7 octobre 2024 : point de bascule
Aujourd’hui, quand Israël s’engage frontalement dans la bataille existentielle, des esprits faibles du monde libre s’adonnent à la luxure de la capitulation.
17 :50 le 7 octobre 2024: Je n’ai même pas démarré. J’avais prévu de passer cette journée infâme à écrire. Bloquée déjà par le prologue qui insiste… Je ne veux pas parler de moi, mais du parcours de ma génération.
Il se trouve que le 6 octobre est ma date de naissance sur le calendrier civil. Sur le calendrier hébraïque c’est évidemment erev kippour, le kol nidre. Le 6 octobre 2023 il y avait des bouquets de fleurs dans toute les pièces et la journée a été comblée de coups de fil et de zooms de tendresse. Le 7, tout s’est brisé.
Le 6 octobre 1973, c’est la guerre de Kippour. Le triomphal « Pont du 6 octobre » au Caire mène à la Place Tahir où, en janvier 2011, le peuple s’est révolté. A sa façon.
J’ai vu naître l’Etat d’Israël. J’ai la hantise de le voir s’ébranler devant mes yeux, sur le petit écran.
Rahamim
Haverim, mes frères, sœurs, cousins, enfants, petits-enfants brutalisés, cibles d’une cruauté abominable. Des êtres inhumains se sont acharnés contre vous, armés d’une haine acérée qui déchire, écrase, brûle, pénètre, écrabouille, étrangle, étouffe, qui multiplie les outrages, viole les orifices, arrache les membres. On vous a lacérés, explosés, fusillés. Des sous-hommes ivres de haine génocidaire, hurlant allahou-akhbar, se regardant dans le miroir de leurs go-pro, les organes bandés d’effluves empoisonnées, l’haleine brûlant des feux de l’enfer, jouissant d’une brutalité orgiastique, en meute t’ont pourchassé, t’ont fait subir, t’ont exterminé encore et encore, Leurs yeux, leurs dents, leur souffle, leurs bras, leurs jambes, leur peau, leurs tripes, tout enflammés du désir mortifère de faire couler le sang de l’enfant dans le sang de la mère, d’abattre le père devant le fils, de jeter le vieillard au fond du puits d’infamie et ceux qu’ils n’ont pas consommé sur place ils les ont tirés par les cheveux et trainés jusqu’aux boyaux de leur terre maudite.
Dans notre mémoire, encore et pour toujours habitée des nôtres entassés comme du bois de chauffe, les mujahidin du 7 octobre 2023 ont introduit de nouvelles formes de haine exterminatrice, un défilé en couleurs monstrueuses, corps mutilés, demeures calcinées, fêtards fauchés dans leur pas de danse, le sourire en rictus, les bras de tendresse pulvérisCés, le ventre fécond tranché, le chant égorgé.
Nos pleurs sont dérisoires, nos cris sont muets, la nuit ne ferme pas l’œil, le jour ne se lève pas, le temps de soulagement est loin. Que veut dire « un an après » le 7 octobre quand l’après n’est pas encore venu?
Point de bascule
L’incursion monstrueuse du 7 octobre est l’apparition de tout ce qu’on essaie, depuis des décennies, de nier : les Écritures, l’Histoire, l’actualité, le rapport des forces, la stratégie du jihad du XXIe siècle.
Ce pourquoi les lâches se sont empressés de nier ce qu’ils venaient de voir. Pour se précipiter dans le marasme de la solution à deux États. Et régurgiter des saloperies de riposte disproportionnée jusqu’au risque-de-quasi-génocide. Pauvres femmes et enfants tués. Force excessive. Vengeance. Pas de solution militaire. Diplomatie, chers amis, pas cette brutalité. Le tout à l’avenant.
