Drogues et Toxicomanies: de la désespérance à la criminalité. Faits et réalité. Lettre ouverte à Bruno Retailleau, homme engagé en guerre contre le Narcotrafic

Mais, sans fermer les frontières pour contrôler ce qui entre sur le territoire, sans utiliser la force et avoir une réponse violente et équivalente contre les dealers armés ainsi qu’une répression sans indulgence contre les toxicomanes, est-il possible de gagner contre les cartels internationaux au sommet des marchés de la drogue, qui ont infiltré la moindre rue du monde, des grandes villes aux plus petits villages ? 

Est-il possible et envisageable d’éradiquer « la drogue ? » 

Chaque règlement de compte entre dealers, en forte progression depuis quelques années, épouvante la population française et des voix régulièrement s’élèvent contre les toxicomanes, mais nouveauté depuis quelques jours, contre les dealers et narcotrafiquants aussi, hélas dans un brouhaha qui couvre la réalité de ce problème majeur. 

Le Ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a donc proposé dans l’urgence une liste de lois et sanctions répressives, qui puniraient également les dealers et les toxicomanes, proposant en exemple le Salvador qui a su faire chuter d’une façon significative la mortalité dans son pays, en démantelant les gangs de la drogue et en luttant contre la criminalité d’une façon générale, mais avec des moyens répressifs dont la torture a fait partie. 

Sommes-nous en France, en mesure et dans l’acceptation de tels procédés pour lutter contre les dealeurs et la criminalité qui l’accompagne ? 

Comment lutter efficacement contre des narcotrafiquants qui des quartiers aux villes, se sont implantés sur le territoire français dans un maillage inextricable, que les gouvernements successifs ont laissé s’installer depuis les années 1980, avec des dealers qui ont trouvé dans leur économie parallèle de quoi accéder à tout ce que notre société de consommation offre de choix et de plaisirs ? 

Qui y ont trouvé aussi des pouvoirs et un rôle à jouer dans leur communauté et familles, d’autant plus que les anciens parrains du banditisme français, passés de Monsieur Pierre à Pigalle, aux Yougoslaves et Tchéchènes du boulevard St Germain, ont laissé la place aux Français arabo-musulmans des « territoires perdues de la République ». 

Grâce à des conflits et intérêts politiques divers et opposés, ces nouvelles mafias ont profité du laxisme et de l’opportunisme des uns et des autres, et bénéficiant d’impunité et d’indulgence, ont fait fructifier leur narcotrafic en imposant parallèlement un mode de vie où le voile et l’obéissance aux sourates servent de fil rouge fédérateur à leur communauté, qui rigidifiée à son identité d’origine, ne parvient plus à s’intégrer à la France et, aujourd’hui en France, les chiffres révèlent sans contestation, que la criminalité d’origine arabo-musulmane a le taux le plus élevé sur le territoire. 

En 1967, environ 3000 toxicomanes étaient connus des services de police, mais dès 1969, après le déversement de la « drug culture » américaine sur l’Europe, le trafic de drogues n’épargne plus la France. 

La région Provence-Côte d’Azur devint la plaque tournante pour les narcotrafiquants qui y installèrent des laboratoires clandestins. Marcel Morin, à la tête de 70 policiers, démantèlera en 3 ans et demi, le réseau marseillais, et stoppera pour un temps, le trafic de la morphine base et de l’héroïne. 

Ce fut l’époque de la « French connection ». 

Mais depuis, les slogans « Il est interdit d’interdire » et « Le plaisir s’y je veux » scandés par une société joyeusement libérée dont hélas l’effervescence nouvelle portait en elle les germes d’un wokisme gauchiste islamiste, ont largement permis et trop souvent justifié l’implantation de la drogue et des dealeurs tout en exacerbant et divisant les communautés. 

Comment éradiquer la drogue du territoire, sans éradiquer les cartels internationaux et leurs milliards ?

L’infiltration de l’argent de la drogue dans tous les secteurs d’activités qui ouvrent au pouvoir, à l’argent, à la politique et aux gouvernements des nations, a, avec la corruption, infléchi les mouvements idéologiques, alimenté les guerres, armé des pays, et développé des conflits intérieurs ou extérieurs, empêchant toute forme d’opposition à son expansion.

Pas un événement, du football aux événements caritatifs les plus prestigieux, au terrorisme le plus barbare, qui n’ait été pénétré par l’argent des cartels de la drogue, qu’ils soient d’Amérique du Sud, du Croissant et du triangle d’or, des Balkans ou d’Afrique du Sud dans un mouvement de balancier continu.

En France actuellement, pas une ville, ni un village, n’a échappé à l’implantation des dealers. Le moindre gamin qui veut consommer de l’herbe ou de la cocaïne, un acide, sait exactement où trouver son produit.                                                                                Quelques chiffres : 600.000 consommateurs de cocaïne, 5 millions de consommateurs de cannabis et 400.000 consommateurs d’ecstasy en 2023.                                             

La France est le plus gros consommateur de cannabis d’Europe. Avec une consommation exponentielle des substances psychotropes. 

Quelle politique de répression envisager envers les narcotrafiquants et les dealers ? 

En France, la politique de répression des drogues est allée vers l’échec avec une loi qui taxe les usagers de drogues d’une peine maximale de 1 an d’emprisonnement et de 3750 euros d’amende, mais aussi à cause d’une justice indulgente envers ceux qu’elle considère les victimes d’anciens colonialismes.  

