Si l’on en croit Einstein, «il est plus facile de désintégrer un atome qu’un préjugé».
A fortiori, pouvons-nous ajouter, lorsqu’un préjugé tire sa force d’un mensonge répété à la cantonade planétaire instaurée par internet et des réseaux qui sont si peu sociaux que leurs inventeurs entament depuis peu une révolution copernicienne de leur fonctionnement, tout ébaudis qu’il sont de constater que la propagande haineuse la plus détestable s’y déploie sous couvert des termes rassurants d’antiracisme, inclusivité et autres gadgets terminologiques dont ils s’étaient faits les chantres stupides ou naïfs.
Il faudrait dès lors consacrer la majeure partie de son temps à traquer la désinformation à l’œuvre dans quasiment tous les domaines : de «la terre est plate» à «la colonisation juive de terres palestiniennes depuis la nuit des temps», la tâche s’avère titanesque. A l’image de Sisyphe, il faut sans cesse remonter le rocher de la vérité scientifique, historique, archéologique, etc., et prendre le risque de l’épuisement et du découragement.
D’autant que hypocrisie et mensonges ne sont pas simplement à la mode : parés du masque de la légitime remise en question de «l’ancien monde imposé par le mâle blanc, chrétien, hétérosexuel, colonisateur» par la vertueuse «cancel culture» prônée par le wokisme, ils entendent imposer leur hégémonie substitutive par tous les moyens, y compris le terrorisme sanglant – recyclé en «résistance» au prix de la négation du sacrifice de ceux qui le furent pendant l’Occupation nazie comme sous la dictature communiste, et de ceux qui le sont encore en Iran, en Algérie ou au Venezuela, par exemple.
Et , semblable à une immonde tache graisseuse, le phénomène s’est étendu tous azimuts y compris à la sphère privée, polluant les relations amicales, anéantissant les familiales : le mensonge et la calomnie sont pris pour argent comptant, et «l’innocence est sommée de fournir ses preuves» (A. Camus), c’est-à-dire qu’elle est vouée à être ignorée et méprisée.
Le renoncement n’étant jamais acceptable pour certains, ils continuent à se battre inlassablement, au prix de leur liberté, voire de leur vie : Soljenitsyne hier en U.R.S.S., aujourd’hui Boualem Sansal en Algérie et Jimmy Lai à Hong Kong (la Chine s’étant bien sûr affranchie des engagements pris lors du retour de cet ancien territoire britannique dans son giron) nous donnent l’exemple du courage et de la détermination. Ils ne recourent qu’à l’écriture pour faire entendre la voix du refus de l’asservissement. Peu nombreux sont ceux qui les soutiennent dans ce monde dit libre qui préfère glorifier les barbares assassins du Hamas et de ses congénères islamistes, meurtriers de masse en Israël et ailleurs, y compris ici en France. Intérêts économico-financiers, lâcheté devant la crainte de troubles dans les territoires perdus de la République, recherche délibérée du chaos politique : tant de forces sont à la manœuvre pour que le mensonge l’emporte sur la vérité, et la lâcheté sur le courage.
Sous un article paru le 10 janvier dernier dans «Tribune juive» consacré aux ambiguïtés et contorsions de la Grande Mosquée de Paris dirigée par le recteur Chems-Eddine Hafiz dont la proximité avec le gouvernement algérien n’a rien d’un secret-défense, un commentateur d’autant plus courageux qu’il se dissimule derrière le pseudonyme de «DzCapable7» dénonce pêle-mêle «la campagne de haine raciste visant les algériens et franco-algériens de France», «l’entité génocidaire criminelle», «certains collectifs juifs soutenant l’entité génocidaire qui essaient d’importer le conflit génocidaire sur notre sol français», entre autres billevesées piochées directement dans la propagande islamiste auxquelles ce serait faire un honneur injustifiable que d’y répondre autrement que par un haussement d’épaule et un mépris amplement mérité.
Il est cependant un mensonge éhonté qui ne saurait être encore propagé sans un rappel historique indiscutable – et vérifiable dans les archives officielles de la République. Puisque « DzCapable7» ose prétendre que «l’état colonial de l’époque discrimin[ait] les musulmans car à cette époque l’islam n’était point reconnu et constamment combattu à la différence du judaïsme», il sera seulement rappelé que l’islam était si peu «reconnu» que les dignitaires musulmans, pouvant librement s’exprimer sur cette question, enjoignirent à leurs coreligionnaires de refuser la nationalité française qui leur était proposée en même temps qu’aux juifs vivant en Algérie – conquise par les Arabes au 7ème siècle et toujours pas décolonisée à ce jour. Ils leur expliquèrent que devenir Français revenait à une renonciation à leur identité arabo-musulmane, c’est-à-dire à une apostasie. Et, dans leur immense majorité, les musulmans d’Algérie refusèrent la nationalité française qui leur était offerte par le Décret Crémieux et relevèrent d’un statut personnel dit indigène, c’est-à-dire soumis à la juridiction des instances religieuses musulmanes – l’islam étant bel et bien reconnu par les autorités françaises.
Moralité : puisque, comme disait Lénine, «les faits sont têtus», l’ignorance et le mensonge ne sauraient avoir le dernier mot.
Danielle KHAYAT
Magistrat en retraite
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