Heureux anniversaire , Daniel Sarfati !

Il m’avait promis. 

Fin des travaux dans deux semaines maximum. 

Je lui avais dit, vous savez c’est bientôt mon anniversaire, j’aurais aimé recevoir quelques amis, mais là franchement entre ces deux tranchées et ce mur bancal, c’est pas possible. 

« Z’inquiétez pas, ça s’ra terminé bien avant ! »

…

J’aurais dû m’inquiéter. 

Tout est au point mort. 

Un chantier à Lille qu’ils devaient terminer. 

« Et pis M’sieur, c’est de la faute de l’électricien… J’attends ki tire les câbles… Peux pas refaire le plafond avant… »

C’est normal les fissures sur le mur que vous venez de refaire ?

« Où kvous voyez des fissures ? »

Là en plein milieu. 

« C’est de la faute du maçon, il a pas dû mettre assez de mousse derrière l’enduit. »

Quelle mousse ?!!

« Ben… Pour colmater les brèches. Il est pourri vot’mur. »

J’étais à deux doigts de m’excuser pour mon mur pourri. 

Humblement, j’ai murmuré, au bord des larmes, mais vous m’aviez promis… mon anniversaire…

Magnanime, tel Jupiter, le chef de chantier a posé sa main calleuse pleine de plâtre sur mon épaule et mon pull en cashmere triple fil ( un cadeau d’anniversaire).

« J’vais vous brancher la plaque de cuisson dans un coin de la cuisine. Comme ça, vous pourrez leur faire à manger à vos amis ce soir. »

…

Je ne suis pas seul à être né un 29 mars. 

Ma très chère I. M.

Je t’embrasse I.

Marcel Aymé, un écrivain un peu réac, un montmartrois, dont ma mère m’avait fait lire, enfant, « Les contes du chat perché ». Nous habitions alors, près du Sacré-Coeur. 

Plus tard, j’ai dévoré ses romans et ses nouvelles. 

Et puis, l’écrivain israélien David Grossman, qui fête ses 71 ans aujourd’hui. 

Je lui souhaite un bon anniversaire. 

Il est plus vieux, plus à gauche, déteste plus Netanyahu que moi, et a plusieurs bouquins d’avance sur ma modeste production littéraire. 

Il a surtout plus de talent. 

Le plus beau cadeau que l’on pourrait nous faire, à nous deux, c’est la paix maintenant.

שלום עכשיו

© Daniel Sarfati