Gérard Miller : L’accusation d’une quarantaine de femmes rebondit avec un livre. Témoignage de « Marlène** » pour TJ

Dans le contexte actuel de la fin du procès des viols de Mazan et de la soumission chimique, l’affaire Gérard Miller a rebondi, alors que le dossier est toujours en cours d’instruction, avec un livre : « Serial Miller  » de Chloé Vienne, dont les détails font froid dans le dos. L’occasion de revenir sur cette affaire, avec l’interview d’une des victimes présumées du psychanalyste médiatique, passionné d’hypnose…    

Il vient il y a quelques semaines, à 76 ans, de devenir papa pour la sixième fois, sa compagne Anaïs ayant accouché d’un garçon, prénommé Sasha… 

Il, c’est Gérard Miller, le psychanalyste, professeur de Paris VIII, militant politique de la gauche de la gauche et personnage médiatique que l’on sait. Un personnage fort en gueule et toujours très péremptoire, qui, il y a quelques semaines encore, passait très régulièrement sur les écrans, principalement dans l’émission « C ce soir ». 

Je ne connais pas personnellement Gérard Miller, ne partageant avec lui que son prénom. Il se trouve cependant que je l’ai croisé deux ou trois fois dans ma vie de journaliste, dans les années 2002-2005, et que j’ai découvert, près de 20 ans après ces rencontres fugaces, que j’avais été aveugle et sourd à ce que j’avais alors vu et entendu. Je ne crois pas avoir été le seul… Malheureusement ! 

Le témoignage d’une amie il y a quelques mois et la lecture du livre « Serial Miller » de Chloé Vienne (aux éditions Stock) *, sorti à la mi-octobre dans la droite ligne d’un reportage d’ »Envoyé Spécial » sur France 2 et d’un article dans « Elle », viennent de réveiller ma mémoire assoupie et m’inciter à écrire à ce sujet. 
A interviewer aussi une amie, que nous appellerons Marlène**, qui a eu affaire à ce Miller-là… 


Il a tout essayé… 

Dans les années 2003-2005, je travaillais à deux pas du Moulin Rouge où se tournaient, toutes les mi-journées du lundi au vendredi, l’émission de Laurent Ruquier, produite par Catherine Barma, « On a tout essayé » sur France 2. 

On s’en souvient, cette émission à succès d’ »Access Prime Time » abordait de nombreux sujets d’actualité, faisait appel à des chroniqueurs drôles ou talentueux, et fit notamment exploser médiatiquement Florence Foresti.

Parmi les chroniqueurs, l’un d’entre eux était un ancien collègue. Celui-ci, lors de deux ou trois émissions, fit appel à moi car son assistante était partie en congés, pour l’aider dans les coulisses à préparer sa chronique consistant à présenter des objets innovants, parfois utiles, souvent cocasses. 

Voilà le contexte dans lequel j’ai croisé, plus que rencontré, Gérard Miller, l’un des piliers de cette émission. L’une de mes amies – Marlène -, que je conviais à me rejoindre dans le public du studio du Moulin Rouge, fit plus que le croiser… Malheureusement !   

« L’affaire Gérard Miller« 

Malheureusement, car Marlène fait partie de la longue liste des victimes de Gérard Miller, même si elle ne figure parmi les témoins du livre de Chloé Vienne. 

Un ouvrage d’un peu plus de 200 pages qui analyse en profondeur ce qu’il convient d’appeler « L’affaire Gérard Miller » et les accusations de viols et d’agressions sexuelles de plus de 40 femmes à ce jour, dont Muriel Cousin, pour des faits courant sur près de 25 ans (de 1993 à 2020, et principalement dans les années 2002-2005). On découvre, effaré, le mode opératoire du prédateur sexuel et son habileté à « jouer avec le feu », dans un milieu où il est une star et où on néglige de le rappeler à l’ordre…  

Si Gérard Miller bénéficie de la présomption d’innocence, a toujours nié fermement les accusations et continue d’affirmer n’avoir jamais contraint aucune femme, respectueux intégral qu’il serait du consentement, il semble bien que celui qui se prétend féministe, soutien de #metoo, pourfendeur par exemple du comportement de Gérard Depardieu ou d’Adrien Quatennens, aura visiblement, à la lumière du livre « Serial Miller », bien du mal à parer les accusations de toutes ces jeunes femmes, parfois même mineures au moment des faits. Précisons que ni Miller, ni son entourage proche, n’ont voulu répondre à la journaliste qui a mené l’enquête aussi bien pour le reportage d’Envoyé Spécial que pour « Serial Miller ». 

