
Depuis le début de l’offensive russe en Ukraine en février 2022, on entend comme un mantra que Poutine ne s’arrêtera pas là et que, suivant son plan impérial de reconstitution de l’empire Russo-soviétique, cette invasion n’est qu’un prélude à l’attaque des pays baltes, et qu’ensuite ce sera le tour de la Pologne pour désenclaver Kaliningrad, puis enfin ce sera le tour de Berlin et pourquoi pas Paris en passant par le siège de l’OTAN à Bruxelles. Raison pour laquelle il faut soutenir les Ukrainiens qui NOUS défendent contre les velléités expansionnistes de Poutine, soit une guerre préventive par procuration.
Ce mantra est rapidement devenu un axiome servant à soutenir l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie auprès de l’opinion publique européenne surtout.
Ainsi, la fabrique de l’opinion et le formatage des consciences tournent à plein régime depuis trois ans grâce au médias officiels et aux chancelleries européennes et américaine de l’ère Biden.
Le 24 février 22, je l’écrivais déjà dans un article publié le 9 mars 2022, « L’Empire du Bien contre-attaque »
https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/lempire-du-bien-contrattaque
« Après deux années d’intoxication par la propagande anti covid, nous voilà à présent sommés d’adhérer à la propagande binaire anti-Poutine pro-Ukraine. Tout le monde s’y est mis du jour au lendemain, individus, associations, institutions, organismes, services publics, partis politiques, médias, même l’opérateur des télécoms belges Proximus s’est récemment fendu d’un nouveau logo défilant « Stop invasion », comprenez que la guerre c’est mal et que la paix c’est bien, l’Empire du Bien cher à Philippe Murray n’a jamais aussi bien porté son nom. Hier c’était au nom de la santé, aujourd’hui c’est au nom d’une morale convenue à deux balles. »
Trois ans plus tard, non seulement rien n’a changé mais tout a empiré dans cet Empire convaincu de détenir le monopole du Bien au nom des valeurs dites « universalistes », « humanitaires » et « droit-de-l’hommistes ».
Depuis la victoire de Trump et l’épisode hallucinant du bureau ovale où l’on a pu assister en direct à un règlement de compte à OK Washington entre un Zelenski passablement débordé par ses émotions et le couple Vance/Trump décidé à abattre l’homme fort de Kiev, le cours de l’histoire s’est emballé tout en faisant paniquer les européens.
Ceux-ci se sont brutalement réveillés le lendemain, se sentant seuls face à l’ours russe, persuadés qu’ils seront les prochains sur la liste. Branle-bas de combat, sonnez le tocsin, en 48h Macron et Starmer filent à Washington, Zelenski part à Londres pour rejoindre dans les coulisses un sommet sur la sécurité improvisé à 11 et duquel il n’en sortira que des paroles creuses et de vaines incantations car soyons sérieux, l’Europe combien de division sans les Etats-Unis ? Pas grand-chose.
L’Ukraine peut-elle continuer la guerre longtemps sans le soutien des Etats-Unis ? La réponse est non. Les Européens peuvent-ils accorder des garanties de sécurité sérieuses à cette même Ukraine sans le soutien des Etats-Unis ? La réponse est encore non. Les Européens peuvent-ils, pour eux-mêmes, se doter rapidement d’une défense crédible sans le soutien des Etats-Unis ? La réponse est toujours non.
Alors ?
Comme souvent le monde est divisé en deux catégories : le camp du Bien, majoritaire officiellement car on ne connaît pas l’état de l’opinion publique faute de référendum, persuadé que l’Ukraine n’est qu’un prélude à une offensive ultérieure vers l’ouest et qu’il faut s’y préparer, et les autres qui n’adhèrent pas à cette vision et qui pensent que Poutine ne veut que la neutralisation de l’Ukraine depuis son arrivée au pouvoir, son crédo étant « pas d’Ukraine dans l’OTAN, pas d’OTAN en Ukraine ».
Deux visions diamétralement opposées qui impliquent des conséquences aussi très opposées.
Or, personne en Europe n’est dans la tête du maître du Kremlin, ni proche de son entourage hormis les espions, et encore.
Par conséquent, nous sommes tous livrés à spéculer sur base d’informations très souvent erronées, contradictoire, invérifiables et lacunaires et il faut naviguer entre les discours propagandistes et les faits vérifiables pour se faire une opinion un peu charpentée.
