
La haine, sous toutes ses formes, a toujours eu besoin du mensonge pour se justifier. L’histoire en témoigne : les idéologies haineuses ne peuvent prospérer sans la fabrication de mythes, de calomnies et d’accusations infondées contre leurs cibles. Aujourd’hui, l’antisémitisme ne déroge pas à cette règle et se nourrit d’un ensemble de contre-vérités visant Israël, présenté de manière fallacieuse comme un État d’occupation, un régime d’apartheid, voire un acteur d’un génocide imaginaire. Ces mensonges ne sont pas de simples erreurs d’appréciation ou des critiques légitimes : ils constituent le socle même sur lequel repose le déferlement antisémite actuel à travers le monde.
Depuis des siècles, l’antisémitisme s’est toujours appuyé sur des représentations déformées des Juifs pour justifier leur persécution. Que ce soit à travers les accusations de déicide au Moyen Âge, les théories conspirationnistes des temps modernes, ou encore les stéréotypes économiques et sociaux, la haine des Juifs a constamment cherché à s’enraciner dans une rhétorique qui en fait des coupables désignés. Aujourd’hui, cette même logique est appliquée à Israël, l’État juif, qui est diabolisé sur la scène internationale comme jadis l’étaient les Juifs en tant qu’individus.
En Occident, où l’héritage de la Shoah a rendu l’antisémitisme explicite moralement inacceptable, une partie de ceux qui nourrissent cette hostilité ont trouvé un moyen de la rendre socialement acceptable en la dissimulant sous le masque de l’antisionisme. Ce rejet d’Israël, lorsqu’il nie le droit même de cet État à exister ou l’accuse de tous les maux imaginables, relève bien souvent d’un transfert de l’antisémitisme traditionnel vers une haine du Juif collectif qu’est l’État d’Israël. Il ne s’agit plus seulement d’attaquer des individus juifs, mais de délégitimer leur existence nationale.
Dans le monde musulman, où la Shoah est largement niée ou minimisée, l’antisémitisme se manifeste de manière plus directe et explicite. L’image du « yahoud » (le Juif) y reste ancrée dans une rhétorique de rejet et de soumission héritée de siècles de dhimmitude, où les Juifs vivaient sous un statut de citoyens de seconde zone, tolérés mais soumis. Cette vision essentialiste se traduit aujourd’hui par des discours qui appellent ouvertement à l’élimination ou à l’assujettissement des Juifs, perçus comme des ennemis mortels. Cette haine, nourrie par des prêches religieux, des manuels scolaires et des médias, dépasse largement la seule question d’Israël et constitue une continuation moderne d’un antisémitisme historique profondément enraciné.
Ainsi, qu’il s’exprime sous une forme subtile en Occident ou de manière brutale dans certaines sphères du monde musulman, l’antisémitisme contemporain reste animé par la même mécanique du mensonge et de la diabolisation. C’est en déconstruisant ces récits fallacieux et en réaffirmant la vérité que l’on peut espérer combattre efficacement cette haine ancestrale qui, loin d’avoir disparu, s’adapte et se renouvelle au gré des époques et des contextes.
© Charles Rojzman
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