CHRONIQUE. Du soutien aux terroristes de septembre rouge au soutien des terroristes du Hamas, les militants des gauches radicales ne rêvent en réalité que de destruction.
À la gauche de la gauche, les générations passent et les fantasmes de l’établissement de la justice au nom de la pureté de la cause subsistent.
Ils ont beau parfois policer leurs discours, dès qu’on les interroge sur la solution qu’ils imaginent à l’actuel conflit au Proche-Orient, les militants qui manifestent dans les rues des pays occidentaux n’en pensent pas moins. Comme en témoignent les termes utilisés qui font des Israéliens et de leurs soutiens des racistes, des génocidaires ou des « amis du génocide », les désignant à la vindicte, ou encore les appels, à la suite de la députée européenne LFI Rima Hassan, à l’intifada, c’est-à-dire au soulèvement, ce n’est pas de paix dont ils rêvent.
Parmi ces manifestants, si certains sont des soutiens aux Palestiniens par militantisme islamiste ou par simple solidarité, d’autres sont issus de la gauche radicale et légitiment le recours à la violence.
Souvenons-nous, par exemple, du communiqué du syndicat étudiant SUD de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) qui affirmait, le 7 octobre 2023, le jour même du terrible massacre, que le peuple palestinien avait le droit absolu de se défendre.
En réalité, à la gauche de la gauche, les générations passent et les fantasmes de l’établissement de la justice au nom de la pureté de la cause subsistent. L’extrême gauche, non seulement n’a aucune envie de tirer les leçons de l’Histoire, mais continue de penser que la fin justifie les moyens.
Autrement dit, de manière plus crue : il faut bien que le sang coule pour que justice soit faite et qu’advienne un monde meilleur purgé de ses injustices et des éléments impurs qui en sont les causes. Parce que c’est bien de cela qu’il s’agit, comme l’expliquait tranquillement, au micro de Léa Salamé sur France Inter le 30 septembre 2020, le sociologue militant de la gauche radicale Geoffroy de Lagasnerie, qui, parlant des causes à défendre, affirmait que « la question est celle de la justice et de la pureté »… Mais qui juge de la pureté des causes ? Et que fait-on, dès lors qu’il peut y avoir des obstacles ?
Mirage de la pureté
Pourtant, l’Histoire nous rappelle combien cette idée de « cause pure » a pu mener à des fleuves de sang. Que l’on songe, bien évidemment et notamment, à Pol Pot au Cambodge ou à la révolution culturelle chinoise… Mais vous prenez à dessein les exemples les plus extrêmes, nous diraient les tenants de ces discours ! Nous ne disons pas qu’il faut tuer pour parvenir à nos fins !
Je n’en suis pas certain. En fait, je suis même persuadé du contraire. Portés par ce sentiment de supériorité morale, ils sont exaltés par leurs desseins et se pensent les petits soldats de la lutte qui verra l’avènement d’un monde plus juste, plus moral et plus égalitaire.
Ces militants ne sont, en réalité, que la continuation de leurs aînés. On se souvient, par exemple, du soutien d’étudiants français à la révolution culturelle chinoise et ses millions de morts ou d’intellectuels à la révolution islamique d’Iran en 1979. L’engagement de ces militants pour la cause palestinienne n’est pas non plus une nouveauté. Que l’on se souvienne du soutien apporté, par des militants, à la prise d’otage sanglante des Jeux olympiques de Munich de 1972 ou encore des deux membres de la Fraction armée rouge qui participèrent à la prise d’otage de citoyens israéliens dans l’Airbus d’Air France par le FPLP et ses complices en 1976, sur l’aéroport d’Entebbe en Ouganda.
Alors, quand les esprits du temps, encore et toujours révolutionnaires, structurés par les schémas simplistes sans cesse réinvestis des dominés/dominants et des opprimés/oppresseurs, se tournent vers ceux qu’ils ne voient que comme des victimes de l’Occident, le retour du rêve de la violence justifiée par la cause surgit derrière le discours plus ou moins lissé.
C’est ainsi qu’ils font d’Israël l’image du Mal, réinvestissant inconsciemment de vieilles images antijuives. Que nous disent-ils quand ils crient « de la mer au Jourdain » ou quand ils appellent à un seul État où tout le monde, Juifs et Arabes, vivrait ensemble en harmonie ? Qui peut d’ailleurs y croire ?
Ils savent parfaitement que c’est mettre fin au projet sioniste qui n’est que la réalisation du droit à l’autodétermination du peuple juif envisagé comme nation, comme il l’était en Europe centrale et de l’Est, et non comme adepte d’une religion. Or, l’État d’Israël existe, il est économiquement fort et militairement puissant et on ne voit pas ce qui ferait renoncer les Israéliens à vivre dans le pays qui existe depuis soixante-quinze ans et qu’ils ont construit depuis près de cent cinquante ans.
Les manifestants qui crient « Free Palestine », qui appellent à cette
« Palestine libre », n’aspirent pas tous à la création légitime d’un État palestinien aux côtés d’un État israélien tout aussi légitime et certains désirent ardemment la destruction de ce dernier, ce qui n’est pas envisageable sans la guerre car, qu’ils le veuillent ou non, les Israéliens ne partiront pas.
Mais pour ne pas laisser apparaître ce qu’ils pensent réellement, ils ne cessent d’habiller leur désir de violence de prétendus appels à la paix, de prétendu amour de l’humanité. Ils sont des thuriféraires de la haine maquillés en amoureux du prochain, des fossoyeurs de notre humanité commune qu’ils prétendent défendre. Alors, cessons de tergiverser et disons les choses haut et fort : leur désir, c’est la guerre et ils ont été nombreux, dans cette mouvance militante, à jouir, sans toutefois oser le dire haut et fort, du 7 octobre 2023. L’invisibilisation des victimes, notamment des femmes israéliennes, n’en est que la triste démonstration.
La raison nous dit que la seule ligne à tenir face aux horreurs de la guerre, c’est d’appeler à la construction d’un État démocratique palestinien voisinant avec l’État démocratique israélien, car seules les démocraties ne se font pas la guerre. Le chemin est long et semé d’embûches, mais il faut le suivre.
La gauche radicale, quant à elle, ne rêve, aux côtés des islamistes, que de la destruction de la seule démocratie du Proche-Orient.
© Iannis Roder
Iannis Roder est directeur de l’Observatoire de l’éducation à la Fondation Jean-Jaurès. Il est également professeur d’histoire-géographie à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).
Il existe au moins un point ou , malheureusement , je suis en phase avec l extreme gauche islamiste et non avec Mr Roder :
Eux desirent l eviction du peuple juif pour laisser la totalité de l espace aux musulmans et s appuient , dans ce but , sur le coran , sur les mouvements politico religieux qui irriguent le monde arabe comme le hamas , le fatah , ou l influence chiite iranienne .
Mr Roder lui, nous parle d une » solution a deux democraties » , j aimerai savoir sur quelles forces actives il s appuie ? Les boniments creux du quai d orsay ? La pensée fulgurante de macron ? Une phrase intelligible prononcée par kamala ?
D un coté on trouve des mouvements puissants construits autour de l expansionisme islamique naturel et ancestral , de l autre ………du rien .
Robespierre n’ est pas mort.