TRIBUNE. Christian Estrosi, le maire de Nice, fustige dans sa tribune, l’arrestation arbitraire de l’écrivain Boualem Sansal, une méthode « venue d’un autre siècle ».
Depuis une semaine, Boualem Sansal dort en prison. Son crime ? Penser, écrire, être dérangeant, être libre, être ce qu’il est, un écrivain qui mélange comme personne humour féroce et lucidité.
Inutile de dire que nous sommes profondément inquiets et indignés. La liberté n’est pas un crime. Vouloir échapper aux prisons mentales des islamistes non plus.
Boualem Sansal n’a cessé depuis plus de 20 ans de combattre l’intégrisme. Il incarne des vertus rares : la bravoure, la sincérité, le panache, jusqu’à risquer sa vie. Il incarne aussi pour l’Algérie la promesse d’un autre avenir, loin des lourds héritages du fanatisme et de l’intolérance. Ce beau et grand pays mérite mieux.
Il incarne enfin un dépassement : son refus de limiter le lien entre l’Algérie et la France aux ressentiments, ou à la repentance. Il est au sens noble un pont entre les deux rives de la Méditerranée.
C’est pour toutes ces raisons que Nice, qui a toujours regardé vers l’autre rive, considère Boualem Sansal comme l’un de ses citoyens de cœur. Il était d’ailleurs, en mai dernier, président d’honneur du dernier Salon du livre de Nice, dont le thème paraît aujourd’hui tristement prémonitoire : « Le courage ».
Cette arrestation arbitraire, méthode venue d’un autre siècle, nous rappelle ce qu’il en coûte de laisser le champ libre aux intégristes et aux islamistes. À chaque renoncement, un pas supplémentaire est franchi vers l’abîme.
C’est un avertissement : il n’y a pas de paix, ni de tranquillité à attendre des fanatiques et des ennemis de la liberté. Les sous-estimer, pactiser avec eux, les ménager, surtout pour de basses raisons électorales, c’est trahir à la fois la France et la République.
La liberté a un prix. Les reniements et les lâchetés aussi.
On doit à Boualem Sansal, qui confiait avoir parfois l’impression de prêcher dans le désert, un soutien total, massif, indéfectible. Son combat est le nôtre. C’est celui de la liberté contre l’obscurantisme, de la République contre les islamistes.
Je demande donc au président de la République française et au Premier ministre d’utiliser tous les moyens à leur disposition pour obtenir la libération immédiate et sans condition de Boualem Sansal.
J’appelle enfin tous les citoyens, tous les artistes et tous les gouvernements d’Europe à se mobiliser largement, pour ne pas laisser plus longtemps Boualem Sansal.
Boualem Sansal devait venir à Nice jeudi 28 novembre pour donner une conférence. Nous l’y attendrons pour le faire citoyen d’honneur de la ville de Nice. Espérons qu’il sera présent. Nous, nous serons là, nombreux, pour réclamer sa liberté et pour dire à tous ceux qui se reconnaissent dans Boualem Sansal que le combat continue. La liberté ne s’abîme que si on ne la défend pas.
Liberté pour Boualem Sansal !
© Christian Estrosi
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