D’abord, c’est le jihad
La faculté d’Histoire de l’University of Wisconsin jouait, à cette époque et à juste titre, d’une excellente réputation. Étudiante en Histoire américaine j’ai aussi exploré en profondeur l’Histoire de la Russie et du Japon. Je m’intéressais à tout : le français, la littérature comparée, la géopolitique. On admirait Castro, Che Guevara, los muchachos dans la Sierra. Nos muchachos à nous sont allés, quelques années plus tard, rejoindre le gouvernement révolutionnaire d’Allende. Du jihad, pas un mot, pas un ouvrage, pas un brin de conscience. La colonisation européenne, oui. L’ingérence coupable des yankees dans le sud des Amériques, bien entendu. Nous avons accompagné le mouvement des droits civiques des Noirs et, par extension, la lutte de libération des pays africains. Sans rencontrer, sur ce chemin douloureux et exalté, la moindre mention du jihad. Malcom X s’est égaré dans l’Islam, l’accrochant à la liberté, et nos jazzmen, devenus Talib et Kamal, planaient sur l’herbe de Tanger. Sans nous rapporter du folklore sur le jihad par lequel leur milieu exotique était devenu musulman.
Installée à Paris, baignée dans cette avant-garde de négritude, je dansais à Ouaga comme au Quartier Latin, je faisais déhancher la langue française au rythmes de mes comparses francophones chrétiens, animistes, musulmans, tous à la recherche d’une voix authentique, tous unis contre le racisme. Du jihad il n’a jamais été question.
Nos chemins ont bifurqué en 2000.
J’ai découvert la petite grande Bat Ye’or en tailleur jaune à l’Hôtel Tulipe, qui a apporté cet énorme pan de l’histoire mondiale qui manquait cruellement à notre connaissance. Andy Bostom [The Legacy of Jihad], David Littman & Paul Fenton [L’Exil au Maghreb] ont réuni des documents accablants. Tout y est : le Coran, la Conquête, l’oppression barbare des Juifs des pays islamisés. L’obligation de mener le jihad jusqu’à ce que tous les hommes acceptent la domination d’Allah, se soumettent à la charia… Sauf les Juifs. Ils doivent mourir, jusqu’au dernier.
Tous les Musulmans n’acceptent pas ce programme ambitieux, mais tous ceux qui l’acceptent s’efforcent de l’appliquer. Avec une population totale de plus d’un milliard, ça te fournit de la main-d’œuvre !
Ils sont plus d’un milliard et tu ne te demandes pas comment et quand ? Ils ont croqué et avalé 57 pays, se sont répandus sur la surface de la terre, ont effacé de grandes civilisations les unes après les autres, ont élevé partout les minarets de leurs mosquées et personne ne demande comment et quand ?
Depuis la chute du califat ottoman, les diverses factions islamiques tentent de se hisser au pinacle. On pourrait parler d’escalade ! Depuis 1979, c’est l’Iran des ayatollahs qui domine et de ses hautes tours envoie les bataillons des provinces mener le jihad pour son compte. Ce ne sont pas vraiment des proxies. Ce sont des mujahidin et leur pays c’est l’oumma.
Le 7 octobre c’est le jihad
Tu comprends ? Chercher à l’analyser sans le reconnaître comme une action des mujahjidin appliquant l’obligation et l’honneur de tuer des Juifs, c’est comme si on essayait de faire naviguer un bateau de croisière à travers des champs de blé.
Le bilan, aussi effroyable qu’il soit, ne veut rien dire. On fait le bilan à la fin de quelque chose. Ils sont au début. Le 8 octobre 2023, inspirés par le Hamas, des muhajdin du monde entier se sont levés pour frapper les Juifs. Lors de la conquête médiévale, les soldats d’Allah prélevaient en chaque pays vaincu de jeunes hommes qu’ils formaient en combattants, gonflant ainsi de conquête en conquête leur pitoyable armée d’Arabes illettrés. Aujourd’hui, dans les universités de nos pays développés, des étudiants sont embrigadés. Dans les quartiers dits défavorisés des jeunes sèment la terreur et des imams enferment filles et femmes en hijab.
Le problème n’est pas « l’importation [dans notre beau pays] du conflit du Moyen-Orient » c’est l’importation de petits bouts d’oumma qui gonflent à force de conquêtes.
