Iran : quand les intellectuels français encensaient les fous d’Allah
Il y a 34 ans, ils prenaient fait et cause pour la révolution iranienne sans voir les dangers. Daniel Salvatore Schiffer n’a pas oublié leur fourvoiement…
Jean-Paul Sartre avait accompagné, lors de son voyage à Téhéran, sa compagne Simone de Beauvoir, qui allait soutenir publiquement l’ayatollah Khomeyni. © AFP
C’était le 11 février 1979. Ce jour-là, il y a donc aujourd’hui trente-quatre ans très exactement, l’ayatollah Khomeiny prenait officiellement le pouvoir, dans la toute nouvelle République islamique d’Iran, pour y instaurer, aidé en cela par une foule en délire et une armée non moins fanatisée, l’une des pires dictatures qui soient : une théocratie chiite, basée sur ce qu’une prétendue loi coranique appelle la « charia ».
Soit ! Je ne redirai pas ici, pour la énième fois, tout le mal que je pense, à l’instar de tout authentique démocrate, à propos de ce qui apparaît manifestement là, au vu des tortures et autres crimes qui y sont quotidiennement perpétrés à l’encontre des opposants, comme l’un des plus sanguinaires et obscurantistes régimes existant sur cette terre. La pauvre Sakineh Mohammadi-Ashtiani, cette jeune femme iranienne menacée d’être lapidée pour adultère, en sait, hélas, quelque chose : seule l’énorme et quasi planétaire mobilisation de quelques intellectuels (dont ma modeste personne) lui auront alors évité, en été 2010, un châtiment aussi cruel et barbare.
Des dérives politico-idéologiques
Au nombre de ces bonnes âmes s’étant alors battues pour sauver Sakineh figuraient du reste, au sein de l’appel international que j’avais alors lancé dans les principaux médias européens, quelques-uns des plus beaux noms de l’intelligentsia française, dont Luc Ferry, Viviane Forrester, Caroline Fourest, Max Gallo, Marek Halter, Alexandre Jardin, Julia Kristeva, Edgar Morin, Gilles Perrault, Michelle Perrot, Élisabeth Roudinesco, Michel Serres, Alain Touraine, Michel Wieviorka… Et, certes, n’oubliera-t-on pas là, fort de son propre courage et nanti de sa propre pétition, Bernard-Henri Lévy, auquel se joignirent notamment André Glucksmann et Pascal Bruckner.
Mais voilà : les intellectuels, à propos desquels Julien Benda écrivit naguère une très éclairante Trahison des clercs (1927) et Raymond Aron un non moins lucide Opium des intellectuels (1955), ne se comportèrent pas toujours, à propos de cet Iran de Khomeiny, de manière aussi exemplaire. Ainsi, à titre de triste mais édifiant exemple, un esprit pourtant aussi délié que Michel Foucault, lequel, bien qu’il inventât certes cette très précieuse figure de l' »intellectuel spécifique », ne se priva cependant pas, en ces années-là, de se fourvoyer dans la plus lamentable, sinon coupable, des dérives politico-idéologiques.
Les écrits douteux de Michel Foucault
Qu’il suffise, pour s’en convaincre, de lire ce que, le 26 novembre 1978, il osa écrire dans le grand quotidien italien Corriere della Sera (article par ailleurs repris en français dans le deuxième tome de ses Dits et écrits) au sujet de ce même ayatollah Khomeiny qui s’apprêtait à devenir alors effectivement, après avoir renversé le shah d’Iran (Mohammad Reza Pahlavi), l’autoproclamé et terrible « guide spirituel » de cette effroyable « révolution islamique » : « C’est l’insurrection d’hommes aux mains nues qui veulent soulever le poids formidable qui pèse sur chacun de nous, mais, plus particulièrement sur eux, ces laboureurs du pétrole, ces paysans aux frontières des empires : le poids de l’ordre du monde entier. C’est peut-être la première grande insurrection contre les systèmes planétaires, la forme la plus moderne de la révolte et la plus folle. » Démente, cette stratégie de l’aveuglement, lorsqu’on songe, notamment, à cette horrible burqa, sorte de prison ambulante, dans laquelle les mollahs et autres talibans prétendent enfermer, de sinistre et médiévale mémoire, leurs femmes, occultant ainsi là jusqu’à ce beau et noble « visage » que magnifie, par exemple, un penseur tel qu’Emmanuel Levinas en ce chef-d’oeuvre philosophique qu’est Totalité et infini (1961).
