Audience interrompue, invectives, mise à l’écart du public : la séance sur le limogeage de Ronen Bar a viré à l’affrontement politique et émotionnel

La Cour suprême israélienne a examiné ce matin mardi les recours contre la décision gouvernementale de mettre fin au mandat de Ronen Bar, actuel chef du Shin Bet, avant son terme. L’audience a été interrompue à plusieurs reprises en raison de cris dans la salle, notamment de la part d’un père endeuillé qui a accusé Bar d’être responsable des morts du 7 octobre. La tension a poussé le président de la Cour, le juge Yitzhak Amit, à exclure le public pour la suite des débats. L’ambiance s’est enflammée dès l’ouverture. La députée Tali Gottlieb a crié que les élus étaient bafoués, avant d’être expulsée de force après plusieurs interruptions. À l’extérieur, des militants pro-gouvernementaux n’ont pas été autorisés à entrer. D’anciens responsables sécuritaires, dont les ex-dirigeants du Shin Bet et du Mossad, étaient présents dans la salle.
L’avocat du gouvernement, Me Zion Amir, a défendu une décision « unanime » du cabinet, qualifiant les recours de « manœuvres politiques ». Il a affirmé que Bar avait exprimé à plusieurs reprises son intention de quitter ses fonctions, et que les événements tragiques du 7 octobre étaient au cœur de la perte de confiance. Il a ajouté que « dans le contexte actuel de guerre, l’État n’a pas le temps de suivre un processus long de révocation ».
Les juges ont insisté sur l’importance de la procédure. Le juge Sohlberg a déclaré que « l’essentiel n’est pas la légitimité de la décision, mais la manière dont elle a été prise ». La juge Barak-Erez a rappelé que même avec une autorité étendue, le gouvernement reste lié par les règles du droit administratif. Elle a comparé le processus à un procès pénal, soulignant l’absurdité d’informer un accusé uniquement au tribunal. Face aux remarques de Me Amir sur l’ingérence supposée de la Cour, le président Amit s’est emporté : « Vous faites pression sur le tribunal, c’est inacceptable. Ce n’est pas à la Cour de porter la responsabilité des échecs du Shin Bet. »
Le ministre Yariv Levin a, lui, exprimé son soutien aux manifestants et dénoncé « une poignée de juges déconnectés qui confisquent le choix démocratique du peuple ». En attendant une décision finale, le limogeage de Bar reste suspendu.
Le dossier est traité par la formation la plus prestigieuse de la Cour, avec le juge en chef Amit, accompagné du vice-président Noam Sohlberg et de la juge Daphne Barak-Erez. Outre l’ordonnance attendue, les juges devraient rendre une décision préliminaire concernant le maintien en fonction de Ronen Bar d’ici jeudi. En ouverture, l’avocat Zion Amir, représentant le gouvernement, a soutenu que « l’autorité de nommer le chef du Shin Bet inclut aussi celle de mettre fin à ses fonctions », évoquant « un manque de confiance flagrant et persistant ». Le juge Sohlberg lui a répondu que « l’autorité n’est pas l’élément central, mais la procédure ».
Les huit requêtes déposées par différentes organisations soutiennent que le limogeage présente « de graves irrégularités tant dans la procédure que dans les motivations ». Au cœur des arguments figure l’existence d’un « conflit d’intérêts majeur » pour Benjamin Netanyahou, puisque le Shin Bet mène actuellement une enquête impliquant ses proches conseillers.
Plusieurs anciens responsables de la sécurité, dont l’ex-commissaire de police Roni Alsheikh et les généraux à la retraite Noam Tibon et Dan Harel, sont venus soutenir Bar. L’avocat Eliad Shraga de l’organisation pour la qualité du gouvernement a déclaré : « Le Premier ministre est en conflit d’intérêts frontal. L’enquêté veut licencier l’enquêteur. »
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