Elon Musk a relancé la polémique sur cette tragédie de centaines de jeunes filles britanniques victimes de gangs de violeurs, formés en immense majorité de Pakistanais. Ils ont pu sévir durant plus d’une décennie sans réelle réaction des autorités, sur fond de crainte d’accusation de racisme.
Le feu a été allumé de l’autre côté de l’Atlantique mais il a vite pris sur la rive anglaise. En attaquant le premier ministre britannique sur la tragique affaire des « grooming gangs » (gangs de violeurs) ayant fait des centaines de victimes parmi les jeunes Anglaises, Elon Musk a enflammé le pays. Le milliardaire américain accuse Keir Starmer de graves manquements sur le sujet, alors qu’il dirigeait le ministère public. La sinistre affaire aurait longtemps été mise sous le tapis car les violeurs étaient issus d’une minorité d’origine étrangère. Un immense scandale dont l’opinion anglaise n’a pas fini de découvrir l’ampleur.
C’est en 2012 que le Times publie une détonante enquête sur l’abus de centaines – voire des milliers – de jeunes filles britanniques, pour la plupart blanches, par des gangs de proxénètes criminels, issus en grande partie de la communauté pakistanaise. Ces atrocités se sont produites dans de nombreuses villes d’Angleterre. Les journalistes montrent que, durant plus d’une décennie, les victimes ont été abandonnées par la police et les autorités chargées de la protection de l’enfance qui étaient au courant de ces crimes par de multiples signalements, mais n’ont pas agi. Le système judiciaire a, lui aussi, failli.
Dans une rafale de posts sur X, Musk s’en est pris au gouvernement, à la police et à la BBC, cette dernière pour avoir longtemps fait l’impasse sur les « gangs de violeurs ». « Aucune enquête du gouvernement britannique sur le viol collectif de petites filles innocentes… Honte, honte, honte », a-t-il lancé. S’en prenant directement à Keir Starmer, il l’a accusé de ne pas avoir poursuivi les agresseurs lorsqu’il était directeur des poursuites publiques (DPP) entre 2008 et 2013. Et appelé à sa chute.
Récits insoutenables
Le premier ministre a riposté lundi. Sans citer nommément le milliardaire américain, il a fustigé « ceux qui répandent des mensonges et des informations erronées ». Keir Starmer a défendu son travail en tant que procureur général de Grande-Bretagne. « Pendant cinq ans, je me suis attaqué à ce problème de front et j’ai rouvert des affaires classées. J’ai intenté le premier procès d’envergure contre un gang asiatique de “grooming”. J’ai changé toute l’approche des poursuites pour ce type de crimes », a-t-il dit. Mais pour l’heure, le premier ministre se refuse à l’ouverture d’une enquête nationale, estimant notamment que ce serait faire le jeu de l’extrême droite, qui s’est emparée du sujet.
La nouvelle patronne des conservateurs, Kemi Badenoch, a demandé l’ouverture d’une telle enquête. Les tories ont écrit à la ministre de l’Intérieur pour qu’une investigation publique détermine si le Crown Prosecution Service (CPS), dirigé à l’époque par Keir Starmer, a « ignoré ou même couvert » des rapports sur l’exploitation sexuelle d’enfants. « Les victimes de ces odieux gangs de violeurs d’enfants méritent l’honnêteté et la vérité », a déclaré Chris Philp, « ministre de l’Intérieur » du cabinet fantôme conservateur. Pour lui, le refus du Labour risque de « perpétuer la dissimulation des gangs de violeurs ». Starmer est accusé de « lâcheté morale totale ». Nigel Farage, le patron du parti anti-immigration Reform UK – en forme actuellement dans les sondages – exige, lui aussi, une enquête.
Les politiques ne sont pas les seuls à demander des comptes. Dans la société civile, des voix s’élèvent, comme celle de l’écrivain J.K. Rowling. « Les détails qui émergent sur ce que les gangs de violeurs ont fait aux filles de Rotherham sont absolument horribles. Les allégations d’une possible corruption policière dans cette affaire dépassent l’entendement », s’est-elle insurgée. Une lanceuse d’alerte historique sur ces drames, l’ancienne inspectrice Maggie Oliver, qui a démissionné de la police du Grand Manchester en 2012, a déploré que la détermination à faire toute la lumière sur ces scandales de viols de masse ne soit toujours pas suffisante. « Quand le premier ministre accuse ceux d’entre nous qui veulent toute la lumière d’être des extrémistes de droite, j’ai peur de ne pas avoir confiance en sa volonté d’aller au fond des choses », a-t-elle déclaré.
L’ampleur des abus donne le vertige. En 2014, après les révélations de la presse, une enquête indépendante menée à Rotherham, dans le Yorkshire, montre que, entre 1997 et 2013, plus de 1 400 enfants de la ville ont été exposés à des « niveaux élevés d’abus sexuels et de violence ». Le rapport Jay précise que les groupes d’hommes acteurs de ces viols étaient « presque tous » d’origine pakistanaise. À ce jour, 36 hommes ont été condamnés pour des crimes liés à ce scandale.
