Comparaison et ses raisons
En présence :
Allemagne : 83 millions d’habitants et 240.000 Juifs dont 118.000 membres des 108 communautés, les autres ne sont rattachés à aucune communauté et certains ne répondent pas aux critères de la religion. 130 synagogues. Pour 5,5 millions de musulmans et environ 2500 lieux de cultes et communautés de mosquées.
France : 68 millions et 550.00 Juifs 300 synagogues,
2.600 lieux de cultes musulmans dont 900 mosquées soit 8% de la population.
Les faits

© dpa
En Allemagne, Félix Klein, le délégué du Ministère de l’Intérieur, responsable de « la vie juive en Allemagne » a donné une interview au journal de la communauté juive, Jüdische Allgemeine, ( par Nils Kottmann 18/03/2025).
Voici les enseignements que nous pouvons en tirer, pour l’Allemagne et pour la France:
En Allemagne, Felix Klein, responsable de la vie juive depuis 2018, évoque ses succès et ses échecs dans la lutte contre la haine des Juifs et à propos de la Conférence sur l’antisémitisme à Jérusalem.
« Il s’agit d’un combat de longue haleine qui ne supporte pas d’accès de faiblesse. L’expérience acquise dans ce poste constitue un atout pour obtenir des résultats. Mr Klein a pu obtenir de nombreux changements au plan institutionnel. Un exemple : l’Association fédérale RIAS (dont il est le parrain) qui apporte du soutien aux personnes touchées par l’antisémitisme.
Rien de tel n’existe en France.
En France, les gouvernements en place n’ont jamais nommé UN responsable spécialement chargé de la lutte contre l’antisémitisme. Chaque ministre, voire chaque responsable d’université, de lycée, selon, adopte ou n’adopte pas de position active ou passive, de peur des représailles.
Actuellement la fonction est logée au sein du ministère de l’intérieur & des Cultes.
Oui, il existe bien une délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine envers les personnes lesbiennes, gays et trans. L’intitulé mentionne bien la lutte contre l’antisémitisme mais pas la haine contre les Juifs etc…
Le site
La DILCRAH peut être présentée autour de 4 missions clés et avec une seule ambition: lutter contre toutes les formes de haines. La présentation précise indique qu’il y a 915 associations, lieux de mémoire, établissements d’enseignements scolaire ou universitaire et collectivités qui agissent aux côtés de la DILCRAH,
Il y a 2 plans:
Le plan national de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations liées à l’origine et le plan nation d’action pour l‘égalité des droits contre la haine et les discriminations LGBT.
La DILCRAH soutient financièrement la mise en œuvre de ces plans ambitieux avec un budget de 9,5 millions, ce qui paraît peu pour soutenir sérieusement une telle ambition à l’échelle nationale.
A ce jour 8 villes sur 22 métropoles et 2 régions sur 13 ont adopté des plans territoriaux :
Vitrolles, Communauté de communes des vallons du lyonnais, Toulouse, Sarcelles, Rillieux la Pape, Vaux en Velin, Pau, Bordeaux, l’Occitanie et la Réunion.
4 universités ( On ne dit pas lesquelles) soutenues sur le territoire, sur 72 existantes. Sciences Po n’était sans doute pas dans la liste.
Felix Klein (suite de l’interview)
La Commission des délégués fédéraux et des 16 Länder en charge – dont 4 à l’est qui votent majoritairement AFD – est un instrument structurel crucial, car la responsabilité d’environ 80 % des domaines d’action contre l’antisémitisme incombe aux Länder. Pensez à l’éducation et à la culture, à la police ou à la justice. C’est une autre raison pour laquelle je suis heureux que tous les Länder aient nommé des délégués à l’antisémitisme, sauf Brème. La création de Commissaires au sein des Parquets est également extrêmement importante pour que le pouvoir judiciaire soit encore mieux en mesure d’identifier l’antisémitisme et de le punir rapidement. Nous avons également réussi à faire de l’incendie des drapeaux d’autres pays un délit pénal. Cela aide désormais la police à gérer les manifestations dites propalestiniennes, mais en réalité anti-israéliennes.
Q: Et où voyez-vous des échecs ?
FK: Le nombre de crimes antisémites augmente malheureusement. Il est donc nécessaire d’intensifier encore davantage le travail de prévention. C’est particulièrement vrai dans les écoles – même si cela relève de la compétence de chaque État, heureusement, tout le monde s’y met. La déclaration de la Conférence permanente des ministres de l’Éducation et des Affaires culturelles des Länder, du Conseil central des Juifs d’Allemagne et de la Commission fédérale-étatique des délégués à l’antisémitisme, par exemple – se concentre sur la lutte contre l’antisémitisme dans les écoles. Je suis très heureux que certains points de cette déclaration de juin 2021 soient désormais progressivement mis en œuvre. Il est crucial que la lutte contre l’antisémitisme et le racisme devienne une partie obligatoire de la formation des enseignants.
Q: Il y a beaucoup d’antisémites titulaires d’un doctorat. Croyez-vous que l’éducation soit vraiment la meilleure prévention contre l’antisémitisme ?
FK: L’éducation à elle seule ne protège pas contre l’antisémitisme. Francesca Albanese ( ONU), par exemple, est diplômée en droit et diffuse des discours antisémites. Björn Höcke (AFD) ne manque certes pas d’éducation, et pourtant il banalise l’Holocauste. Mais nous devons bien sûr compter sur l’éducation, car elle renforce la capacité à aborder les problèmes de manière critique et réflexive, et à ne pas suivre sans réfléchir les intellectuels qui jouent du pipeau. Nous devons les utiliser pour éduquer et, par exemple, déconstruire les mythes du complot.
