
8-10 février 2025
Hé haver, viens-là qu’on brise les tablettes. Ça va être chouette
Steve Witkoff, l’envoyé providentiel au Moyen-Orient, a visionné, l’autre jour, la compilation d’images du 7 octobre réalisée par le gouvernement israélien. Il est choqué. Son président va bientôt la voir. Pour dire à quel point ils sont conscients des réalités sur le terrain. La découverte de cette tranche de vie gazaouie, ce mélange de moudjahidines féroces et de messieurs tout le monde, réunis pour commettre les pires atrocités du siècle, leur donnera une petite idée de la population à caser pendant les travaux. Les faire disparaître, oui, qui ne le voudrait pas ? Les belles âmes en les maquillant en pauvres victimes de génocide et nous, les vraies cibles de leur haine génocidaire, en suppliant l’auteur de cette Histoire de les remplacer par des êtres humains décents.
C’est la question du Mal.
Trop compliquée pour les Grands Spéculateurs Immobiliers.
Donc, Gaz-a-Lago
Dégager le plancher, faire entrer les engins de gros travaux, remplacer les ruines par du toc, attirer gli glitteraticosmopolites et encaisser les recettes. Dans ce monde en Playmobil, il n’y a pas de courants et de volontés contraires. L’Egypte et la Jordanie prendront chacune son million de Gazaouis, purifiés de Hamas dans leurs rangs et dans leurs cœurs. On n’aura pas besoin de mur sur la frontière de Gaza, c’est la beauté du lieu qui servira de barrière.
En regardant de près un flot d’articles jubilatoires sur le Plan Trump, on se rend compte que la joie, comme le Plan, est un peu forcée. Certes, disent-ils, Gaza ne sera pas vidée et ne deviendra jamais la Côte d’Azur moyen-orientale, mais l’annonce épatante brise le blocage, renverse les idées reçues, ouvre les vannes de l’imagination et place les pays arabo-musulmans devant leurs responsabilités.
En fait, ce n’est pas moins fantasque que la solution à deux États, regonflée aujourd’hui en réaction au rêve d’un Disneyland plaqué sur le réseau de tunnels infâmes.
Ce plan ripoliné est sans dimension et sans perspective. Supposons que le Qatar participe à la juteuse reconstruction … pour investir une partie des bénéfices dans le financement de l’armée qui remplacera le Hamas battu. Imaginons que Le Donald Tout Puissant force la main du petit roi hachémite au point qu’il accepte d’avaler des Gazaouis … qui renverseront aussitôt son royaume. On aurait, à la place d’un Gaza menaçant, une Jordanie pointant ses armes sur Jérusalem. Regardons les Palestiniens devenus citoyens américains. Heureux de vivre dans un pays libre. Où ils peuvent organiser des manifestations Free Palestine, appeler à l’intifada, harceler les Juifs et peser sur la vie politique.
Si les Palestiniens ont fabriqué la misère à Gaza comme en Judée-Samarie, c’est qu’ils servent volontiers d’arme de destruction massive aux mains de l’Iran. S’ils ont bien eu la possibilité de transformer leurs terres en Singapour, ils ont choisi d’en faire des bases militaires du jihad.
M’enfin, c’est quoi ce piège ? Quelques jours après le coup d’éclat, le président enlève un à un les éléments clés, tout en avouant langoureusement qu’il n’est pas pressé d’appliquer son plan de Gaza Riviera [plutôt une vulgaire Atlantic City]. Ne comptez pas sur les Américains pour vaincre le Hamas, déplacer la population, déblayer les ruines, financer les travaux, assurer la sécurité. Ils vont simplement investir. Ça va être merveilleux. Mais, doucement les gars. Ce n’est pas demain la veille.
Quant à bombarder les installations nucléaires de l’Iran, le président explique, dans un entretien avec le New York Post, sa préférence pour un nouvel accord nucléaire. Qu’ils accepteront. Parce que, s’il y a un accord, Israël n’attaquera pas. « [Les Iraniens] ne veulent pas mourir. Personne ne veut mourir ».
Le 7 octobre, l’Etat juif est la cible des pires atrocités depuis la Shoah. Il se défend dignement, avec courage et génie militaire, sans déshonorer le code éthique de Tsahal. Trump fait un tabac à la conférence de presse—Gaza nous appartiendra, on y mettra nos militaires s’il le faut, on va expulser définitivement la population–et les sionistes jettent par-dessus bord les Dix Paroles? Pour les vantardises d’un saoulard dans un cocktail mondain ? Il tire Israël vers le bas pour rien, pour des promesses jetables. Accusés de génocider les Gazaouis, nous allons maintenant vider Gaza de sa population ?
Un responsable égyptien justifie le refus d’accueillir des Gazaouis expulsés : « Ce n’est pas bien pour des gens de quitter leur pays ». Ah bon ? Nos terres d’immigration apprécieront. Un de ses collègues précise qu’il a consulté seize pays de la région … et ils sont tous d’accord sur le refus catégorique.
