Un café avec … Boualem Sansal, par Sarah Cattan

Pour dire son amitié et son respect à Boualem Sansal, TJ republie ce premier entretien, datant de 2019

Partie pour interviewer un auteur illustre que de surcroit j’admirais, j’ai passé un temps long à converser avec un homme fabuleux. Je sais qu’il est en pleine promo depuis aout. Qu’il enchaîne. Je me dis qu’il doit en avoir sa claque. Je tombe sur l’être le plus généreux et bienveillant qu’il m’ait été donné d’interviewer. Boualem Sansal, sans jamais l’ombre d’une quelconque ambiguïté, répond à toutes les questions, allant jusqu’à… les devancer.

Je ne suis pas sûre d’avoir aussi souvent éclaté de rire en parlant de sujets graves : si c’est ça travailler, J’veux travailler encooooore Travailler encoooore.

Oui il est là depuis aout Non ça va C’est bientôt fini Enfin Officiellement fini Il lui faudra revenir Il est demandé partout. Ça n’arrête pas, me dit-il avec une simplicité déconcertante. Il ne vous la joue pas humble: Je suis très aimé dit-il sans être un brin odieux

Boualem ou lart de la conversation 

J’ai trouvé mon maître : plus adepte de la digression, ça existe donc ? Mais lui, il gère. Toujours il retombe sur ses pieds : cet esprit scientifique et brillant pratique ad libitum la digression. Et la digression dans la digression. C’est structuré là-haut. Il analyse Il réfléchit Il fait attention à Toi Il Converse Il oublie peut-être l’exercice? Il en ressort un morceau choisi : C’est L’art de la conversation. Pas calculé. Rien de stratège. Léger. Spirituel. Et aussi Profond : c’est Boualem Sansal, Essentiel.

Tu apprends que Kamel Daoud est là. Pas loin. Un petit chanceux vient de décrocher la timbale et de les interviewer en même temps. Moi qui avais bien imaginé un coup tel celui-là, je n’échangerais pourtant pas ma place avec le talentueux Alexandre[1].

Engagements et prises de position

 Connu pour ses propos critiques envers toute forme de religion, que ne nous a-t-il prévenus, Boualem Sansal, du danger totalitaire de la chose : La religion fait peut-être aimer Dieu mais rien n’est plus fort qu’Elle pour faire détester l’homme et haïr l’humanité[2].

Et que n’avait-il parlé plus fort lorsqu’il prit en exemple l’islam, devenu une loi terrifiante, qui n’édictait que des interdits, bannissait le doute, et dont les zélateurs étaient de plus en plus violents.

En 2016 à la fondation Varenne, il nous avait bien mis en garde contre la progression de l’islamisme, particulièrement en France. Les Algériens s’inquiétaient devant cette France incapable de se déterminer par rapport à l’islamisme : était-ce du lard, du mouton, de la religion, de l’hérésie : pendant que la France se perdait en conjectures, le boa constrictor islamiste avait largement eu le temps de bien s’entortiller, il allait tout bientôt l’étouffer pour de bon, qu’il disait[3].

La montée en puissance des extrémismes en Algérie, il l’a racontée. Ce régime qui sème la haine et réduit la liberté individuelle. Qui veut tous les réduire à l’identité musulmane

En 2012 déjà, le même avait avec David Grossman lancé L’appel de Strasbourg pour la paix, que quelque 200 écrivains venus des cinq continents devaient signer… 

buts 

Entre rire et émotion, avec une simplicité déroutante, sans jamais se départir de son sourire et d’un humour subtil, Boualem Sansal me raconte comment il est arrivé là : J’étais haut fonctionnaire. Je donnais parallèlement mes cours à la fac. Rien n’allait. Ce chaos me désespérait. Trois mois durant, je me suis attelé à écrire au retour à la maison. Tous les soirs. Histoire de faire le point. De tenter d’analyser. La situation. Comment elle allait mal. Je n’étais en rien écrivain. C’étaient des notes intimes. Sans projet.

Un soir j’arrête tout ça. Que je trouve mauvais. Sans intérêt. Mon épouse, à laquelle je n’avais pas dit ce à quoi je vaquais, s’étonne de me voir soudain inactif. Je lui explique. Elle lit. Elle dit qu’il faut envoyer ces pages à un éditeur.

Je ne savais qu’un nom. Gallimard. J’envoie le manuscrit. Un titre. Une lettre d’accompagnement.

Très vite un courrier à mon nom. Moi Je n’ouvre que les factures. Je n’ai pas habitude de recevoir des lettres. J’oublie celle-là. Mon épouse récupère l’enveloppe. La lettre est de Jean-Marie Laclavetine. Ce qui m’étonne, c’est la foultitude de numéros de téléphone indiqués. Selon l’horaire : manifestement ce monsieur tient à ce que je rappelle ! Ça m’intimide. Je mets deux jours à appeler. Ils sont enthousiastes. Il me faut venir.

