Existe-t-il aussi des Yarden Bibas à Gaza? Vont-ils se manifester ?

Le conflit israélo-palestinien vu de l’athée

Laïc militant, athée et anticlérical, je n’ai aucune raison de me sentir plus proche spirituellement d’un juif que d’un chrétien, d’un musulman ou d’un pastafariste. Les fois des uns et des autres me sont aussi étrangères que la passion pour le tricot ou la pratique du curling, les cérémonies religieuses m’assomment d’ennui et les rites m’évoquent des tocs. Quant aux prières, elles me mettent mal à l’aise : pourquoi donc parler dans ce qui est pour moi le vide ? Plus jeune, j’éprouvais même une vague condescendance à l’égard des croyants de toutes obédiences car j’assimilais la religion à une béquille pour les esprits fragiles et incapables d’assumer « la certitude visqueuse de la mort », pour reprendre l’expression de l’écrivain juif et athée Jacques Sternberg (on notera au passage qu’un juif peut être athée, laïc et même apostat sans être condamné à mort par les siens…).

Bref, tout ceci pour préciser que, dans le conflit israélo-palestinien, je ne suis prisonnier d’aucun dogme religieux qui me conduirait à choisir un camp. Bien sûr, je ne soutiens pas le Hamas, car, exceptés certains élus français d’extrême-gauche, nul n’est assez obscène pour qualifier de « résistants » des sociopathes qui négocient sordidement la restitution d’ossements d’un bébé qu’ils ont étranglé. Mais je ne soutiens pas davantage un Netanyahou de plus en plus autocratique et qui poursuit inlassablement le processus illégal et belligène de colonisation.

Totalement dépourvu d’illusions sur la possibilité du vivre-ensemble tant que la population gazaouie sera sous l’emprise idéologique de l’islamisme le plus réactionnaire, je suis donc partisan de la solution à deux états. D’ailleurs, il y a aujourd’hui bien trop de haine entre les deux peuples pour envisager une quelconque réconciliation à court terme. En effet, le pogrom sanglant du 7 octobre et les bombardements meurtriers sur Gaza qui ont suivi ont conduit de très nombreux israéliens et palestiniens à une inexorable logique de vendetta. Moi-même, si j’étais israélien ou palestinien et que j’avais perdu un ou des proches, je serais probablement hanté par la volonté de vengeance et j’y consacrerais ma vie, quitte à la perdre. En effet, tout le monde n’a pas la dignité, la résilience et l’empathie de Yarden Bibas : voilà un homme qui a perdu plus que sa propre existence, voilà un père et un époux qui évolue désormais dans un monde de souffrance au-delà de toute compréhension humaine, et qui, pourtant, trouve la force et la générosité de penser au salut des otages israéliens encore aux mains de ceux qui ont assassiné sa famille…

Dans cette guerre, le héros n’est certainement pas le terroriste qui assassine des petits enfants à mains nues ou l’aviateur qui bombarde des civils utilisés comme boucliers humains ; le véritable héros, c’est Yarden Bibas. Lors des funérailles de ses enfants Kfir et Ariel ainsi que de son épouse Shiri, Yarden Bibas n’a pas appelé à l’anéantissement des palestiniens, il n’a pas exigé que sa peine infinie soit diluée dans le sang gazaoui ; il a d’abord exprimé son amour pour sa famille disparue, puis il a qualifié, simplement et sobrement, les terroristes du Hamas de « monstres ».

« Monstres » : ce n’était pas un jugement de valeur, ni même une condamnation de la part du père et époux endeuillé, c’était juste un constat lucide. Un individu qui étrangle des enfants devant leur mère se retranche lui-même de l’humanité pour devenir un monstre et il est vain de chercher à comprendre un monstre : il faut seulement l’isoler à tout jamais.

Je n’ai pas foi en dieu, j’ai foi en Yarden Bibas car c’est avec des Yarden Bibas que l’on construit la paix. Et c’est parce que les hommes de sa trempe et de son élévation morale sont rares que la paix est rare. Existe-t-il aussi des Yarden Bibas à Gaza ? Vont-ils se manifester ? La paix ne se fera jamais sans eux.        

© Marc Hellebroeck

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3 Comments

  1. Magnifique ! Je ne partage pas toutes ses idées mais je reconnais l’accent de son discours : celui de l’émotion et de la sincérité . Non , il n’y a pas de Yarden Bibas à Gaza . Il y en aura dans quelques dizaines d’années . Peut être …

  2. Marc Hellebroeck commence par expliquer en long et en large qu’il n’est pas du tout mais alors pas du tout religieux.çà c’est fait;Yarden Bibas a été libéré des griffes du hamas aprés 500 jours de captivité. les terroristes du hamas lui ont fait croire qu’il allait revoir son épouse et ses enfants alors que ces monstres avaient déjà assassiné sa famille.ces terroristes sont evidemment des tueurs des violeurs des menteurs des voleurs et des kidnappeurs . Quand Mr Hellebroeck militant de gauche et pour deux états demande: y-a-t-il des Yarden Bibas à Gaza, il sous-entend qu’il aurait pû arriver à un gazaoui ce qui est arrivé à la famille de Yarden, c’est à dire que l’armée israélienne aurait pris en otage un gazaoui, et assassiné sa famille. et je vois Yarden Bibas qui fait l’éloge de sa famille, qui leur demande pardon de n’avoir pas su les protéger qui parle de son amour pour eux qui dit que Ariel fait toujours ses blagues au paradis qui font rire les anges,Yarden avec sa kipa,parle de son bonheur perdu.

  3. Netanhyahu a fait les seules choses qu’il était possible de faire. On n’entend pas beaucoup la stratégie de la gauche si ce n’est la critique du 1er ministre. En fait, comme d’habitude ils n’ont pas d’idée sauf celle obsessionnelle de vouloir prendre le pouvoir.

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