« J’accuse LFI d’être devenu le Parti de l’antisémitisme en France ». Par Claude Goldenfeld

Ouvertement encensé par Rivarol et par Alain Soral, LFI n’est plus seulement un mouvement antirépublicain, racialiste et communautariste, un relais servile de la propagande islamiste en France ou une organisation d’extrême gauche ayant érigé l’outrage et l’outrance en mode d’expression politique. Malgré ses dénégations officielles, le parti de Jean-Luc Mélenchon véhicule désormais un antisémitisme virulent, complotiste et obsessionnel. 

Alors que, dans un déchaînement de violences aux relents inquiétants, des Juifs ont récemment été pourchassés et lynchés en plein cœur d’Amsterdam, alors que la haine antisémite enregistre une flambée effroyable dans nos rues, nos stades, nos universités comme sur les réseaux sociaux, j’en appelle à un éveil des consciences face à des incendiaires qui siègent sur les bancs de l’Assemblée tout en propageant à jet continu les flammes d’une judéophobie incandescente.

Parce que le poison est dans la dose, plus que dans la chose, le florilège effarant repris dans cette longue tribune l’atteste de manière accablante, même s’il ne représente que quelques gouttes d’eau au milieu d’un océan d’immondices.

Les César du complotisme et du néga-sionisme

Qui, parmi les têtes d’affiche de LFI, mérite le trophée convoité de meilleur conspirationniste antisémite et de plus grand diffuseur de faux et d’usage d’un faux ?

Sont nommés, dans la catégorie « Protocole des Sages de Sion » : 

Rima Hassan, pour ce tweet magistral du 24 juin 2024 :

« Israël a des chiens entraînés pour violer des palestiniens dans les centres de détention ».  Ou quand la fake news confine à l’abjection antijuive la plus pure et la plus délirante. Un post qui aura dépassé les 900 000 vues sur X… tout en attisant la haine et la violence de combien d’individus dans nos rues ?

Rima Hassan encore, qui récidivait deux jours plus tard en accusant, cette fois, Israël de se livrer à des vols d’organes : 

« Un palestinien qui a été libéré avec une perte de la vue ; selon le diagnostic médical, une partie de son foie et de ses reins a été prélevée ». 

David Guiraud qui, le 10 novembre 2023, déclarait à Tunis :

« Le bébé dans le four, ça a été fait, en effet, par Israël. La maman éventrée, ça a été fait, c’est vrai, par Israël ». 

Ces divagations fielleuses auront presque fait oublier la vidéo virale qu’il avait relayée le 10 mai 2021 en prétendant que des juifs israéliens avaient célébré un incendie à la mosquée al-Aqsa, alors même que les festivités incriminées n’avaient strictement aucun lien avec le sinistre.

Jean-Luc Mélenchon, pris en flagrant délire de complotisme, le 6 juin 2021, sur France Inter au sujet des meurtres abominables de Mohamed Merah :

« Vous verrez que, dans la dernière semaine de la campagne présidentielle, nous aurons un grave incident ou un meurtre. Ça a été Merah en 2012. (…) Tout ça, c’est écrit d’avance. Avant, on avait eu Papy Voise dont plus personne n’a jamais entendu parler après. (…) Nous aurons le petit personnage sorti du chapeau… Nous aurons l’événement gravissime qui va, une fois de plus, permettre de montrer du doigt les musulmans et d’inventer une guerre civile. Voilà, c’est bateau, tout ça ». 

L’assassinat à bout portant d’enfants juifs, c’est « bateau » en effet, et cela relève d’un « grave incident » orchestré par quelque obscur complot dans le but de nuire « aux musulmans »…

Aymeric Caron, pour ce sublime retweet négationniste sur le 7-Octobre, un message daté du 4 octobre 2024 et postérieur à ceux dans lesquels il avait pourtant bien qualifié cette sauvagerie d’actes terroristes: 

« Oui, les mots ont un sens et l’attaque du 7 octobre n’est pas un pogrom. D’ailleurs, selon les médias israéliens, la majorité des morts du 7 octobre à la Rave Party Nova et dans les kibboutz sont le fait de l’armée israélienne qui a reçu l’ordre de tirer sur tout le monde« . 

Si le quotidien Haaretz a bien évoqué la mise en œuvre du protocole Hannibal, une directive visant à utiliser la force afin d’empêcher la capture d’otages, ces deux phrases confirment l’intérêt de faire entrer le mot « néga-sionisme » dans les dictionnaires pour désigner une telle idéologie.

Thomas Portes, pour cette saillie somptueuse publiée le 19 juin 2024 sur X, non pas pour la première affirmation, accréditée par certaines sources, mais pour la conclusion qu’il en tire.