A cette époque nos week-end, imposés par les islamistes, c’était jeudi-vendredi. Adjugé vendu. Bonjour Gallimard. Ils me veulent. Ils me conseillent de prendre un pseudo. Ils chuchotent. J’éclate de rire. Hey les gars y a pas d’espions ici. Je signerai de mon nom : Boualem Sansal.

  1. un écrivain est né. Brûlot contre la dictature et l’islamisme rampant en Algérie, chronique plus qu’amère de la société algérienne des années 1990, plongée dans la guerre civile entre islamistes et forces armées, récit de la montée en puissance des extrémismes en Algérie, Le Serment des barbares reçoit Le Prix du Premier roman.
  2. Ses prises de position contre le pouvoir en place lui valent d’être limogé de son poste de haut-fonctionnaire au Ministère de l’Industrie. Boualem Sansal s’attelle à l’écriture : la mutation de l’Algérie sera décrite sans complaisance dans Rue Darwin[4]. Son enfance écourtée par la guerre. Héritier d’une longue histoire, façonné par trente-six mille choses, il refuse d’êtreduit à l’identité musulmane. C’est contre ça que je me rebelle. Je refuse la petite identité officielle tant elle est caricaturale. Réapproprions-nous notre identité individuelle et, si nécessaire, l’identité collective, en reconnaissant toutes ses dimensions, en comprenant toute son histoire. Cela exige un travail de reconstruction et de rejet de ce qu’on nous impose[5].

 L’époque révolue de la cohabitation

Il réside depuis 1972 dans la petite ville côtière de Boumerdès, à une cinquantaine de kilomètres à l’est d’Alger. Non il n’est pas croyant. Il n’use pas de détour. De pirouette. Et donc ne vous sert pas que ça, ça appartient à la sphère intime.

Il ne vous dira pas que c’est au péril de sa vie qu’il dénonce les islamistes qui gangrènent son pays chéri. Mais vous dira combien, depuis l’Indépendance, les espaces de liberté ont été rognés. Il évoque cette époque révolue où la cohabitation, notamment avec les Juifs, était possible, se souvenant, comme chacun de nous, de ce temps où, par catégories sociales, nous vivions en parfaite entente : Dans le quartier de Belcourt, à Alger, j’allais réviser mes devoirs à la synagogue parce que l’on habitait une petite pièce où il était impossible d’étudier[6].

Il évoque Camus, qui habitait à deux pas de chez lui. Cette Algérie qui jadis parla à l’humain. Si lui a gardé sa liberté et son identité plurielle, la nouvelle génération est totalement formatée. Dire qu’il y a quinze ans on pouvait boire et fumer à une terrasse, lors du ramadan… Il vous explique que les régimes totalitaires se légitiment par des mensonges et des exclusions : A partir de l’indépendance, le pouvoir a voulu construire un peuple nouveau. Nous sommes arabes. Nous sommes musulmans. Nous sommes socialistes. C’est l’échec, trente ans après. L’arrivée des islamistes. Qui vous expliquent que si vous avez échoué, c’est parce que vous n’étiez pas de vrais musulmans. Que le Coran était la solution. Qu’il s’agit donc de se convertir. Ou alors de partir.

  1. Avec Poste restante : Alger, lettre de colère et d’espoir à mes compatriotes, il flirte avec censure et menaces. Idem lorsqu’il aborde en 2008 la question de la Shoah et celle de l’islamisation des banlieues françaises dans Le Village de l’Allemand.

Résolu à écrire contre le fanatisme, dans 2084 : La fin du monde, comme dans Le train d’Erlingen[7], celui dont Houellebecq avait jugé le scénario bien pire que celui de Soumission autopsie la mainmise de l’extrémisme religieux sur les zones fragiles de nos sociétés. Pointe la lâcheté, l’aveuglement des dirigeants de nos démocraties fatiguées. S’interroge encore : Quand donc nous aurions cessé d’être intelligents ou simplement attentifs devant cet ennemi[8] qui ne tomba pas du ciel… Cet ennemi qui a fait de la soumission à son dieu la loi unique de l’humanité. C’était après l’indépendance de l’Algérie, se souvient-il. La littérature avait été déclarée bourgeoise, donc plus ou moins excommuniée et on se passait toutes sortes d’ouvrages comme de la fausse monnaie. C’est à ce moment-là que mon cerveau a commencé à entrer en dissidence[9].

  1. Le village de l’allemand, reliant la guerre de 39-45 et celle de l’Algérie des années 90, fait le lien entre islamisme et nazisme.

Il rappelle que Le Train d’Erlingen ou La Métamorphose de Dieu clôt la trilogie commencée par Gouverner au nom d’Allah, lequel était une commande d’un grand think tank allemand.