Toutefois, que l’Europe doive enfin se réveiller et construire une architecture de sécurité et une Europe de la défense crédible et dissuasive envers la Russie ou tout autre ennemi, c’est une évidence. L’Europe, vassalisée et infantilisée depuis 1945 et l’opération « Overlord » de 1944, qui rappelons-le signifie « Suzerain », n’a jamais grandi et s’est constituée en un ensemble économique hétéroclite de nations et d’états culturellement et économiquement très différents, sans défense commune et sans réelle politique étrangère commune, vivant à l’abri du parapluie nucléaire américain. Nous sommes très loin de la fédération des États-Unis d’Europe. Mais la brutalité de Trump aura eu au moins le mérite de révéler ces défaillances européennes au grand jour et c’est tant mieux, il était temps après 80 années de torpeur et de déni de réalité.
L’Europe doit-elle pour autant se préparer à la guerre ? Si vis pacem, para bellum « Si tu veux la paix, prépare la guerre ». Là encore c’est une évidence, en général il vaut mieux être préparé qu’être démuni et pris au dépourvu et il eût fallu construire une Europe de la défense autonome il y a 30 ou 40 ans au moins.
Cependant la question est de savoir si la Russie prépare vraiment cette guerre contre l’Europe, le régime de Poutine est-il réellement occupé à préparer la suite comme le prétendent les services secrets allemands et danois ?
La vérité ici encore est que personne n’en sait rien et qu’il est très dangereux et présomptueux de prétendre le savoir car impossible de distinguer la propagande de la réalité des faits.
Dès lors, l’Europe en envoyant des troupes au sol, des avions et des systèmes de défense anti aérien en Ukraine comme garantie de sécurité ne sera-t-elle pas dans une posture encore pire que celle dénoncée par Poutine depuis au moins 15 ans envers les avancées de l’OTAN vers ses frontières?
Je le crains, et d’ailleurs le Kremlin a déjà envoyé un NIET à cette annonce. Poutine ne voulait pas de l’Ukraine dans l’OTAN ni de l’OTAN en Ukraine, pas de raison donc d’accepter une présence militaire européenne sur le territoire ukrainien, quels qu’en soient les motifs.
L’Europe me fait penser à ce film « le désert des Tartares », inspiré du roman de Dino Buzzati publié en 1940. Après la lecture du livre, Brel écrivait « Je m’appelle Zangra et je suis capitaine au fort de Bellonzio qui domine la plaine ’où l’ennemi viendra ». Mais l’ennemi ne viendra pas. Le jeune lieutenant Drogo qui vient de sortir de l’école militaire et qui est affecté à la forteresse de Bastiano, poste avancé de l’Empire aux bords d’une immense étendue aride, le désert des Tartares, attendra toute sa vie un ennemi imaginaire qui ne viendra jamais.
2025 ressemble-t-il à 1938 et doit-on se préparer au pire au lieu de se soumettre comme l’Europe l’a fait à Munich avant la 2ième guerre mondiale ?
Les adhérents à cet l’axiome défendu par les États-Unis de Biden et par l’UE affirment que la situation actuelle est identique à celle qui prévalait en 1938 et que par conséquent, il est indispensable de ne pas répéter l’erreur des accords de Munich sous peine de subir le même sort.
Tout ce qui a été entrepris depuis le 24 février découle de cet axiome et de cette comparaison historique, de même toute la propagande occidentale s’appuie sur les éléments de langage des références historiques relatifs à 1938.
Or, cette comparaison me semble bancale, même si la tentation est grande de faire se télescoper les deux périodes. J’observe d’ailleurs qu’aucun historien ou géopoliticien crédible, légitime et sérieux n’a soutenu la pertinence d’une telle comparaison au-delà de quelques similitudes trompeuses, c’est comme le Canada dry, c’est doré comme l’alcool, son nom sonne comme un nom d’alcool… mais ce n’est pas de l’alcool.
Apprendre à observer le passé pour mieux comprendre le présent et tenter d’anticiper l’avenir est certes une tâche rendue possible parce que parfois l’histoire semble se répéter.
Cependant, « la première fois comme une tragédie, la seconde fois comme une farce« , précisait Karl Marx.
