
Le match entre l’équipe de Trump et la justice américaine est déjà engagé. Il sera décisif pour la suite des événements. Mon édito du jour, avec l’aide de Tocqueville et Carl Schmitt.
Il suffit de lire le New York Times du jour pour comprendre que le combat est engagé. Alors qu’un juriste considère que “les actes inconstitutionnels et illégaux systématiques créent une crise constitutionnelle”, c’est la première fois qu’un juge fédéral, celui de Rhode Island, affirme expressément que l’administration Trump désobéit à un mandat judiciaire. Pendant ce temps, le vice-président J. D. Vance assure que “les juges ne sont pas autorisés à contrôler le pouvoir légitime de l’exécutif”. Les jours qui viennent seront donc décisifs, car, si le droit est respecté, l’exécutif devra reculer. Or, aux yeux de la nouvelle équipe au pouvoir, c’est juste impensable.
Ce débat est ancien en philosophie du droit. Il a opposé, au début des années 1930, l’Autrichien Hans Kelsen (naturalisé américain après avoir fui le nazisme) et l’Allemand Carl Schmitt, qui deviendra le juriste en chef du régime hitlérien. Leur querelle porte sur le rôle de l’instance suprême garantissant la constitution d’un État. Partisan d’une cour constitutionnelle indépendante, Kelsen s’oppose à Schmitt qui considère que le droit doit être subordonné au politique. Pour le premier, quoi qu’il arrive, “on doit se conduire comme la Constitution le prévoit” (Théorie pure du droit, 1934). Selon Schmitt, en revanche, “une constitution est valide parce qu’elle émane d’un pouvoir constituant (c’est-à-dire un pouvoir ou une autorité) et est posée par celle-ci” (Théorie de la Constitution, 1928). Ainsi, la constitution authentique, d’après Schmitt, “repose sur une décision politique” sous la forme d’une “volonté”. Bref, l’origine d’une constitution n’est pas “une norme éthique ou juridique”, mais un acte éminemment politique. La légitimité politique est supérieure à la légalité constitutionnelle. C’est très exactement ce que signifie J. D. Vance.
Mais à cette inspiration schmittienne s’ajoute une dimension entrevue par le philosophe français Alexis de Tocqueville. Dans son étude sur la démocratie américaine, il s’émeut d’une “tyrannie de la majorité” (De la démocratie en Amérique, t. 1, chapitre 7) : “Ce que je reproche le plus au gouvernement démocratique, tel qu’on l’a organisé aux États-Unis, ce n’est pas, comme beaucoup de gens le prétendent en Europe, sa faiblesse, mais au contraire sa force irrésistible. Et ce qui me répugne le plus en Amérique, ce n’est pas l’extrême liberté qui y règne, c’est le peu de garantie qu’on y trouve contre la tyrannie.” C’est bien au nom de la majorité qui l’a élue que l’équipe Trump va essayer de bousculer le droit. Le match Kelsen-Schmitt a commencé.
J’oubliais : Tocqueville considère que ce qui se déroule en Amérique nous arrivera aussi à nous dans l’avenir.
© Michel Eltchaninoff
Michel Eltchaninoff est rédacteur en chef de Philosophie magazine. Agrégé et docteur en philosophie, il est spécialisé en phénoménologie et en philosophie russe. Il a notamment publié Dostoïevski. Le roman du corps (Jérôme Millon, 2013), Dans la Tête de Vladimir Poutine (Solin/Actes Sud, 2015), Les Nouveaux Dissidents (Stock, 2016), Dans la tête de Marine Le Pen (Solin/Actes Sud, 2017) ou encore Lénine a marché sur la lune (Solin/Actes Sud, 2022). Passionné de géopolitique, il propose une chronique intitulée « Jeux de stratégie » dans la nouvelle formule de Philosophie magazine.
Source: Philosophie Magazine
https://www.philomag.com/articles/de-la-democratie-contre-le-droit-en-amerique
La justice américaine est extrêmement politisée. En conséquence, il n’existe pas de « justice américaine ». Même omerta sur les crimes racistes commis par des racisés qu’en Europe, même corruption. Impunité totale du clan Biden et autres démocrates impliqués dans de sales affaire. A cela s’ajoute un nombre immense d’innocents envoyés en prison soit 1) à la suite de procédures bâclées ou violant les règles les plus élémentaires du droit 2) tout simplement parce que dans certains États américains existent des lois obscurantistes transformant des actes innocents en crimes (exemple : en Californie, si j’ai 19 ans et que ma petite amie en a 17 je serai arrêté comme « criminel pédophile », incarcéré et fiché à vie.
Et je ne parle même pas de l’Etat des prisons américaines, font beaucoup s’apparentent davantage à des bagnes.