Le chouchou de tous les media, celui que d’aucuns comparèrent à un Soljenitsyne dit qu’il est un homme engagé qui écrit. Qu’il a toujours été militant. Manifestant aussi bien pour la libération des femmes, la sauvegarde du Sahara que pour la lutte contre le fanatisme religieux. Cet autre totalitarisme qu’est l’islamisme.

Il raconte que lorsque la guerre civile éclate, lui ne peut se résoudre à l’exil que préférèrent l’immense majorité des intellectuels. Lui rejoint un groupe calqué sur le modèle des cercles d’intellectuels dissidents des pays de l’Est sous l’ère communiste. Presque tous ceux qui militaient avec lui finirent assassinés. Par l’armée. Ou les islamistes. Taxé d’islamophobie, désigné à la vindicte populaire, lui a appris à vivre sous la menace. A redouter les électrons libres.

Il explique volontiers que s’il n’est pas croyant, les religions furent pour lui l’objet d’études poussées. Une preuve ? Les notes accumulées et son excitation lorsqu’il vous parle de son projet : un ouvrage sur Abraham. Mais cet amoureux de Montaigne ajoute aussitôt qu’au-delà des religions, l’urgence est de repenser l’humanisme.

Combien cher lui coûta d’aller à … Jérusalem

Souvent invité à l’étranger, ne voilà-t-il pas que celui qui déjà, en 2008, avait bravé l’appel au boycott venant des pays arabes et de certains intellectuels – c’est que Israël était invité d’honneur- en allant au Salon du livre de Paris, récidiva, brisant, en 2012, un tabou : n’accepta-t-il pas d’être l’invité d’honneur de la troisième édition du Festival international des écrivains à Jérusalem. Boualem Sansal, qui n’avait pas plié devant les intégristes à Alger, ne comptait pas céder devant les islamistes du Hamas. Et la fatwa lancée contre lui ne le découragea pas.

Mais l’affaire se corsa.

Voilà en effet que lui est décerné concomitamment, pour son Rue Darwin, le prix du Roman arabe. Financé par le Conseil des Ambassadeurs arabes. Fort d’un jury composé de personnalités telles Hélène Carrère d’Encausse, Tahar Ben Jelloun, Olivier Poivre d’Arvor, Elias Sanbar…

Shame ! Le lauréat est à Jérusalem ! Les Ambassadeurs arabes qui financent le prix veulent tout annuler. Mais la décision du Conseil des Ambassadeurs arabes d’annuler la cérémonie de remise du prix divisa le jury et fit couler beaucoup d’encre, amenant même la majorité des membres du dit jury à se désolidariser des organisateurs…

L’affaire n’en resta pas là. Un mécène voulut absolument offrir ces 20 000euros de prix qu’on refusait au lauréat. Lequel demanda que la somme fût versée à l’ONG… Un Cœur Pour La Paix…

Je ne vous dis pas le balagan.

La guerre lui était déclarée, au motif qu’il avait passé quatre jours chez des amis en Israël. Le récompenser ne revenait-il pas à compenser Les juifs, ces indus-occupants, faucons. Colons[10].

Lui vous raconte dans un éclat de rire contagieux comment il fut dépouillé de la dotation du prix. Privé ipse facto de la cérémonie d’adoubement. Menacé. Insulté. Imaginez le tarif pour un séjour de six mois devait conclure notre impudent ! Il a une pensée émue pour son jury, ces hommes libres auxquels ces messieurs les ambassadeurs arabes enjoignaient de servir et obéir, toute la tradition du despotisme arabe d’antan leur remontant au nez[11]. Et puis il ajoute que, la guerre étant déclarée, il fallait la faire… ou fuir. Mais où diable serait-il mieux à l’abri qu’en Israël, ce qui reviendrait de fait à aggraver son cas… Et il finit magistralement : Comment régler ça, la gauche était au pouvoir à Paris…

Tout était bien qui finissait bien : La littérature c’est sérieux, elle doit rester l’affaire de gens joyeux[12],

finit-il.

L’insolent avait encore publié une Tribune[13]. Billet savoureux s’il en est. Lisez plutôt.

Des gens ont décidé de s’immiscer dans nos relations de fraternité et d’amitié et de faire de moi un objet de scandale à vos yeux. Rendez-vous compte, ils m’accusent rien moins que de haute trahison envers la nation arabe et le monde musulman en leur entier. Ça veut dire ce que ça veut dire, qu’il n’y aura même pas de procès. Ces gens sont du Hamas, des gens dangereux et calculateurs, ils ont pris en otage le pauvre peuple de Gaza et le rançonnent jour après jour depuis des années, dans cette sorte de huis clos obscur que leur assure le blocus israélien, et maintenant ils viennent nous dicter, à nous qui essayons par tous les moyens de nous libérer, ce que nous devons penser, dire et faire. […] Vous avez appris mon voyage et je viens là vous le confirmer pour qu’il n’y ait aucun trouble dans votre esprit et que les choses soient nettes entre nous : JE SUIS ALLE EN ISRAEL.

