Michel Jefroykin vous recommande: « Création d’Israël : le raccourci historique d’Emmanuel Macron ». Par François-Guillaume Lorrain

En déclarant qu’« Israël a été créé par une décision de l’ONU », Emmanuel Macron a commis une faute et opéré un raccourci qui l’a conduit à une erreur historique.  © Blair Gable / REUTERS

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À l’évidence, Emmanuel Macron a opéré un raccourci, pour ne pas dire un court-circuit, qui l’a conduit à une erreur historique.
Comme si Macron avait confondu une condition nécessaire et une condition suffisante.
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En affirmant que l’État hébreu a été « créé par une décision de l’ONU »,
le président a commis une confusion historique. Rappel des faits.

Par François-Guillaume Lorrain – Le Point
Publié le 16/10/2024

En déclarant qu’« Israël a été créé par une décision de l’ONU », Emmanuel Macron a commis une faute et opéré un raccourci qui l’a conduit à une erreur historique.

« Israël a été créé par une décision de l’ONU. » La phrase d’Emmanuel Macron a déclenché la riposte de Benyamin Netanyahou, évoquant la première guerre israélo-arabe de 1948, et la réponse du Crif, qui a parlé d’une « faute historique et politique » du président français.

Penchons-nous sur l’Histoire en reprenant mot à mot la phrase du chef de l’État.

On peut être surpris, d’abord, par la confusion du président entre les termes « décision » et « résolution ». Il faisait référence à la résolution votée le 29 novembre 1947 par l’Assemblée générale à plus des deux tiers des votants, comme l’exigeaient les statuts de la nouvelle organisation.

Cette résolution 181 portait sur le partage de la Palestine à la suite du rapport remis fin août 1947 d’un comité spécial de l’ONU, créé en avril après le mandat des Britanniques sur la Palestine que Londres, dépassé par la situation et les conflits, avait remis à l’ONU.

Soutiens américain et soviétique

Un futur Israélien avait agi dans l’ombre pour tenter de convaincre le maximum des 56 États composant alors l’assemblée internationale de voter pour un partage de la Palestine en deux États ainsi que l’internationalisation de Jérusalem : Abba Eban.

Né en Afrique du Sud, pur produit du judaïsme britannique qui a fait ses études à Cambridge, orateur hors pair, il se démène pour faire pencher la balance. Il est soutenu par les États-Unis, qui entendent remplacer la Grande-Bretagne au Moyen-Orient et s’affirmer comme le protecteur du nouvel État.

Mais les Juifs reçoivent aussi l’appui, plus étonnant en apparence, des Russes, qui s’apprêtent à mener une politique antisémite chez eux. C’est sans compter sur leur pragmatisme politique. Puisque les Juifs luttent farouchement contre les Anglais pour les inciter à déguerpir au plus vite, ils affaiblissent le camp occidental à l’heure où la guerre froide a déjà débuté.

Par ailleurs, les Soviétiques espèrent eux aussi tirer leur épingle du jeu au Proche-Orient, et la Tchécoslovaquie sera le principal fournisseur d’armes d’Israël en 1948 lors de la première guerre israélo-arabe. Des armes payées grâce à la tournée de levées des fonds de Golda Meir en Amérique.
L’URSS pense alors pouvoir mettre la main sur Israël, où domine la gauche sioniste très liée à un parti stalinien, le Mapam.

Pour que la cause de l’État juif triomphe, les États-Unis ne reculent devant aucun expédient. Ils promettent des prêts très avantageux à des pays tels que Haïti ou les Philippines, qui hésitent. Ils reculent aussi le jour du scrutin à New York au 29 novembre, prétextant Thanksgiving pour gagner du temps et persuader le maximum de votants.

La France avait l’intention de s’abstenir, mais Weizmann, qui avait tant fait en 1917 pour obtenir des Anglais la déclaration Balfour et la promesse d’un foyer national juif, écrit une lettre décisive à Léon Blum : « La France peut-elle s’abstenir dans un moment qui restera dans l’histoire de l’humanité ? »

Victoire militaire

Cette résolution du 29 novembre 1947 ne crée pas l’État d’Israël : elle assure un statut international à celui-ci et une reconnaissance juridique au futur État, résume l’historien David Elkaïm.

Sans cette résolution, rien n’aurait été possible pour Israël, mais, formellement, sa naissance en est très nettement découplée puisqu’il faut attendre le 14 mai 1948 pour que David Ben Gourion proclame l’établissement de l’État. C’est le jour où le dernier soldat britannique se retire du territoire israélien.

