Face au nouvel AXE DU MAL
Depuis 2015 le Yémen fait face à une guerre civile, d’abord entre les factions rebelles du sud soutenues par l’Iran d’une part et de l’autre, le gouvernement central soutenu par son voisin l’Arabie Saoudite. Actuellement une trêve précaire est observée dans l’attente d’un accord qui tarde à être finalisé.
L’impact décisif de l’agression du Hamas du 7 octobre
En 2023 Al Qaeda et les Houthis ont rencontrés de grandes difficultés pour continuer à mobiliser recruter et enrôler. Ce qui s’est traduit d’abord par des tensions, ensuite des dissensions visibles entre milices. Le déclanchement de la guerre à Gaza a cet instant précis a fourni aux diverses factions, un objectif fédérateur et catalyseur : Tous contre Israël ! Avec ce slogan, le recrutement a pu reprendre. Des dizaines de camps d’entrainement dénommés « le déluge d’Al Aqsa » ont été ouverts. Ce nom a été choisi par solidarité avec le Hamas qui avait utilisé cette appellation pour son attaque contre Israël. Le grand chef Houthi Abdelmalek a Houthi a déclaré avoir recruté plus de 300.000 combattants en 2024.
Pour motiver les jeunes recrues dans leur soutien aux Palestiniens, Al Qaeda a largement utilisé la diffusion des opérations militaires à Gaza, notamment en accentuant les images de destruction par tous les moyens télévisuels disponibles.
Alors que les groupes religieux armés de diverses obédiences étaient confrontés à une crise de recrutement devant une motivation fléchissant, le 7 octobre a été l’événement qui a relancé la mobilisation des plus jeunes en mal d’objectif dans un pays qui connaît la guerre depuis dix ans, avec son cortège de drames, de pauvreté, de chômage.
Cette vague de recrutement constituera un obstacle à une future réunification, voire à terme, un problème supplémentaire pour l’Arabie saoudite, qui soutient le gouvernement central. D’autant qu’il existe un problème idéologique majeur entre les milices. Ce qui explique aussi, en partie, les attaques lancées contre Israël. Les factions ne sont pas homogènes, loin de là. D’un part les moudjahidines qui sont prêts à se sacrifier mais sous réserve de la justesse(à leur yeux) de la cause ç, de l’autre les djihadistes. Les premiers sont, en théorie, susceptibles de réintégrer la vie civile dans un processus de paix, tandis que les seconds, djihadistes, ont leur idéologie propre et ne se prêteront pas à un règlement politique yéménite qui leur enlèverait « leur raison d’être ».On pourrait simplement dire, leur fonds de commerce.
Derniers développements
Les services de renseignements américains révèlent l’existence d’une relation Chine-Houthis. Déjà soutenus par l’Iran, les Houthis utilisent des armes chinoises pour leurs attaques contre les navires marchands en mer Rouge. C’est en échange d’une abstention d’attaque sur les navires chinois que Pékin s’est prêtée à ce marché absolument incroyable et du point de vue international, intolérable. Pour mémoire, les Houthis se sont rendus en Chine en 2023 et 2024 en vue d’obtenir une chaine d’approvisionnements et de fournitures de composants militaires et des équipements de guidage pour leurs missiles. Ces mêmes missiles sont évidemment capables d’atteindre tous les états du Golfe, quand on sait que le Yémen se trouve à 2.000 kms d’Israël.
Très concrètement les relevés maritimes confirment que les Houthis s’abstiennent d’attaquer les navires chinois ou liés à la Chine.
Il est vrai que les États Unis ont déjà sanctionné deux entreprises chinoises pour avoir fournis des composants à double usage (civil et militaires). Ces composants entrent dans la fabrication de missiles et de drones. Mais il en reste d’autres.
Émergence d’un nouvel axe de la peur et de la subversion contre l’occident : Iran-Hezbollah-Houthis-Chine-Corée du Nord
Plusieurs pays en Europe et ailleurs ont réclamé à cor et à cris, l’arrêt des fournitures militaires à Israël au motif qu’Israël défend ses citoyens contre des agresseurs bien identifiés, Iran qui veut effacer le pays de la surface de la Terre, Hezbollah affidé de l’Iran, Houthis devenu agresseurs à son tour, non seulement des navires occidentaux en Mer Rouge mais contre Israël avec des armes iraniennes et chinoises. L’Égypte déjà en situation précaire, a vu ses revenus s’effondrer en raison du détournement du Traffic maritime hors du canal de Suez. Ce pays va intervenir militairement. Les États Unis ont constitué une coalition qui se fera certainement plus active après l’entrée en fonction du nouveau président américain.
