Le journal anti-juif « Le Temps » franchit un nouveau seuil: Garaudy est de retour. Par Joel Hanhart



Après l’hydre financière juive et le « prévenu juif » en première page, voici recyclé un autre trope antisémite : l’éthique juive contre les Juifs réels/Josué-épouvantail.

Il fallait oser : jouer Levinas contre les Juifs, inventer un discours israélien conquérant au mépris des dires réels. Mais chez Madeleine von Holzen, la rédactrice en chef de ce torchon au financement opaque, on n’est plus à ça près.

L’opposition entre une prétendue éthique universelle, parfois exprimée en judaïsme authentique, et le judaïsme vécu constitue l’un des tropes majeurs de l’antisémitisme occidental.

Cette construction idéologique prend racine dans les premiers siècles du christianisme, notamment avec Marcion (85-160) qui oppose radicalement le « Dieu juste mais cruel » de l’Ancien Testament au « Dieu d’amour » du Nouveau Testament.

Cette rhétorique se cristallise particulièrement autour de la figure de Josué et des guerres de conquête bibliques.
Même un Campiotti ne peut l’ignorer.
Justin Martyr (100-165) dans son « Dialogue avec Tryphon » utilise déjà ces épisodes pour dépeindre le judaïsme comme intrinsèquement violent, en contraste avec l’universalisme chrétien.

Au XVIIIe siècle, cette opposition théologique se sécularise. Voltaire, dans son « Dictionnaire philosophique » (1764), présente les Juifs comme « le plus intolérant et le plus cruel de tous les peuples ». L’article « Juifs » de l’Encyclopédie développe cette vision d’un particularisme jugé archaïque.

Ernest Renan opère une racialisation décisive de ce schéma dans son « Histoire générale des langues sémitiques » (1855). Il y théorise une opposition entre le « génie sémitique », présenté comme « négatif et improgressif », et l' »esprit aryen » porteur d’universalisme. Cette construction influence profondément l’antisémitisme moderne. La sophistication consiste évidemment à proposer deux judaïsmes, pour mieux noyer le poisson.

L’idéologie nazie radicalise ce trope. Alfred Rosenberg dans « Le Mythe du XXe siècle » (1930) oppose la « morale nordique » créatrice à la « loi judaïque » qu’il qualifie de « destructrice ». Les ordres d’extermination reprendront cette rhétorique d’une nécessaire défense de la civilisation contre le « judaïsme destructeur ».

Dans l’après-guerre, ce schéma persiste sous des formes plus ou moins subtiles. Roger Garaudy dans « Les Mythes fondateurs de la politique israélienne » (1996) réactive l’opposition entre « universalisme » et « tribalisme juif ». Son argumentation reprend la structure classique du trope anti-juif, telle qu’elle se donne à lire dans le journal judéophobe de Genève.

Cette généalogie révèle la remarquable plasticité d’une construction idéologique capable de servir successivement la polémique chrétienne, le racisme pseudo-scientifique et diverses formes d’antisémitisme contemporain, dont ce « journal » n’est qu’un des symptômes les plus beaux vulgaires.

© Joel Hanhart

Joel Hanhart is Ophthalmologist @ Shaare Zedek | Head of the Medical Retina. Jerusalem

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