« Le renseignement israélien était au courant d’un plan d’attaque du Hamas qui visait à capturer des otages. Netanyahou et ses complices ont laissé faire pour mettre en place le génocide du peuple palestinien. Ce sont des criminels de guerre ». 

Des barbares au carré, en quelque sorte, tellement assoiffés de sang qu’ils sont prêts à fermer les yeux sur le massacre de leur propre peuple, voire à le perpétrer eux-mêmes, selon le message précédent, afin de pouvoir justifier et accomplir ensuite leurs monstrueux desseins.

Aymeric Caron encore, pour ce tweet choc du 13 octobre 2024 :

« L’armée israélienne à Gaza vise spécifiquement les enfants en leur tirant dans la tête ».  Une autre assertion – nullement suggérée par l’écoute de la vidéo contenue dans son retweet, qu’il semble avoir omis d’effectuer – qui aura culminé à plus de 520 000 vues sur X.

Aymeric Caron toujours, qui pousse le zèle jusqu’à gonfler allègrement les chiffres du Hamas : « Il y a 90 % de victimes civiles à Gaza » (tweet du 2 octobre 2024) ou à relayer nombre de sources pour le moins douteuses, islamistes ou complotistes, dont il loue par ailleurs la qualité : « Ah oui, pour vous Al Jazeera n’est pas un média fiable, Thinkerview est une chaîne complotiste, Émilie Gomis est antisémite : pas besoin d’en lire plus. C’est vous le complotiste ».  (25 novembre 2024) Rappelons que la première est un média qatari proche des Frères musulmans et « glorifiant le Hamas » (dixit Libération), la deuxième une chaîne YouTube régulièrement épinglée pour son conspirationnisme. Quant au philosémitisme de l’ambassadrice déchue des JO 2024, il suffit de consulter la teneur et le sujet unique de ses innombrables publications sur les réseaux sociaux pour en prendre la mesure…

Jean-Luc Mélenchon qui, le 13 décembre 2019, imputait la défaite électorale du leader travailliste britannique Jeremy Corbyn à « la grossière accusation d’antisémitisme » proférée par « le grand rabbin d’Angleterre et les divers réseaux d’influence du Likoud« , en ajoutant, dans une autre charge contre le pouvoir prétendument écrasant du lobby juif : « la génuflexion devant les ukases arrogants des communautaristes du CRIF : c’est non« .

Raquel Garrido, pour cette remarque lourde de sous-entendus : « Si Blanquer avait dit ‘pas de kippa en sortie scolaire’, il ne serait plus ministre ». (9 janvier 2020)

Au regard de tout ce qui précède, cette déclaration pourtant célèbre du dirigeant insoumis : « Contrairement à ce que dit la propagande de l’officialité, l’antisémitisme reste résiduel en France » (2 juin 2024) ferait presque pâle figure.

Mais revenons aux autres fondamentaux de LFI : le venin judéophobe, distillé avec une violence inouïe, la justification de l’innommable, l’indignation obsessionnelle et à géométrie variable, focalisée sur le seul conflit au Proche-Orient, les appels réitérés de ses sympathisants à une « libération de la Palestine du Jourdain à la Méditerranée », synonyme de disparition pure et simple de l’État d’Israël, la collaboration assumée avec les islamistes les plus infréquentables…

La rhétorique antisémite

« Vous êtes devenus fous. Vous êtes dingues ! C’EST POUR ÇA QUE VOUS ÊTES DANGEREUX ! C’est parce que vous êtes dingues. Parce que vous ne voyez plus, en regardant une population, des êtres humains, vous voyez des pions, des chiffres DANS VOTRE PETITE TÊTE RABOUGRIE PAR LE SECTARISME, LA HAINE RELIGIEUSE, que ceux qui sont en face de vous n’ont pas ». 

Jean-Luc Mélenchon, 28 mars 2024, à Créteil.

« Je ne sais pas si Jésus était sur la croix. Je sais qui l’y a mis, paraît-il, ce sont ses propres compatriotes ».  Le tribun insoumis relayait ainsi sans vergogne l’accusation de peuple déicide, le 15 juillet 2020, sur BFM TV.

« Nous ne croyons pas à un peuple supérieur aux autres« , tonnait-il déjà le 24 août 2014, à Grenoble, dans une tirade glaçante, avant de « dénoncer (…) ceux de nos compatriotes [les juifs] qui ont cru bien inspiré d’aller manifester devant l’ambassade d’un pays étranger » ; de vitupérer une « communauté agressive qui fait la leçon au reste du pays » : « Nous n’avons peur de personne. N’essayez pas de nous faire baisser les yeux. Peine perdue. Je voudrais dire au CRIF que cela commence à bien faire » et de théoriser enfin, dans ce discours fondateur, un concept qu’il reprendra maintes fois par la suite, celui du « rayon paralysant » de l’accusation d’antisémitisme.

