Tribune par Olivia Cattan, Présidente de « SOS Autisme France ». Journée internationale de l’autisme : « Bienvenue à Autismeland »

Monsieur le Président de la République,

Aujourd’hui, 2 avril, les monuments se parent de bleu pour rappeler l’existence de l’autisme. Mais derrière cette lumière trompeuse, combien d’enfants et d’adultes autistes sont oubliés ? Combien de familles abandonnées, épuisées de se battre contre des administrations ? Combien de vies brisées par l’indifférence d’un État qui feint d’agir et ne fait que reculer ?En France, les autistes sont des ombres que l’on préfère laisser dans le noir. Les stéréotypes demeurent :  tantôt vus comme des génies, tantôt considérés comme des cas désespérés relégués aux marges de la société. Entre les deux, le néant. Un vide immense où se débattent 700 000 vies humaines et autant de batailles silencieuses et de vies sacrifiées.

Alors, plus question d’écrire une énième tribune sur l’autisme. Tout a été dit. J’ai cru, un instant, que votre élection marquerait un tournant. J’ai rencontré votre épouse, vos ministres, vos délégués interministériels. J’ai participé à ces réunions où l’on nous promettait « une société inclusive », de « changer la donne ». Mais derrière ces slogans d’agences de pub, brandis à coups de discours et de campagnes de communication coûteuses, vous n’avez rien fait. Pourtant l’inclusion ne devrait pas être une faveur accordée du bout des lèvres, mais un droit inaliénable. Le droit d’être un citoyen français à part entière, avec les mêmes droits, les mêmes chances, les mêmes perspectives.

Je ne peux même pas me contenter de critiquer l’inaction gouvernementale puisque vos gouvernements successifs sont allés jusqu’à détricoter les mesures efficaces mises en place par la droite.  


Aujourd’hui, l’autisme en France, c’est un diagnostic qui se fait attendre des années, un exil forcé pour échapper au malheur de naître dans un pays qui refuse de le prendre en charge. Ce sont des familles laissées à genoux, ruinées par le coût exorbitant des thérapies. C’est une école qui exclut plus qu’elle n’intègre, où les professeurs, livrés à eux-mêmes, n’ont ni les moyens ni la formation pour accueillir nos enfants. C’est une armée d’accompagnants épuisés, ubérisés, méprisés, à qui l’on demande l’impossible, et qui désertent cette profession. 


Et l’emploi ? Moins de 2% des personnes autistes travaillent. Deux mandats, Monsieur le Président, et pas une seule filière d’apprentissage n’a vu le jour. Deux quinquennats d’inaction. Deux quinquennats de renoncements.

Ne tentez pas, une fois encore, de masquer l’absence d’actions politiques derrière les deux seules initiatives que vous ressortez chaque 2 avril : Andros et les Cafés Joyeux. Ces projets, bien intentionnés et menés par deux entrepreneurs engagés, ne sont qu’un pansement sur une plaie béante et ne font qu’illustrer la faiblesse de l’action publique. Ne vous cachez pas encore derrière l’émission du Papotin qui met en lumière des personnes autistes, car lorsque les projecteurs s’éteignent, quel est le quotidien de ces adultes ? 

C’est pourquoi je vous écris, Monsieur le Président, afin d’être reçue avec des familles et des personnes autistes réunies au sein de Sos Autisme France. Vous nous l’aviez pourtant promis, vous ne l’avez jamais fait. Nous aimerions que pour une fois, vous entendiez enfin leurs doléances, leurs souffrances légitimes afin de vous confronter à la réalité de l’autisme dans ce pays. 

L’autisme est un sujet sérieux de santé publique. Ce n’est ni une cause show-business, ni un Autismeland, une sorte de parc d’attractions que l’on visite seulement le 2 avril. Vos posts sur TikTok et Instagram ne peuvent pas non plus être les seules réponses aux attentes en matière d’autisme. 

Alors il est temps de choisir, Monsieur le Président pour la fin de ce quinquennat. Entre l’image et l’action. Entre la communication et le courage. Entre le mépris et la justice.

Allez-vous enfin entendre nos revendications ?

Un courrier officiel est parti ce matin à l’Élysée pour une demande d’audience, et nous espérons que pour une fois, il trouvera une réponse favorable.

© Olivia Cattan

Podcast: « Tout ce que vous croyez savoir sur l’autisme, Jetez-le à la poubelle. Et Ecoutez ‘Un jour, Un autiste’, le Podcast qui démonte les clichés »

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2 Comments

  1. Le simulacre permanent ! La France est administrée depuis huit ans par un président fantoche plus préoccupé du reflet de la lumière sur les paillettes de son costume que des problèmes concrets des Français, et entouré de courtisans qui passent leur temps à justifier leur rôle d’arbitre des élégances tout en dépensant « un pognon de dingue » : il y a(urait) de l’argent pour faire la guerre en Ukraine, mais pour régler les problèmes des Français ou des causes nobles jamais ! Les premiers à pâtir de cette « politique » sont les plus faibles !

  2. J’avais songé à adresser à TJ un texte montrant que les discriminations extrêmes dont sont victimes les autistes en France procède d’un eugénisme qui ne dit pas son nom. J’y ai finalement renoncé, puisque que de toute façon ces « journées de l’autisme » ne servent à rien et que les mentalités n’evolueront sans doute jamais en France.

    Olivia Cattan est l’une des rarissimes personnalités publiques ayant le courage de dénoncer ces discriminations. Évidemment, il est possible d’être autiste en France et de mener une vie à peu près normale….A condition de naître dans un environnement familial, scolaire etc à peu près sain. Et de passer au travers des différents pièges que tend la société. Pour ceux qui n’ont pas ces chances, réussir à s’en sortir est aussi hasardeux que de devenir millionnaire en jouant au loto.

    On remarquera par ailleurs que les wokistes et autres fascistes prétendant lutter contre les inégalités et pour les minorités ne s’intéressent pas aux autistes et aux neuro-atypiques _ c’est-à-dire la minorité de très loin la plus discriminée en Europe (et elle l’est plus encore dans le reste du monde) : ce point seul suffit à prouver que le discours sur les « minorités » et « l’inclusivité » n’est qu’un tissu de bullshit.

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