Iran: Mercredi sanglant. Par Hamid Enayat

Iran : Mercredi sanglant

Dans un crime sans précédent, les bourreaux du dictateur iranien, Ali Khamenei, ont pendu au moins 20 prisonniers le mercredi 26 février. Les exécutions se poursuivent dans plusieurs prisons à travers le pays, tandis que le régime refuse de divulguer les statistiques exactes et l’identité des victimes.

Une vague d’exécutions sans précédent

Le mercredi 26 février, dans un acte de barbarie rare, 20 prisonniers ont été exécutés. Parmi eux figurent:

  • À la prison de Ghezelhessar : Mosayyeb Azizi, Sajjad Eghbali-Garavand, Bahman Houshmand, Alireza Basati-Nia, Mostafa Hajir-Pirouz et cinq autres détenus.
  • À Kermanchah : Behrouz Safari-Ghaleh-Zanjiri, Milad Moradi, Ali Tcheshmeh-Sefidi, Mohammad Fereydouni et trois autres prisonniers.
  • Dans d’autres villes : Abdollah Safarzehi à Birjand, Javad Mohammadkhani à Ispahan et Mir Mohammad Paridar à Ahvaz. 

En exécutant 20 prisonniers, dont plusieurs compatriotes kurdes, le régime des mollahs affiche une brutalité sans précédent, dans une tentative désespérée de préserver un pouvoir vacillant. Mais ces crimes ne feront qu’amplifier la colère et la révolte de la jeunesse, renforçant leur détermination à renverser ce régime oppressif.

Amnesty International a également lancé une alerte sur l’exécution imminente de deux autres prisonniers Behrouz Ehsani, 69, and Mehdi Hassani, 48, soulignant l’urgence d’une intervention internationale. Toujours selon l’organisation humanitaire, une travailleuse humanitaire kurde, dont l’exécution semble imminente. L’organisation appelle à une mobilisation mondiale urgente pour empêcher cette injustice. 

Exécutions en Iran en 2024

Selon un communiqué de l’opposition iranienne, le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), le nombre d’exécutions enregistrées en 2024 a atteint 1 000 prisonniers, dont 34 femmes et 7 mineurs délinquants. Il s’agit d’un chiffre sans précédent en 30 ans. Toutefois, en raison des exécutions secrètes pratiquées par le régime, le nombre réel est bien plus élevé.

Les exécutions en 2024 ont connu une augmentation de 16 % par rapport aux 864 exécutions enregistrées en 2023. Selon Amnesty International, l’Iran a représenté près de 74 % de toutes les exécutions enregistrées dans le monde en 2023.

En analysant les exécutions de cette année, nous pouvons clairement voir que, la hausse des exécutions en 2024 est directement liée aux crises et aux échecs du régime.

  • 11 % des exécutions ont eu lieu au premier trimestre et 17 % au deuxième trimestre, alors que le régime se préparait pour deux élections (les élections législatives en février et l’élection présidentielle en juin).
  • 25 % des exécutions ont eu lieu au troisième trimestre.
  • Mais au quatrième trimestre, alors que le régime subissait des défaites majeures dans la région et que les crises économiques et sociales explosaient, les exécutions ont brutalement accéléré : près de 47 % des prisonniers exécutés cette année l’ont été durant cette période.

Depuis le 30 juillet, sous la présidence de Massoud Pezeshkian, 695 exécutions ont été enregistrées, soit près de 70 % du total annuel. Le 8 octobre, en défendant ces exécutions barbares, il a cyniquement déclaré :
« Ceux qui parlent des droits de l’homme demandent pourquoi nous exécutons un meurtrier… »

Augmentation des exécutions de femmes

Parmi les prisonniers exécutés figurent 34 femmes et 7 détenus qui étaient mineurs au moment des faits qui leur sont reprochés.
L’âge moyen des 491 victimes dont l’âge a été confirmé est de 36 ans.

Les minorités ethniques et religieuses en sont les principales victimes.

119 prisonniers exécutés étaient issus de la communauté baloutche, l’une des plus marginalisées et opprimées du pays. Proportionnellement à la population, ce chiffre est largement supérieur à celui des autres provinces iraniennes.

Quatre exécutions ont été publiquement mises en scène dans des démonstrations d’intimidation collective.

Plus de la moitié des victimes (502 prisonniers) ont été exécutées sous des accusations liées à la drogue. Cela alors même que, depuis la chute du dictateur syrien, il a été révélé que les Gardiens de la révolution contrôlent un vaste réseau de trafic de drogue générant des dizaines de milliards de dollars dans la région et à l’international. Seule une partie de ces opérations criminelles a été dévoilée.

Dans un autre crime choquant, les doigts de la main droite de deux frères ont été amputés dans la prison d’Ourmia, tandis que deux autres prisonniers ont subi le même sort à Qom.
Pendant ce temps, les détournements de fonds et la corruption à grande échelle commis par les dirigeants du régime restent impunis, devenant une pratique normalisée au sein du pouvoir.

La seule « avancée » en matière de droits humains cette année ? Le pouvoir judiciaire iranien a annoncé que désormais, « l’anesthésie est autorisée lors de l’amputation des voleurs » (site Asr Iran, 25 décembre 2024).

© Hamid Enayat

Hamid Enayat, politologue, spécialiste de l’Iran, collabore avec l’opposition démocratique iranienne (CNRI). Pour La Dépêche, il analyse la situation en Iran. Aujourd’hui l’activisme de Reza Pahlavi, fils du dernier chah d’Iran, qui a intensifié ses voyages en Europe, notamment en France, cherchant à se positionner comme une alternative politique au régime iranien.

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