« Non, l’ennemi, ce n’est pas le musulman, c’est le financier ! », assénait-il le 29 août 2021.

Désormais, le leader de LFI n’a de cesse, par le biais notamment de son blog ou de son compte X, de recycler d’autres poncifs et stéréotypes antisémites tout en renvoyant régulièrement à leur origine juive des personnalités françaises tantôt taxées :

– d’avoir « un comportement de quelqu’un qui ne pense plus en français, qui pense dans la langue de la finance internationale » (Pierre Moscovici, le 23 mars 2013),

– s’agissant de Léa Salamé, Je ne me suis pas préoccupé de ses liens familiaux, politiques et communautaires (le 4 décembre 2017, dans une insinuation visant son conjoint Raphaël Glucksmann… et finalement amendée),

– de « reprodui(re) beaucoup de scénarios culturels, (…) des traditions qui sont beaucoup liées au judaïsme » (Éric Zemmour, le 28 octobre 2021, sur BFM TV),

– d’être d’« extrême droite » (le CRIF et son président, le 16 juillet 2023),

– de « se rallier à un point de vue étranger » (Élisabeth Borne, au lendemain du… 7 octobre 2023), en propageant à nouveau le vieux mythe de la double allégeance des Juifs de France.

– de « camper à Tel-Aviv pour encourager le massacre » (Yaël Braun-Pivet, le 22 octobre 2023), ressuscitant ici, par-delà la bassesse de l’attaque, un trope antisémite séculaire utilisé dès 1890 par le pape du genre, Édouard Drumont, qui écrivait « la race juive (…) est une race de nomades et de Bédouins ; quand elle a installé quelque part son campement, elle détruit tout autour d’elle » ; par Maurice Bedel, qui voyait en Léon Blum un « président du Conseil venu d’une race errante camper en Île-de-France », ou encore par le journal maurassien Aspects de la France, héritier de L’Action Française (interdit pour collaboration), qui, en 1954, dépeignait Pierre Mendès-France comme « celui qui campe présentement entre l’Atlantique et les Pyrénées ».

Des références nauséabondes que les moins de vingt ans peuvent ne pas connaître, mais qu’un homme aussi érudit ne peut feindre d’ignorer.

Est-ce par ailleurs un hasard si, depuis le lendemain de sa publication, ce fameux tweet trône sur le site d’Alain Soral, l’une des « références » suprêmes de l’antisémitisme hexagonal actuel ?

« Pas au nom du peuple français ! » poursuivait le « Lider Maximo » dans cette même philippique contre la présidente de l’Assemblée qui, après la Première ministre, se voyait à son tour soupçonnée de déloyauté envers la nation…

– d’inféoder la ligne éditoriale de BFM TV à son origine (Patrick Drahi, le 4 novembre 2023), rejoignant Aymeric Caron qui, le 23 octobre 2022 qualifiait déjà cette dernière de « chaîne de propagande israélienne du milliardaire israélien Drahi« ,

– d’être islamophobes : « Si on n’injurie pas les musulmans, cette fanatique s’indigne ».  (Ruth Elkrief, prise ainsi pour cible le 3 décembre 2023 avant d’être placée sous protection policière), 

– d’avoir « renié les principes les plus constants de la gauche du judaïsme en France« , à propos de Jérôme Guedj (le 29 avril 2024) dont « l’ambiguïté du propos est un signe dans son milieu de fanatisme. L’intéressant est de le voir s’agiter autour du piquet où le retient la laisse de ses adhésions ». 

– d’être « acquis à la politique de Netanyahou » (Benjamin Haddad, le 28 septembre 2024),

– Le 7 novembre 2023, le même Jean-Luc Mélenchon persiflait ainsi les participants à la marche contre l’antisémitisme à laquelle lui et son parti ont refusé de se joindre : « Les amis du soutien inconditionnel au massacre ont leur rendez-vous ». 

Quant au 7-Octobre, ce « n’est pas un pogrom » (sic) (…) et les morts n’ont pas péri parce que juifs, mais si je peux me permettre une petite correction : parce qu’ils étaient Israéliens !« 

Jean-Luc Mélenchon, le 28 janvier 2024, sur BFM TV.

