ronen Bar a lui-même reconnu sa responsabilité dans les événements du 7 octobre, il est coupable de l’échec du 7 octobre. Cette audience à la Cour suprême est inutile. Une série d’anciens chefs des services de sécurité étaient assis en face de moi et je leur ai demandé pourquoi ils étaient venus. Pour défendre celui qui avait échoué? Personne ne m’a répondu, ils ont tous baissé la tête. Les juges ont ouvert l’audience en disant que le gouvernement avait l’autorité pour limoger le chef du Shabak mais que la manière pouvait poser problème.
J’entends cela et je fulmine: Est-on devant un tribunal du travail? Et tout le monde se tait! Vous voyez sur le visage des gens là-bas que Ronen Bar ne les intéresse pas, ils sont submergés par la haine contre Netanyahou, vous le voyez sur leurs visages.
Halioua et Ronen Bar doivent être jugés et tenter de prouver leur innocence. S’ils n’y parviennent pas, ils devront finir derrière les barreaux. J’ai juré sur la tombe de mon fils que les gens qui sont à l’origine du fait qu’il y aura une chaise vide autour de la table du Seder chez moi, seront traduits en justice ».
Crédit : Netael Bendel
Poster un Commentaire