[…] Je vous parlerai d’Israël et des Israéliens comme on peut les voir avec ses propres yeux, sur place, sans intermédiaires, loin de toute doctrine, et qu’on est assuré de n’avoir à subir au retour aucun test de vérité. Le fait est que dans ce monde-ci il n’y a pas un autre pays et un autre peuple comme eux. Moi, ça me rassure et me fascine que chacun de nous soit unique. L’unique agace, c’est vrai, mais on est porté à le chérir, car le perdre est tellement irrémédiable.

Je vous parlerai aussi de Jérusalem, Al-Qods. Comme il me semble l’avoir ressenti, ce lieu n’est pas vraiment une ville et ses habitants ne sont pas vraiment des habitants, il y a de l’irréalité dans l’air et des certitudes d’un genre inconnu sur terre. Dans la vieille ville multimillénaire, il est simplement inutile de chercher à comprendre, tout est songe et magie, on côtoie les Prophètes, les plus grands, et les rois les plus majestueux, on les questionne, on leur parle comme à des copains de quartier, Abraham, David, Salomon, Marie, Jésus et Mahomet le dernier de la lignée, et Saladin le preux chevalier, que le salut soit sur eux, on passe d’un mystère à l’autre sans transition, on se meut dans les millénaires et le paradoxe sous un ciel uniformément blanc et un soleil toujours ardent. Le présent et ses nouveautés paraissent si éphémères qu’on n’y pense bientôt plus. S’il est un voyage céleste en ce monde, c’est ici qu’il commence. Et d’ailleurs n’est-ce pas là que le Christ a fait son Ascension au ciel, et Mahomet son Mi’râj sur son destrier Bouraq, guidé par l’ange Gabriel?

On se demande quel phénomène tient le tout en ordre, dans une grande modernité au demeurant puisqu’aussi bien Jérusalem est une vraie capitale avec des rues propres, des trottoirs pavés, des maisons solides, des voitures dynamiques, des hôtels et des restaurants attirants, des arbres bien coiffés, et tellement de touristes de tous les pays… sauf des pays arabes, les seuls au monde à ne pas venir ou pouvoir venir visiter leur berceau, ce lieu magique où sont nées leurs religions, la chrétienne aussi bien que la musulmane.

Ce sont finalement les Israéliens arabes et juifs qui en profitent, ils les voient tous les jours, toute l’année, matin et soir, sans apparemment jamais se lasser de leur mystère. […] Là, si on tend bien l’oreille, on comprend vraiment ce qu’est une cité céleste et terrestre à la fois, et pourquoi tous veulent la posséder et mourir pour elle. Quand on veut l’éternité, on se tue pour l’avoir, c’est bête mais on peut le comprendre. Je me suis moi-même senti tout autre, écrasé par le poids de mes propres questions, moi le seul de la bande qui ait touché de ses mains les trois lieux saints de la Cité éternelle: le Kotel (le Mur des Lamentations), le Saint-Sépulcre et le Dôme du Rocher. En tant que juifs ou chrétiens, mes compagnons, les autres écrivains du festival, ne pouvaient pas accéder à l’Esplanade des Mosquées, le troisième lieu saint de l’islam où s’élèvent le Dôme du Rocher, Qûbat as-Sakhrah, rutilant dans ses couleurs azur, et l’imposante mosquée al-Aqsa, Haram al-Sharif, ils furent repoussés sans hésitation par l’agent du Waqf, gestionnaire des lieux, assisté de deux policiers israéliens chargés de garder l’entrée de l’Esplanade et la préserver de tout contact non halal. Moi je suis passé grâce à mon passeport, il stipule que je suis Algérien et par déduction il dit que je suis musulman. Je n’ai pas démenti, au contraire, j’ai récité un verset coranique tiré de mes souvenirs d’enfance, ce qui a carrément stupéfié le gardien, c’était la première fois de sa vie qu’il voyait un Algérien, il croyait qu’à part l’émir Abd-el-Kader, ils étaient tous un peu sépharades, un peu athées, un peu autre chose. C’est amusant, mon petit passeport vert m’a ouvert la frontière des Lieux Saints plus vite qu’il ne m’ouvre la frontière Schengen en Europe où la simple vue d’un passeport vert réveille aussitôt l’ulcère des douaniers.

