Qassem Soleimani m’a tuer. Par Joel Hanhart

Les valises diplomatiques interceptées à l’aéroport de Beyrouth début 2025 en disent long sur les priorités de la Dictature iranienne. Alors que son économie s’effondre, Téhéran continue d’acheminer des fonds en espèces vers ses proxies régionaux, quitte à s’exposer à des incidents diplomatiques majeurs, inimaginables avant la déconfiture du Hezbollah, qui révèlent sa faiblesse.

Les chiffres dessinent une spirale vertigineuse. Selon le ministère du Bien-être social, 27% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Plus alarmant encore, le Centre de recherche de la Chambre de commerce iranienne révèle qu’à la fin 2021, 32 millions d’Iraniens ne parvenaient plus à assurer leurs besoins alimentaires essentiels. Le rial s’est effondré, perdant 85% de sa valeur en cinq ans. Sur les marchés informels de Téhéran, le dollar s’échange désormais à 580 000 rials, contre 320 000 début 2023.

Cette dégradation économique n’empêche pas le régime de maintenir ses folles dépenses militaires et son soutien aux groupes alliés, pour exporter la violence qui est son moteur depuis Khomeini. Le budget annuel des Gardiens de la Révolution dépasse les 10 milliards de dollars, sans compter les financements occultes. Le soutien au Hezbollah libanais est estimé entre 700 millions et 1 milliard de dollars par an, l’aide aux Houthis yéménites représentant elle aussi plusieurs centaines de millions de dollars.

Les conséquences sont désastreuses pour les infrastructures nationales. Le secteur énergétique accuse un déficit d’investissement de 25 milliards de dollars sur cinq ans. Les pannes d’électricité paralysent régulièrement les grandes villes, tandis que le système éducatif se délite, particulièrement dans les zones rurales.

L’effondrement récent des principaux alliés régionaux – régime Assad en Syrie, Hamas à Gaza, Hezbollah au Liban – n’a pas modifié cette allocation déséquilibrée des ressources. Le régime semble au contraire s’obstiner dans une politique de puissance ruineuse malgré l’érosion manifeste de son influence.

Cette entêtement trouve de nombreux échos dans l’histoire des régimes autoritaires. L’URSS des années 1980 continuait de subventionner Cuba et l’Europe de l’Est alors que ses citoyens faisaient la queue pour le pain. L’Égypte nassérienne s’est épuisée dans sa quête de leadership arabe jusqu’aux émeutes de 1977. 

La République islamique semble aujourd’hui confrontée à cette même équation impossible : maintenir ses ambitions régionales tout en gérant l’appauvrissement accéléré de sa population. Un dilemme qui pourrait bien, à terme, précipiter la chute d’un régime plus soucieux de financer ses proxies que d’assurer le bien-être de ses citoyens. Arrivera un jour où la répression ne parviendra plus à faire taire la population iranienne massivement hostile aux mollahs. Et alors tous les Guterres auront à rendre des comptes.

Sources : open, facilement disponibles via quelques recherches sur internet

© Joel Hanhart

Joel Hanhart is Ophthalmologist @ Shaare Zedek | Head of the Medical Retina Unit. Jerusalem District, Israel

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