Sans s’être concertées, toutes les jeunes femmes victimes présumées de Miller ont raconté peu ou prou des faits et un mode opératoire similaires : la « chasse » au milieu d’un public conquis (à la télévision ou à l’université), puis l’invitation à diner ou au spectacle, puis la proposition de venir découvrir son hôtel particulier cossu du 11ème arrondissement de Paris, la proposition d’un jeu reposant sur l’hypnose, celle d’une boisson visiblement douteuse et l’agression sexuelle dans une chambre rouge de style japonais dont certaines ont réussi à s’échapper… Pas toutes !  

« Le cas Marlène« 

Marlène, je l’ai dit, est une amie. En 2005, je ne la connaissais que depuis quelques mois. Nous partagions une vraie passion pour les médias en général. Elle rêvait de travailler à la télé. Ses études allaient dans ce sens… Détail non négligeable : très jolie et filiforme, on la remarquait instantanément quand elle arrivait dans un lieu public, je peux en témoigner. 

Le jour où elle vint, sur son temps libre, assister à « On a tout essayé », Gérard Miller remarqua donc immédiatement Marlène au milieu du public hilare, assis tout autour des chroniqueurs. A vrai dire, il l’avait déjà remarquée quelques minutes plus tôt, avant que l’enregistrement ne commence. Venue me saluer en coulisses, Marlène était « tombée » sur le psychanalyste ami de Laurent Ruquier, bras dessus bras dessous avec Claude Sarraute, suivis d’Isabelle Alonso, les trois seuls de tous les chroniqueurs à nous saluer bruyamment… Premiers échanges de sourires… La proie était repérée… 

Et puis plus rien. Je ne sais rien, je n’entends rien, je ne vois rien de ce qui a pu se passer à l’époque. A peine suis-je perturbé par les demandes incessantes du responsable de la sécurité de l’émission qui va me demander dans les mois qui suivent si « Marlène va bien, et si elle va revenir bientôt » … 

Et puis, en mars dernier, Marlène me contacte sur Facebook. Elle m’apprend qu’elle vient de faire une déposition à l’encontre de Gérard Miller. Elle me dit qu’il a tenté de l’agresser sexuellement en 2005 avec un mode opératoire qui fait immanquablement penser à celui que je découvrirai quelques semaines plus tard dans l’ouvrage de Mme Vienne… La suite est à lire dans l’interview ci-dessous. 

© Geka

* « Serial Miller » de Chloé Vienne, paru le 16 octobre aux éditions Stock, 243 pages.

** Prénom d’emprunt pour respecter son anonymat dans un dossier en cours d’instruction. 

Une victime de Gérard Miller parle…

Une victime de Gérard Miller parle…

Dans le contexte du procès des viols de Mazan, l’affaire Gérard Miller, dont le dossier est toujours en cours d’instruction, a rebondi récemment avec la parution du livre « Serial Miller » de Chloé Vienne*, dont les détails font froid dans le dos. 
Nous avons pu rencontrer à cette occasion une des victimes présumées du psychanalyste médiatique, passionné d’hypnose, qui ne fait pas partie des témoins de l’ouvrage. Elle nous livre un témoignage exclusif.  

Tribune Juive – Bonjour Marlène**. Quand vous m’avez contacté sur Facebook en mars dernier, vous m’avez livré un témoignage glaçant sur ce que vous aviez vécu avec Gérard Miller, contre qui vous veniez de déposer une plainte devant la Police Nationale. C’est bien ça ?

Marlène – Oui, c’est ça. Disons que c’était plutôt un témoignage ou une main courante que j’ai effectuée. J’ai été bien écoutée, avec bienveillance.  Mais je n’ai pas pu porter vraiment plainte dans la mesure où ils ont considéré que j’étais majeure au moment des faits (j’avais 24 ans) et qu’il n’y avait pas eu d’agression sexuelle caractérisée… J’ai en effet su dire « stop » au moment où ça commençait à devenir vraiment gênant.       