Voilà, je vous le dis franchement, de ce voyage Je suis revenu heureux et comblé. […] Je me disais aussi que la paix était avant tout une affaire d’hommes, elle est trop grave pour la laisser entre les mains des gouvernements et encore moins des partis. Eux parlent de territoires, de sécurité, d’argent, de conditions, de garanties, ils signent des papiers, font des cérémonies, hissent des drapeaux, préparent des plans B, les hommes ne font rien de tout cela, ils font ce que font les hommes, ils vont au café, au restaurant, ils s’assoient autour du feu, se rassemblent dans un stade, se retrouvent dans un festival, dans une plage et partagent de bons moments, ils mêlent leurs émotions et à la fin ils se font la promesse de se revoir. « A demain », « A bientôt », « L’an prochain, à Jérusalem », dit-on. C’est ce que nous avons fait à Jérusalem. Des hommes et des femmes de plusieurs pays, des écrivains, se sont rassemblés dans un festival de littérature pour parler de leurs livres, de leurs sentiments devant la douleur du monde, de choses et d’autres aussi et en particulier de ce qui met les hommes en condition de pouvoir un jour commencer à faire la paix, et à la fin nous nous sommes promis de nous revoir, de nous écrire au moins.

Je ne me souviens pas que durant ces cinq jours et cinq nuits passés à Jérusalem […] nous ayons une seule fois parlé de la guerre. L’aurions-nous oubliée, avons-nous seulement évité d’en parler ou aurions-nous fait comme si cette époque était révolue et qu’il était venu l’heure de parler de la paix et de l’avenir? Sans doute, on ne peut pas parler à la fois de la guerre et de la paix, l’un exclut l’autre. J’ai beaucoup regretté cependant qu’il n’y ait pas eu un Palestinien parmi nous. Car après tout, la paix est à faire entre Israéliens et Palestiniens. Moi, je ne suis en guerre ni avec l’un ni avec l’autre, et je ne le suis pas parce que je les aime tous les deux, de la même manière, comme des frères depuis les origines du monde. Je serais comblé si un jour prochain, j’étais invité à Ramallah, avec des auteurs israéliens aussi, c’est un bel endroit pour parler de la paix et de ce fameux premier pas qui permet d’y aller.

Je fais une mention spéciale à propos de David Grossman, ce monument de la littérature israélienne et mondiale. J’ai trouvé formidable que deux écrivains comme nous, deux hommes honorés par le même prix, le Friedenspreis des Deutschen Buchhandels, le prix de la Paix des libraires allemands, à une année d’intervalle, lui en 2010, moi en 2011, se retrouvent ensemble en 2012 pour parler de la paix dans cette ville, Jérusalem, Al-Qods, où cohabitent juifs et arabes, où les trois religions du Livre se partagent le cœur des hommes. Notre rencontre serait-elle le début d’un vaste rassemblement d’écrivains pour la paix? Ce miracle verra-t-il le jour en 2013?

Souvent le hasard se fait malicieux pour nous dire des choses qui précisément ne doivent rien au hasard.

Quelque part sur le chemin du retour, entre Jérusalem et Alger.

La France L’Europe Et caetera

Boualem Sansal, il s’étonne de notre aveuglement coupable envers des dérives et des dangers que lui connaît trop bien. Il s’enflamme contre le politiquement correct, ce cancer du monde qui gagne les esprits, nourri par la peur de l’islam et du monde musulman.

Citant Tahar Djaout, il dit que se taire serait à ses yeux une forme de suicide. Certes il convient que sa vie a été ravagée par eux. Il raconte encore le Boumerdès d’avant le choc pétrolier. Ce campus universitaire où les instituts de recherche fonctionnaient en partenariat avec des universités françaises, américaines, canadiennes, russes. Et puis comment tout changea. Le surgissement de ces islamistes obnubilés par le culte de la pureté. Comment, pour éviter que sa fille ne subît le programme d’islamisation institué pour les enfants nés de couples mixtes, il dut se résoudre à envoyer sa famille à Prague.

L’islamisation de l’Algérie, il la décrit brutalement[14] : L’environnement verdit à notre insu. Tu retrouves un ami au café et, l’air contrit, il refuse de boire une bière. Il te dit : Je fais la prière, maintenant. Au début, tu t’en amuses. Puis un autre fait pareil, puis encore un autre.

Ces fous de Dieu qu’il me décrivit avec une pierre dans la poche. Pierre dont ils se saisissaient au moment de la prière. La déposant sur le tapis. Se tapant la tête tel un forcené. Jusqu’à ce que nécrose s’en suivît.

Il dit encore les mosquées qui ont fleuri depuis. Gigantesques. Suréquipées. Dans une ville qui se délabre. Décrit une capitale qui, en 1996, était comparable à Kobané. Un pays ensanglanté par la guerre entre l’armée et les islamistes. Evoque les intellectuels assassinés par centaines. La balle que se prit en pleine tête l’écrivain Tahar Djaout. Cette guerre civile, il s’en souvient comme une intense humiliation : on s’est retrouvés réduits au silence par des petits caïds islamistes de 17 ans[15].

Ecoutez-le : il dit que les débats que nous avons aujourd’hui sont à la virgule près ceux que eux eurent il y a trente ans. Et conclut : il faut couper le sifflet aux radicaux, quels qu’ils soient[16].