Michel Foucault, pourtant mémorable auteur de livres aussi importants, dans l’histoire des idées et des sciences humaines en général, que Les mots et les choses (1966) ou L’archéologie du savoir (1969), ne s’arrêta cependant pas en si bon chemin quant à ce genre d’outrances, pour le moins incompréhensibles sur le plan rationnel, puisque, dissertant toujours là sur Khomeiny, il alla même jusqu’à l’appeler alors très hyperboliquement, dans cette même tribune, « le saint homme exilé à Paris ». Et pour cause : celui qui allait bientôt devenir l’un des pires tyrans du monde vivait alors, protégé par le président Valéry Giscard d’Estaing en personne, à Neauphle-le-Château, bourgade située dans la grande mais luxueuse banlieue parisienne !
Le voyage à Canossa (Téhéran) de Jean-Paul Sartre
Cette théocratie, matrice pseudo-religieuse du plus abominable des totalitarismes, où toute personne arbitrairement considérée comme « hérétique » risque la peine de mort (par lapidation ou pendaison), Michel Foucault ne fut toutefois pas, en ce temps-là, le seul des intellectuels français, loin de là, si on ajoute les très zélés maoïstes (tel Maurice Clavel, père idéologique des « nouveaux philosophes ») et autres soixante-huitards (style Daniel Cohn-Bendit), à la cautionner du haut de son incomparable prestige.
Ainsi, il n’est pas jusqu’à Jean-Paul Sartre lui-même qui ne fît carrément là, accompagné pour l’occasion de Simone de Beauvoir en personne, le voyage de Téhéran afin d’y aller soutenir publiquement, à grand renfort de publicité, ce barbu enturbanné au regard halluciné. Pour le moins paradoxal, au vu du bien peu enviable statut des femmes au sein de la République islamique d’Iran, de la part de l’historique auteur de ce véritable manifeste de l’émancipation féminine que fut, pour l’époque, le très avant-gardiste Deuxième sexe (1949) !
Si bien que, face à l’énormité de pareilles errances, Sartre, qui n’en était pas à une contradiction près, avait parfaitement raison de se demander, en son Plaidoyer pour les intellectuels, si « les intellectuels sont […] coupables ». Car, de la première à la Seconde Guerre mondiale, de l’avènement du communisme à la chute du mur de Berlin et de l’émergence du national-socialisme à l’hypothétique mort des idéologies selon Francis Fukuyama, ce n’est effectivement, à de très rares exceptions près, que d’une longue suite d’erreurs, les unes plus tragiques que les autres sur le plan humain, que les annales de l’intelligentsia française, toutes tendances philosophiques confondues et par-delà tout clivage politique, se voient, malheureusement, parcourues. Ce fut là, pour reprendre la très juste et adéquate formule de Max Weber dans son essai intitulé « Le savant et le politique » (1959), la dangereuse victoire de la seule « éthique de conviction » au détriment de la nécessaire « éthique de responsabilité » !