Oser insinuer que les barbares sanguinaires du Hamas qui ont commis les atrocités du 7 octobre seraient antisémites – l’un d’entre eux ayant aussitôt célébré sa bravoure en ces termes avec ses parents : « J’ai tué dix juifs à mains nues ! » – relève en effet de la calomnie la plus éhontée.

Le 18 avril 2024, il comparait le président de l’université de Lille au criminel nazi Adolf Eichmann, après l’annulation de la conférence qu’il devait tenir avec Rima Hassan.

Que dire encore de ce tweet immonde – « Radio mille collines » –, publié à la veille du premier anniversaire du 7-Octobre ? En faisant ainsi référence à l’outil de propagande hutu, Aymeric Caron n’hésitait pas à assimiler Rachel Khan aux génocidaires rwandaisdu seul fait de sa judéité et de sa couleur de peau, des propos qui lui valent d’être poursuivi en justice pour injure publique aggravée par le racisme et l’antisémitisme.

« Pro-génocide« , « soutiens du génocide« , « soutien des massacres à Gaza » : cette phraséologie de LFI, proférée ad nauseam, est devenue son nouveau langage codé pour désigner à la vindicte nombre de personnalités (juives pour la plupart) sur les réseaux sociaux, parfois avec un ton comminatoire : « Les partisans du génocide rendront des comptes un jour ».  (Aymeric Caron, ciblant à nouveau Rachel Khan, le 5 octobre 2024). Visé par cette accusation, Arthur annoncera, le 10 novembre 2024, une plainte en diffamation contre l’ancien polémiste de Laurent Ruquier.

Mathilde Panot, qui qualifiait Élisabeth Borne de « rescapée« , le 6 juillet 2022 dans l’hémicycle, en une allusion à l’histoire familiale de la Première ministre, recevra par la suite les louanges d’Alain Soral, quiécrira qu’elle « sauve l’honneur de la France » ou encore que « la vraie voix de la France, c’est celle de Mathilde Panot » (24 octobre 2023).

Ersilia Soudais surenchérira, dans ce tweet du 18 décembre 2022 : « Nous sommes venu. e. s accueillir Salah Hamouri (ndlr : un Palestinien membre de l’organisation terroriste FPLP et condamné pour tentative d’assassinats de plusieurs rabbins)à l’aéroport, après sa déportation (sic) orchestrée par Israël« . 

En réaction à une plainte déposée par l’Observatoire juif de France pour sa diatribe (précitée) de Tunis, David Guiraud diffusait quant à lui sur X, le 1er janvier 2024 – avant de le retirer, face à la polémique –, un extrait vidéo mentionnant les « Dragons célestes« , ces figures de mangas riches, manipulatrices et contrôlant le monde, utilisées par les sphères antisémites pour cibler les Juifs sur la Toile. Parmi les insoumis, il n’est nul besoin d’avoir, comme le député du Nord, posé fièrement en compagnie de l’hitlérien Mehdi Meklat ou été biberonné aux discours de Dieudonné et d’Alain Soral pour dégainer ce mème bien connu. La chef de file LFI aux sénatoriales, Isabelle d’Artagnan, lui emboîtera le pas, le 17 avril 2024, en félicitant Rima Hassan d’« exécuter des dragons quotidiennement« , à la suite d’un échange de tweets tendu avec Shannon Sebban… avant d’effacer à son tour son message.

Quant au lynchage de Juifs dans les rues d’Amsterdam, les victimes l’avaient évidemment bien cherché. C’est le sens des justifications obscènes publiées par nombre d’élus et cadres insoumis, à commencer par celles du triple fiché S Raphaël Arnault ou de Marie Mesmeur, autre députée LFI, qui a affirmé : « Ces gens-là (sic) n’ont pas été lynchés parce qu’ils étaient juifs, mais bien parce qu’ils étaient racistes et qu’ils soutenaient un génocide« , des propos pour lesquels le ministre de l’Intérieur a saisi la procureure de Paris.

Raphaël Enthoven en dressera ce lumineux décryptage : « Pires que les tueurs (car plus nombreux) sont ceux qui leur trouvent des excuses. (…) Tel est le sort du Juif : quelle que soit la violence qu’il subit, il sera toujours perçu par l’antisémite comme le bourreau de son bourreau. Dans toute agression, l’antisémite verra une réaction. Aucune violence contre les Juifs n’est condamnable, puisque toutes s’expliquent, toutes témoignent de la violence supérieure à laquelle elles répondent. Le gauchisme, c’est le service après-vandale, qui fait de l’abominable une conséquence ». 

Écoutons, à l’inverse, l’avis éclairé de ceux qui, de longue date, ont fait de l’antisémitisme une profession de foi. Le directeur de la publication de l’hebdomadaire d’extrême droite Rivarol, Jérôme Bourbon, condamné une quinzaine de fois par la justice, est de ceux-là.