  1. Il participe à l’écriture du Nouvel Antisémitisme en France[17]: le gouvernement français participe au plan de conquête de la planète par la soumission de ses habitants à l’islam, écrit-il. Il y affirme que l’Europe a peur de l’islamisme et qu’elle est prête à tout lui céder. Se référant à la décennie noire en Algérie, il prévient: les théoriciens de l’islam politique ne se cachent pas. Ils ont un projet, un agenda. Le rapport de l’Institut Montaigne sur la fabrique de l’islamisme dévoile tout ça en détail. Comment la théorie s’élabore en Arabie saoudite, en Turquie ou sous l’égide des Frères musulmans. Comment ensuite une littérature abondante diffuse la dite théorie : Vêtements, nourritures, musique, tout, jusqu’aux usages les plus communs, doit obéir à la loi coranique, pointe-t-il.

Son train d’Erlingen ? C’est un livre sur l’attente. La peur. Qui raconte une démocratie éclatée. C’est un livre sur la foi. Le fanatisme. La délation. La lâcheté. Erlingen est assiégée par un ennemi invisible : les envahisseurs, nommés les serviteurs, veulent faire de la soumission à leur dieu la loi universelle.

Il dit que ses livres ont été des best-sellers en Chine. Que oui, la Chine est confrontée elle aussi à l’islamisme. La Chine? Ah mais encore le Pôle nord. Sans rire. Chez les esquimaux. Boualem Sansal les a vus.

Il avait cru qu’avec Gouverner au nom d’Allah, il aurait contribué à la prise de conscience des Européens du danger islamiste. Que nenni, lui est-il été répondu en écho. Moi je l’avais comme vous regardé et écouté avec intérêt et stupeur à ONPC : alors qu’il redisait que le terrain à observer était l’Europe, qu’après le monde arabe et l’Afrique, l’islamisme se propageait en Occident avec une présence physique de plus en plus visible de barbus, de femmes voilées et de commerces halal, les animateurs avaient trouvé qu’il fantasmait et agitait là des drapeaux imaginaires. Qu’il racontait une réalité lointaine. Exotique.

Lucide, il continue à passer ça au scalpel : après avoir détruit une partie du peuple durant l’ère intermédiaire de 1990, les hordes barbares s’apprêtent à recommencer. Préparant la nouvelle guerre sainte. Cet homme n’aura eu de cesse de nous prévenir[18] : En s’effondrant, l’Algérie entraînera tout le Maghreb et le Sahel au fond de l’abîme et le tsunami qui suivra arrivera jusqu’à la Manche.

Sombre. Il ajoute, imaginant le sort de son pays en 2084 : Je ne sais même pas si l’Algérie existera en 2084 sous la forme d’un pays moderne relativement administré. La fin du pétrole va la conduire dans une situation indescriptible.

En vrac il vous raconte qu’en pleine médina, à Jérusalem, il assista à un moment de grâce, devant ces femmes aux pieds nus qui riaient dans la fontaine. Raconte ces collégiens, enfants de notables palestiniens, qui le reçurent avec bonheur. Dit qu’il retournera en Israël.

Il interroge, face à ces flots ininterrompus de migrants. C’est qu’il considère que si, à l’équation migratoire, on ajoute la radicalisation rampante des banlieues et les appels au djihad en Europe, on a tous les ingrédients d’un désastre à venir.

Les femmes ? Il dit qu’elles porteront la révolte que lui appelle de ses vœux. Qu’elles le feront mieux que les hommes. Que lors des premières émeutes algériennes, en octobre 1988, elles créèrent des centaines d’associations, lesquelles existaient toujours. Que les seuls progrès réalisés dans ce pays, c’était aux femmes qu’on les devait…

Il répète : pour lui, l’islam et l’islamisme c’est la même chose : l’islam a mené à l’islamisme qui a mené au djihadisme. Que la mondialisation va conduire le totalitarisme islamique au pouvoir dans une cinquantaine d’années. Parce que ce totalitarisme-là s’appuie sur une divinité et une jeunesse qui n’avait pas peur de la mort…

Il n’y va pas par quatre chemins : Bien évidemment l’islam politique a un projet de conquête. Quiconque a accès à la littérature islamique en arabe qui circule dans le monde le sait. Tout est là, bien expliqué : le temps du projet est passé. L’islam politique va vite. Il en est à la mise en œuvre de son programme de conquête. Sa victoire est assurée. Il ajoute[19] : L’Occident est un tigre de papier, il résiste encore mais il est vieux, usé, divisé, corrompu, il donne des signes d’affaissement. Déjà, il cherche à négocier pour retarder la fin et préserver ses petites habitudes de sybarite impénitent.

