Pourquoi face à l’imprévisible Trump, l’Ukraine et Israël sont les meilleurs alliés de l’Occident. Par Hagay Sobol

President Donald Trump and NATO Secretary General Jens Stolenberg participate in a joint press conference, Wednesday, April 12, 2017, in the East Room of the White House in Washington, D.C. (Official White House Photo by Shealah Craighead)

La pensée dominante ne leur donnait aucune chance, pourtant l’Ukraine et Israël ont changé la donne internationale en affaiblissant durablement la Russie, l’Iran, et en portant un coup fatal à leurs alliés Syriens et du Hezbollah. Aux avants postes de l’Occident, leur combat est le nôtre car ils sont en première ligne face à nos ennemis.

L’Ukraine ne pouvait résister, selon la doxa, que quelques mois contre le bulldozer russe. Et pourtant, elle tient tête à l’une des 1ères puissances mondiales. Quant à Israël, selon les chancelleries, il lui était impossible d’en finir avec l’Iran des Mollahs et ses proxys. Tous deux ont prouvé qu’il y avait une voie autre que le statu quo donnant systématiquement un blanc-seing aux tyrans. La diplomatie étant impuissante, faute de menace crédible, Kiev et Jérusalem ont, par leurs actions militaires, déstabilisé l’axe allant de Moscou à Téhéran. L’effet domino est désormais en marche comme on peut le constater avec la chute du régime syrien.

Zelenski ou le caillou dans la chaussure de Poutine

Tout avait été planifié par le Kremlin pour limiter l’adhésion de ses anciens satellites à l’Union Européenne (UE) ou à l’OTAN, et restaurer son ancienne zone d’influence. Ainsi, ce que l’on peut appeler le « paradigme géorgien » impliquait le prétexte d’un conflit imputé à Tbilissi, pour venir en aide à des « régions séparatistes », puis les annexer. L’étape suivante étant l’instrumentalisation des scrutins pour faire élire des dirigeants pro-russes afin d’engloutir tout le pays. Tout cela sous le regard impuissant de la communauté internationale.

Après la Crimée, Poutine, pensait ne faire qu’une bouchée du reste de l’Ukraine dénucléarisée. Il n’en fut rien. Son armée sous-équipée et mal préparée a subi d’énormes pertes face à la résistance acharnée de tout un peuple et de son commandant en chef, Volodymyr Zelensky. Malgré des gains territoriaux importants, cette guerre a mis en lumière les failles abyssales du commandement militaire russe, le manque de performance de ses armements de pointe et l’incapacité de l’industrie à suivre le rythme de production. Le tout amplifié par les lourdes sanctions internationales et l’embolisation de l’économie par l’effort de guerre. Pour pallier à ces handicaps, Moscou s’est mise à la merci de l’Iran pour son approvisionnement en drones et missiles et a retiré ses troupes de Syrie. Acte I de la chute du régime al Assad !

Le pogrom du 7 octobre ou le début de la fin du régime des mollahs perses

Khamenei, le Guide suprême de la révolution islamique ordonna aux pasdarans iraniens et à ses proxys (Hamas à Gaza et en Cisjordanie, Hezbollah au Liban et en Syrie, Houthis au Yémen et milices chiite irakiennes) d’attaquer sur 7 fronts Israël, un pays divisé qu’il croyait vulnérable, sans respect pour les civils des deux camps. Après l’effet de surprise initial, Tsahal passa à l’offensive avec une action d’ampleur inattendue. D’abord à Gaza, puis après 11 mois au Liban, détruisant systématiquement les tunnels, les bunkers et les stocks d’armes considérables d’origines diverses (Iran, Russie, Chine, Corée du Nord) à la disposition des islamistes. Des divisions terroristes entières, leurs actifs et les chaines de commandement au plus haut niveau ont été éliminés. De plus, la République des mollahs a exposé toute sa vulnérabilité en se montrant incapable d’empêcher les représailles hébreux sur son sol, et cela à deux reprises. Mêmes les attaques massives de missiles et de drones, sans précédent, ont été inefficaces face aux systèmes de défense israéliens.  