Dans son éditorial du 24 octobre 2023, il adressait un magnifique baiser de la mort à Jean-Luc Mélenchon en le couvrant d’éloges et en le comparant à Jean-Marie Le Pen, lui qui « subit à son tour des attaques d’une rare violence de la part du même Lobby parce qu’il refuse avec un certain courage, et même un courage certain, de s’aligner inconditionnellement sur l’entité sioniste« .

La veille, c’est Alain Soral qui se fendait de cet hommage : « C’est encore Mélenchon qui sauve l’honneur en matière diplomatique »…

L’antisionisme radical érigé en fonds de commerce

« Le sionisme est une maladie mentale, épisode 672″, retweetait Aymeric Caron, le 3 octobre 2024, à propos d’Anne Sinclair. Noyé dans un flot ininterrompu de messages activistes, cet aveu, pourtant éloquent, n’aura été relevé par aucun observateur.

L’ancien journaliste, las de déclarer l’amour de l’insecte, préfère-t-il aujourd’hui déclamer la haine de la secte ?

Comme le révélera Le Point, en novembre 2024, soit treize mois après le déclenchement de la guerre par le Hamas, et alors que faisaient rage le débat parlementaire sur le PLF 2025, mais aussi tant de conflits sanglants, de massacres de masse et d’atteintes aux droits de l’homme (et des femmes) à travers le monde, la critique d’Israël concentrait encore 69 % de ses tweets, un ratio qui le plaçait au deuxième rang, parmi les députés insoumis, derrière les 78 % de Rima Hassan.

Le 20 janvier 2022, ces derniers, qui répètent à l’envi le terme « génocide » à propos de Gaza, avaient refusé de voter une résolution de l’Assemblée nationale au sujet de celui, bien avéré, des Ouïghours. Le lendemain, Jean-Luc Mélenchon justifiait cette position en dénonçant « l’hypocrisie » de la classe politique.

L’animateur Arthur fustigera cette hargne sélective et obsessionnelle en interpellant Aymeric Caron en ces termes, le 9 novembre 2024, sur le réseau X : « Qu’en est-il de votre indignation pour les millions de morts en RDC, au Soudan, en Syrie, au Yémen ? Pour les femmes opprimées en Iran et en Afghanistan ? Pas un mot dans les milliers de tweets que vous déversez sans relâche. Peut-être parce que, dans ces conflits-là, aucun Juif n’est impliqué. Monsieur Caron, votre discours pue l’antisémitisme ». 

« Curieusement, les musulmans ne vous intéressent que lorsqu’il y a Israël en face…« , lui rétorquera à son tour le directeur du Point, Étienne Gernelle, au terme d’une démonstration analogue, le 15 décembre 2024.

Tandis que Jean-Luc Mélenchon continue à afficher des « pudeurs de gazelle » en refusant d’accoler le mot « terroriste » au 7-Octobre, Sophia Chikirou allait jusqu’à relayer, dans un post Instagram du 1er août 2024, un hommage au chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, au lendemain de son élimination à Téhéran par l’armée israélienne.

Que pense Danièle Obono de cette organisation ? La députée LFI de Paris, qui considère l’ultra-antisémite Houria Bouteldja « comme une camarade » et qui n’avait « pas pleuré Charlie » mais au contraire dénoncé ceux qui se sont tus « quand l’État s’est attaqué à Dieudonné, voire ont appelé et soutenu sa censure » (11 janvier 2015), assurait, le 17 octobre 2023, sur Sud Radio : « C’est un mouvement de résistance qui se définit comme tel ». 

Rima Hassan abondait dans son sens lors d’une interview accordée au média en ligne « Le crayon » et parue le 22 janvier 2024 :

« Le Hamas mène une action légitime : vrai.

 L’État d’Israël a un droit de défense : faux.

 Une solution à deux États est possible : faux« . 

Ou encore : « La résistance armée du peuple palestinien est légitime […] face à ce qu’est Israël : un régime génocidaire et colonial dont l’objectif est d’aboutir à un nettoyage ethnique des Palestiniens », tweet du 17 octobre 2024.

« En dehors de la pensée hégémonique occidentale, personne ne considère le 7 octobre comme un acte de terrorisme ».  Un autre message adressé (le 22 août 2024) par la pasionaria de la cause palestinienne à l’ensemble de ceux qui n’auraient toujours pas compris.

