Tribune Juive

Israël décide de traiter le RN comme n’importe quel autre Parti. De quoi mettre le CRIF dans l’embarras

Gideon Saar à la Knesset
© Yonatan Sindel/Flash90

« J’ai donné instruction à mon ministère d’établir des relations avec le RN, les Démocrates de Suède et Vox », a déclaré Gideon Sa’ar, annonçant un tournant de taille dans la politique israélienne qui avait jusqu’alors maintenu une distance officielle avec plusieurs formations d’extrême-droite européennes.

Le ministre israélien des Affaires étrangères s’exprimait pour la première fois sur sa décision d’établir des relations formelles avec les trois partis de droite européens – le Rassemblement national (France), Vox (Espagne) et les Démocrates de Suède.

C’est lors d’une rencontre avec les dirigeants de la communauté juive et des organisations pro-israéliennes en Belgique, qui s’est tenue à la fin de sa visite diplomatique à Bruxelles, que Sa’ar a détaillé les raisons de ce changement significatif dans la politique étrangère israélienne:
« J’ai donné instruction à mon ministère d’établir des relations avec le Rassemblement national (France), les Démocrates de Suède et Vox (Espagne). Ces relations seront similaires à celles que nous entretenons avec n’importe quel autre parti politique. Après avoir examiné la question et entendu l’avis des professionnels, je n’ai pas vu de raison de ne pas le faire. Bien au contraire. »

Une évaluation au cas par cas

Une évaluation rigoureuse de chaque formation politique sera faite: « Nous examinons de manière responsable chaque parti au cas par cas. Nous vérifions leurs attitudes envers Israël et leur soutien à notre pays. Nous analysons également leurs positions concernant l’antisémitisme, le négationnisme de l’Holocauste et d’autres questions similaires. »

Ainsi, tout en reconnaissant les origines controversées de certains de ces partis, Israël décide d’évaluer leurs actions actuelles: « Certains de ces partis ont des racines problématiques. Mais nous regardons leurs actes sur le terrain aujourd’hui. Dénoncent-ils ou excluent-ils les membres du parti qui tiennent des propos antisémites? C’est un indicateur substantiel. »

Dialogue sur les questions de vie juive

Le dialogue sur les questions religieuses n’est pas occulté, insiste Sa’ar: « Nous menons un dialogue sur les questions de vie juive comme la circoncision rituelle et la shehita (abattage rituel). Nous ne voulons pas renoncer à des amis en Europe, mais nous ne voulons pas non plus légitimer des partis qui renforcent les phénomènes néo-nazis ».

Ce sujet sensible sera abordé avec les dirigeants communautaires, mais ladite décision est à acter tant elle marque un tournant dans la politique israélienne, qui avait jusqu’alors maintenu une distance officielle avec plusieurs formations d’extrême-droite européennes, malgré leurs positions souvent pro-israéliennes sur les questions de politique étrangère et de sécurité.

TJ

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