Une autre enquête menée à Telford, dans le Shropshire, révèle que plus d’un millier d’enfants y ont été victimes d’exploitation sexuelle pendant au moins trente ans, la police et le conseil municipal n’ayant pas voulu mener d’investigations. Les résultats de l’enquête, lancée en 2018 après la publication d’un article du Sunday Mirror, ont été rendus publics en 2022. Ils confirment malheureusement l’horreur décrite par le journal. Les faits remontent à la fin des années 1980. « D’innombrables enfants ont été agressés sexuellement et violés, délibérément humiliés et dégradés. Et ils ont été partagés et victimes de trafic », y déclare Tom Crowther, le président de l’enquête.
Les récits se ressemblent souvent. Les victimes racontent comment ces hommes s’efforçaient de gagner la confiance des jeunes « avant de la trahir impitoyablement en les traitant comme des objets ou des marchandises sexuelles ». Les criminels recherchaient des filles « vulnérables », issues de milieux populaires et de familles en difficulté, voire placées dans des foyers pour enfants. Ils commençaient par leur offrir trajets en taxi gratuits, nourriture, alcool ou cigarettes, avant de demander des relations sexuelles en retour. La plupart n’utilisaient pas de contraceptif et de nombreuses jeunes filles ont dû avorter.
Les récits des victimes sont insoutenables. Dans le jugement prononcé en 2013 à Oxford à l’encontre de Mohammed Karrar, on peut lire que ce dernier a préparé sa victime « à un viol anal collectif en utilisant une pompe ». « Vous l’avez soumise à un viol collectif par cinq ou six hommes. À un moment donné, quatre hommes étaient en elle. Une balle rouge a été placée dans sa bouche pour la faire taire », a dit le juge. Le Telegraph cite aussi la terrible histoire d’ »Anna », de Bradford. Vulnérable et placée en foyer, elle avait, à l’âge de 14 ans, fait état à plusieurs reprises de viols, d’abus et de coercition. Quand elle a « épousé » son agresseur lors d’un mariage islamique traditionnel, son assistante sociale a assisté à la cérémonie.
Troubles à l’ordre public
Les autorités ont ensuite fait en sorte qu’elle soit placée dans une famille d’accueil par les parents de son « mari ». Dans de nombreux cas, les victimes ont reçu des menaces de mort, contre elles ou leurs familles, si elles essayaient de mettre fin aux abus. À Telford, Lucy Lowe est morte à 16 ans, avec sa mère et sa sœur de 17 ans, lorsque son violeur a mis le feu à sa maison en 2000. Elle avait donné naissance à l’enfant d’Azhar Ali Mehmood, alors qu’elle n’avait que 14 ans et était enceinte lorsqu’elle a été tuée.
En grande majorité originaires d’Asie du Sud, les agresseurs étaient souvent des chauffeurs de taxi. Quand ils essayaient de parler, les enfants étaient mis en cause au lieu de leurs tortionnaires. Samantha Smith, étudiante en droit aujourd’hui âgée de 22 ans, a été abusée entre l’âge de 5 ans et de 14 ans. Elle a raconté comment la police avait balayé son témoignage quand elle avait 16 ans, se contentant « de lui demander si elle était consentante ». Les jeunes filles étaient souvent traitées comme des prostituées. En 2019, un ancien procureur général pour le nord-ouest de l’Angleterre, Nazir Afzal, a raconté sur Radio 4 qu’en 2008, le ministère de l’Intérieur aurait envoyé une circulaire à toutes les forces de police du pays disant que ces jeunes filles avaient fait un choix éclairé sur leur comportement sexuel, et que ce n’était donc pas à la police de s’en mêler.
Non seulement la police n’a pas protégé les enfants mais, dans certains cas, il semble qu’elle ait protégé les agresseurs, les informant d’éventuelles poursuites, arrêtant des pères de famille pour avoir tenté de récupérer leur fille dans des maisons d’agresseurs, ou accusant les victimes de troubles à l’ordre public. La police comme les autorités locales ont reconnu leur responsabilité et présenté leurs excuses aux victimes.
Une autre ville d’Angleterre concentre aujourd’hui l’attention. En juillet dernier, le conseil local d’Oldham, dans le Grand Manchester, a demandé au ministère de l’Intérieur une enquête sur les abus commis dans la région. Mais la sous-secrétaire d’État chargée de la Protection de l’enfance, Jess Phillips, a rejeté cette demande, arguant que des investigations locales étaient plus appropriées. Pour Elon Musk, la ministre « mériterait d’être en prison » et « la véritable raison pour laquelle elle refuse d’enquêter sur les gangs de violeurs est que cela conduirait évidemment à blâmer Keir Starmer ».