Samedi matin : la sinistre réalité crève l’écran
8/02/25 : C’est insoutenable. Trois hommes squelettiques, les yeux enfoncés dans des trous noirs, tenant à peine debout sur des jambes flageolantes, sont exposés dans une cérémonie exécrable d’humiliation. Les ombres d’Or Levy, Eli Charibi, Ohad Ben-Ami, sur la scène, devant l’énorme affiche de victoire du Hamas, encadrés d’hommes en armes et« interviewés » pour un documentaire immonde. Chaque geste, chaque déplacement de ces monstres jihadistes, armés de fusils et de caméras, nous enrage. Chaque pas de leur chorégraphie diabolique nous crache au visage, nous gifle et fait résonner dans notre corps la torture que ces mêmes crapules ont infligée aux captifs pendant seize mois et qui durent encore pendant les minutes interminables de la cérémonie macabre, jusqu’à leur remise aux personnages de la Croix Rouge.
On voudrait voir arriver à vitesse Mach 5 un Superman armé d’un extincteur qui réduirait en cendres jusqu’au dernier Hamasnik, ne laissant que les bandeaux verts comme signe de leur ignominie. On voudrait qu’il donne un coup de pied au couple du CICR qui participe docilement au spectacle macabre sans lever la voix, sans hurler « ça suffit ». Mandatés par leur gigantesque, riche et puissante ONG, ils n’osent même pas lancer un regard d’opprobre sur les tueurs en série qui poussent et qui tirent et qui tourmentent les trois hommes à leur merci. Qu’est-ce qu’ils risquent, ces Croix Rougeâtres, putain ! Fusillez-les au moins du regard. Non, ils obéissent, comme des marionnettes. Pires. Comme des complices.
On a libéré d’abord quelques captifs en relativement bonne santé. Aujourd’hui nous avons commencé à voir en chair et en os la pire réalité de cette captivité. Comme les rescapés de la Shoah. On n’a pas pu éviter la comparaison. Le choc est terrible.
Non-sequitur
[N.B. il n’y a pas de place pour le débat en Magaland. L’admiration pour Trump & Musk doit être indivise. Un mot de travers et tu es accusé de gauchisme. Trump a reçu Rupert Murdoch, le mogol de la presse. C’était cordial. Toutefois, Trump l’a chargé de « faire quelque chose » avec son Wall Street Journal qui a osé écrire « guerre commerciale stupide ». Le président aura un nouveau grief à ajouter : Mary Anastasia O’Grady /Fact vs. Trump Fiction in Panama—le président dit que des soldats chinois travaillent dans le canal. C’est ridicule.]
On prétend que Trump tire la force de son imprévisibilité. Malgré une petite faiblesse en géopolitique et des stratégies incohérentes, les méchants ont tellement peur de ses sauts d’humeur … C’est rassurant.
Plutôt que d’avouer que Witkoff a forcé Bibi à accepter le cessez-le-feu Biden, qu’il a rejeté à plusieurs reprises depuis le mois de mai, les disciples nous disent que le Hamas a tellement peur de Trump qu’il a signé l’accord et c’est grâce à Trump que les otages sont libérés.
Vous avez vu samedi matin le Hamas trembler de crainte que le Trump Tout Puissant lui tape sur les doigts ? Le Hamas, terrifié, a accepté la demande israélienne de relâcher immédiatement Shiri Bibas et ses deux enfants, morts ou vivants ? Le Hamas a écarté ses pickups qui nous glacent le sang ? Le Hamas a promis d’améliorer immédiatement les conditions de détention de tous les otages encore en vie ? Le Hamas a enlevé l’affiche de la victoire, a abandonné ses exigences, s’est engagé à libérer tous les otages, tous, la semaine prochaine ?
Kim Jung Un a tellement peur de Trump qu’il envoie des dizaines de milliers de soldats pour aider la Russie à vaincre l’Ukraine. Poutine, redoutant la colère de Trump, attaque l’Ukraine sans relâche.
N’oublions pas « Si les otages ne sont pas libérés avant ma prise de fonctions ça va barder grave ».
Non, la lucidité ne vient pas de la gauche
Non, ce n’est pas de la gauche que vient la mise en cause de la politique étrangère du President Trump II. On pourrait résumer les interventions citées ici comme autant de signaux d’alarme adressés à un chef d’Etat-spéculateur immobilier comptant, pour faire la paix, sur les menaces et les incitations économiques.
