Depuis le 7 octobre, Rami Abou Jamous est omniprésent dans les médias francophones. Mais d’où ce résident de Gaza tient-il sa maîtrise du français ? Pourquoi bénéficie-t-il d’un tel accueil sur tous les grands médias ?
— InfoEquitable (@InfoEquitable) March 27, 2025
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Il est le fils d’un propagandiste de l’OLP: découvrez l’un des journalistes stars de Gaza
Depuis le 7 octobre, il est omniprésent dans les médias francophones. Mais d’où ce résident de Gaza tient-il sa maîtrise du français ? Pourquoi bénéficie-t-il d’un tel accueil sur tous les grands médias ?
On le voit presque quotidiennement sur Radio France, France Télévisions, France 24, RFI, RTS en Suisse, Radio-Canada, principaux médias publics de leurs pays respectifs; mais aussi sur des canaux privés comme BFMTV ou Le Monde, sans compter des médias plus ouvertement pro-palestiniens comme Orient XXI… Partout on lui tend le micro.
La voix chaleureuse, la bouille rondouillarde (pas trop marquée par la prétendue « famine », mais nous verrons plus bas qu’il est suffisamment connecté pour être bien nourri quoi qu’il arrive !), il a un air sympathique qui donne envie de lui faire confiance.
On le présente toujours comme un simple « journaliste palestinien ». Et on l’écoute presque religieusement. De toutes les interviews que nous avons vues, pas une fois un présentateur n’a émis de réserve par rapport à son invité. Au contraire, bien souvent les intervieweurs lui facilitent le travail, sur le mode « racontez-nous dans quelle misère vous vivez ».
Or Rami Abou Jamous ne donne pas dans la demi-mesure. Quand il ne parle pas des otages israéliens comme de « prisonniers », il affirme qu’Israël commet à Gaza un « génocide ». Un « gazacide », même !

Parfois quelques auditeurs se plaignent de ses excès et de l’absence de contradicteurs à l’antenne, comme ici auprès de la médiatrice de Radio France, mais rien ne l’arrête.
Les médias qui l’invitent savent parfaitement à quoi s’attendre. Ses efforts pour nier les exactions du Hamas le 7 octobre sont connus. Dans cet extrait d’une interview à la télévision canadienne qu’InfoEquitable a largement diffusé, Rami Abou Jamous affirme que les viols et massacres du 7 octobre étaient une manipulation israélienne :
Écoutez Rami Abou Jamous, récompensé par le @PrixBayeux et invité régulier des grandes chaînes, clamer que les massacres et viols du 7 octobre étaient une manipulation israélienne. Diffusez cet extrait partout où sa publicité est faite pour que ce #négationniste soit démasqué ! https://t.co/vl26ktBvbT pic.twitter.com/TtFH9PVtNw
— InfoEquitable (@InfoEquitable) October 12, 2024
« On sait très bien comment les Israéliens ils pensent. Vous-même au début vous étiez manipulés par la version israélienne quand ils ont commencé à dire que (lors de) l’attaque du 7 octobre les Palestiniens de Gaza ils ont décapité les têtes des enfants, ils ont tué les femmes, ils ont violé les femmes, et Nétanyahou lui-même il a montré des photos des enfants de Gaza en disant que c’étaient des Israéliens, donc la manipulation est toujours sur place »
Ce négationnisme ne l’a pas empêché d’être récompensé par le prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre (un prix qui, avec ce genre de lauréats, dévoie la mémoire des soldats qui ont libéré l’Europe lors du Débarquement de 1944, cette même Europe qui comme Israël est aujourd’hui assaillie par les islamistes…). Cette reconnaissance a été saluée à haut niveau, jusqu’au Quai d’Orsay qui l’a félicité :
La France félicite le journaliste palestinien Rami Abou Jamous, qui a reçu plusieurs récompenses lors de la toute dernière édition du prix des correspondants de guerre Bayeux-Calvados Normandie pour ses reportages à Gaza en collaboration avec plusieurs médias français.
