Tribune Juive

Quand Emmanuel Macron accuse Israël de « semer la barbarie » et court derrière Jean-Luc Mélenchon. Par Gilles-William Goldnadel

En réponse à Benyamin Netanyahou, qui évoquait une guerre de « la civilisation contre la barbarie », Emmanuel Macron a répondu : « Je ne suis pas sûr qu’on défende une civilisation en semant soi-même la barbarie ». Analyse.


Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose. Le terme de génocide, popularisé en France ad nauseam par les Insoumis et leurs alliés islamistes, est désormais accolé à l’État du peuple de la Shoah, récemment victime d’un pogrom géant.

Quel que soit le regard que l’on puisse poser sur l’ampleur de sa coléreuse riposte qui n’a jamais visé des civils en tant que tels , le terme de génocide n’a rien de gratuit , il est pour faire payer à Israël le tort de se défendre pour sa vie bec et ongles.

À son tour, Emmanuel Macron s’est essayé à l’outrance verbale.

Piqué au vif par les critiques de sa politique erratique par le premier ministre israélien, notre président dont les férus de mythologie qui le voyaient hier en Jupiter le peignent aujourd’hui en Narcisse, a tenu à riposter. Netanyahou a présenté Israël engagé dans sa guerre contre le Hamas et le Hezbollah dans un combat de civilisation. De manière plus pragmatique et crue encore, tout au long de mes ouvrages comme dans ces colonnes, j’ai tenu à montrer au risque assumé de me répéter que la détestation d’Israel relevait aujourd’hui moins de l’antisémitisme classique que de la détestation moderne de l’Occident blanc.

Raison pourquoi, effectivement, Israël ne se défend pas seulement âprement pour lui-même mais pour nous tous. 

Dans sa réponse courroucée, notre président a cru devoir répliquer : « On ne défend pas une civilisation en semant la barbarie ». Nous ne nous donnerons évidemment pas la peine et le ridicule de devoir contre -argumenter en plaidant la légitime défense existentielle en faveur de l’État si cruellement agressé. Nous nous sentirions humiliés.

Pour faire bonne mesure, Emmanuel Macron a cru devoir décrire le Liban d’aujourd’hui comme un « miracle » à défendre.

Le mot « miracle » utilisé dans le contexte d’un malheureux pays ruiné, sans président depuis deux ans, vidé d’une grande partie de sa population chrétienne exilée, vivant apeuré sous la botte du Hezbollah, avant qu’Israël ne brise le talon de ce dernier en vertu de la loi du talion, relève d’une sorte de barbarisme égaré.

Au passage, le Candide devrait s’étonner de la manière dont depuis des années, la présidence française, traditionnellement protectrice du Liban en général et de ses chrétiens en particulier, aura épargné dans sa verve parfois peu économe, le Hezbollah terroriste.

Il n’est pas nécessaire que je revienne sur la manière dont le président français n’aura pas voulu se féliciter de l’élimination du tourmenteur en chef Nasrallah, responsable de l’assassinat de 58 parachutistes français. J’en ai fait une récente chronique.

Je note également, sans plus m’en étonner, que pour commémorer le 23 octobre l’anniversaire de l’attentat, le président a pris soin de ne pas mentionner le nom de l’organisation terroriste qui les a assassinés d’une manière qu’il aurait eu le droit de qualifier barbare. Il se sera contenté d’écrire qu’ils «avaient perdu la vie» sans donc préciser qui la leur avait ôtée dans la fleur de l’âge.

Ce manque d’alacrité envers le Hezbollah est à rapprocher de la mollesse à l’égard des mollahs. Qui peut prétendre que la dictature sanguinaire iranienne est traitée avec la sévérité que sa dangerosité mérite ?Emmanuel Macron

Il y a une cohérence idéologique à ses excès de langage récurrents. On peut en effet discerner dans ses plus fameuses formules, que le respect de la fonction nous interdit de nommer bourdes, une cohérence dans l’incohérence.

Ainsi, lorsqu’encore que candidat à la magistrature suprême, il a qualifié la colonisation de « crime contre l’humanité » lors d’un voyage en Algérie, oubliant délibérément les assassinats d’un FLN qui n’avait rien à envier au Hezbollah en manière de cruauté. Ainsi encore, lorsque devant un Jean-Louis Borloo médusé, il considère que « ça n’aurait aucun sens que deux mâles blancs ne vivant pas dans ces quartiers s’échangent un rapport » sur les banlieues françaises.

On peut mettre effectivement en cohérence de telles sorties avec ses derniers propos sur la barbarie prêtée à Israël pour considérer que notre président tellement européiste qu’il en deviendrait post-national, n’est pas un grand défenseur de la civilisation occidentale.

Pour le formuler de manière plus polémique, on serait tenté d’observer que si Emmanuel Macron n’a pas marché contre l’antisémitisme, il semble courir idéologiquement derrière Jean-Luc Mélenchon…

Ce manque d’alacrité envers le Hezbollah est à rapprocher de la mollesse à l’égard des mollahs. Qui peut prétendre que la dictature sanguinaire iranienne est traitée avec la sévérité que sa dangerosité mérite ? Dans le creux de cette indulgence coupable se niche la pathologie gauchisante occidentale.

Reste après cette déclaration infernale, la question morale. Elle apparaît cruciale, au lendemain d’un nouvel attentat terroriste en Israël où un camion-bélier a écrasé délibérément une trentaine de passants. Des civils visés en tant que civils. Voilà une définition de la barbarie pour guider les égarés en terminologie.

On pardonnera au juif mécréant de conclure avec Isaie : « Malheur à ceux qui appellent le mal, bien, et le bien, mal ; qui changent les ténèbres en lumière et la lumière en ténèbres, qui changent l’amertume en douceur et la douceur en amertume ». Pardon d’être amer.

© Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Chaque semaine, il décrypte l’actualité pour FigaroVox. Il a publié « Journal de guerre. C’est l’Occident qu’on assassine » (Fayard, 2024). Il est également président d’Avocats sans frontières.

Quitter la version mobile