President Trump, Méfiez-vous de la réalité moyen-orientale
L’Ambassadeur Yoram Ettinger démarre une série de mises en garde sur « la noble aspiration de mettrefin aux guerres et au terrorisme » avec : [abrégé ici] *Elle se heurte à la réalité d’absence TOTALE de cohabitation intra-musulman paisible depuis les dernières 14 siècle. *Elle[NP1] doit composer avec la réalité intra-musulmane d’imprévisibilité, d’intolérance violente, de despotisme, de terreur intrinsèque. *Elle dicte un changement de régime en Iran, l’épicentre global de terrorisme anti-USA. *Quarante-six années d’option diplomatique américaine et quarante années de sanctions économiques par les USA et l’ONU, y compris la « pression maximale » n’ont pas réussi à modérer l’Iran ». Étalant les bénéfices durables du renversement du régime iranien, Ettinger rappelle que la main tendue ne touche pas le cœur des « adeptes des idéologies/visions vieilles de 1 400 ans des fanatiques, religieux et impérialistes, indifférents aux bénéfices financiers et diplomatiques ». L’ambassadeur souligne les erreurs stratégiques de l’administration dues à l’incompréhension de ces dures réalités.
Avant la fureur Gaz-a-Lago, Daniel Greenfield avait réfléchi sur les conséquences de la signature israélienne de l’accord de cessez-le-feu rédigé par Biden et décliné au mois de mai. Sans en améliorer les conditions en rien, l’envoyé du président Trump, Steve Witkoff, a imposé la pression maximale sur Israël pour obtenir un accord qui laisse le Hamas au pouvoir.
Fondateur et directeur du site indispensable, MEMRI, Ygal Carmon publie, ces jours-ci, de nombreuses dépêches mettant en garde le président américain contre la duplicité du Qatar. Dans un « Memo au Président Trump » il rappelle deux discours prononcés en 2017, où ce dernier avait reconnu le rôle néfaste joué par le Qatar.
Des mises à jour hebdomadaires sont présentées dans le cadre du The Qatar Monitor Project.
Lee Smith dans Tablet Magazine
Smith reprend les propos de Joshua Steinman, qui a servi dans le NSC [Conseil national de sécurité] dans l’administration Trump I : aujourd’hui, on engage des anciens de l’administration Biden, dont le directeur principal des renseignements, l’antisioniste Maher Bitar, associé autrefois avec Students for Justice in Palestine et, plus récemment, servant dans l’équipe du Democrat anti-Trump Adam Schiff.
10 février : nuit de cauchemars, réveil au petit matin, colère incandescente.
NON ! Ça dépasse les bornes. Même le Hamas peut dépasser les bornes. Exterminer les captifs à petit feu ET oser la cérémonie. NON ! C’est fini. C’est quoi ce bordel ? Sommes-nous à ce point impuissants ? NON ! C’est fini.
Plus une goutte d’aide humanitaire. S’il reste à Gaza des camions pas encore déchargés, ils feront marche arrière. Plus de retrait de Tsahal. Ceux qui se sont retirés reviendront. Plus de retour des populations gazaouies au nord, sud, est ou ouest. Personne ne bouge. Plus de salamalecs avec les intermédiaires perfides. C’est fini !
Les avoirs qataris dans nos démocraties sont gelés jusqu’à nouvel ordre. Leurs investissements seront transformés en biens publics. Au rythme d’x euros par jour, jusqu’à ce que les conditions suivantes soient remplies :
Libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages, morts et vivants. Pas de foule, pas de badauds aux dents acérées, ni au sol ni sur les gradins. Pas d’hommes armés. Aucun. Pas de caméra, pas de mise en scène, pas d’estrade, pas d’affiche. Pas de Croix-Rouge. Les captifs seront transférés directement par les geôliers aux soldats israéliens. Pas de libération de prisonniers palestiniens. Zéro. Pas d’arme aux mains des gazaouis. Toute personne armée sera considérée comme un ennemi à abattre. Pas d’engin de travaux publics. Les Gazaouis se débrouilleront comme ils peuvent. Pas de négociation. Les conditions sont fixées et doivent être remplies avant la fin de la semaine.
Pas de déplacement de la population. Elle reste là, dans les ruines qu’elle a créées. Pas d’aide humanitaire, pas d’évacuation médicale, plus aucun soin dans les hôpitaux israéliens. C’est fini.
Oubliez les rêves du bouffon. Ni Riviera ni Atlantic City moyen-orientale. Gaza comme vous l’avez voulu. Pas de bombardement à la russe. Nous ne sommes pas des barbares. Pas d’ONG Hamas-friendly. Pas de valise d’argent qatari.
Seize mois de présence militaire israélienne et vous n’avez pas osé vous révolter ? C’est un choix. Subissez-en donc les conséquences.
Mais, tout d’abord, et sans trainer le pied : libération immédiate, totale et inconditionnelle des captifs.
Trois hommes squelettiques humiliés sur scène devraient enfin nous réveiller !
PS. Conférence de presse dans les airs, en route pour le Super Bowl : Trump se dit choqué par le spectacle des prisonniers semblables aux rescapés des camps de concentration. Attention ! Sa patience avec le Hamas s’amenuise. Il confirme, par ailleurs, le Plan. « On va acheter Gaza, ce sera à nous … après le départ, volontaire ou imposé, des Palestiniens ».
— cattan (@sarahcattan_) February 10, 2025
Poster un Commentaire