Prêt à « traiter avec le diable » pour protéger les Druzes, Wahhab se dit en faveur d’une normalisation avec Israël.
Le chef druze a justifié sa relation avec le régime syrien, ces dernières années, par l’intérêt de protéger sa communauté.
L’ancien ministre libanais et chef du parti Tawhid, Wi’am Wahhab, connu pour ses sorties polémiques lors d’émissions télévisées, a appelé dimanche soir à une normalisation avec Israël, disant être prêt à « traiter avec le diable » pour assurer la protection de sa communauté druze: « Les Libanais ont sacrifié plus de 75 ans de leur vie à la cause palestinienne. Il faut mettre un terme à cela », a déclaré M. Wahhab dimanche soir lors d’une interview accordée à la chaîne locale al-Jadeed, ajoutant que « la nation ne veut pas de guerre et ne souhaite plus combattre l’État hébreu. […] Il faut sortir pour de bon de cette mentalité de guerre avec Israël », a déclaré Wi’am Wahhab, normalement considéré comme proche de l’axe iranien, appelant à un regard « réaliste » sur la situation actuelle.
Face à l’affirmation de l’animateur Georges Salibi, selon laquelle de tels propos contredisent toute l’histoire politique du Liban depuis plus de 70 ans, l’ancien ministre a répondu qu’ »il faut sortir de ces illusions. Nous voulons vivre dans le confort ». À ses yeux, « le seul victorieux de la région est le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui n’a pas fini de dessiner le Moyen-Orient »: « Le Liban a payé un lourd tribut depuis l’ouverture du front de soutien à Gaza par le Hezbollah, le 8 octobre 2023, au lendemain de l’attaque surprise du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023. […] Un cessez-le-feu de 60 jours entré en vigueur le 27 novembre au Liban a mis fin à plus d’un an d’hostilités transfrontalières et à deux mois de guerre ouverte entre l’armée israélienne et la formation pro-iranienne ».
Chute du régime Assad
Dans un contexte de bouleversements majeurs en Syrie, marqué par le renversement du régime Assad après une offensive fulgurante lancée le 27 novembre qui a permis à la coalition rebelle dirigée par des islamistes syriens de s’emparer du pays, pour Wi’am Wahhab, « peu importe l’identité du dirigeant syrien, tant que la Syrie est en paix. La situation du pays voisin a un impact direct sur nous ».
Il a assuré que « l’armée libanaise est capable de protéger le Liban et ses frontières, et la crise politique syrienne ne devrait pas être importée au Liban ».
Longtemps connu pour sa proximité avec le président syrien déchu, Bachar el-Assad, Wi’am Wahhab a justifié sa relation avec le régime qui se présentait comme « le protecteur des minorités, notamment de la communauté druze » dont lui-même est issu, dans un pays à majorité musulmane sunnite. Alors que « les druzes syriens sont estimés à 800 000 personnes », il s’est dit prêt à « parler avec le diable » pour préserver « sa tribu » qui représente environ 3 % de la population syrienne.
Le politicien a encore accusé Bachar el-Assad d’être un « traître et un lâche, à la suite de sa fuite de la Syrie et au transfert d’une somme colossale de 130 milliards de dollars à Moscou, abandonnant ainsi son peuple et ses partisans ».
Quel est le sort d’Assad ? « Passer ses journées dans sa résidence en Russie avec sa femme et sa belle-mère. Il aurait dû mourir en martyr, résister jusqu’au bout. Au moins, aux yeux du monde, il aurait eu une figure différente, comme les enfants de Saddam Hussein (dont deux avaient été tués par l’armée américaine en 2003 à Mossoul, ndlr », a lancé Wi’am Wahhab.
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