Tribune Juive

En défense de Gérard Depardieu. Sarah Cattan

Szwarc Henri/ABACA

En défense de Gérard Depardieu, TJ, à qui importe éminemment la libération de la parole des femmes victimes d’agresseurs sexuels, laisse la parole à l’acteur en proie à la folle dérive du mouvement Me too :

« J’ai des déclarations à faire… Bien entendu… Je ne vous cacherais pas que c’est très difficile… Particulièrement émotionnant, même… Je ne vois pas pourquoi je m’amuserais à peloter une femme… Des fesses, des seins… Le pelotage, c’est ce que font les gamins… Les prépubères… Je ne suis pas un frotteur dans le métro… Mais Gérard Depardieu, l’acteur… Je ne vois pas quel plaisir on peut prendre… À faire un truc pareil… Il y a des tas de vices que je connais pas… Des tas… Je suis beaucoup plus « innocent » que vous ne croyez… Monsieur le Président… Je ne vais pas m’amuser à 76 ans et 150 kilos, à mettre une main aux fesses… Pas m’amuser à ça, surtout sur plateau de cinéma… Je ne me plais pas assez pour mettre une main aux fesses… Sur un plateau de cinéma, même ailleurs… J’ai passé l’âge… Mais quoi… Je suis pas Émile Louis… Juste une grande gueule aux mots parfois trop crus… Vous préférez dire des « propos graveleux »… Monsieur le Président… C’est quoi… Graveleux… C’est « dire chatte »… La belle affaire… Mais ça m’arrive tout le temps… De « dire chatte »… Je trouve ça drôle… Ah ah ah… Je ne me reconnais plus dans cette époque… Dans cette société nouvelle… Je suis un infirme maintenant… Avec mes 150 kilos, tout le poids énorme du passé… Je suis plus près de mes morts, tous ceux qui sont déjà partis, que des vivants… Plus près de Pialat, Truffaut ; plus près de Guillaume… Bien sur je peux être grossier, vulgaire. Mais je ne passe pas mon temps à faire que ça. Je suis plutôt humain, même trop.

Bien sûr que j’ai pu parfois péter les plombs… Sur ce tournage ou d’autres… C’est humain d’ailleurs… De péter les plombs… Je suis un hyper émotif… L’outrance des enfants timides… Mon comportement a pu choquer… Désolé, mes excuses… Je ne suis visiblement pas fait pour l’époque de #MeToo… Pas fait pour son inquiétante dérive… Ce mouvement va devenir une terreur… Parfaitement…

Je me souviens de ces femmes qui interrompaient mon dernier spectacle sur Barbara… Avec leurs pancartes DEPARDIEU VIOLEUR… Elles criaient que c’était moi… L’aigle noir… Il y avait de la haine dans leurs yeux… Une rage de m’abattre… Elles voulaient m’anéantir… M’interdire de chanter, à ma manière, les sublimes chansons de Barbara…

Fanny Ardant, sa fille assistante, s’est fait cracher au visage parce qu’elle me soutenait… Et tout ça pourquoi… Je ne fréquente rien… Plus personne… Ça fait trois ans que je travaille plus… Mort socialement, avant d’être vraiment mort… C’est horrible, tout de même, ce qu’on me fait, en me traitant de « gros porc »… En me refusant n’importe quel contrat, en ME refusant…

Elles, c’étaient des amies… Françoise Sagan, Barbara, Marguerite Duras… Elles vous l’auront toutes dit… Ces femmes merveilleuses… Que je ne suis pas l’homme qu’on dit pour les besoins de ce procès…

Quant aux furies qui brandissaient ces pancartes devant les théâtres, continuent de le faire, aujourd’hui même devant ce tribunal, m’insultant quand je passe devant elles, elles devraient méditer ces mots… Ces mots de Madame de Staël… « La gloire est le deuil éclatant du bonheur »… Oui, la gloire… Je l’ai connue… Comme peu d’acteurs… Personne ne savait ce que c’était la gloire… Au 39, rue Maréchal Joffre, à Châteauroux, au début des années 50… Vous le trouvez déjà trop long… Mon monologue de l’Ogre… Vos pisse-copies écriront demain que c’était surjoué… Pathétique… Ils me mangeaient, hier encore, dans la main d’or… Tous ces critiques, ces ratés sympathiques…Je vais vous dire ce que je pense… Pour finir… Je pense que le cinéma c’est fini… Pour un mammouth comme moi… Je pense que mon temps est fini… Voilà tout »…

Assis sur tabouret, ne pouvant plus rester longtemps debout, Gérard Depardieu prenait la parole, au tribunal correctionnel de Paris, lors de son procès pour agression sexuelle, harcèlement sexuel et outrage sexiste sur deux femmes pendant le tournage du film de Jean Becker, « Les volets verts », en 2021, procès instruit depuis ce lundi 24 mars 2025 devant le tribunal correctionnel de Paris.


« J’ai entendu ses hurlements, ses cris de colère, ses provocations mais je n’ai jamais, moi Fanny Ardant, assisté à un geste que j’aurais trouvé choquant », a déclaré pour sa part son amie Fanny Ardant.

Sarah Cattan


Quitter la version mobile