« Il n’y aura pas de 2 États. Peut-être qu’il faut que je l’écrive en arabe en français et en anglais pour que ça rentre ».  Rima Hassan encore, dans un tweet du 5 janvier 2024, à l’attention des mêmes qui n’auraient peut-être pas saisi toute la subtilité du slogan « From the river to the sea« .

« Pour le colonisé, la vie ne peut naître que du cadavre en décomposition du colon ».  Des propos de Fanon toujours proclamés par « Lady Gaza », le 12 juillet 2024, à travers cette ode vibrante à la paix et au dialogue au Proche-Orient…

Après ses vains appels pour interdire de JO la (seule) délégation israélienne, LFI annoncera, le 3 décembre 2024, son adhésion à la campagne internationale de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre l’ »entité sioniste« , dixit un Sébastien Delogu qui, à défaut de maîtriser la lecture, connaît ce classique scandé par tous les partisans de l’anéantissement de l’État hébreu.

La collaboration avec les islamistes

Omar Alsoumi est unhabitué des cortèges communs avec les cadres insoumis.

Cet activiste ultra-radical, thuriféraire du Hamas, apologiste du terrorisme palestinien, est un multirécidiviste des appels à l’intifada, coutumier notamment de ce type de harangues : « On va exporter partout la résistance et le souffle de l’intifada, dans nos quartiers, dans nos facs, dans les usines ! Et on est prêts à aller jusqu’aux sacrifices les plus douloureux pour cette cause ! » Accessoirement, il s’est par ailleurs fait remarquer pour des sorties aussi délicates que : « À bas Darmanin, à bas ce régime corrompu ! » ou encore pour ses jets de bouteilles en verre, filmés et… prémédités (!), le 8 mars 2024, contre des manifestantes juives du collectif « Nous vivrons ».

Le 15 octobre 2024, un rassemblement s’est tenu entre le gratin de LFI et ce charmant individu, au cours duquel ses nouveaux appels à l’intifada ont été adoubés par toutes les figures du parti, Manuel Bompard et Rima Hassan en tête, qui partageaient l’estrade avec lui, aux côtés de Thomas Portes, Louis Boyard et Sophia Chikirou, devant Jean-Luc Mélenchon et une foule galvanisée, scandant le slogan de l’éradication de l’État juif : « From the river to the sea, Palestine will be free ! » Deux associations antiracistes annonceront, le 12 novembre, porter plainte contre M. Alsoumi pour ses incitations haineuses et violentes au soulèvement.

S’il s’était agi d’un mouvement de droite paradant avec un néonazi dans un meeting, le quasi-silence médiatique n’eût-il pas (à juste raison) laissé place à un tollé retentissant ?

Bien plus connu, le prédicateur salafiste fiché S Elias d’Imzalène, proche d’Alain Soral, est un autre compagnon de route de la galaxie insoumise. Le 8 septembre dernier, lors d’une manifestation propalestinienne place de la Nation, il prononçait un discours incendiaire dans lequel il exhortait également les participants à  « mener l’intifada dans Paris » afin de « libérer » Jérusalem. La justice l’a condamné, le 19 décembre, à cinq mois de prison avec sursis pour provocation publique à la haine ou à la violence envers la communauté juive ainsi qu’au versement de dommages et intérêts à cinq associations qui luttent contre l’antisémitisme.

Éric Coquerel et Ersilia Soudais n’avaient pas hésité à s’afficher à ses côtés à Saint-Denis, le 14 novembre, le vice-président de la Commission des finances de l’Assemblée déclarant ensuite, toute honte bue, que ce personnage pour le moins sulfureux était « plus respectable » que le ministre de l’Intérieur…

La même Ersilia Soudais qui avait médiatisé sa visite à cet islamiste durant sa garde à vue et dont les gloussements irrépressibles après le pogrom du 7 octobre peinaient à masquer la jubilation…

Souvenons-nous aussi de ces images surréalistes d’une eurodéputée française, Rima Hassan, défilant dans une manifestation pro-Hamas à Amman, en août 2024, à proximité d’un drapeau des Brigades Izz ad-Din al-Qassam, la branche militaire du mouvement terroriste. L’été dernier, l’Association « Avocats sans frontières » avait par ailleurs réuni suffisamment de preuves pour l’assigner en justice en compagnie de deux autres députés LFI, Ersilia Soudais et Thomas Portes, pour intelligence avec une organisation terroriste en raison de leurs liens étroits, avérés et documentés, avec le Hamas et le FPLP, une incrimination pénale autrement plus grave que la plupart des infractions de droit commun qui sont régulièrement relayées par la presse au sujet des cadres de ce parti.