C’est-à-dire ? Que s’est-il passé exactement en 2005 à partir du moment où il vous repère dans le public d’ »On a tout Essayé » jusqu’à que vous ressortiez de chez lui ? 

Cela va être un peu long, mais oui je vais raconter. J’étais venue sur le tournage de cette émission que j’adorais et j’étais intéressée à l’idée de travailler dans le milieu de la télévision. Ce jour-là j’arrivais avec un CV dans l’espoir d’approcher Laurent Ruquier et de pouvoir éventuellement faire acte de candidature. Gérard Miller, à chaque coupure, faisait des petits tours dans le public, demandait si tout allait bien. Il m’a demandé comment je trouvais l’émission. Je lui ai répondu que je m’amusais bien.
En toute fin d’émission, je vois que Laurent Ruquier part directement après l’enregistrement (ndlr : il allait sur Europe1 pour faire son autre émission du jour). 
Gérard Miller vient vers moi. Je lui dis que c’est bête, que je me retrouve avec mon CV sans avoir pu aborder Ruquier. Il me dit « Laurent n’a pas vraiment le temps, mais donne-moi ton CV, je vais regarder ça ».  Et il ajoute : « Si ça t’intéresse, juste après, on va enregistrer l’émission de radio. Si tu as envie, tu m’accompagnes« . Moi, super naïve, je dis oui. 
Je dois tout de même préciser que je me doutais d’autant moins de ce qui pouvait se passer que j’avais un naturel naïf à cette époque et que j’étais persuadée que Gérard Miller était gay. Sa corpulence, sa manière de s’habiller, sa façon très maniérée de parler, je me disais depuis toujours qu’il était gay. J’y allais donc en toute confiance… 

Vous acceptez donc de le suivre…

Oui, il me propose un casque et je monte à l’arrière de son scooter. Je croise alors le regard de Jean-Luc Lemoine qui devait penser « Et voilà, encore une… » Regard que je n’ai pas su interpréter sur le moment…  On va directement rue François 1er pour l’émission sur Europe1. J’appelle même ma mère pour lui dire : « Tu ne devineras jamais avec qui je vais assister à l’émission de Ruquier sur Europe1 ? » Et quand elle le découvre elle trouve ça génial ! 
L’émission de radio se passe bien. Quand elle se termine, Miller me dit « Écoute, si tu veux rencontrer des gens du milieu, passe à la maison ce soir ».  Il me griffonne son adresse sur un papier. Moi, sur le moment, je suis très contente. Je me dis « Il m’invite chez lui, c’est top !« . Encore une fois en toute confiance, je ne sentais aucune raison de m’inquiéter car je croyais donc naïvement que les femmes ne l’intéressaient pas.  

Et donc vous vous présentez en début de soirée à son hôtel particulier pas loin de la Place de la Nation ? 

Oui, c’est ça. J’étais subjuguée, moi qui venais de banlieue et d’un milieu modeste, je me suis dit « Ouah, il y a des maisons comme ça dans Paris ! » Quand j’arrive chez lui, je ne suis pas particulièrement étonné de le voir seul, car je suis arrivée tôt et j’ai pensé être comme toujours la première arrivée… Il me fait entrer, me propose de boire un verre… Pas de l’alcool, mais un jus de fruit. Comme à l’époque, j’étais dans une phase un peu anorexique, je buvais à peine les boissons sucrées, je n’ai donc trempé que modestement les lèvres. Il me dit « Attends, je vais te faire visiter la maison« . Rapidement, après m’avoir notamment montrée sa très impressionnante salle de home cinéma, il me conduit dans une pièce, très sombre, très japonisante, lumières rouges tamisées, avec un futon au sol. 

Il vous demande immédiatement de lui faire « des choses » ? 