Au final, c’est l’échec total de la politique de la théocratie chiite mise en place depuis la révolution islamique. Pour servir son projet hégémonique, elle a détourné l’économie de tout un pays qu’elle a asservi, pratiqué le trafic de drogue international, exporté le terrorisme, pris en otage des populations entières, fait vaciller des Etats et causé des centaines de milliers de morts. Désormais, privée de son principal supplétif, le Hezbollah, dans l’impossibilité de se réarmer, et devant l’ampleur des pertes, Téhéran voit son arc chiite brisé. Acte II de la chute du régime al Assad !

Erdogan ou le retour du Sultan

Rêvant de restaurer l’empire Ottoman et d’imposer le sunnisme, Erdogan est un farouche adversaire de l’Iran chiite. Ainsi, il lorgne de longue date sur la Syrie dont il a déjà annexé des portions de son territoire, sous le fallacieux prétexte de la « lutte contre le terrorisme kurde ». La communauté internationale n’a apporté, jusque-là, aucune réponse appropriée à cet encombrant allié des américains qui tient l’OTAN dans une main, la menace migratoire des réfugiés syriens contre l’Europe de l’autre, et occupe illégalement, depuis 1974, un tiers de Chypre, membre de l’UE.

Le président Truc n’attendait que l’affaiblissement de l’Iran et du Hezbollah pour déployer un plan murement préparé. C’est Ankara qui a armé et encadré les islamistes du HTS (Hayat Tahrir al-Cham) dont l’avancée fulgurante a fait tomber les principales villes du pays en un temps record.

Mais le nostalgique de la « Sublime Porte » devra composer avec les Kurdes de la région autonome syrienne du Rojava soutenus par les USA, la Coalition internationale et Israël. Ainsi qu’avec divers groupes islamistes et de rebelles non-islamistes occupants d’autres zones.

De son côté, Jérusalem a bombardé les sites de fabrication d’armes de destruction massive et de missiles, ainsi que les actifs d’importance du régime, pour éviter qu’ils ne tombent aux mains des djihadistes. De plus, avec le double but de sécuriser sa frontière et de protéger les populations fuyant les combats, une zone tampon a été instaurée en territoire syrien, comme au début de la guerre civile. Officiellement ou officieusement les acteurs impliqués auraient donné des garanties à Israël de ne pas attaquer son territoire et se disent favorables à une coopération, tout au moins à court terme. Acte III de la chute du régime al Assad !

Trump ou l’imprévisibilité érigée en doctrine politique

Capable du meilleur, les accords d’Abraham, comme du pire, à l’image de sa campagne électorale, le Président élu aura deux dossiers brulants à gérer : la guerre en Ukraine et le dossier nucléaire iranien.

Il n’est pas impossible qu’un effet Trump ait déjà influencé le cours des évènements en précipitant la chute du régime alaouite. Dans cette déroute, Poutine perd des positions stratégiques et ses débouchés en Méditerranée avec la base aérienne de Hmeimime et son plus grand port en dehors de la Russie, Tartous. Un coup très dur pour la politique internationale du Kremlin, au Moyen-Orient et en Afrique, alors qu’elle est déjà mise à mal par la guerre en Ukraine. Le Président « orange » choisira-t-il d’imposer « un cessez-le feu immédiat » au détriment de Kiev, permettant à Moscou de conserver ses gains territoriaux et de continuer à menacer ses voisins, malgré son affaiblissement, ou fera-t-il pression pour un retrait ? Rien n’est certain, hormis son désintérêt connu pour l’Europe ou l’OTAN et sa sympathie pour le tsarévitch.

Quant à Khamenei, il n’a plus que l’arme nucléaire pour sauver son régime menacé de l’intérieur et de l’extérieur. L’AIEA, a informé la communauté internationale que la Théocratie chiite était plus proche que jamais de cet objectif. Ses alliés russes, nord-coréens et chinois pourraient l’aider dans le processus de « weaponization », c’est-à-dire transformer l’uranium enrichi de qualité militaire en arme. En raison du danger extrême que ferait courir à la planète un Iran nucléarisé, et la course à l’armement qui suivrait, c’est l’un des rares dossiers où les USA, l’UE et Israël pourraient converger.