Moscou cherche sa voie
La chute du régime syrien, rebat les cartes dans ce pays jusque-là allié de l’Iran et la nouvelle situation pose des problèmes à la Russie qui voit sa position dans la région mise en cause. On voit bien que les sanctions qui lui sont imposées depuis l’attaque de l’Ukraine, la font pencher de plus en plus vers les puissances de l’axe du mal, qui deviennent à leur tour des cobelligérants dès l’instant où, les uns livrent des armes létales, d’autres assurent la formation de militaires, certains soutiennent économiquement Kiev, d’autres enfin sont ouvertement positionnés contre les alliés du nouvel axe du Mal. La Corée du Nord s’inscrit désormais aussi dans cet axe comme sous-traitant, pièces et main d’œuvre. Le choix que fera le D. Trump à son arrivée, déterminera si la Russie bascule définitivement du côté de l’axe du mal ou si, peut-être, il se créera une nouvelle passerelle entre l’Europe et la Russie, sur base d’engagements réciproques. Ce qui déterminera sans doute aussi l’avenir nucléaire de l’Iran.
La Co-belligérance à géométrie variable
L’ONU est sans voix, la Cour Pénale Internationale (CPI) a perdu la sienne. Qui parle encore de co-belligérance dans ce qui est en train de se passer ? Ici on attaque un pays membre de l’ONU, Israël, là on attaque des navires occidentaux pour les menacer et les faire plier, ailleurs on s’en prend aux citoyens israéliens qui ont accompli leur obligation militaire face à une agression des civils de leur pays.
Le nouveau régime de Damas et les djihadistes Houthis
On verra prochainement si des affinités existent entre ces diverses factions, ex-djihadistes, islamistes, djihadistes, sunnites, chiites. Dans la planète yéménite, Il y a quatre groupes principaux : le mouvement chiite Zaidi houthi, les djihadistes salafistes d’al Qaeda, le parti islamiste sunnite Islah, les salafistes alliés du gouvernement, par des groupes paramilitaires, soutenus eux par l’Arabie saoudite et les Émirats. Ce qui est fondamental et déterminant : l’idéologie de chaque faction est profondément ancrée dans la religion. On verra si les sunnites se tournent vers les pays du Golfe ou si les Chiites restent des affidés de l’Iran, leur mentor et fournisseur.
Pour l’instant le ministre syrien des affaires étrangères effectue un premier déplacement au Qatar. On verra si le nouveau pouvoir présente un visage adapté par pur opportunisme ou s’il s’agit réellement d’un changement idéologique.
Le silence et l’inaction de l’ONU et de ses responsables ainsi que d’un certain nombre de grands pays, pour intervenir face à ce nouvel axe du Mal sont patents.
Comme aurait pu l’écrire La Fontaine, « Selon que vous serez agressé ou agresseur, de bonne foi ou de mauvaise foi, Les jugements partisans de la CPI vous rendront blanc ou noir »
Ainsi va le monde.
© Francis Moritz
Francis Moritz a longtemps écrit sous le pseudonyme « Bazak », en raison d’activités qui nécessitaient une grande discrétion. Ancien cadre supérieur et directeur de sociétés au sein de grands groupes français et étrangers, Francis Moritz a eu plusieurs vies professionnelles depuis l’âge de 17 ans, qui l’ont amené à parcourir et connaître en profondeur de nombreux pays, avec à la clef la pratique de plusieurs langues, au contact des populations d’Europe de l’Est, d’Allemagne, d’Italie, d’Afrique et d’Asie. Il en a tiré des enseignements précieux qui lui donnent une certaine légitimité et une connaissance politique fine. Fils d’immigrés juifs, il a su très tôt le sens à donner aux expressions exil, adaptation et intégration. © Temps & Contretemps
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