Non, il n’a jamais été dans l’injonction. Il semble proposer et offrir à son interlocutrice la capacité de refuser. Mais très vite il me dit « Est-ce que je peux te proposer un massage, c’est ma spécialité aussi. Tu sais que je suis médecin, psychanalyste… » Quand j’ai expliqué l’histoire à la policière qui a recueilli ma déposition, j’ai dit « J’ai honte, je ne m’explique pas comment je me suis retrouvée à avoir confiance au point de m’allonger sur le futon d’un type que je ne connaissais pas pour un massage ?‘  J’étais pourtant assez prude et pas du genre à me laisser faire comme ça. 

Et les choses s’emballent ?

Oui, il commence donc à me masser.  Je le vois rapidement se mettre sur moi, à califourchon, et il me dit « Ça serait quand même mieux si tu enlevais ton haut ».    Et bizarrement je me suis exécutée.

Vous avait-il parlé d’hypnose avant ? 

Non, pas vraiment. Il parlait beaucoup en même temps, avec un ton assez monocorde mais doux, en m’appelant sans cesse par mon prénom. Il me disait « Tu as l’air vachement tendue » et je lui ai répondu : « Oui, j’ai de gros problèmes de sommeil. Je suis une stressée« . Je lui ai un peu caché que j’avais des penchants anorexiques. Il m’a répondu « Tu devrais essayer de te détendre, de penser à un endroit un peu paradisiaque…« 

Une plage au bord la mer et un bel homme qui s’approche de toi ? Dans le livre de Chloé Vienne, ça fait clairement partie du mode opératoire systématiquement décrit… 

Oui c’est ça. J’essaye de me détendre mais ça ne marche qu’à moitié, car moi je ne suis pas du tout réceptive. J’avais déjà essayé l’hypnose par le passé et ça ne fonctionnait pas sur moi. Et puis je sens comme une gêne. J’ai tout de même un type âgé au-dessus de moi que je n’ai pas désiré… Je sens que ça n’est pas bien, et bizarrement en même temps je me laisse faire. Mais, à un moment donné, alors que je suis en soutien-gorge, il commence à passer sa main dessous pour toucher ma poitrine. Et là, je lui dis « Non, Non… « , je l’arrête tout de suite. Je lui dis que je ne suis pas à l’aise, que quelque chose ne va pas. Je dis « Désolée » . Il se relève, un peu vexé, et me dit : « Ah bon ? Tu sais, d’habitude, les filles elles acceptent et elles restent ».  Je lui réponds « C’est bien, mais je veux rentrer chez moi« . 

Il a alors insisté pour que vous restiez ?

Non, il m’a laissé partir, je pense. Mais je ne suis pas sûr que ça se soit arrêté là. Je n’ai en effet plus aucun souvenir après ça. Je suis incapable de me rappeler de la façon dont je suis rentrée chez moi, alors que je rentrais loin (à Créteil) en transports en commun. Dans mon idée – j’espère que ma version est la bonne – je lui ai mis un stop et il m’a laissée partir, vexé. Mais je conserve un petit doute car si je me souviens de plein de détails, je ne me souviens pas de la façon dont je suis sortie, ni rentrée chez moi. 

Il ne vous a pas proposé de l’argent pour prendre un taxi (ndlr : dans le livre de Chloé Vienne, il le fait régulièrement et jette même l’argent au visage des jeunes femmes non consentantes parfois) ?

Si, effectivement. C’est marrant, je ne l’ai pas raconté à la policière car je n’en étais pas sûre et je ne voulais pas qu’on puisse dire que j’aurais pu inventer des trucs.  

A l’époque, vous aviez quelqu’un dans votre vie ? Vous viviez chez vos parents ou seule dans un appartement ? 

Non, j’étais seule et je vivais seule.

Avez-vous cependant eu le réflexe d’en parler à quelqu’un sur le moment ?

Non et c’est étrange. Je me souviens juste d’avoir répondu évasivement à ma mère qui me demandait « Alors, ça s’est passé comment ? » : « Je suis bien allée chez lui, mais c’était bizarre et je ne suis pas restée. Je suis repartie rapidement sans rencontrer personne« . Je pense que je ne voulais rien raconter, du fait de mon amnésie finale. Je suis restée sur cette fausse version. 
C’est seulement en février 2024 que je suis tombée à la télé sur « l’affaire » dont on parlait dans les médias. J’ai entendu le témoignage d’une des victimes. La jeune femme racontait ce qu’elle avait vécu chez lui et j’ai réalisé que je connaissais cette pièce dont elle parlait. Tout est remonté au conscient petit à petit. J’ai alors eu un peu peur d’être jugée par mon compagnon quand je lui en ai parlé, sur le mode « Comment as-tu pu suivre ce type chez lui ?« . Mais non, il m’a soutenue.