Quand les frontières de l’Europe passent par Kiev et Jérusalem

Si Kiev venait à vaciller, l’impact se ferait sentir dans tout le continent. Qui serait le prochain : les pays Baltes, la Roumanie, la Pologne, les pays scandinaves… ? Ainsi, l’Ukraine, sans être ni membre de l’UE ni de l’OTAN, protège notre frontière orientale de l’appétit du Kremlin, armé par Téhéran.

Quant à Israël, son « dôme de fer » protège déjà le ciel allemand en cas d’attaque russe, Berlin ayant acquis la technologie qui équipera également sous peu la Grèce et Chypre contre les missiles turcs.

Avant que Donald Trump et son gouvernement fantasque et imprévisible ne rentrent en fonction, il ne reste plus que quelques semaines pour forger les bases d’une alliance européenne renouvelée, y compris sur le volet d’une défense commune, élargie à ses alliés ukrainiens et israéliens. Il en va de notre avenir et il y a urgence !

Comme disait Hillel, le sage du Talmud :

« Si je ne suis pas pour moi qui le sera ?

Si je ne suis que pour moi, que suis-je ?

Et si ce n’est pas maintenant, alors quand ? »

Les opinions exprimées ici n’engagent que leur auteur

© Hagay Sobol

Hagay Sobol, Professeur de Médecine est également spécialiste du Moyen-Orient et des questions de terrorisme. A ce titre, il a été auditionné par la commission d’enquête parlementaire de l’Assemblée Nationale sur les individus et les filières djihadistes. Ancien élu PS et secrétaire fédéral chargé des coopérations en Méditerranée. Il est Président d’honneur du Centre Culturel Edmond Fleg de Marseille, il milite pour le dialogue interculturel depuis de nombreuses années à travers le collectif « Tous Enfants d’Abraham ».

Source: le diplomate.media

https://lediplomate.media/2024/12/tribune-pourquoi-face-a-limprevisible-trump-lukraine-et-israel-sont-les-meilleurs-allies-de-loccident/hagay-sobol/monde

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2 Comments

  1. Un total contre-sens politique, géopolitique et idéologique. De la newspeak chimiquement pure, de A à Z.

    Afin de montrer ou plutôt suggérer l’étendue de cette novlangue orwellienne, c’est comme si en 39-45, un « analyste » avait écrit :

    « Churchill et Bandera sont les meilleurs alliés de l’occident »…

    Poutine n’a malheureusement pas tort lorsqu’il pointe du doigt l’inculture politique et historique des Occidentaux modernes.
    La mort cérébrale du monde occidental précède sa mort physique…

  2. Churchill et Bandera n’avaient rien en commun et n’étaient pas alliés…

    Sans même parler du contre-sens de l’aberration ideologique de l’analyse sur le fond (politiquement et sociétalement, ce sont l’UE, la France, l’Angleterre et nullement la Russie qui ont basculé dans l’Islamonazisme) et de la comparaison dépourvue de sens entre Israël (Churchill) et les Petainistes ou Bandéristes de l’UE et Kiev, l’expression « stock d’armes d’origines diverses : Iran, Russie, Chine, Corée du Nord » est également sujette à caution. Parce que les origines russes d’un armement ne signifient pas qu’il a été vendu par l’Etat russe. Après la dissolution de l’URSS, une quantité considérable de matériel russe a été revendu par des mafieux et dispersé dans le monde entier. Et tout particulièrement au Moyen-Orient. Kalachnikov, missiles etc…Une partie de l’armement que nos gvts envoient à Kiev, l’un des États les plus corrompus de la planète Terre, est probablement revendu et pourrait fort bien finir…aux mains de groupes terroristes.

    On remarquera en outre que les partisans de l’OTAN ne sont nullement gênés par les crimes de guerre commis par certains de ses membres _ parmi lesquels la Turquie !…Idéologiquement, Erdoğan est sur la même ligne que les mollah iraniens. La seule vraie différence, c’est qu’il est plus beaucoup rusé et prudent que les fous de Téhéran dont il partage cependant les croyances et l’idéologie.

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