À partir d’avril, les forces juives, dans le cadre du plan Daleth, occupent les bâtiments laissés vides par les Britanniques pour mettre en place un proto-État. L’Angleterre refuse de collaborer avec la commission de l’ONU installée pour préparer la constitution des deux gouvernements provisoires, israélien et palestinien.

Les combats débutent dans les premiers mois de 1948 et, après des revers initiaux, les sionistes prennent le pas sur les Palestiniens, qui refusent, ainsi que les pays de la Ligue arabe, la résolution 181, mais sont divisés en raison de la personnalité radicale de leur chef, Al-Husseini, l’ancien mufti de Jérusalem.

C’est la prise de possession vitale, le 4 avril, de l’axe entre Tel-Aviv et Jérusalem par la Haganah qui persuade les pays arabes, notamment la Jordanie qui lorgne les territoires palestiniens, de prévoir une attaque après le départ du dernier soldat britannique, le 14 mai.

C’est bien un homme d’État israélien qui proclame la naissance d’Israël, confirmée par la victoire finale des Israéliens, après le cessez-le-feu du
7 janvier 1949. Le plan de partage prévoyait pour les Israéliens 56 % du territoire palestinien. Ils en obtiendront, après les combats, 78 %, ayant récupéré notamment quelques grandes villes initialement prévues pour la Palestine, comme Jaffa.

À l’évidence, Emmanuel Macron a opéré un raccourci, pour ne pas dire un court-circuit, qui l’a conduit à une erreur historique. Cette résolution – et non décision – de l’ONU fut le jalon juridique et international essentiel du processus qui a mené à la création de l’État d’Israël, mais celle-ci ne se résume pas à cette résolution et fut suivie en effet de longs combats pour qu’elle devienne sur le terrain une réalité actée par une décision strictement israélienne.

On voit bien là s’affronter deux conceptions des origines de l’État israélien : une vision internationaliste (Macron) et une vision strictement israélienne (Netanyahou). Comme si Macron avait confondu une condition nécessaire et une condition suffisante.

© François-Guillaume Lorrain

Source: Le Point

https://www.lepoint.fr/postillon/creation-d-is

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3 Comments

  1. Cette fameuse Résolution du 29novembre 1947 actait la
    Création de 2 États : Un État Juif et un État Arabe de Palestine à l’époque c’était les juifs qu’on appelait palestiniens ! Ce sont les Arabes qui ont refusé le partage et ont déclenché la guerre.

  2. L’histoire officielle telle qu’elle est enseignée à l’intérieur de la plupart des pays anglo-saxons, européens et et/ou africains relève du révisionnisme. Allant parfois jusqu’à la négation ou l’occultation de génocides et crimes contre l’humanité _ ex parmi beaucoup d’autres : le tabou sur la traite arabo-musulmane etc…L’UE, bâtie en partie par d’anciens nazis et devenue le cheval de Troie de l’islamonazisme en occident a également été bâtie sur le révisionnisme et la manipulation des foules. Parallèlement, les universités sont devenues des fabriqués d’illettrés et d’idiots manipulables (hormis les sciences dures). « La stupidité structurellement induite », pour ceux qui connaissent. Le Fascisme et a fortiori l’islamofascisme (et son allié L’Eurofascisme aussi) prospère sur l’ignorance : jamais une société cultivée n’aurait pu tomber sous l’emprise de l’UE et Macron-Mélenchon.

    Il est fort probable que Macron ignore tout de la réalité historique d’Israël : il ne faut jamais sous-estimer l’inculture de nos dirigeants (et de leurs électeurs). Il est également possible qu’il la connaisse et qu’il mente : bien plus que du Qatar, l’Etat français est une vitrine du parti néo-nazi des indigènes de la République. A travers la bouche de Mélenchon ou Macron, de l’Élysée ou du Quai d’Orsay, du Monde ou Liberation, c’est Houria Bouteldja qui s’exprime.

  3. « Celui qui a le contrôle du passé a le contrôle du futur. Celui qui a le contrôle du présent a le contrôle du passé. »
    George Orwell

    La réécriture de l’Histoire a permis aux SS de se faire passer pour les « damnés de la Terre ». Elle a permis le retour et le triomphe de la Bête Immonde, désormais parée du masque de la vertu.

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