On ne lutte pas, ici, contre l’antisémitisme-et-le-racisme, on se défend contre le jihad. On ne se bat pas, là-bas, contre des militants, des terroristes, des nostalgiques d’un âge d’or en Palestine, des patriotes/résistants au Liban et des Perses héritiers d’une grande civilisation. Israël est sur la ligne de front du jihad.
Nous sommes censés ignorer la Conquête démarrée au VIIIe siècle et ne pas nous inquiéter de la disparition des chrétiens du Moyen-Orient aujourd’hui. Les chiffres parlent, mais nos dirigeants n’écoutent pas. Pas besoin d’exiger de ces chrétiens un cessez- le-feu. Ils n’ont pas de base souveraine, ne peuvent pas se défendre.
On égorge les rebelles, on coupe la main du voleur et on retranche de la logique occidentale la notion de cause et effet
8 octobre : J’étais pliée de rire. Aujourd’hui, une correspondante de CNN au Liban [martyrisé] nous a informé qu’un responsable du Hezbollah voit d’un œil favorable la proposition d’un cessez-le-feu de 21 jours. D’une magnanimité à te faire fondre le cœur !!! Elle enchaîne avec un long entretien avec un couple –des chrétiens si je ne me trompe pas–chassé de son village du sud Liban, ne sachant pas s’il reverra un jour sa maison. « On dit ’opération limitée’, hum, on a déjà vu ça en 1982, ils sont restés des années ». C’était tout en souffrance, en destruction gratuite, en gravats et en larmes, en récrimination et ressentiment jusqu’à la haine. Contre l’État juif. C’était tout en « effet ». La cause a été retranchée et jetée au fond de la mer. Aujourd’hui, comme en 1982, comme en 2006, les Juifs envahissent le Liban et les pauvres innocents pleurent dans le micro : « On a vu ce qu’ils font à Gaza ».
Israël a le droit de se défendre, « mais » … attention… pas d’escalade
Plus on vise la cause primaire—l’Iran– plus l’inconscience internationale efface les étapes précédentes et exhorte Israël à se rendre. Le 7 octobre est l’image en trois dimensions de ce que le monde n’a pas voulu voir. Surgie d’une Bande de Gaza transformée en base militaire, la sauvagerie (mais c’est une insulte aux sauvages) du XXIe siècle a voulu nous montrer de quoi elle est capable. Soutenus par les croyants à l’est à l’ouest au nord et au sud, les jihadistes ont commis et filmé la gamme complète d’atrocités. Ils ont fait du sud d’Israël un Salon d’Abominations. Un sauveteur du Zaka dit, « Ce sont des choses qu’un être humain ne devrait pas voir ». Un collègue nous raconte qu’il tremblait et pleurait en rédigeant son reportage. Le récit même d’une seule heure de terreur, torture, tuerie te vide et t’étrangle.
Ce n’est qu’un échantillon de tout ce qui nous est promis comme extermination. L’ouverture d’une campagne de génocide longuement mûrie.
Et on ressort la vieille lune de la riposte proportionnée. Ce n’est pas un jeu de société, c’est la guerre ! « Israël a le droit de se défendre » introduit le « mais ». Suivi des discours creux formulés pour, précisément, nier ce droit. La réalité s’impose ; la peur de l’Islam associée au refus d’accepter la souveraineté des Juifs la recouvre des couches de boue–la crise humanitaire, les morts civils, le risque d’un conflit régional—qui la transforment en platitudes pacifistes reposant sur du complotisme anti-juif.
Even they are black they don’t listen to us
Dar es Salam, Tanzania, 1972. La femme de chambre (indienne) se lamente des méfaits de la révolution Uhuru. « Bien noirs qu’ils sont, ils nous écoutent plus », dit-elle sans gêne devant D.J. qui est, certes, chabin, mais bien classé noir américain, tendance afro.
