Alors que la Grande Mosquée, accusée de soutenir les « influenceurs » interpellés et d’être au service d’une campagne de déstabilisation de la France, réfute en bloc ces « allégations mensongères et «calomnieuses », ne voilà-t-il pas que son Recteur, Chems-eddine Hafiz, demande à ses imams d’inclure désormais une invocation pour la France à l’issue de leurs prêches du vendredi.
Dans un courrier envoyé hier aux 150 imams affiliés à la Grande mosquée, le recteur leur demande « d’introduire à l’issue du prêche de chaque vendredi des invocations en arabe et en français », insistant sur « l’attention particulière » qu’il attachait à »l’exécution de cette demande ».
L’invocation proposée est « Oh Allah, préserve la France, son peuple et les institutions de la République. Fais de la France un pays prospère, sûr et paisible, où la communauté nationale, dans sa diversité, ses différentes religions, ses convictions et ses croyances, cohabitent dans la sécurité et la paix ».
Une démarche qui s’inscrit « dans le cadre de la mise en oeuvre de l’adaptation du discours religieux musulman dans la société française initié par la Grande mosquée de Paris », a cru bon de préciser le recteur.
Si le courrier rappelle que certains imams avaient commencé à introduire une invocation pour la France après l’assassinat du professeur Samuel Paty en 2020 et d’autres après le 7 octobre 2023, date des attaques sanglantes du Hamas contre Israël, TJ rappellera que dans les synagogues, une « prière pour la République » est prononcée le samedi matin et les jours de fêtes, avant ou après la lecture de la Torah, ainsi qu’à l’occasion des cérémonies officielles.
« C’est sous le Premier Empire qu’une prière fut instituée en 1808 par le Consistoire des communautés juive à l’intention de l’Empereur. L’élévation pour l’État était ainsi revendiquée, comme la fidélité du judaïsme français assumée. L’alliance sera désormais indéfectible et la bénédiction incontournable, scrupuleusement récitée par toutes les synagogues de France et de Navarre. On peine à imaginer que tant d’éminents ministres-officiants, tels le Rabbin Liché de la synagogue de Chasseloup-Laubat ou le Grand rabbin Ernest Ginzburger de Bayonne, tant attachés à réciter cette prière avec piété et amour, sont morts en déportation. On songe encore aux illustres Rabbins Jacob Kaplan ou Abraham Bloch, engagés sous les drapeaux comme fantassin pour le premier et aumônier pour le second, devenant des héros et figures incontournables des grandes guerres du vingtième siècle, pétris de l’amour du prochain et de la France. Les édiles et fidèles des synagogues n’ont jamais renié leur attachement à l’État et cette prière pour la République vient quelque part parachever l’oeuvre du Prophète Jérémie (XXIV, 7), exigeant des enfants d’Israël « Travaillez enfin à la prospérité de la ville où je vous ai relégués et implorez Dieu en sa faveur ; car sa prospérité est le gage de votre prospérité. » Il est singulier de voir comment la continuité de l’État et le bon fonctionnement démocratique ont toujours été au coeur des préoccupations de la communauté juive dans l’Hexagone, si attachée à s’intégrer et s’impliquer pour une acculturation parfaite, inversement proportionnelle aux silences assourdissants du régime de Vichy et d’une politique de décolonisation dont ils allaient faire les frais », écrit Jérémie Boulay dans JewPop du 7 juillet 2017.
Bref… La décision du Recteur nous fait penser en ce début janvier aux encouragements que le même distribua à « Charlie Hebdo », le priant d' »user de son art », après … avoir attaqué en justice l’hebdomadaire satirique pour avoir publié des caricatures de Mahomet.
De quoi notre homme s’expliqua de manière fort peu convaincante.
TJ
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