Non, les Ukrainiens russophones du Donbass ne sont pas les Allemands des Sudètes même si cette référence est utilisée pour nous faire croire à coups d’hypnose quotidienne que Poutine alias « Poutler, a des velléités de reconquête de l’ancien bloc de l’Est et qu’il aurait même l’intention d’envahir l’Europe Occidentale en paradant sur les Champs-Élysées dans sa limousine Aurus Senat (Combinaison d’« Aurum » et de « Russia ») d’une longueur de 6,62 m avec sous le capot, un moteur développant entre 600 ch et 650 ch indispensables pour emmener les 6,5 tonnes de cette limousine blindée.
C’est aussi oublier d’une part que Poutine n’a cessé de répéter depuis le début de son règne que « La chute de l’URSS a été certes la plus grande catastrophe géopolitique du siècle dernier. » mais que « celui qui ne regrette pas l’URSS n’a pas de cœur ; celui qui souhaite sa restauration n’a pas de tête » et d’autre part que les Russes sont figés sur les 1000kms de front depuis des mois. On ne voit donc pas très bien comment l’armée russe, dénigrée à juste titre, pourrait dans ces conditions fondre sur les pays baltes, encore moins sur la Pologne, sans compter que ces pays font partie de l’OTAN.
Tout ceci est risible, contradictoire et peu crédible.
Et pourtant, au lendemain de l’humiliation du président Zelenski, les européistes s’emballent encore plus:
« La ligne de front ne cesse de se rapprocher de nous », déclare le ministre des affaires étrangères français Jean-Noël Barrot ce lundi 3 mars.
Mais attention, la paranoïa envers la Russie est une dangereuse maladie mentale qui pourrait bien se transformer en prophétie auto réalisatrice si personne n’arrive à la traiter correctement.
Car les risques de dérapages sont énormes et très dangereux. Imaginons le déploiement de forces militaire européennes sur le territoire de l’Ukraine, réprouvé par le régime de Poutine. A la moindre escarmouche mortelle entre les deux camps, la possibilité d’un conflit ouvert et frontal entre la Russie et l’Europe peut devenir une terrible réalité.
Ainsi, à force d’affirmer et de croire que Poutine veut nous faire la guerre, c’est la guerre qui pourrait survenir alors que l’ennemi ne l’a jamais voulue ; c’est la prophétie auto réalisatrice, ou prédiction créatrice ou anticipation autoréalisatrice, l’anticipation d’un phénomène qui entraîne malgré soi sa propre réalisation, il s’agit une croyance concernant un résultat futur qui contribue à sa propre réalisation. En d’autres termes, les attentes et les croyances inconscientes que nous entretenons à propos d’une intention belliqueuse et expansionniste de Poutine peuvent influencer nos actions et finalement faire en sorte que la prédiction initiale se réalise par l’intermédiaire d’un incident entre les deux camps. Un peu comme le déclenchement de la 1ere guerre mondiale par l’assassinat de l’héritier du trône d’Autriche, l’archiduc Franz Ferdinand, le 28 juin 1914 à Sarajevo.
Entre le désert des tartares et cette prophétie auto réalisatrice se joue le destin de l’Europe entre guerre et paix, un grand roman russe toujours bon à lire ou à relire.
© Michel Rosenzweig, 4 mars 2025
Désastre économique et social + embrigadement totalitaire + Islamo-nazisme et guerre civile + Ukronazisme et guerre tout court : l’UE (et l’UK).
L’union sacrée entre Mohammed Amin al-Husseini et Stepan Bandera !
L’UE a toujours été bâtie sur le révisionnisme, le negationnisme, la manipulation la novlangue et l’inversion des valeurs. Dès les premiers jours. Seule une population dépourvue de repères culturels et historiques pouvait se laisser embrigader par cette propagande orwellienne.
Pour info, et de manière totalement factuelle, même si la Russie avait reellement pour ambition d’envahir l’Europe (ce qui, soyons clairs, est un fantasme délirant et hérité de la propagande du 3eme Reich), cela lui serait matériellement et démographiquement impossible. Pour des raisons démographiques, économiques et même géographiques. La Russie est un pays en déclin démographique _ ce qui est parfaitement compris et pris en compte par le Kremlin _, en reconstruction et sur la défensive, qui doit économiser au maximum ses forces (même dans un cas grave comme le conflit avec la guerre en Ukraine).
Seul un public déshumanisé et lobotomisé peut croire à la propagande ubuesque de Europeistes et des Islamistes _ qui sont aujourd’hui les deux visages du Nazisme.