
AFP
Alors que le soulèvement iranien de 2022 atteignait un tournant décisif et que les femmes et les jeunes courageux du pays semblaient prêts à reléguer la dictature religieuse au passé, Reza Pahlavi, fils du dernier chah d’Iran, a intensifié ses voyages en Europe, notamment en France, cherchant à se positionner comme une alternative politique. Dans cette démarche, il a cherché à trouver le soutien de certains courants conservateurs occidentaux, notamment pour bénéficier de tribunes médiatiques.
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Au cœur du soulèvement de 2022, alors que des femmes courageuses et une jeunesse déterminée semblaient prêtes à reléguer à jamais la dictature religieuse au passé, le fils de l’ancien Shah d’Iran, Reza Pahlavi, a multiplié les voyages en Europe, notamment en France, dans une tentative de se positionner comme une alternative politique au régime. Pour ce faire, il a cherché à obtenir le soutien de certaines forces occidentales et a bénéficié d’une large couverture médiatique.
Il était tout à fait naturel que les jeunes, prêts à risquer leur vie pour en finir une fois pour toutes avec la tyrannie et faire naître la liberté sur ses ruines, s’interrogent : leur lutte et leur sacrifice allaient-ils aboutir à la montée de Reza Pahlavi ? Un homme sans passé militant, sans programme clair pour la liberté de l’Iran ?
Lui-même a récemment déclaré dans une interview qu’il ne souhaitait pas sacrifier ses amis et sa propre liberté aux États-Unis pour l’Iran. Une déclaration qui a renforcé la méfiance et les doutes quant à son véritable engagement.
Un analyste politique proche du régime iranien affirmait dans sa thèse de doctorat – reprise par plusieurs médias officiels – que « le monarchisme est une opportunité pour la République islamique. Les monarchistes n’ont aucune chance réelle de parvenir au pouvoir et, en semant la division au sein de l’opposition, ils ont rendu un service inestimable au régime. »
Un régime monarchique en déclin historique
Les monarchies iraniennes, qui remontent à plusieurs millénaires, comptent parmi les systèmes politiques les plus anciens au monde. Cependant, à partir de la fin de la dynastie Qâdjâr, elles ont progressivement perdu leur légitimité en raison de leur inefficacité, de la corruption et de l’autoritarisme. La révolution constitutionnelle de 1906, inspirée par la Révolution française, a marqué un tournant vers une gouvernance fondée sur la participation populaire.
Finalement, la dynastie Pahlavi a été renversée en 1979 après des décennies de répression politique et d’échec économique. La fuite du dernier chah et sa mort en exil – tout comme celles des deux derniers monarques qâdjârs – symbolisent l’effondrement irréversible de la monarchie, un régime politique historiquement au bout de souffle, en Iran.
Depuis plus de 45 ans, le peuple iranien recherche un modèle de gouvernance fondé sur la démocratie, la justice et les droits humains. Les slogans du soulèvement de 2022, tels que « Mort au tyran, qu’il soit chah ou mollah », illustrent clairement le rejet à la fois du régime actuel et d’un retour à la monarchie.
Un mouvement virtuel sans ancrage populaire
L’influence des monarchistes se limite principalement aux réseaux sociaux et à certains cercles en exil. Ils exploitent les crises provoquées par la République islamique – pauvreté, répression, exécutions – pour se présenter comme une alternative crédible. Pourtant, ils ignorent un fait historique essentiel : si la République islamique a pu s’emparer du pouvoir en 1979, c’est en grande partie à cause de la répression féroce des partis démocratiques et progressistes sous le régime du chah. Comme l’a admis un ancien responsable du régime, « la machine infernale de la SAVAK sous le chah a pavé la voie à la République islamique. »
Même en exil, les monarchistes peinent à s’imposer comme une force politique crédible. L’échec de la campagne « Je donne procuration », qui visait à faire de Reza Pahlavi le leader incontesté de l’opposition, en est la preuve éclatante. Les Iraniens de la diaspora ont massivement rejeté cette initiative, montrant ainsi leur absence d’adhésion à ce courant politique.
Par ailleurs, les analystes soulignent que « Même les pays opposés à la République islamique ont pris conscience de cette réalité et misent davantage sur le groupe des hypocrites (terme péjoratif utilisé par le régime iranien pour désigner ses ennemis jurés, les Moudjahidines du peuple) que sur les monarchistes pour provoquer sa chute ».
Le rôle du régime iranien dans la promotion des monarchistes
Un phénomène intrigant est la présence disproportionnée des monarchistes sur les réseaux sociaux. Étant donné que certains anciens responsables des services de renseignement iraniens gravitent autour de Reza Pahlavi, une question légitime se pose : ces ressources financières et techniques proviennent-elles en partie de l’intérieur de l’Iran ?
Les monarchistes bénéficient également de la fortune colossale que la famille Pahlavi a transférée à l’étranger lors de son exil. Cependant, au lieu de présenter un programme clair pour l’avenir de l’Iran, ils concentrent leurs efforts sur la diffamation des autres groupes d’opposition.
Paix dans la région, sécurité dans le monde
Depuis plus de quatre décennies et demie, le régime iranien a plongé le Moyen-Orient dans le chaos en recourant à la prise d’otages, à l’exportation du terrorisme et à l’alimentation des conflits, comme la crise à Gaza. Cette politique a coûté la vie à des centaines de milliers de personnes et aggravé l’instabilité régionale.
Le samedi 1er février, lors d’une manifestation à Paris, Louis Arnaud, ancien otage français en Iran, a légitimement appelé à mettre fin aux souffrances des familles des trois otages français encore détenus par la dictature religieuse. Il a également évoqué ses amis iraniens incarcérés dans la prison d’Evin, condamnés à mort.
Aujourd’hui, alors que le régime iranien est plus affaibli que jamais, après la chute de Bachar el-Assad en Syrie et l’affaiblissement de ses forces proxy dans la région, il tente de compenser sa faiblesse en cherchant à acquérir l’arme nucléaire. Mais la communauté internationale doit prendre cette menace au sérieux et reconnaître le droit du peuple iranien à résister contre ce régime.
8 février : la voix du peuple iranien à Paris
Le 8 février 2025, des dizaines de milliers d’Iraniens se rassembleront sur la place Denfert-Rochereau à Paris pour appeler la communauté internationale à reconnaître le droit du peuple iranien à la résistance, dans le but d’instaurer une république démocratique et laïque au pays.
Tout comme le droit du peuple français à résister contre les nazis a été reconnu, il est désormais temps que le monde entende la voix des Iraniens épris de liberté.
Ce n’est qu’en soutenant la Résistance iranienne et ses unités de résistance que l’on pourra mettre fin à la dictature, instaurer la paix dans la région et garantir la sécurité en Europe.
© Hamid Enayat
Hamid Enayat, politologue, spécialiste de l’Iran, collabore avec l’opposition démocratique iranienne (CNRI). Pour La Dépêche, il analyse la situation en Iran. Aujourd’hui l’activisme de Reza Pahlavi, fils du dernier chah d’Iran, qui a intensifié ses voyages en Europe, notamment en France, cherchant à se positionner comme une alternative politique au régime iranien.