Daniel Sarfati. Steve McQueen n’a pas été gavé de loubia et de pkaïla toute son enfance

Morne évidence. 

Devant le miroir de ma salle de bain, je constate que j’ai tout échoué. 

Gamin, je me hâtais de finir mes devoirs pour avoir l’autorisation de regarder, en noir et blanc, un épisode de 26 minutes de la série “Au nom de la loi”. 

Ma mère me disait : Travaille bien à l’école et plus tard tu pourras réaliser tous tes rêves. 

Mon rêve était d’être Josh Randall, chasseur de primes, et de posséder une Mare’s Leg, une carabine Winchester de calibre 44/40 modèle 1892 à crosse et canon sciés.

Plus tard, j’ai évolué et j’ai compris que mon rêve était tout simplement d’être Steve McQueen. 

Mais nous sommes impuissants devant notre génétique et le poids de nos habitudes culinaro-culturelles. 

Steve McQueen n’a pas été gavé de loubia et de pkaïla toute son enfance. 

Il ne rajoutait pas de l’huile sur tous les plats. 

Il était sportif. 

Résultat, un corps de rêve. 

Ce matin, à l’âge que j’ai, devant le miroir de ma salle de bain, j’ai beau rentrer le ventre et redresser les épaules, force est de constater que Josh Randall n’était pas un juif tunisien. 

Ses hanches étaient étroites. 

« Il y a de la tristesse à réaliser que la personne que vous êtes devenu n’est pas celle que vous vouliez être autrefois. 

C’est la tristesse de regarder en arrière sur sa vie et de voir toutes les façons que vous avez compromises, tous les rêves que vous avez abandonnés, toutes les parties de vous-même que vous avez perdues en chemin. »

A dit le poète T.S Eliot, qui pourtant n’était pas non plus juif tunisien. 

Ce soir, je dois voir des potes. 

J’ai été chargé d’amener la boutargue et la boukha. 

Perdu pour perdu.

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