Ne laissons pas les exécutions des défenseurs de la liberté dans la « Saydnaya » de l’Iran se dérouler dans un silence assourdissant

Des sauveteurs syriens recherchent d’éventuels sous-sols cachés dans l’établissement à Damas le 9 décembre 2024 
PHOTO AFP / ABDULAZIZ KETAZ

La chute du dictateur syrien et l’ouverture des portes des prisons syriennes par les défenseurs de la liberté de ce pays ont révélé les crimes horribles commis par le régime syrien, perpétrés dans le silence et l’inaction de la communauté internationale. Ne laissons pas un silence similaire permettre au dictateur iranien de continuer à massacrer les défenseurs de la liberté en Iran.

Avec 850 exécutions depuis le début de l’année, l’Iran de Khamenei a tristement battu le record mondial des exécutions par habitant. Ce chiffre effroyable n’est pas qu’une statistique : il symbolise des vies fauchées, des histoires effacées, mais aussi des noms de héros tombés pour la liberté et qui resteront à jamais gravés dans les mémoires.

Parmi les récents condamnés à mort figurent six hommes courageux :

  • Mohammad Taghavi, 58 ans, ancien prisonnier dans les années 1980 et 1990 (condamné le 25 novembre 2024),
  • Ali Akbar Daneshvarkar, 57 ans, ingénieur en génie civil,
  • Babak Alipour, 33 ans, diplômé en droit,
  • Vahid Bani-Amerian, 32 ans, titulaire d’un master en gestion,
  • Pouya Ghobadi, 32 ans, ingénieur en électricité,
  • Abolhassan Montazer, 65 ans, architecte, également emprisonné dans les années 1980 et souffrant de maladies chroniques.

Leur crime ? Militer pour l’Organisation des Moudjahidines du Peuple d’Iran (OMPI). En dehors des accusations absurdes et fabriquées de toutes pièces, leur véritable « crime » est d’être membres d’une organisation qui lutte pour la démocratie et la liberté face à une dictature oppressive.

Mohammad Taghavi : un témoin clé des massacres de 1988

Mohammad Taghavi, qui avait déjà été arrêté en 2020 et emprisonné trois ans pour ses liens avec l’OMPI, a été séparé des cinq autres et transféré en cellule d’isolement dans le sinistre quartier 209 de la prison d’Evine. Ce transfert pourrait indiquer que son exécution est imminente.

L’aile 209, contrôlée par le ministère du renseignement, est connue pour être un lieu où les détenus subissent les tortures les plus brutales et les traitements les plus inhumains. Mohammad Taghavi est l’un des rares témoins encore vivants du massacre de 1988, durant lequel le régime a tué 30 000 prisonniers politiques, dont 90 % étaient affiliés à l’OMPI. Ce témoignage pourrait être une raison supplémentaire pour que la dictature iranienne cherche à l’éliminer.

Un génocide reconnu par l’ONU

Dans son dernier rapport accablant, le Professeur Javaid Rehman, rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme en Iran de juillet 2018 à juillet 2024, a qualifié deux vagues majeures de massacres en Iran – celui de 1982 et le massacre de 1988 – de génocide. Il explique que la République islamique a exécuté ses opposants uniquement en raison de leurs croyances politiques et religieuses, cherchant à les éliminer systématiquement.

Le massacre de 1988 a vu l’exécution de 30 000 prisonniers politiques, pour la plupart des membres de l’OMPI, qui étaient pourtant en train de purger leurs peines dans les prisons iraniennes.

Le rapport intitulé « Crimes atroces » met également en lumière d’autres violations graves, notamment les persécutions contre les minorités religieuses – notamment les Bahaïs –, les violences sexuelles et les abus contre les femmes, l’exécution de mineurs, les exécutions arbitraires et extrajudiciaires, ainsi que la disparition forcée de milliers de dissidents politiques.

La répression familiale : les frères de Mohammad Taghavi également visés

Les deux frères de Mohammad Taghavi, Mojtaba et Ali Taghavi, ont également été condamnés à la prison et à l’exil uniquement parce qu’ils sont les frères de Mohammad. Ces verdicts, rendus par le même juge et le même tribunal, montrent clairement que le régime vise à réprimer non seulement les militants, mais également leurs proches.

Ne laissons pas le silence offrir un bouclier à ces crimes. Tout comme le monde a découvert les atrocités de la prison de Saydnaya en Syrie après la chute d’Assad, nous devons agir pour empêcher que les mêmes horreurs se reproduisent dans les geôles iraniennes. L’histoire nous jugera sur notre capacité à défendre les défenseurs de la liberté et à mettre fin à cette barbarie.

© Hamid Enayat

Politologue, spécialiste de l’Iran, Hamid Enayat est dans TJ la voix de l’opposition démocratique iranienne (CNRI).

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