
Comme d’habitude, ça commence par un antisémite, Haman ( Hamas ? ), obsédé par les juifs, et qui finit dans une poubelle.
Temporairement, car tout est un éternel recommencement dans l’histoire juive.
Tout est inversé dans cette fête, c’est un faux-semblant, le dénouement en forme de happy end, peut laisser sceptique.
Les juifs ont-ils vraiment vaincu l’antisémitisme à Pourim ?
J’ai comme un doute.
…
La lecture du parchemin, la « Meguila d’Esther », que l’on déroule, que l’on découvre, nous raconte, pour la première fois, le statut des juifs dans la diaspora. L’antisémitisme, la dépendance des juifs au pouvoir en place, bienveillant ou pas.
Le marranisme, cette obligation de se dissimuler pour survivre.
C’est la première fois que dans un texte religieux, le nom de Dieu est absent.
Ou caché, pour les plus optimistes.
…
Franz Kafka connaissait assez peu la religion et la culture juive.
Mais il aimait beaucoup Pourim que l’on fête ce soir.
Dans son Journal, il raconte que c’est Jizchak Löwy, qui dirige alors une troupe de théâtre yiddish, qui lui fait découvrir l’univers des shtetl de l’Europe orientale.
Kafka se passionne pour le théâtre yiddish qu’il trouve un peu « shmaltz » ( sentimental), mais plein de saveur.
Il demande à Löwy d’écrire un texte pour la revue que dirige Martin Buber. Löwy y explique que son amour du théâtre est né de la fête de Pourim :
« Pour mes parents à la piété hassidique qui vivaient à Varsovie, le théâtre « trefe » ( viande non casher) n’était rien d’autre que « hazer » ( porc ).
C’est seulement à Pourim, qu’il y avait un théâtre, car alors cousin Chaskel collait une grande barbe noire sur sa petite barbe blonde, mettait son caftan à l’envers et jouait le rôle d’un amusant commerçant juif – mes petits yeux d’enfant ne pouvaient pas se détacher de lui. De tous mes cousins c’était mon préféré, son exemple m’occupait tout le temps, et j’avais à peine huit ans que je jouais déjà au Cheder ( école), comme cousin Chaskel.
Une fois le Rabbin parti, avec mes camarades je montais de petites pièces de théâtre, j’étais directeur, metteur en scène, bref je faisais tout, et c’est moi qui ensuite étais le plus sévèrement battu par le Rabbin.
Mais ça ne me gênait pas ; le Rabbin nous battait, mais nous, nous avons imaginé chaque jour de nouvelles pièces de théâtre. Et toute l’année nous passions notre temps à espérer et à prier ; que Pourim vienne et que je puisse voir à nouveau cousin Chaskel se déguiser.»
Jizchak Löwy a péri en 1942, dans le camp d’extermination de Treblinka.
Les livres de Kafka ont été brûlés par les nazis.
Haman n’a pas fini pendu, ou alors c’est un de ses clones. Les autres sont toujours là et placardent des affiches antisémites.
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Joyeuse fête de Pourim
© Daniel Sarfati
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