Il enfonce le clou. Notre lâcheté. Notre complicité. A force de complaisance. Il dit par exemple que l’Europe est prête à changer de vocabulaire[20]… Notre Europe, il la compare à l’Agapia[21] de Virgil Gheorghiu, et fait une description apocalyptique de la France et en particulier de la Seine-Saint-Denis. Parle de cauchemars vivants. De maquis impénétrables. Quand il va autour des mosquées dans les banlieues françaises, il a l’impression de rencontrer des personnes dans un état second. Pour lui, le Bataclan est le premier acte de guerre de l’islamisme contre la France et l’Europe. L’an I du Djihad pour les islamistes européens. Que François Hollande a donné de la France l’image d’un pays de vaincus…

Que la France n’est plus vraiment la France. Que chaque jour, l’islam dans ses différentes versions radicales, wahhabites, djihadistes, salafistes, s’enhardit, et telle une meute harcelant sa proie, lui arrache un morceau de chair. Par ci. Par là. Pendant qu’elle se vide de son sang : C’est la mort de l’esprit, cette affaire. […] Se forment spontanément des légions de commissaires retors pour traquer le déviant.

Il dit qu’il ne joue pas les Cassandre. Mais nous prévient que nous sommes en passe d’être vaincus. Que nos dirigeants se dérobent. Que la laïcité en France semblait ces derniers temps ne plus faire unité et unanimité comme elle l’avait fait jusque-là et que ce serait la fin d’un grand rêve. Que la France était sommée de renoncer à sa spécificité. Qu’elle l’était par ceux des siens qui se reconnaissaient maintenant une autre identité que française et qu’elle l’était par les institutions internationales, comme la Cour européenne de justice, la Cour internationale de justice, par la Commission des droits de l’homme de l’ONU. Par la ligue islamique mondiale. Par des Etats prescripteurs tout-puissants : l’Arabie saoudite, le Qatar, l’Iran, et puis d’autres encore.

Il revient sur la situation de l’Algérie aujourd’hui. Menacée qu’elle est d’éclatement. De disparition. Qu’elle ne tient que par la corruption massive du régime Bouteflika. Ce raïs entouré de sa smala. Il assure qu’une nouvelle guerre civile est en route. Que la France en sera directement et très durement touchée.

Il décrit encore ce règne de la suspicion. On ne pourrait pas se balader main dans la main, assure-t-il.

Il raconte comment ses livres, là-bas, circulent de manière erratique. Comment ses lecteurs se les passent sous le manteau. Toute cette vie clandestine.

Il parle encore du discours de la presse arabophone : Ce sont pour moi des malades mentaux, mais ils sont lus par beaucoup de monde.

Il se demande lui aussi comment diable un Yassine Belattar pouvait bien être invité de partout et pour tout à donner son avis, m’apprenant que l’humoriste, nommé Membre du Conseil présidentiel des villes, avait aujourd’hui son fauteuil sur LCI dans l’émission d’Audrey Crespo-Mara. Aux côtés de grandes signatures. Pour parler… d’actualité.

Il parle encore de la Shoah. Il l’appelle la Catastrophe. Dit qu’à Auschwitz, le mal a atteint son zénith absolu. Raconte qu’on lui vendit la Shoah de Lanzmann en le prévenant que tout ça c’était que du blabla. Dit qu’il écrivit alors Le village de l’allemand. Donna moult conférences sur cette aberration.

Evoquant la mort de sa mère, il aborde encore le devoir de transmission, confiant que lorsqu’il était petit, le rabbin disait que c’était aux enfants d’enterrer leurs parents. Que, voulant savoir comment nous, les vivants, héritons de l’histoire du passé, il appliqua ce thème à l’échelle familiale et individuelle. Parle du devoir de savoir. Du devoir de la responsabilité.

L’islamisme modéré ? Ça n’existe pas

Il ne croit pas à l’islamisme modéré. Il répète que l’islam qui est enseigné depuis une cinquantaine d’années par les institutions et les écoles coraniques est un islam radical qui porte en lui les germes de l’islamisme. Que l’islamisme est né de l’islam par un glissement progressif. Qu’une révolution philosophique profonde qui amène à accepter la modernité, la laïcité et ce que la science apporte de lumières à l’homme est impossible en terre d’islam.

Il pointe du doigt la responsabilité des politiques qui reçurent des Kadhafi à l’Elysée en échange de contrats mirobolants et expliquaient, à peine gênés, qu’ils ne pouvaient se fâcher avec les pays arabes, ce grand marché.

Il redit combien les islamistes sont forts. Qu’ils ont tout infiltré. De la gestion de la finance internationale au commerce halal en passant par les œuvres soi-disant caritatives et même Internet.

Il parle de terrorisme intellectuel. Si on n’est pas avec eux, on est taxé de discrimination. Il parle de ces personnes nées dans des familles musulmanes qui sont obligées de faire semblant de croire pour échapper aux représailles de la police de la pensée qui sévit dans certains quartiers. Ajoute que les lois françaises et européennes étant telles qu’elles interdisaient, au nom de la tolérance, toute critique, faisaient que le système que l’on prétendait défendre se retournait aujourd’hui contre nous.