Netanyahou n’en fait qu’à sa tête. Il n’écoute personne. Biden n’arrive pas à le brider. Il l’insulte abondamment derrière son dos. Les proches des otages manifestent depuis un an. Il ne bouge pas. Refuse de faire un deal pour libérer les captifs. L’Europe émet des mises en garde, l’ONU passe des résolutions, la CPI joue avec des mandats d’arrêt, le monde entier fait le décompte des morts à Gaza et maintenant au Liban et bientôt à Téhéran ? On lui a dit de ne pas envahir Rafah, il l’a fait. Il est enivré du pouvoir militaire. On ne gagne pas comme ça. Il faut de la diplomatie, de la politique. Il refuse. Les beepers piégés des bonnes gens du Hezbollah ? Un crime de guerre. L’assassinat de Nasrallah ? On ne tue pas un chef d’État. Netanyahou refuse d’obéir.
Cette fixation sur Netanyahu n’a rien à voir avec les doléances et les divergences des citoyens d’Israël qui s’exprimeront démocratiquement l’heure venue ; c’est la création du Juif maléfique, objet des accusations millénaires. Menteur, manipulateur, superpuissant, ennemi du peuple et de la paix, retors, sanguinaire, assassin de femmes et d’enfants. On demande à longueur de semaines et de mois qui pourra l’arrêter. Il n’écoute personne.
Derrière l’obsession avec Bibi se cachent Sinwar, Nasrallah, Khameinei et leurs sbires. Des fantômes, coupables de rien, motivés par rien, sans traits et sans vouloir.
On oublie qu’au début du siècle, devant un déferlement d’atrocités contre les Juifs en Israël, avec des répercussions partout dans le monde, c’était Ariel Sharon le méchant. On le dessinait avec des dents pointues dégoulinant de sang, enfoncées dans la tendre chair d’un bébé palestinien. Le vilain Sharon infligeait aux martyrs palestiniens la riposte disproportionnée.
Le retrait unilatéral de Gaza… c’était Sharon.
Les grandes puissances n’osent pas faire la guerre. Elles aident Israël parce que c’est dans leur intérêt vital. Du haut de leur impuissance, elles jugent Israël.
La politique arabe de la France
Le président d’un grand pays européen, absorbant comme un buvard l’opinion d’un public « sud global » à ses pieds, s’est lancé dans une de ces envolées qui font grincer les dents. Comme s’il prêtait main forte à son pauvre homologue américain, il a étalé un morceau de logique imparable : on ne peut pas appeler sans arrêt au cessez-le-feu et continuer à fournir des armes.
Leçon reprise et élaborée par son envoyé, dressé au milieu d’un champ de pleurs, les minces lèvres serrées, les narines faisant snff snff, des effets de manches en dentelle, le ministre d’étranges affaires françaises a saupoudré un peuple en deuil des reproches d’une époque révolue. Ça sent la naphtaline. Vous vous flattez d’être « équilibrés » ? Vous êtes hors-jeu. Votre méchanceté efféminée n’a rien pour plaire aux hordes assoiffées de sang juif, aux bébés soldats d’Allah jouant à la guerre dans nos facultés, aux intellos au cerveau enturbanné, aux vendus qui du Qatar qui du Liban. Ils t’ont échappé depuis longtemps déjà. Or, si c’était pour nous faire du mal, ce n’est pas la peine. Nous sommes blindés. Et nos blindés sont à l’œuvre.
Je ne peux même pas dire « quelle honte ». C’est donner trop d’importance à la flatulence. Ça fait pitié.
L’écume des vagues
L’espoir monte et disperse les nuages. Le vent tourne. L’opinion superficielle se disperse comme des feuilles mortes. Cet Israël va encore nous surprendre ! La parole intelligente parle plus fort. Nous ne sommes pas seuls.
Ce qui me touche c’est nos disparus. Nos familles endeuillées. Nos cœurs brisés.
Pas la suffisance inconséquente.
Kol Nidre
11 octobre : Je m’en vais à la synagogue entendre dans la voix du chazan mon père z »l qui me chantait le kol nidre ; recevoir, dans le chant du kol nidre, le don du nom par ma mère z »l, un esprit fin qui cherchait sa voix.
© Nidra Poller
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