
Au fil des évènements, Tsahal a pu récupérer de multiples documents dont l’authenticité a été confirmée par les autorités. Ce qui en a permis la publication. Ce qui peut nous aider à mieux comprendre la tragédie du 7 octobre.
N’en déplaise à certains de nos politiciens, ceux qu’ils appellent « résistants » n’ont d’autre raison d’être et d’agir que la destruction d’Israël.
Libellée « entité sioniste » tant par ce groupe terroriste que leurs relais en Europe, Israël – seul ilôt de démocratie au Moyen Orient – est nécessairement illégal et donc aussi immoral. C’est précisément en analysant cette démocratie que « l’axe de la résistance » dirigé par l’Iran a trouvé des failles. Cette analyse a conduit les dirigeants du Hamas, Yaya Sinwar en tête, à concevoir comme crédible la possibilité de détruire Israël. A partir du moment où la « bande des trois », « Iran-Hamas-Hezbollah », a perçu Israël comme affaibli et vulnérable, la décision de bâtir un plan commun a pris forme.
Manifestement Israël n’a pas saisi ce changement de paradigmes et cette nouvelle stratégie.
L’attaque tragique du 7 octobre aura été le point d’orgue de ce plan. Il a réussi en partie, compte tenu de la situation crée mais il a échoué car sa finalité, l’édification d’un état palestinien « from river to the sea », n’a pas abouti.
La création d’un narratif palestinien
A partir de l’analyse faite par les trois participants de l’axe de la résistance il y a plusieurs années, ses théoriciens ont créé une socle idéologique adossé à deux piliers :
Le concept historique:
Ses idéologues ont développé et réussi à ancrer et à transposer une période de l’histoire régionale à leur profit. De quoi s’agit-il ? Au fil des croisades, il y eut 4 états latins dont le royaume de Jérusalem de 1099 à 1291.
AKKO, Saint Jean d’Acre, fut la dernière capitale des Croisés. Les Croisés reprennent la ville, alors aux mains de Saladin le 12 juillet 1191 alors que Saladin l’avait conquise en 1187. Une trêve est conclue entre Saladin et Richard Cœur de Lion.
Saladin décède en 1193. En avril 1291 le sultan mamelouk s’empare de Saint Jean d’Acre. Ce fut la fin du royaume de Jérusalem et de la présence des Croisés de Palestine, de même que face aux Mongols le sultanat Mamelouk avait arrêté les Mongols à Aïn Djalout en 1260 avant d’achever la reconquête des États Latins en 1291.
Art. 35 de la Chartre du Hamas de 1988
Ce qui précède donne consistance au raisonnement soutenu, à savoir que tôt ou tard les étrangers seront chassés. De sorte que le Hamas, aux yeux de sa population et au-delà, de la « rue Arabe », est identifié et s’autodésigne comme « successeur de Saladin et de ses suivants ».
C’est précisément ce concept de trêve que le Hamas, pour qui ce n’est qu’une pause pour ensuite reprendre les hostilités et la violence, a mis en œuvre à plusieurs reprises avec Israël la HUDNA( Israël a accepté plusieurs trêves ces dernières années, pensant pouvoir contrôler la situation en acceptant un conflit larvé, qualifié de basse intensité (c’est le concept en vigueur). Outre « la trêve », ses dirigeants ont également considéré que le temps jouait en leur faveur. On a vu comment, au sud comme au nord...
Le concept religieux
Les dirigeants du Hamas, conscients des réalités, ont parfaitement intégré et donné force au second pilier de leur socle idéologique : la religion. Ils ont puisé dans l’idéologie des Frères Musulmans dont ils sont une émanation. Ils ont donc inclu ces paramètres dans leur stratégie, s’en inspirant et intégrant deux paramètres :
La Patience, le SABR (Sourate Luqman 17-19) « PERSISTANCE, PERSÉVÉRANCE (pierre angulaire de la Foi musulmane…. Supporter l’injustice dans l’attente du salut) nous avons le temps », et la notion de TAQIYYA (précaution consistant à dissimuler sa foi afin d’éviter la persécution. Tel que le Prophète l’aurait utilisé, selon les experts de la tradition coranique. Par extension, c’est devenue l’art de la dissimulation au sens le plus large, dont les terroristes ont fait et font un large usage (Tel qu’enseignée dans les camps d’Al Qaeda).
