
Les media subissent depuis le début du XXème siècle une dégradation ubuesque de leurs fonctions.
Toutes opinions confondues, il est désormais difficile de comparer le journalisme de Pierre Desgraupes, Françoise Giroud et tant d’autres, en France, ancienne puissance de Journalisme et dans le Monde, au journalisme d’aujourd’hui.
Dans un premier temps, l’un des principes sacrés du journalisme, tel qu’enseigné dans les écoles de journalisme et pratiqué par les journalistes des Etats démocratiques, était la séparation hermétique entre l’information qui est la relation des faits et l’ « opinion » qui est l’avis du journaliste ou du media ou du groupe de presse.
Les témoignages en ce sens sont écrits et enregistrés par les voix des patrons de presse pendant la période de la Libération.
Dans un deuxième temps, l’ « opinion » a supplanté l’information par l’occupation des « Unes » et de la hiérarchie des pages écrites, radio, et télédiffusées.
Dans une troisième temps, celui que vivent les lecteurs, auditeurs, téléspectateurs, et surtout les internautes, l’opinion, qui est l’expression politique, éthique et sociale, a partagé l’espace assigné avec le « commentaire », surpuissant, inutile, présomptueux, et qui efface tout sur son passage, à commencer par les faits eux-mêmes!
Enfin, le domaine numérique et ses composants a permis l’exagération sans limite de la manipulation des faits et de l’Information, préexistante à un niveau réduit.
Plusieurs conséquences à la dégradation éthique de l’Information des publics
Une première conséquence de cette déprédation professionnelle et éthique est le rapprochement technique des media évoluant en régimes démocratiques et les propagandes des régimes autoritaires, majoritaires dans le Monde.
Une seconde conséquence est la multiplication des commentaires qui entraine la multiplication des versions du même fait! C’est ainsi que les faits avérés sont contestés, escamotés, réduits ou augmentés selon le commentaire du « journaliste »!
Une troisième conséquence est la consternation des personnes réellement informées à la prise de connaissance de faits effacés, tronqués, mentis, dans des media destinés aux publics larges au profit des avis et commentaires si différents de la relation des faits: la propagande.
Une quatrième conséquence est l’embrigadement des publics.
La distorsion des faits profite aux commentaires et aux commentaires de commentaires et ainsi de suite.
Elle ne permet aucune compréhension des sujets prétendument traités et développés avec parfois une insidieuse minutie.
Ce système de propagande protocolaire permet l’embrigadement grégaire des publics, victimes de la confiance accordée à ceux qui pensent comme eux.
Il permet par dessus tout la division des personnes sur la base de faits inavérés ou / et phagocytés par les commentaires et les opinions partiales des uns et des autres, en les séparant hermétiquement.
Les media qui doivent garantir la liberté de conscience et d’expression adviennent des auxiliaires idéologiques.
A cet égard, l’exemple le plus flagrant est le traitement de l’Information entre Israël en défense et les organisations criminelles de Gaza et du Liban.
Sans avoir besoin de développer plus avant, les faits indiquent « d’eux-mêmes » Israël comme agressé et les organisations criminelles gazaouies et libanaises, Gaza et le Liban comme agresseurs perpétuels.
Malgré ceci, les media aux services des propagandes idéologiques et génocidaires présentent la victime israélienne comme agresseur et génocidaire et les agresseurs gazaouis et libanais comme victimes!
La seule chance laissée à la vérité des faits est qu’à la différence de l’Information, la propagande se déconstruit aisément. Encore faut-il pour ceci ne craindre aucun sévice personnel, communautaire, politique et surtout financier!
© Pierre Saba
16 mars 2025
Deux erreurs dans cet article :
1) d’abord les « États démocratiques ». C’était encore vrai il y a un demi-siecle. En 2025, c’est complètement anachronique. La désinformation et l’embrigadement totalitaire dans nos « États démocratiques » dépasse désormais, et même à de nombreux niveaux, ceux de l’URSS. Sans Internet, notre situation serait proche de celle de la Chine voire de l Corée du Nord.
2) Deuxio : la désinformation et l’embrigadement totalitaire sont principalement issus des universités, des écoles et des médias traditionnels. Ce sont au contraire « le domaine numérique et ses composants » qui nous permettent d’obtenir des informations fiables sur certains sujets essentiels. Sans Internet, par exemple, il n’y aurait pas de Tribune Juive ou d’info équitable : II n’y aurait que Le Monde, LCI, TF1, Liberation, France Inter, France TV, France 24…
God bless Internet.
J’ai connu le quotidien «
Le Monde » il y a des dizaines d’années . Il vendait 100 mille exemplaires alors que France Soir était à un million !
Hubert Beuve- Mery et Jacques Fauvet étaient directeur et rédacteur en chef .
Le quotidien était un must pour les élèves de Sciences Po . Tous les articles avaient un titre informatif puis un « chapeau « de quelques lignes en gras relatant les faits dûment vérifiés . Ensuite venait le corps de l’article qui était une analyse plutôt que l’opinion du rédacteur . Du vrai, du bon journalisme , celui des reporters et non pas la mise en valeur des cuistres !