Ces derniers jours, le débat sur la drogue a repris de la vigueur, mais toujours en ne regardant que du côté des consommateurs et des trafiquants. Survolant à peine l’éradication impérative des cartels, improbable au vu de son imprégnation économique et corruptrice, dans tous les rouages des sociétés et des pays.

En occultant aussi la souffrance des toxicomanes que le manque de produit rend fou autant que la peur du manque, et le besoin pour des populations stables, d’utiliser occasionnellement un produit récréatif capable d’apaiser leurs peurs d’un futur incertain ou pour fêter un événement particulier, convivialement, comme cela peut se fait avec un antidépresseur ou du vin. 

Parfois, un vrai « engagé » comme Bruno Retailleau

Là où il nous faudrait des philosophes et des médecins, nous avons des technocrates et des opportunistes, parfois aussi de vrais engagés comme le nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, mais comment empêcher les narcotrafiquants de gérer leur marché de l’intérieur des prisons ?

La corruption par l’argent et la peur est incontrôlable. Au-dedans et à l’extérieur des prisons. 

En revanche, les conséquences des répressions policières sur le terrain pourraient s’avérer dangereuses pour la population. 

Les forces de l’ordre qui ne pourront faire dans l’action la différence entre un usager de drogues occasionnel et un vrai toxicomane pourraient déclencher rapidement un climat de violence réactive. 

Les dealeurs, gênés dans leur « business » pourraient s’opposer de plus en plus violemment et avec des armes, contre les forces de l’ordre tandis que les toxicomanes en manque, feront ce qu’ils font toujours pour se procurer leurs produits (quand ils ne sont pas nés nantis) se prostituer, voler, parfois tuer pour accéder à ces doses sans lesquelles ils ne peuvent vivre, et dont ils finissent par mourir aussi. 

Une sorte de guérilla à la « sud-américaine » pourrait bien alors se répandre dans nos rues. Un mouvement qui s’appuiera sur la criminalité existante, sur des idéologies exacerbées et les ressentiments et frustrations d’une population qui fut oubliée trop souvent, au même titre que les invisibles des campagnes françaises, et qui n’aura aucune raison culturelle ou de nation de se stopper.  

Le risque de mort, les dealers l’ont intégré, ils vivent avec, mais en voiture de luxe et des rolex au poignet. 

Le pouvoir des cartels et des narcotrafiquants s’appuie sur le plaisir. Le plaisir et la douleur, deux faces d’une médaille que nous possédons tous.

Le plaisir dans la drogue, une réalité si humaine…

On ne peut parler de drogues et toxicomanies sans parler du plaisir, ce plaisir dont nul ne parle hors les toxicomanes et usagers, eux-mêmes. 

Mais sommes-nous capables aujourd’hui d’envisager le plaisir comme une donnée à prendre en compte dans la gestion des problèmes des hommes, quel que soit le problème à traiter ? L’admettre comme une des dynamiques essentielles de la vie parce que le plaisir, au bout du compte et malgré tous les carcans, les tabous et les garde-fous, existe au centre de nous ? 

Les hommes transcendent leur humanité, ils la voudraient déifiée, mais de guerres en révoltes et en exactions, au dernier cercle de la douleur, les hommes en appellent au plaisir comme à une réparation, une source de vie.

En toxicomanie nous parlons de toxicités, de coûts financiers, de propagations de maladies, de douleurs et de violence, mais nous ne tenons pas compte du plaisir qui dans la drogue prend toute la place.

Nous ne tenons pas compte de la nécessité du rêve et de la transcendance dont l’homme a besoin pour vivre et survivre sur une terre pas si nourricière que ça. 

Si nous nous autorisions à évaluer le plaisir et sa nécessité, probablement que notre perception des difficultés serait meilleure et nos solutions plus adaptées.

Mais sommes-nous aujourd’hui assez loin sur le chemin de la connaissance pour comprendre cette abstraction si concrète et n’en garder que le meilleur ?

Je ne le crois pas lorsque je vois notre société condamner de plus en plus lourdement cette part d’archaïsme en nous qui nous pousse à la flamboyance autant qu’à l’outrance, l’essence même de notre humanité. 

Je vais donc laisser le mot de la fin à une petite Elodie, héroïnomane de 16 ans, morte d’overdose peu après notre rencontre, qui m’avait simplement répondu parce que c’était sa vie : « Le plaisir dans la drogue, c’est ce que tu prends quand t’as pas de bonheur ». 

© Louise Gaggini

Ecrivain, journaliste, mais aussi sculpteur et peintre, pianiste, bref une « artiste plurielle ». Diplômée de lettres, d’Histoire de l’Art et de Conservatoire de musique. Auteur de nombreux dossiers pour la presse et la télévision, dont certains ont été traduits par l’Unesco, des organismes humanitaires et des institutions étrangères à des fins d’éducation et de prévention et d’autres furent diffusés par l’EN, Louise Gaggini est l’auteure d’essais et de romans dont La résultante ou Claire d’Algérie et d’un livre d’art pour l’UNICEF: Les enfants sont la mémoire des hommes. Elle est aussi l’auteure d’essais de société, et expose régulièrement, récemment à New York.
elle a publié son premier roman pour littérature jeunesse en 2001, et son premier roman pour adultes en 2004.

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1 Comment

  1. Le Cannabis, pris modérément, est inoffensif. Mais son excès de consommation provoque un dérèglement psychique potentiellement très grave : cela favorise même le développement de la schizophrénie. Dans tous les cas, l’excès de Cannabis bousille les neurones et affaiblit les capacités cognitives.
    Or…la « France » est le pays « européen » où la consommation de Cannabis est la plus élevée. Cela contribue à expliquer bien des choses…

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