Q: Avez-vous personnellement déjà réussi à dissuader un antisémite de sa haine des Juifs ?
FK: Les antisémites ont généralement une vision du monde fermée. La persuasion n’est pas facile ici. Mais au moins, en posant des contre-questions, j’ai réussi à amener même les antisémites à remettre en question leurs affirmations. Avec notre travail, nous nous adressons en premier lieu au grand nombre de personnes qui sont sensibles à l’antisémitisme mais qui restent accessibles aux arguments.
Il existe désormais des délégués à l’antisémitisme dans chacun des 16 États fédéraux, sauf à Brême, mais le nombre d’incidents antisémites a explosé.
Q: Que pouvez-vous faire à ce sujet?
FK: Tout d’abord, il faut dire que le nombre de personnes sensibles aux discours antisémites devrait rester constant, entre dix et quinze pour cent de la population, même après le 7 octobre. Alors que les tensions augmentent au Moyen-Orient, les incidents antisémites augmentent également en Allemagne. Cela montre que nos options sont limitées, mais cela ne change rien à la nécessité d’une bonne prévention. Il est également important que les criminels soient rapidement condamnés, comme ce fut le cas aux Pays-Bas après la traque des supporters de football israéliens en novembre.
Ils ont demandé que le Bureau de protection de la Constitution (DGSI , sécurité intérieure) soit déployé dans les universités.
Q: Quelles tâches vous intéresseraient et pourquoi ?
FK: Dans le passé, nous avons été témoins à plusieurs reprises d’actions anti-israéliennes au cours desquelles des personnes extérieures aux universités les ont influencées et ont commis des crimes. Par exemple, en occupant des salles de cours, en utilisant des symboles anticonstitutionnels ou en causant des dommages matériels importants. L’idée selon laquelle les manifestations et les occupations ne sont que des activités étudiantes banalise la haine extrême et parfois violente des Juifs qui se répand là-bas. Nous ne pouvons pas permettre cela.
Q: Parce que vous avez parlé positivement du projet du président américain Donald Trump de relocaliser temporairement des millions de Palestiniens de la bande de Gaza, des critiques vous ont accusé de prôner le nettoyage ethnique. Comment voyez-vous cela ?
FK: Je ne prônerai jamais le nettoyage ethnique ; tous ceux qui me connaissent savent que je ne proposerai jamais rien qui viole le droit international – et je n’ai pas dit un mot à ce sujet jusqu’à présent. De fausses interprétations ont été données à mes déclarations ici.
Q: Vous avez annulé votre participation à une Conférence sur l’antisémitisme à Jérusalem parce que des membres du parti d’extrême droite français, le RN, devaient également y prendre la parole. Vous ne le saviez pas avant ?
FK: Au moment où j’ai accepté de participer à une table ronde lors de la Conférence, je n’étais pas au courant des autres participants.
Q: Craignez-vous que certaines parties du gouvernement israélien cherchent à se rapprocher des extrémistes de droite européens ?
FK: Je trouve rassurant que le gouvernement israélien ait déclaré qu’il continuait à n’avoir aucun contact avec les forces extrémistes ici en Allemagne.
Réflexion
La problématique est identique dans les deux pays. En revanche, les réponses données différent considérablement. Notre pays devrait et pourrait largement s’inspirer des mesures prises par son grand voisin face aux mêmes enjeux. Mais il ne semble pas qu’on veuille admettre les réalités. On s’accroche désespérément à des éléments de langage, hélas largement dépassées par les réalités : Le sentiment d’inquiétude contre l’inquiétude devant les violences ordinaires, l’antisémitisme résiduel alors que les violences antisémites représentent à elles seules plus de 60% du total pour 0,6% de la population qui les subies. L’antisionisme, faux nez de l’antisémitisme, mis en avant par ceux qui font le lit de l’islamo-gauchisme. On ne s’en prend pas aux Évangélistes qui soutiennent Israël et le sionisme: cherchez l’erreur.
Ainsi va le monde,—
© Francis Moritz
Les Juifs allemands sont revenus en Allemagne tout de suite aprés la dernière guerre mondiale, plus de 60 millions de leurs étaient partis en fumée, malgré tout, il estimérent que c’était leur pays, je n’ai jamais compris.
Bonjour, je pense qu’il y a une coquille. Sans doute vouliez vous indiquer 600.000 . Avant guerre il y a avait en Europe ( total) environ 9,5 millions de juifs, dont environ 550.000 en Allemagne. Je pense que que vous faites reference au 6 millions de victimles de la Shoah dont la plus grande partie venait des pays d’Europe centrale,mais aussi d’Allemagne. Actuellement la présence des Juifs y est très diverse. Il y a un grand nombre venant d’Europe centrale ( ex URSS, Ukraine notamment) auxquels s’ajoute une forte colonie istraélienne. En realité, on parle plutot de 110.000 membres. Les autres sont plus ou moins Juifs, mais…
Je nirai pas jusqu’à faire un parallèle avec les Juifs sous Vichy envoyés en déportation. Les survivants retournérent en France.Il faut prendre en compte l’attitude exceptionnelle des gouvernements allemands envers Israël et le relatif climat de prospérité jusqu’à ces dernières années. Cdlt