Non il ne croit pas à la démocratie dans le monde arabo-musulman. Dit qu’elle ne verra le jour que lorsque les intellectuels se mobiliseront massivement ou travailleront ensemble pour transformer la société et les partis politiques…

Le déni

Il répète. Parle encore de ce déni accompagné parfois d’une bonne dose de terrorisme intellectuel et duquel tout le monde a participé, des universitaires aux politiques en passant par les journalistes. Il parle de cette espèce en voie d’extinction : la droiture. Dit que le seul véritable chemin vers la vérité est la droiture, évoquant ainsi, en creux, la question de la trahison, de l’irresponsabilité. Il dit que, confronté à une question aussi menaçante pour la société que l’islamisation, il faut se comporter en militant. Qu’écrire ne suffit pas pour faire avancer les choses.

Il revient sur cette partie de la gauche qui, par aveuglement et par terreur de passer pour un suppôt du FN, en est arrivée à justifier l’intégrisme musulman et à s’en prendre à la laïcité. Et parle encore de tous ceux-là qui nient la montée de cet intégrisme ou des idées qu’il véhicule.

Seul. Pessimiste Optimiste

Il évoque encore une relative solitude et reste surpris que dans les pays occidentaux, là où les intellectuels arabes peuvent s’exprimer, ils ne le fassent pas. Revenant sur le silence des intellectuels arabes, qu’il qualifie de vecteur d’islamisme, il ajoute que ce silence a existé de tout temps, qu’il se fût agi du divorce, de l’homosexualité ou de la crise économique. Que le mouvement Ecrivains pour la Paix avait le plus grand mal à les mobiliser car ils craignaient d’être excommuniés ou assassinés. Or, conclut-il, le propre de l’intellectuel est de dépasser la crainte, sinon il devient soldat.

Quelle solution

Lui, dans L’Impossible Paix en Méditerranée, un entretien avec Boris Cyrulnik, dit qu’en guise de projet, on pourrait tenir une Cop qui aurait pour but de regarder la question de l’islamisation qui se répand dans le monde. Qu’il est urgent de cesser avec le déni et la lâche inconscience.

Il répète combien la littérature fut pour lui planche de salut, une épée, une armure, une espérance, tout à la fois. Confesse que le pessimisme, il le cachait sous les habits de l’optimisme. Que les critiques de ses censeurs, elles validaient, dit-il, son propos, un peu comme les procès staliniens firent davantage pour la dénonciation de l’horreur soviétique que les alertes des opposants.

Se réjouit encore… Oui la littérature est pour lui une planche de salut, une épée, une armure, une espérance, tout à la fois.

Il a hâte de rentrer. De se remettre à l’écriture.

Sarah Cattan

[1] Devecchio. Auteur. Journaliste au Figaro. Responsable FigaroVox

[2] 2084 : la fin du monde. Gallimard. 2015.

[3] Valeurs Actuelles. 10 janvier 2017.

[4] Rue Darwin. 2011. Gallimard.

[5] Le Vif. L’Express. 26 septembre 2011.

[6] Ibidem.

[7] Le train d’Erlingen ou La métamorphose de Dieu. 2018. Gallimard.

[8] Ibidem.

[9] France Culture. Dissidence. 16 mars 2016.

[10] Huffington Post. 21 juin 2012.

[11] Ibidem.

[12] Ibidem.

[13] Huffington Post. 24 mai 2012.

[14] NouvelObs. 11 Septembre 2015.

[15] Ibidem.

[16] Ibid.

[17] Collectif. Albin Michel. 2018.

[18] Lettre à un Français sur le monde qui vient. Figaro Vox. 15 septembre 2015.

[19] Gaullisme.fr. 3 septembre 2018.

[20] Le Figaro. 31 aout 2018.

[21] Les Immortels d’Agapia.

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5 Comments

  1. Boualem Sansal est un homme courageux , si seulement , les Européens pouvaient l’écouter , le lire, pour réaliser le danger que représente l’Islam.la FRance qui semble tout accepter , les Juifs qui doivent quitter ce pays parce que leur vie en dépend . Moi qui ne peut le faire parce que trop âgée , et parce que presque toute ma famille vit en France. Que D.ieu nous protège.

  2. Merci Sarah Cattan de nous avoir mieux fait connaître Boualem Sansal, un des rares Arabo-musulmans, trop rares hélas, à lutter ouvertement contre l’islamisme, avec tous les risques que cela entraîne pour lui-même et son entourage.
    Espérons néanmoins qu’il fera des émules, aussi bien parmi les Musulmans que dans les milieux politiques et les médias. Ss

  3. Voilà une lecture qu’il faudrait conseiller à Mr Macron… je crois malheureusement qu’il préfère bavarder avec Abbas.
    Cet homme est remarquable d’intelligence, de finesse et de courage, on aimerait le connaître. Merci de l’avoir interrogé pour nous.
    Que l’Eternel le protège de tous ses ennemis.
    Claire

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