Raymond Aron avait vu juste
Ainsi sera-t-il particulièrement édifiant de relire, de ce point de vue-là, ce qu’en disait déjà dans les années cinquante, en son indépassable et encore très actuel Opium des intellectuels, cet esprit aussi libre qu’éclairé, en plus d’être d’une rare honnêteté intellectuelle, que fut l’immense Raymond Aron : « Cherchant à expliquer l’attitude des intellectuels, impitoyables aux défaillances des démocraties, indulgents aux plus grands crimes, pourvu qu’ils soient commis au nom des bonnes doctrines, je rencontrai d’abord les mots sacrés : gauche, révolution, prolétariat. La critique de ces mythes m’amena à réfléchir sur le culte de l’Histoire, puis à m’interroger sur une catégorie sociale à laquelle les sociologues n’ont pas encore accordé l’attention qu’elle mérite : l’intelligentsia. »
Car force est de constater que ces lignes du très visionnaire Aron n’ont pas pris, hélas, une ride. Au contraire, si l’on considère la manière dont bon nombre de nos intellectuels en chambre, mais souvent les plus médiatisés au sein de l’Hexagone, ont pris fait et cause, sans discernement philosophique ni nuances conceptuelles, pour ce que l’air du temps baptisa un peu trop vite, de Tunis (Tunisie) à Tripoli (Libye), en passant par Le Caire (Égypte), du beau nom de « Printemps arabe » : sinistre prélude, en réalité, du plus rude des hivers islamistes… À l’instar, précisément, de ce qui se passa, à l’occasion de la Révolution islamique d’Iran, avec la très redoutable mainmise de ces épouvantables fous d’Allah, l’ayatollah Khomeiny en tête, sur cette grande civilisation que fut pourtant jadis la Perse, puis, de là, sur cette bande de terroristes et intégristes en tout genre que constituent à présent, au Liban, le Hezbollah et, en Palestine, le Hamas.
Car cette gigantesque menace d’ordre politico-idéologico-religieux, c’est l’Iran de Khomeiny qui en donna en effet là, avec la très paradoxale caution d’intellectuels aussi prestigieux que Sartre et Foucault, véritables monstres sacrés de l’intelligentsia française, la première et terrifiante impulsion : celle-là même qui, par cette monstruosité d’un autre âge, ne craint pas de mettre aujourd’hui notre monde moderne, sinon nos démocraties européennes, en péril !
© Daniel Salvatore Schiffer
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Droit de réponse
« Ayant lu l’article que vous publiez sous le titre « Iran : quand les intellectuels français encensaient les fous d’Allah », et ne voulant douter de votre bonne foi, je vous communique les informations suivantes concernant Sartre et Simone de Beauvoir, dont vous affirmez qu’ils se sont rendus en 1979 à Téhéran pour soutenir la révolution islamique instituée par Khomeiny.
Simone de Beauvoir a présidé un « Comité international du droit des femmes » dont une délégation s’est rendue à Téhéran en mars 1979 afin de s’informer sur le respect de ces droits dans la nouvelle république. Le jour même, l’intellectuelle féministe américaine Kate Millett était expulsée d’Iran où elle était venue s’informer. Faisaient partie de la délégation Leila Abou-Saif, Claire Brière, Sylvie Caster, Catherine Clément, Danièle Décrué, Martine Franck, Françoise Gaspard, Paula Jacques, Katia Kauppe, Maria-Antonietta Macciocchi, Michèle Manceaux, Gaëlle Montlahuc, Michèle Perrain, Micheline Pelletier-Lattès, Alice Schwarter, Martine Stroti, Anne Tristan, Hélène Védrine. La présidente Simone de Beauvoir restait à Paris, en contact téléphonique avec les déléguées.