Dans ce contexte, faut-il encore s’étonner de la proposition de loi déposée le 19 novembre 2024 par LFI en vue d’abroger le délit d’apologie du terrorisme ? « C’est difficile de faire plus ignoble », réagira Bruno Retailleau, à l’unisson de tous les démocrates de ce pays.

Et enfin, parce que les Insoumis n’ont pas l’apanage de l’indécence au sein du NFP, comment ne pas mentionner cette séquence, largement diffusée sur les réseaux sociaux en octobre 2024, dans laquelle, un an après l’invitation de l’inénarrable rappeur Médine aux journées d’été d’EELV, l’écologiste Marine Tondelier enlaçait Salah Hamouri (maintes fois reçu en grande pompe par les députés insoumis) devant Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan ?

Ou quand le vert de l’écologie se noie dans celui de l’islamisme terroriste palestinien.

En attendant la prochaine vidéo posthume de son câlin à Yahya Sinwar ?

Si, selon un sondage publié fin novembre 2024, 55 % de sympathisants LFI adhèrent à au moins six opinions antisémites, cet amoncellement de faits proprement glaçant pourrait-il contribuer à dessiller les yeux de la frange restante de son électorat ?

Quant à ceux qui ont noué une alliance ou construit un « barrage républicain » avec ce parti lors des dernières législatives, n’est-il pas temps pour eux d’en appeler à un cordon sanitaire urgent face à de tels ennemis de la démocratie ?

Gardons particulièrement en mémoire ces propos visionnaires de Vladimir Jankélévitch (in L’imprescriptible, 1967) :

« L’antisionisme est une incroyable aubaine, car il nous donne la permission  et même le droit, et même le devoir  d’être antisémites au nom de la démocratie ! L’antisionisme est l’antisémitisme justifié, mis enfin à la portée de tous. Il est la permission d’être démocratiquement antisémite. Et si les juifs étaient eux-mêmes des nazis ? Ce serait merveilleux ». 

Et pour en revenir à LFI, laissons le mot de la fin à Raphaël Enthoven qui, dans un tweet savoureux, daté du 12 mai 2024, démontrait déjà que « La France Insoumise, c’est le pays de l’antisémitisme systémique » avant de conclure : « L’antisémitisme est, en démocratie, imparfaitement débusqué par la loi. Peu d’imbéciles hurlent grossièrement “mort aux juifs !” Nous sommes imparfaitement protégés de la bête immonde par une loi qui la punit pourtant… L’antisémitisme est aussi sournois que suspicieux. Il se loge dans des attitudes, des réflexes ou des amalgames qu’aucune loi ne réprouve dans un pays libre. Et c’est là que les Insoumis sont champions du monde. Raison pour laquelle c’est sur le terrain de l’opinion, plus que devant les tribunaux, qu’il faut le traquer et le combattre ». 

Parmi les nombreuses sources utilisées pour documenter cette tribune, on mentionnera en particulier le rapport publié en avril 2024 par Caroline Yadan : « L’antisémitisme et La France Insoumise : démonstration factuelle ».

© Claude Goldenfeld, historien des idées 

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11 Comments

  1. La strategie macronienne au service des patrons de ce pays fonctionne parfaitement a travers ce texte .
    Vous denoncez la marionnette monstrueuse sans citer celui qui tire les ficelles .
    L islamisation de la France a demarrė sous De Gaulle et s est acceleré sous Giscard accompagnée d une campagne de haine antisioniste / antijuive qui n a jamais cessė , les patrons réels de ce pays y ont trouvé leur compte en profitant des petro dollars des dictatures arabes et en exploitant le lumpennproletariat arabe qu ils font entrer massivement depuis 50 ans : ou est LFI dans ce processus ?
    LFI est l enfant monstrueux des turpitudes de la haute bourgeoisie tricolore bete et cupide , les enfants des petainistes que sont aujourdhui les macronistes socialistes et autres LR .

    • @T+amouyal,
      Votre première phrase paraît assez juste. Les suivantes m’interpellent.
      « L’islamisation de la France a démarré sous De Gaulle » première nouvelle.
      Si De Gaulle n’était pas particulièrement philosémite, sa crainte de l’islam(souvenons nous de sa citation dans laquelle Colombey les deux églises deviendrait Colombey les deux mosquées si on s’accrochait coûte que coûte à l’Algerie française)était réelle.
      Dans des propos rapportés par Alain Peyreffite (dans son livre, c’était De Gaulle), le Général n’a pas de mots assez durs pour les musulmans et leurs coutumes. Quant à Giscard, il va surtout écouter les patrons français qui voulaient disposer d’une armée de réserve, afin de peser sur le niveau des salaires et faire jouer le chantage au chômage avec le désastreux regroupement familial. Et que dire de Mitterrand, dont le passé collaborationniste et extrême droitier est désormais connu de tous (la Francisque accordée par Pétain, l’amitié avec René Bousquet, son appartenance aux Camelots du Roi)?
      C’est en effet à partir de 1981 que la déferlante islamiste a frappé le pays et plus personne depuis n’a voulu y mettre un terme. Ne mettons pas tout le monde dans le même sac, si aujourd’hui Macron, sa clique et ses affidés se complaisent dans une même lâcheté face aux islamistes et aux antisémites, on ne saurait accuser pour autant tous les français de ce comportement. Là où je vous rejoins, c’est que la collaboration pétainiste d’hier se retrouve dans la lâcheté actuelle d’une grande partie de la classe politique face à l’antisémitisme et à l’islamisme qui s’en nourrit.

