La dernière lettre d’Albert Camus à Maria Casarès.

Juste pour te dire que j’arrive mardi par la route, remontant avec les Gallimard lundi. Je te téléphonerai à mon arrivée mais on pourrait peut-être convenir déjà de dîner ensemble mardi. Disons en principe, pour faire la part des hasards de la route, et je te confirmerai le dîner au téléphone.

Je t’envoie déjà une cargaison de tendres vœux et que la vie rejaillisse en toi pendant toute l’année, te donnant le cher visage que j’aime depuis tant d’années (mais j’aime le soucieux aussi, et de toutes les manières). Je plie ton imperméable dans l’enveloppe et j’y joins tous les soleils du cœur.

À bientôt ma superbe, je suis si content à l’idée de te revoir que je ris en t’écrivant. J’ai fermé mes dossiers et ne travaille plus (trop de famille et trop d’amis de la famille).

Je n’ai donc plus de raisons de me priver de ton rire et de nos soirées, ni de ma patrie. Je t’embrasse, je te serre contre moi jusqu’à mardi, où je recommencerai.

30 décembre 1959

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