Quand celles-ci se divisèrent au sujet du voile que certaines d’entre elles acceptaient de porter pour rencontrer l’imam Khomeiny, les autres appelèrent Simone de Beauvoir pour prendre son avis. Elle leur conseilla de rester fermes sur leur refus de porter le voile même dans cette occasion. Le 22 mars, elle écrivit un message de soutien à Kate Millett dans lequel elle disait notamment : Aujourd’hui la condition des femmes en tant que telles est en question, et c’est ce qui motive notre émotion. Jusqu’ici toutes les révolutions ont exigé des femmes qu’elles sacrifient leurs revendications au succès de l’action menée essentiellement ou uniquement par des hommes. Je m’associe au voeu de Kate Millett. Et de toutes mes camarades qui se trouvent en ce moment à Téhéran : que cette révolution fasse exception ; que la voix de cette moitié du genre humain, les femmes, soit entendue. Le nouveau régime ne sera lui aussi qu’une tyrannie s’il ne tient pas compte de leurs désirs et ne respecte pas leurs droits.
Vous conviendrez qu’il faut un singulier aveuglement pour lire dans ces lignes un soutien aux fous d’Allah. Quant à Sartre, il n’était en aucune façon partie prenante dans cette affaire. »
© Michel Contat, président du Groupe d’études sartriennes.
*Philosophe, auteur de « Grandeur et misère des intellectuels – Histoire critique de l’intelligentsia du XXe siècle » (Ed. du Rocher), » La Philosophie d’Emmanuel Levinas – Métaphysique, esthétique, éthique » (PUF) et « Critique de la déraison pure – La faillite intellectuelle des ‘nouveaux philosophes’ et de leurs épigones » (François Bourin Editeur »).
Sartre etait un infâme collaborateur, lache et minable
Au lieu de nous ressortir cette momie d’autrefois, pourquoi ne pas parler des djihadistes de retour à Alep soutenus par les Occidentaux (non gauchistes) ? Rien là-dessus sur TJ. Pourquoi ?
Ce matin, quelqu un me demandait pour comprendre ce qui se passe, en ce moment en Syrie ?
https://www.dreuz.info/2024/12/ce-matin-quelquun-me-demandait-pour-comprendre-ce-qui-se-passe-en-ce-moment-en-syrie-quels-medias-suivre-voici-ma-reponse-307105.html/amp
Bravo à TJ de donner un droit de réponse, ce qui permet à cet auteur d’apporter des précisions qui sont utiles pour éviter des clichés. Les deux articles se complètent parfaitement.
Je n’aime pas beaucoup les juges d’instruction qui instruisent leur affaire après coup. Le temps nous donne toujours l’apparence de l’intelligence, de l’intégrité morale et de la lucidité, nous épargnant de nous interroger sur nos propres aveuglements, ceux d’à présent. Il serait plus intéressant intellectuellement de comprendre l’aveuglement de Sartre – mais aussi parfois sa pertinence – plutôt que de la juger avec l’assurance de ceux qui connaissent la fin du « film ». C’est l’exigence en tout cas que Spinoza s’assignait à lui-même et je la partage.
Quant à Foucault, sert-il à grand chose de le condamner personnellement pour ses petitesses ou ses travers ? Il vaudrait mieux le remercier pour avoir été l’expression si brillante et si exemplaire de notre modernité finissante et nihiliste. Au même titre que Bourdieu, Derrida, Heidegger et quelques autres. Être un révélateur qui éclaire l’époque qui est la nôtre, non parce qu’il fait l’époque mais parce que l’époque le fait, n’est pas une chose donnée à tout le monde. C’est plus précieux, selon moi, que d’être un maître d’école qui distribue des bons points.
Quand de grands figures de l’esprit se trompent – qui ne se trompe pas ? – leurs erreurs, leurs errements sont aussi intéressants que ce qu’il y a de grand (quand même un peu !) dans leur œuvre. Oserais-je même aller jusqu’à dire que leurs erreurs font partie de leur grandeur en ce qu’elles peuvent nous éclairer, elles aussi, grandement. Remarquons incidemment que Foucault, dans la citation rapportée, écrit : « C’est peut-être la première grande insurrection contre les systèmes planétaires, la forme la plus moderne de la révolte et LA PLUS FOLLE. » Est-ce si mal vu d’écrire cela, au moment même où surgit l’événement ? Certes, ce n’est pas exactement de la lucidité, mais c’est au moins du pressentiment.
