Archives… La “Nuit de Cristal”

Un homme regarde la vitrine brisée d’un magasin juif à Berlin le 10 novembre 1938, au lendemain de la Nuit de cristal

Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, il y a 84 ans, une succession de pogroms antisémites éclatèrent sur l’ensemble du territoire allemand sur ordre d’Adolf Hitler.

L’événement a trouvé son prétexte et son élément déclencheur dans la mort, le 9 novembre 1938, d’un secrétaire de l’Ambassade allemande à Paris sous les tirs d’un jeune Juif polonais d’origine allemande réfugié en France. Ordre sera donné depuis Munich par Hitler à Goebbels d’organiser un pogrom national en mesure de représailles contre ce qui fut qualifié de complot juif contre l’Allemagne.

L’objectif politique sera d’ainsi pousser coûte que coûte à l’émigration les quelque 250 000 Juifs vivant encore, en dépit de cinq ans de brimades et de lois antisémites, dans les territoires conquis, faute aux frontières qui leur sont désormais fermées, et d’accéder enfin à un Etat judenrein.

On donna à ces pogroms nazis anti-juifs qui eurent lieu de Berlin à Vienne jusqu’en Autriche annexée et dans la région des Sudètes en Tchécoslovaquie le nom poétique et cynique de Nuit de Cristal, en allemand Reichskristallnacht, choix décrit par Tal Bruttmann et Christophe Tarricone[1] comme intentionnel pour cacher ce déferlement de violence derrière la simple image des bris de vitrines et que nombre d’Historiens délaissent au profit de l’appellation Novemberpogrom ou Pogroms de novembre 1938.

Nul ne contestera la qualification de pogrom , lequel relate un événement régi par une violence coordonnée relevant de l’action de l’État et se soldant par un bilan humain meurtrier.

Pour rappel, si le IIIème Reich osa donner un bilan officiel de quelque 90 victimes, Christophe Tarricone nous rappelle dans l’ouvrage cité que les historiens dans leur entièreté estiment à 3 000 les assassinats de cette nuit, chiffre qui ne prend en compte ni les suicides générés par ladite nuit, ni les 35 000 Juifs déportés puis libérés contre rançon et sous réserve de présenter un visa d’émigration, l’extermination n’étant pas encore d’actualité.

Pour rappel, la communauté juive fut, suite au pogrom, taxée d’une énorme amende pour cause de … tapage nocturne.  

Pour rappel encore, l’absence totale de résistance rencontrée par les Institutions nazies et la passivité extra- ordinaire des … spectateurs devant la généralisation et la systématisation inédite de violences antisémites qui, locales jusque-là, eurent lieu cette nuit-là sur tout le territoire et jusqu’aux plus petites bourgades, offrant aux yeux de badauds désormais complices le spectacle de synagogues, commerces[2] et habitations brûlés et celui de Juifs arrêtés en masse avant que d’être assassinés jusqu’en leur domicile. Chacun a en mémoire la photo montrant une colonne de déportés encadrés par les agents du Reich et exhibés à travers à Baden-Baden au vu et au su de la population comme un spectacle expiatoire, commentent Tal Bruttmann et Christophe Tarricone.

Devant le risque de stigmatisation encourue aux yeux de ses voisins par le régime nazi, le sujet ayant été relaté par la presse anglaise, française et australienne, il fallut pour régler la question juive envisager … d’autres solutions.

La suite du pogrom antisémite le plus meurtrier de l’Histoire avant la Shoah est connue de tous.

Un homme regarde la vitrine brisée d'un magasin juif à Berlin le 10 novembre 1938, au lendemain de la Nuit de cristal.


[1] Tal Bruttmann et Christophe Tarricone. 100 Mots de la Shoah. Editions PUF

[2] Sont évoqués les chiffres de 7500 commerces.

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