Malgré un Macron qui avec son ultimatum d’éradication à Israël a définitivement révélé son antisémitisme autant que son ignorance abyssale de l’Histoire, Souccot se profilait et avec lui l’espoir, l’envie de belles choses, aussi devant la stérilité de débats inaudibles pour cause d’un crétinisme journalistique incapable de poser les bons mots sur ce qui est, j’ai cessé d’écouter pour ne penser qu’à Souccot qui arrivait avec ses cabanes, ses cadeaux, et en filigrane le retour de tous, un jour, à Jérusalem.
Souccot qui mettrait « joyeusement » en évidence, une fois n’est pas coutume, l’âme du peuple juif et les paradoxes qui l’écartèlent.
Alors que nous passons notre temps à réfléchir sur « la vie, la mort, l’amour » dans une spiritualité du quotidien, Souccot nous rappelle à la fragilité des corps « d’argile » et à la finitude, aux années d’errance dans le désert et à la précarité, tandis que l’âme, elle, se réjouit d’un provisoire que les cabanes symbolisent : ici ne sera peut-être pas demain, mais si la vie ne nous est pas acquise, nos âmes elles le sont, sous le regard d’un ciel que nos yeux doivent constamment percevoir entre les feuillages des toits.
Des cabanes à cieux aperçus, colorées et décorées qui donnent aux maisons et foyers d’Israël, des allures de fêtes foraines baroques et joyeuses ; qui disent que partout nous pouvons être et vivre, des terrasses, aux balcons aux jardins, pourvu que nos yeux voient le ciel.
Mais, au-delà des cabanes, de la joie et de la reconnaissance, Souccot rappelle aussi dans une symbolique ô combien charnelle, le goût et l’odeur ; que si les hommes sont différents, tous les mélanges sont possibles, se font ou se feront.
Certains êtres possèdent le goût et l’odeur, d’autres aucun des deux, d’autres encore l’un ou l’autre.
Le goût et l’odeur de quatre essences végétales, cédrat, myrte, feuilles de saules et de palmes, pour un chant universel qui parle à ce que nous sommes, cellules et molécules qui président à nos différences, mais aussi à nos liens ; des liens qui portent l’humanité et qui ramèneront un jour, toutes les nations du monde à Jérusalem.
Penser à Souccot, après Yom Kippour, m’a rapidement fait oublier les petites vanités d’un genre humain encore à définir, mais quand un peu plus tard, je me suis promenée dans Brera, et vu dans la cour de l’Académie des arts, d’antiques et géantes statues élevées à la mémoire de ceux qui avaient porté et agrandi l’Italie, avec en son centre une improbable et gigantesque effigie de Napoléon en bronze noir, nu et conquérant, là vraiment, j’ai été fascinée, amusée, en joie.
Quel pied de nez à cette France qui avec systématisation brise et supprime les vestiges de son histoire nationale, la saccage d’un mépris imbécile au bénéfice de pastiches transgenres, incapable d’inventer sa propre « cène », alors que devant mes yeux à Milan, Napoléon existait à l’instar d’un empereur romain. D’un César.
La liberté, l’indépendance et l’impertinence de l’artiste étaient une évidence, mais aussi celle d’une académie artistique qui n’a pas eu peur de donner à un Empereur Français qui fut un temps roi du royaume d’Italie, l’apparence qu’elle donna à ses dieux, dans une nudité qui rappelle que la force et le courage, la grandeur, sont d’essence divine avant d’être humaine.
Ce que l’Italie nous rappelle dans chacun de ses arts, de ses écrits, chacune de ses églises ou cathédrales.
Ce que les juifs nous rappellent avec la Torah qui constamment et patiemment ramène à l’humilité et à l’universalité. Au divin, quoi qu’il advienne.
Un divin, qui alors que je terminais ce texte, s’est révélé avec l’élimination du mal absolu qu’était le cruel et sanguinaire terroriste du Hamas, Sinouar, à l’origine du pogrom du 7 octobre.
Alors en ce soir de Souccot, dansons et buvons à la vie, avec l’espoir qu’avec sa disparition, des négociations pourront enfin aboutir pour la libération des derniers otages.
Lehaïm avec vous tous.
© Louise Gaggini
Ecrivain, journaliste, mais aussi sculpteur et peintre, pianiste, bref une « artiste plurielle ». Diplômée de lettres, d’Histoire de l’Art et de Conservatoire de musique. Auteur de nombreux dossiers pour la presse et la télévision, dont certains ont été traduits par l’Unesco, des organismes humanitaires et des institutions étrangères à des fins d’éducation et de prévention et d’autres furent diffusés par l’EN, Louise Gaggini est l’auteure d’essais et de romans dont La résultante ou Claire d’Algérie et d’un livre d’art pour l’UNICEF: Les enfants sont la mémoire des hommes. Elle est aussi l’auteure d’essais de société, et expose régulièrement, récemment à New York.
elle a publié son premier roman pour littérature jeunesse en 2001, et son premier roman pour adultes en 2004.
Où la trouver :
Au sujet de Napoléon, ce dernier écrivait :
« La Nation retrouve des hommes plus aisément qu’elle ne retrouve son honneur. » (la France aura bien du mal à retrouver le sien)
« Toute indulgence pour les coupables annonce une connivence. »
(la « » » »justice » » » » française)
« Bien analysée, la liberté politique est une fable convenue, imaginée par les gouvernants pour endormir les gouvernés »