Le hadith a également été cité comme justifiant théologiquement la taqiyya . Un hadith en particulier mentionne que Mahomet a attendu 13 ans, jusqu’à ce qu’il puisse « gagner un nombre suffisant de partisans loyaux », avant de combattre ses puissants ennemis polythéistes à La Mecque. Une histoire similaire raconte comment Ali, le quatrième Calife et gendre de Mahomet, a suivi le conseil de Mahomet de s’abstenir de combattre jusqu’à ce qu’il ait « le soutien de quarante hommes ». Certains interprètent ces légendes comme des exemples de taqiyya . En évitant de combattre les ennemis de l’islam jusqu’à ce qu’ils puissent rassembler une force militaire et un soutien suffisant, Alī et Mahomet ont préservé non seulement leur propre vie, mais aussi leur mission divine de propager la foi
La trêve ou plutôt les trêves
Actuellement, entre le conflit en Ukraine et celui de Gaza, on confond allègrement plusieurs concepts. On parle de « cessez-le-feu » ici, là de « trêve ».
Entre Israël et le Hamas, comme les faits le démontrent, il ne s’agit que de suspension provisoire des combats, en vue de leur reprise. Ce faisant, vis à vis de sa population, l’organisation a pu et su jouer sur deux tableaux, l’historisation : elle s’est créé une Histoire et en se référant au Prophète, elle s’est dotaée d’une dimension religieuse. Combattre au nom du Prophète ne pouvait que trouver un écho dans la rue Arabe et aussi chez certains de ses dirigeants.
On ne souligne pas suffisamment que la relation entre l’organisation terroriste et Israël est littéralement une suite ininterrompue de « pauses »: On dit les trêves… à l’initiative du Hamas, qui les a rompues à sa convenance. Pour mémoire, on ne compte pas moins de 5 suspensions provisoires des combats, en 2009, 2012, 2014, 2021 et depuis octobre 2023.
Ce qui est bien la démonstration que l’organisation terroriste et ses alliés de l’axe de la résistance n’ont jamais faibli dans leur objectif d’effacer Israël de la carte. A l’appui de cette théorie, rappelons que le Hamas a proposé « une trêve de 5 à 10 ans » pour mettre fin aux combats actuels. On croit faire un mauvais rêve. Pourtant c’est bien ainsi que les événements ont eu lieu depuis 15 ans, sans compter les lancements de rockettes sur le sud du pays depuis des années.
Enfin, dans les documents découverts par Tsahal, il serait fait état d’une conférence qui aurait eu lieu en septembre 2021, intitulée « La promesse de la fin des temps » ( la Palestine après sa libération). On en était déjà à l’après disparition d’Israël, selon les plans en préparations depuis des années. Feu Yaya Sinwar aurait déclaré: « Nous parrainons cette conférence car elle est conforme à notre évaluation selon laquelle la victoire est proche et que la libération complète de la Palestine de la mer au fleuve est au cœur de la vision stratégique du Hamas… le conflit ne peut prendre fin qu’avec la mise en œuvre de la promesse de victoire et de contrôle qu’Allah nous a donnée afin que notre peuple puisse vivre dignement dans son état avec Jérusalem comme capitale »;
Ceux qui mettraient encore en doute les intentions de l’organisation doivent revoir leur copie, définitivement, et se rendre à l’évidence : qualifier de « résistants » ceux qui n’ont d’autre objectif que de réaliser un génocide n’est pas une erreur, c’est une faute grave et un déni de réalité ou l’antisionisme se confond avec l’antisémitisme. Il est à espérer qu’Israël a intégré totalement cette perspective. A défaut, les mêmes causes reproduisent les mêmes effets, au sud comme au nord.
Ainsi va le monde.
© Francis Moritz
Francis Moritz a longtemps écrit sous le pseudonyme « Bazak », en raison d’activités qui nécessitaient une grande discrétion. Ancien cadre supérieur et directeur de sociétés au sein de grands groupes français et étrangers, Francis Moritz a eu plusieurs vies professionnelles depuis l’âge de 17 ans, qui l’ont amené à parcourir et connaître en profondeur de nombreux pays, avec à la clef la pratique de plusieurs langues, au contact des populations d’Europe de l’Est, d’Allemagne, d’Italie, d’Afrique et d’Asie. Il en a tiré des enseignements précieux qui lui donnent une certaine légitimité et une connaissance politique fine. Fils d’immigrés juifs, il a su très tôt le sens à donner aux expressions exil, adaptation et intégration. © Temps & Contretemps
Merci Monsieur Moritz pour ce partage des faits historiques. Vous signifiez, par votre connaissance des faits, la différence qu’il y a lieu de faire entre croire et savoir.
Puisse Israël vivre en paix !