C’est la faute à Voltaire, c’est la faute à Rousseau… Laissons ces enfantillages au pauvre Gavroche. Rousseau n’est pas la « cause » de la Révolution française, voire de la Terreur, comme semblaient le penser Burke et Maistre. Il en est simplement le révélateur, l’une de ses expressions, c’est-à-dire un simple effet. Et comme le dit Nietzsche, c’est toujours un péché contre l’esprit que de vouloir prendre l’effet pour la cause. Une erreur d’analyse qui ne mène pas très loin, qui tourne vite court, qui finit par la condamnation d’un auteur dans sa personne et son lynchage en place publique, sans avoir simplement fait l’effort de lire l’œuvre qu’il nous a laissé.
Michel Onfray s’est fait le champion médiatique de ce genre d’exercice intellectuel, très apprécié de la gent journalistique et de surcroît très lucratif : le dézingage. Devant le doigt qui lui montre la lune, l’idiot scrute le doigt sous toutes ses coutures mais sans jamais jeter un regard sur la lune. Il finit même parfois par mordre le doigt de colère ou de dépit.
« Intellectuels aussi prestigieux que Sartre et Foucault, véritables monstres sacrés de l’intelligentsia française », je cite.
Ce bout de phrase, écrit sans nulle trace d’ironie, en dit long sur le naufrage intellectuel, universitaire (la stupidité structurellement induite), philosophique et littéraire de la France _ et plus largement du monde occidental. Cela ne date pas d’hier mais de l’après-guerre (*) Car enfin, pour mettre sur un tel piédestal de tels cuistres, mettre Sartre, Beauvoir ou Foucault au même rang que V. Hugo, Lautréamont, Proust ou André Breton, il fallait que la France et l’occident aient (en moyenne) pas mal régressé sur l’échelle de l’évolution humaine. Dès le lycée voire le collège, le culte sartrien m’avait toujours semblé invraisemblable, quoiqu’en phase avec la nullité de l’enseignement que j’observais. Aujourd’hui, non seulement la médiocrité absolue est devenue un facteur de réussite littéraire et philosophique voire de publication (à quelques exceptions pres mais un Proust ou un Apollinaire ne pourrait plus être publié) mais le monde éditorial et universitaire est gangrené par les nouvelles idéologies fascistes (indigénisme, wokisme…). L’antisémitisme, entre aures, y atteint des sommets. Cette nazification des milieux « littéraire » et universitaire a contribué à la déshumanisation et au decervelage de masse de la société. Avec pour résultat politique le retour du Nazisme, à la fois via l’islamisme, l’indigénisme et l’europeisme (voire le nouvel eugénisme). Macron n’aurait pas pu être élu dans un pays cultivé.
Avant les années 50, la Littérature et la philosophie avaient toujours majoritairement contribué à élever l’humanité intellectuellement en s’opposant au totalitarisme et à l’obscurantisme. Or depuis les années 40-50, c’est de plus en plus l’inverse qu’on observe dans une grande partie du monde : on assiste à la mort d’une certaine idée de la Littérature. Une défaite sans précédent de la pensée humaine.
(*) évidemment, je ne mets en aucun cas Camus et surtout le brillant Jankélévitch dans le même lot
@Sylvain
vous écrivez : « Macron n’aurait pas pu être élu dans un pays cultivé ».
Croyez-vous ? Macron est l’expression quintessenciée de notre tradition littéraire la plus classique : un mélange à la fois de Julien Sorel, Rastignac, Bonaparte, une chimère stendhalo-balzacienne. Bonaparte, c’est un peu notre super-héros à nous quand nous sommes fatigués d’Astérix et d’Obélix. Je suis prêt à parier que le héros de Mélenchon, c’est plutôt César, imperator. Vous l’avez vu l’autre jour, seul, en visiteur à l’Assemblée nationale, le soir du vote de la motion de censure : il jouissait visiblement. Et ce spectacle n’avait rien de très érotique.