Comment de tels viols d’enfants à une telle échelle ont-ils pu se poursuivre aussi longtemps ? Les autorités locales et des élus ont souvent préféré fermer les yeux sur les abus commis par des Pakistanais musulmans pour ne pas être taxés de racisme, ou de peur d’attiser les tensions communautaires. Les enseignants et les éducateurs ont été découragés de signaler les abus sexuels sur les enfants. Pour de nombreux commentateurs, le politiquement correct et la volonté de ne pas ébrécher l’image d’une société multiculturelle a détruit la vie de milliers d’enfants.
Des élus et leurs partis ont aussi eu peur de perdre le « vote musulman », dont on a vu aux dernières élections locales et générales combien il pouvait compter dans certaines régions. À Oldham, justement, le Parti travailliste a perdu le contrôle du conseil municipal en mai dernier en raison de la position modérée du parti sur Gaza. Des candidats indépendants, qui ont explicitement fait campagne en faveur de la Palestine et du Hamas, ont gagné cinq sièges stratégiques.
Le « ministre de la Justice » du cabinet fantôme conservateur, Robert Jenrick, a placé le sujet sur le terrain de l’immigration. Celui qui était candidat à la direction du parti l’été dernier a suggéré mardi que les tories pourraient chercher à limiter l’immigration de « cultures étrangères ». « Ces dernières années, nous avons vu des millions de personnes entrer au Royaume-Uni et certaines d’entre elles ont des attitudes rétrogrades, franchement médiévales, à l’égard des femmes », a-t-il dit. Selon lui, le scandale des « grooming gangs » a commencé « avec le début de l’immigration de masse ».
Tout en déplorant la « politisation » du scandale des « grooming gangs », l’ancienne présidente d’une enquête nationale sur la maltraitance des enfants, l’universitaire Alexis Jay, a reconnu que la nouvelle empoignade aurait au moins le mérite de pousser les autorités à agir plus vigoureusement. Comme si, au-delà des polémiques, les voix meurtries de milliers de petites filles britanniques venaient réveiller les consciences endormies.
© Arnaud De La Grange, Directeur adjoint de la rédaction du Figaro
C’est une horreur absolue, toutes ces jeunes filles seront traumatisées à vie.Et tout cela depuis toutes ces années dans l’indifférence générale des autorités, des médias, des services sociaux. Il faut que la justice soit rendue pour les victimes.Le danger est de partout en Europe, les agressions à Cologne en Allemagne, et dernièrement à Milan des touristes belges agressées sexuellement.Nous sommes dans un monde de plus en plus violent et c’est la responsabilité de tous les dirigeants du monde d’agir et de protéger les plus faibles. « Nous devons à nos enfants, les citoyens les plus vulnérables de toute société une vie à l’abri de la violence et de la peur, Nelson Mandela ».
L’Angleterre c’est Kaboul-sur-Tamise. Les autorités britanniques ont volontairement perpétrer ces horreurs parce que les agresseurs étaient des non-blancs et parce que la plupart des victimes étaient des Blanches. C’est l’exemple même d’une justice raciste.
L’Angleterre est donc l’un des pays les plus racistes et sexistes au monde, au même titre que les régimes des années 30 ou les dictatures islamistes modernes. En France, les motifs racistes de nombreux viols de femmes blanches (ex : viol collectif d’Évry dont j’ai déjà parlé sur TJ à la suite d’un article de Pierre André Targuieff, qui m’avait aimabment répondu) sont volontairement passés sous silence. Le racisme et l’antisémitisme déguisés en antiracisme et anti-féminisme représentent le mal absolu.
Honte aux « antiracistes », aux « néoféministes », aux médias et aux artistes engagé(e)s qui ont fait semblant d’ignorer ces horreurs : je leur souhaite le pire.
L’Angleterre c’est Kaboul-sur-Tamise. Les autorités britanniques ont volontairement laissé perpétrer ces horreurs parce que les agresseurs étaient des non-blancs et parce que la plupart des victimes étaient des Blanches. C’est l’exemple même d’une justice raciste.
L’Angleterre est donc l’un des pays les plus racistes et sexistes au monde, au même titre que les régimes des années 30 ou les dictatures islamistes modernes. En France, les motifs racistes de nombreux viols de femmes blanches (ex : viol collectif d’Évry dont j’ai déjà parlé sur TJ à la suite d’un article de Pierre André Targuieff, qui m’avait aimabment répondu) sont volontairement passés sous silence. Le racisme et l’antiféminisme déguisés en antiracisme et en « néoféminisme » représentent le mal absolu.
Honte aux « antiracistes », aux « néoféministes », aux médias et aux artistes engagé(e)s qui ont fait semblant d’ignorer ces horreurs : je leur souhaite le pire.
Rappel :
« La justice est représentée par l’image d’une femme aux yeux bandés tenant d’une main un glaive et de l’autre une balance.
Ces trois symboles évoquent des principes forts de la justice : l’impartialité, le pouvoir de sanction et l’équité dans le départage. »
Laisser faire des criminels parce qu’ils sont « racisés » n’a rien à voir avec la justice et encourage le crime.