Avez eu l’impression que ce que vous avez vécu ce jour-là a entraîné des conséquences sur votre vie de femme et notamment sur votre sexualité, ou pas du tout ?

Non, je ne pense pas. Mais c’est vrai que j’ai aussi vécu un temps dans le milieu du cinéma, car en parallèle j’essayais de faire de la figuration et des petits rôles. Cela m’a ouvert les yeux sur le milieu en lui-même. 

Cela vous a détourné de votre vocation, puisque vous ne travaillez pas du tout dans le secteur de l’audiovisuel aujourd’hui ?

Ah oui, très clairement. Cela fait partie des éléments qui me l’ont fait fuir. Au bout de deux ans d’essayer de m’imposer en tant qu’intermittente, j’ai même quitté la France en 2006 pour aller vivre en Australie.  J’ai pris la décision en février de cette année-là. Beaucoup de choses m’avaient choqué, comme les soirées de fin de tournage où tu vois tout le monde avec des rails de coke… Ou bien cette copine harcelée par un écrivain connu… Je m’étais vraiment rendu compte, au-delà de ce qui m’était arrivé avec Miller, que c’était un milieu artificiel et pour moi malaisant. Je n’avais aucune envie de céder à une pression quelconque ; le fameux « coucher pour réussir » ne faisait clairement pas partie de mes objectifs et de mon ADN. 

Quand vous avez témoigné devant les policiers de ce qui vous était arrivé dans l’hôtel particulier de Miller, ils vous ont proposé de voir quelqu’un pour vous aider, même si c’était bien après ?

Cela s’est fait en deux temps. Je suis d’abord aller une première fois en février 2024. Mais tout n’était pas encore revenu. Je m’étais arrêté à « Je suis allée chez lui, il m’a proposé un massage et je me souvenais de la fameuse pièce japonaise« . Et puis, deux mois après, j’ai dit à mon compagnon qu’il y avait des choses qui me revenaient, que je n’avais pas tout raconté. Je suis alors retourné au commissariat et j’ai dit que j’avais des éléments à ajouter. A chaque fois, je tombais sur des femmes très bien, très à l’écoute, sans jugement. 
La deuxième fois, ils ont donné mes coordonnées pour une convocation à la brigade des mineurs, qui a eu lieu au mois de mai. J’ai alors tout raconté et ai répondu à toutes les questions. Ils entraient vraiment dans les plus infimes détails. Pas simple cependant de tout se souvenir près de vingt ans après… La psychologue qui m’a reçue m’a longuement interrogée, comme les autres victimes sur mes éventuelles séquelles psychologiques à long terme. Cela m’a fait du bien…  

Aujourd’hui, quel est votre état d’esprit ? Je ne sens pas quelqu’un dans la vengeance, mais quelqu’un qui a juste envie que la vérité soit faite pour que ce genre d’histoires ne se reproduisent plus… Et vos parents, ils réagissent comment depuis qu’ils savent ? 

Oui, c’est ça. J’ai envie qu’il paye, que justice soit faite ! Mes parents et notamment mon père (un ancien flic), n’ont toujours pas compris je crois. Ou plutôt qu’ils sont dans le déni. Mon père doit s’en vouloir, je pense. J’ai l’impression que mes parents ne voulaient tout simplement pas comprendre. 

En résumé, vous voulez que la justice passe… 

Oui. Lors de mon deuxième témoignage, on m’a dit qu’il se pourrait qu’il y ait à un moment donné une confrontation avec lui. Comment ça se passerait dans ce cas ? Si j’éprouverais un souci ? J’ai répondu « aucun ! ». Je n’ai aucune peur, aucune gêne. S’il doit y avoir confrontation, je la ferais. Et bien sûr, je serai à son procès ! 

Propos recueillis par Geka

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