Ce n’est pas la culture qui nous conduit mais le rêve, en particulier quand la culture, elle aussi, devient source de rêves, chose passablement ordinaire. Alors tous deviennent des Don Quichotte, cet homme exemplaire que les livres ont rendu fou (car ce n’est pas le livre en soi qui libère mais l’art de les lire). On rêve ouvertement de grands hommes capables de sauver le monde, sans même faire l’effort préalable de connaître le monde, le principe de réalité qui le règle, ni de la part de ceux qui votent ni de ceux qui briguent leurs suffrages.
Quand j’étais jeune, je croyais que tout était possible au mépris de la réalité physique, technique, économique du monde. C’est pour cela que j’étais de gauche. Aujourd’hui je bénis l’argent sans en avoir beaucoup, les budgets, que les choses coûtent, qu’elles coûtent cher, très cher. On peut certes, vouloir emprunter quand on manque d’argent mais ce n’est jamais gratuit (la gratuité est encore un avatar chrétien), car cela finira toujours par devoir se rembourser un jour ou l’autre. A moins bien sûr d’annuler la dette, d’abroger la loi dans un amour du genre humain qui par cette abrogation même, cette « annulation », mettrait fin aussi à notre humanité en prétendant l’accomplir, effaçant la mémoire de ce qu’on doit et de ce à quoi on se doit. C’est parce que les choses coûtent qu’il nous faut (nous) raisonner, ne pas verser dans l’hybris : respecter les contrats, les engagements, les alliances et autres deutéronomes. Avec le temps, j’ai appris à aimer les marchands, à détester ceux qui veulent raser gratis et les chasser du temple… Je suis ainsi l’âge aidant devenu un retraité de droite et philosémite.C’est la vie. Enfin relisez donc sur toutes ces questions essentielles « Le Marchand de Venise », la pièce la plus profondément antisémite de toute la littérature universelle, genre qui ne compte guère d’œuvre majeure, vous en conviendrez avec moi.
La réalité s’éclipse, s’efface, s’oublie et le rêve, immarcescible lui, paraît renaître de plus belle à chaque élection. C’est un éternel recommencement. Il est partout à l’œuvre à gauche quand on lit sans rire – et c’est dur : à la fois de lire et de ne pas rire – le programme, tout le programme de LFI. Faire payer les « ultra-riches » comme l’aboie en chœur la meute à Jean-Luc. Pourquoi pas. A condition qu’il nous en reste sous la main pour les faire payer. Quant à employer cette manne pour « faire fonctionner nos services publiques » plutôt qu’à entretenir la pléthore de ceux qui les administrent ou ces armées d’associations islamo-wokisés qui prospèrent un peu partout en France avec leurs légions de militants et experts, j’aurai de sérieux doutes. Par quoi je ne suis plus de gauche, c’est sûr. Sans être tout à fait fasciste, du moins je l’espère, moi qui écoute religieusement France info, dès le lever, pour le salut de mon âme. Hanouna aussi, un peu, je le confesse : il faut bien que « le corps exulte ».
Avec toute mon estime que nos désaccords ravivent.