  2. Macron recto Mélenchon verso. Les deux faces d’une même médaille. La FI/NFP est le plus dangereux nazi ou islamonazi du monde occidental. Et entre ce parti nazi et l’Etat français post 2017, quelle différence existe-t-il ? Aucune.

  3. A question essentielle, réponse essentielle.
    Les paroles ne sont pas le remède qui peut taire ces fous, ces déchets du genre humain.
    des actions ciblées, définitives, inventives, peuvent en « refroidir » plus d’un. De toute manière, l’objectif à peine « voilé » de ces ennemis de la Paix est le chaos, qui engendrera le prochain génocide Juif.
    Prenons donc intelligemment les devant. Notre main ne doit plus trembler. L’avenir d’Israel en dépend.

  4. Très juste. (Sauf un truc : Zemmour malgré sa maladroite et incompréhensible tentative de minimiser les crimes de certains vichystes, n’a jamais été antisémite. Ou je n’ai pas compris le passage qui le cite).

    Très juste : l’extrême gauche et trop de gens à gauche sont souvent liées à l’antisémitisme et vous avez mille fois raison de le dire. Soulignez cependant que la détestation des Juifs et d’Israël est plus générale et qu’on voit facilement sur X qui soutient LFI sur ce plan : ça va des islamistes évidemment (puisque LFI les soutient) à Mignard et Villepin, de Di Vizio, Husson, Verhaeghe, de Vulpillière à de Castelnau. De certains propos de Pontifex à certains propos d’Emmanuel Macron, de B. Barthe du Monde à Mediapart.
    Un grand ménage s’impose.

  5. Publication à conserver « pieusement » pour avoir toujours à portée de main toutes ces ignominies proférées par les partisans de la bête immonde…

  6. Chers habitants de Gaza: Vos maisons ont disparu Vos rues ont disparu Vos écoles ont disparu Vos mosquées ont disparu. Assassiner, violer et enlever des Juifs a des conséquences. C’est signé TSAHAL.

  7. L’existence, le succès politico-mediatique et l’impunité judiciaire de ce parti néo-nazi (et non pas d’extrême-gauche) n’est possible qu’avec la complicité totale de l’Etat et l’adhésion d’un grand nombre de Français. J’ajoute la complicité de l’UE, car on a bien vu, lors des élections, que les declarations l’UE ont contribué au vote mélenchoniste. Mélenchon ne pose pas tellement problème à Von der Leyen : entre Nazis, on peut toujours s’entendre…
    J’espère que l’année 2025 sera celle d’un effondrement total de notre système : ce sera douloureux, mais à la manière d’une opération chirurgicale pénible et permettant la guérison. Bon, en réalité, je n’y crois pas trop…Juifs ou non-juifs, fuyez ce pays de barbares tant qu’il est encire temps.

  8. Face a l’abjection, au mensonge, à la sottise crasse véhiculée, à la lâcheté il ne reste comme solution que la résistance de quelques uns avec les risques que cela comporte. Ne pas se faire d’illusion car comme disait Frédéric DARD : « Ce sont toujours les cons qui l’emportent; c’est question de surnombre ».

  9. Il y a bien dans le texte de Mr Goldenfeld la remarque horrible adressée à Elizabeth Borne venant de Mathilde Panot.. Celle-ci savait parfaitement que le vrai nom du premier ministre était Bornstein dont le père a été à Auschwitz. Et elle dit quand même.. vous êtes une rescapée de la loi travail. Concernant Ruth Elkrief , J.L Mélenchon devrait savoir qu’elle a interviewé un jour .. Sofia Chikirou avec beaucoup de bienveillance par rapport à l’affaire des comptes truqués de la campagne électorale de 2017. Mélenchon devrait revoir cette émission et conclure que Ruth Elkrief n’a rien contre les musulmans.

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