— France Diplomatie 🇫🇷🇪🇺 (@francediplo) October 14, 2024
Ce prix… https://t.co/hvVUFqzeUJ
Ce soutien institutionnel, cette maîtrise étonnante du français, cet accès privilégié à tous les grands médias… Comment Rami Abou Jamous en est-il arrivé là ? Pour le comprendre, il faut se pencher sur son parcours.
Dans le Journal de bord de Gaza de Rami Abou Jamous, le journaliste Pierre Prier livre une présentation instructive.
Il nous apprend que, « Né à Beyrouth, Rami est arrivé à Gaza en 1994, en même temps que Yasser Arafat. Son père, Souleimane, l’un des fondateurs de l’agence de presse Wafa, s’y est installé avec le raïs, après les accords d’Oslo (…). Rami, qui avait commencé à apprendre le français à Tunis (ndlr où l’OLP, et donc son père à la suite d’Arafat, s’était installée après avoir dû quitter Beyrouth en 1982), part suivre des études d’ingénieur à Aix-en-Provence grâce à une bourse du Centre culturel français de Gaza », avant de rejoindre Gaza où il « s’insère dans l’embryon d’administration palestinienne comme porte-parole de l’agence Wafa, puis comme fonctionnaire du ministère de l’Intérieur de l’OLP ».
Après l’arrivée au pouvoir du Hamas, il perd son poste et c’est alors que « les correspondants et reporters français ont découvert ce jeune francophone qui pouvait leur ouvrir toutes les portes ». Il devient ce qu’on appelle un fixeur, ces guides locaux qui chapeautent les correspondants étrangers et opèrent sous le contrôle étroit du Hamas (lire à cet effet l’articlequ’InfoEquitable a consacré à cette thématique). « Parallèlement, Rami a créé la Maison de la presse, centre d’aide, d’accueil et de formation pour les journalistes gazaouis. Le 7 Octobre, qui entraîne l’interdiction par Israël du petit territoire à la presse étrangère, propulse Rami Abou Jamous au premier plan. Il devient journaliste à part entière. »
Rami Abou Jamous est donc un ancien fonctionnaire de l’Organisation de Libération de la Palestine, et fils d’un notable de l’OLP qui a participé à la fondation de l’organe de propagande de l’organisation terroriste. Père et fils, tous deux sont engagés dans la promotion de la « cause palestinienne » !
Et c’est la France qui a financé ses études. Le soutien du Quai d’Orsay pour la récompense octroyée en France au « journaliste » s’inscrit dans la continuité de relations anciennes avec les officiels palestiniens.
Les activités du père de Rami, de son nom complet Walid Ibrahim Suleiman Abu Jamous et connu également comme Abou Ramzi, sont davantage détaillées dans cet article publié à sa mort : « Il fut l’un des premiers à rejoindre l’Agence de presse palestinienne (WAFA) lors de sa fondation en 1972 ». On apprend aussi que l’implication de Walid Abu Jamous dans l’agence lui avait valu le surnom de Sulayman Wafa et que Yasser Arafat, dont il était très proche, le considérait comme le représentant officiel de l’Agence WAFA. Walid Abu Jamous « a continué à diriger les opérations quotidiennes de l’agence tout au long de son séjour en Tunisie, en tant que directeur adjoint de l’agence et rédacteur en chef, jusqu’à la signature des accords d’Oslo en 1993. ».
Devenu « fixeur », le fils Rami a eu la possibilité d’influencer la plupart des correspondants étrangers qui informent sur Gaza et, désormais, il influence directement le public à travers ses interventions télévisées et radiophoniques durant lesquelles il est présenté comme simple journaliste. Il fait ces jours-ci la tournées des plateaux pour présenter son dernier livre avec une visibilité que bien des auteurs moins bien introduits doivent lui envier.
Son père était donc l’un des principaux propagandistes d’une organisation terroriste qui commettait des attentats et avait juré la destruction d’Israël. Rami fait aujourd’hui vivre cet héritage depuis Gaza. Ce n’est pas pour rien qu’il a nommé ses deux enfants, qu’il met souvent en scène, Walid et Ramzi.
Arafat est mort, mais ses propagandistes sont toujours là.