@Alain Bienaimé La gauche n’existe plus en France et en occident depuis que le mot a été vidé de son sens. En France (mais le même schéma s’observe dans tous les pays occidentaux, sauf erreur de ma part) on qualifie de gauche des partis et des médias qui sont des vitrines du parti néo nazi des indigènes de la République. Des FN puissance 10. Sans oublier les Européistes qui se disent de gauche alors que l’UE islamiste, antisémite et russophobe descend plutôt du 3eme Reich. Cette inculture politique contemporaine est telle (et a fortiori en milieu en milieu universitaire) que si Hitler portait un kefieh au lieu d’une moustache ou était musulman il pourrait facilement s’autoprclamer homme de gauche, devenir la coqueluche des médias et devenir « président de la République » ou premier ministre anglais. En changeant de look, puisqu’Hitler voulait bâtir la grande Europe en exterminant les Juifs, les Russes et était l’ami des islamistes de son temps il pourrait tout à fait se faire passer pour un grand « démocrate pro-europeen ». Inversement Jaurès, Léon Blum, Churchill ou de Gaulle seraient aujourd’hui accusés d’être d’extrême-droite !…
C’est bien de cette manière, grâce à une inversion systématique des rôles, une désinformation orwellienne et une lobotomie de masse que Macron-Mélenchon a été élu.
Et force est de constater que la « » »littérature » » » et la « » »philosophie » » » ont joué un grand rôle dans cette zombification des esprits puisque depuis Sartre (à de rares exceptions près) elles ont cessé d’être des tremplin vers la beauté et l’éveil intellectuel pour devenir des vecteurs de laideur esthétique et d’embrigadement politique, voire de lavage de cerveaux. Dans les epoques antérieures, ce phénomène n’existait que de manière marginale (Fichte…). Aujourd’hui, le milieu éditorial est gangrené par la peste brune islamonazie : Annie Ernaux, admiratrice d’Houria Bouteldja, prix Nobel de littérature ! Elle représente malheureusement bien la réalité du monde éditorial français et francophone contemporain. Ce naufrage littéraire et universitaire, qui a commencé dès les années 50, a grandement contribué à celui de la société (occidentale) tout entière.
Au sujet de Mélenchon, son public n’est pas majoritairement composé de gens préoccupés des questions sociales et encore moins en état de précarité. L’électorat du NFP, cette lie de la société, est beaucoup plus important chez les cadres ou dans la bourgeoisie bobo que chez les ouvriers et les paysans. Un Melenchoniste aura toujours plus de compassion pour un milliardaire « racisé » (a fortiori s’il finance le terrorisme) que pour un SDF de type caucasien.
De son côté,Macron me fait moins penser à Julien Sorel qu’à un mélange de McBeth, Tartuffe et Ubu Roi.
Bien à vous.
@Sylvain D’autant que la gauche historique était opposée à l’immigration de masse. cf Georges Marchais, par exemple. L’immigrationnisme de masse (sans même parler de cette immigration islamiste particulièrement dangereuse et criminogene) est à la base une politique avantageuse pour le grand patronat et désavantageuse pour le milieu ouvrier : faire passer l’immigrationnisme pour une politique de gauche et l’hostilité à l’immigrationnisme pour de « l’extrême-droite » est l’une des formes les plus absolues du mensonge, de manipulation et d’embrigadement de la population que l’on puisse imaginer. Cela signifie qu’on peut faire croire aux gens absolument n’importe quel mensonge, aussi énorme soit-il, et que tout le narratif politique en vigueur en Occident et surtout en Europe depuis au moins 40-50 ans est faux. La propagande que nous subissons n’a rien à envier à celle de la Chine maoiste.
@Louise R.
Vous écrivez : « La propagande que nous subissons n’a rien à envier à celle de la Chine maoïste »
Il y a encore de la marge. Nous rejoindrons la Chine de Mao, quand les enfants dénonceront aux commissaires politiques leurs parents pour déviationnisme puis que les amis de leurs enfants viendront les arrêter afin d’aller remplir les camps de rééducation et de travail ouverts à Cayenne. Il faut donc pour cela encore attendre un peu. Passer de Macron, dernier Président de la Ve République, à Mélenchon, président à vie de la VIe République.
@Alain Bienaimé Oui. Disons qu’on y est presque.
@sylvain
Vous et moi, nous détestons les mêmes choses, mais pas de la même façon, mais pas pour les mêmes raisons. C’est déjà quelque chose.
Bien à vous.